Benalla affaire d'Etat

Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede bipbip » 08 Aoû 2018, 20:34

Affaire Benalla: ce que le couple agressé a dit à la police

Les deux jeunes gens interpellés place de la Contrescarpe le 1er Mai n'ont pas provoqué de violences "graves" et "répétées".

Des rapports de police consultés par Le Monde révèlent que le couple arrêté par Alexandre Benalla n'a pas menti ni provoqué de violences "graves" et "répétées".

En commission à l'Assemblée nationale, le préfet de police Michel Delpuech avait assuré que les deux trentenaires "n'avaient pas de papiers sur eux" et "déclaré de fausses identités". Plusieurs médias et protagonistes avaient également rapporté que le couple avait voulu dissimuler son adresse et son identité. Mais ces déclarations sont aujourd'hui démenties par deux services de police, selon Le Monde. Les deux jeunes gens n'ont jamais dissimulé leur identité et n'ont pas provoqué de violences "graves" et "répétées" contre les CRS présents place de la Contrescarpe le 1er Mai.

... https://www.lexpress.fr/actualite/socie ... 29766.html
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Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede bipbip » 11 Aoû 2018, 15:40

L’impossible quête des « bots russes » de l’affaire Benalla
Une étude évoquait un « gonflement » artificiel du volume d’échanges relatifs à l’affaire sur Twitter, poussant des politiques à agiter le spectre de l’influence russe. Une hypothèse à relativiser.
... https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/ar ... 55770.html

Affaire Benalla : aucune preuve d'ingérence russe sur Twitter, selon une étude
Seulement "trois personnes ont utilisé un système automatique de retweet", note notamment cette étude.
Rien ne permet d'affirmer qu'une ingérence russe a amplifié l'affaire Benalla sur Twitter, selon une étude d'une organisation de lutte contre la désinformation publiée mercredi 8 août. Dans cette étude menée du 19 juillet au 3 août, l'ONG DisinfoLab souligne que "plus de 4,5 millions de tweets en français ont été échangés sur ce sujet par plus de 247 701 auteurs différents".
Face à ce volume "exceptionnel" , trois fois supérieur à BalanceTonPorc, où 1% des comptes ont publié 47% du contenu, l'ONG a, dans un premier temps, émis début août l'hypothèse d'une ingérence de comptes "pro-Mélenchon", "pro-Rassemblement national" et "russophiles", dont certains seraient tenus par des humains, d'autres par des robots. Plusieurs responsables politiques, dont le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, avaient alors appelé à ce que "toute la transparence soit faite sur la diffusion de ce type de message".
"L'influence des (robots) a été infinitésimale"
Mais les résultats de l'étude nuancent les premières conclusions et relèvent l'absence de preuve d'une tentative d'ingérence organisée, puisqu'il est "impossible de déterminer si une vraie personne se trouve derrière chaque compte, et encore moins d'identifier si un compte est à la solde d'un réseau de désinformation étranger", notent les auteurs. De plus, seulement "trois personnes utilisaient un système automatique de retweet".
... https://www.francetvinfo.fr/politique/e ... 87697.html
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Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede bipbip » 11 Aoû 2018, 21:23

EU Disinfo, l'affaire Benalla et l'impossible fichage politique des internautes
Il y a d’abord eu l’affaire Benalla. La secousse initiale. Puis l’affaire dans l’affaire. Puis l’affaire dans l’affaire dans l’affaire. A force de tiroirs, c’est presque un chiffonnier. Dernier rebondissement en date : l’hypothèse d’un dopage numérique du barouf par un « écosystème russophile ». Dès le 30 juillet, Nicolas Vanderbiest, doctorant à l’Université catholique de Louvain et spécialiste des questions de réputation en ligne, soulève le lièvre. Pour certains membres du gouvernement, comme Mounir Mahjoubi, c’est l’opportunité de respirer après quelques semaines d’apnée.
... https://www.telerama.fr/medias/eu-disin ... 759362.php

La CNIL va enquêter sur le fichage de comptes Twitter par une ONG dans le cadre de l’affaire Benalla
La Commission nationale informatique et libertés (Cnil) a annoncé jeudi qu’elle allait instruire « les plaintes dont elle a été saisie » concernant les conditions dans lesquelles une ONG belge a réalisé une étude sur l’impact de l’affaire Benalla sur les réseaux sociaux.
L’ONG belge DisinfoLab, qui cherchait à déterminer ou non si des comptes automatiques russes avaient amplifié l’affaire Benalla sur Twitter, a « fiché » sur son site les utilisateurs actifs sur le sujet en publiant leur nombre de messages, de retweets, et leur affiliation politique supposée. De nombreux internautes se sont plaints de leur présence dans cette liste.
Fichage des comptes
Les plaintes déposées - « un nombre important » a indiqué un porte-parole de la Cnil à l’AFP - ont amené la Commission à ouvrir une instruction sur le sujet.
... https://www.ouest-france.fr/high-tech/t ... la-5916802
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Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede bipbip » 13 Aoû 2018, 12:41

Benalla : aux JT, la canicule éclipse le mensonge sous serment du préfet

C'est Le Monde qui l'a révélé en début de semaine. Le couple de la Contrescarpe n'a jamais caché son identité à la police.Voilà qui contredit la version du préfet de police de Paris lors de son audition à l'Assemblée nationale. Ce qui ne semble pas émouvoir les JT dans lesquels l'affaire Benalla semble plus que jamais avoir déserté l'actualité.

Les deux trentenaires violentés par Alexandre Benalla le 1er mai place de la Contrescarpe n’avaient donc pas menti à la police sur leur identité. Interpellé ce jour-là après avoir jeté deux bouteilles de bière sur un CRS, le couple "n’a pas cherché à dissimuler son identité et n’a pas provoqué de violences « graves » ou « répétées »", révèle Le Monde ce 7 août dans un article signé Ariane Chemin, qui contredit les affirmations tenues jusqu’ici par le préfet de police de Paris, Michel Delpuech.

Le 25 juillet dernier, auditionné par la commission d'enquête de l’Assemblée nationale, le préfet avait soutenu, sous serment, que cet homme et cette femme "n’avaient pas de papiers sur eux » et avaient « déclaré de fausses identités", lors de leur interpellation.

Pourtant, comme le révèle Le Monde ce mardi, les infos communiquées il y a quelques jours par deux services de police au procureur de Paris, François Molins, indiquent le contraire. Au procureur qui s’enquérait de savoir pourquoi "aucune procédure" n’avait été engagée contre les deux trentenaires, deux services de police - la sûreté territoriale de Paris et la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) - ont transmis des réponses écrites, retranscrites en partie par Le Monde.

Des fiches d'interpellation, "entièrement renseignées"

On y apprend d’abord que ce jour-là, face au grand nombre d’interpellés, priorité est décrétée de mettre en garde à vue les militants susceptibles d’appartenir "à la mouvance black bloc". C’est pourquoi, le couple de trentenaires, n’ayant "aucun antécédent" judiciaire a été relâché après son interpellation, comme les autres personnes ne faisant "pas état d’infractions de violences volontaires graves ou répétées", expliquent les policiers au procureur.

... https://www.arretsurimages.net/articles ... -du-prefet
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Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede bipbip » 13 Aoû 2018, 21:48

Affaire benalla. EU Disinfo Lab, tel est pris qui croyait prendre
Depuis une semaine, une étude fait polémique. Après avoir publié des données, preuves pour LaREM d’une ingérence russe dans la médiatisation du scandale, l’association est accusée d’avoir opéré un « fichage politique » sur Twitter.
... https://www.humanite.fr/affaire-benalla ... dre-659200

Indépendance de la justice : "Une nécessité pour écarter les soupçons d’intervention politique"
Katia Dubreuil, présidente du Syndicat de la magistrature, revient sur les épisodes de l’affaire Benalla qui révèlent le manque de séparation des pouvoirs et la mainmise de l’exécutif sur certaines nominations.
... https://www.humanite.fr/katia-dubreuil- ... que-659155
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Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede bipbip » 15 Aoû 2018, 16:45

Les influents hommes de l’ombre de l’Élysée

Les « dysfonctionnements » des services de l’Élysée ont mis un coup de projecteur sur les conseillers du président, aussi puissants qu’inconnus des Français. Réorganisation en vue à la rentrée.
Qui connaissait Patrick Strzoda, il y a quelques semaines ? Ce natif de Thann (Haut-Rhin) était pourtant l’un des hommes les mieux renseignés et les plus puissants de France. Sa fonction ? Directeur de cabinet du président de la République.

43, et davantage…

Aussi puissant qu’inconnu, Patrick Strzoda a brutalement été mis en lumière par l’affaire Benalla. Des heures durant, il a dû répondre sous l’œil des caméras aux questions des députés puis des sénateurs, s’expliquer sur le curieux fonctionnement du palais de l’Élysée.
Ils sont officiellement 43 conseillers autour d’Emmanuel Macron. Et sans doute davantage en réalité, comme l’a montré le cas d’Alexandre Benalla, cet omniprésent jamais nommé au Journal officiel, qui tient pourtant la chronique des mouvements du palais.

... https://www.bienpublic.com/actualite/20 ... e-l-elysee
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Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede bipbip » 16 Aoû 2018, 18:21

ANALYSE

Pouvoir machiste, postures martiales et violence ostentatoire : Benalla ou le deuxième corps du roi Macron

« La société est quelque chose qu’il faut forcer à tout prix »

Comme le manifestant de la place de la Contrescarpe, Alexandre Benalla a défait le président d’un seul coup, et plus accompli en une journée que toutes les critiques adressées au chef de l’État depuis un an. Et toutes sirènes hurlantes, il a conduit Emmanuel Macron jusqu’à ce moment où un président perd à la fois la confiance des électeurs et sa crédibilité en tant que narrateur politique.

Il en va du crédit des gouvernants auprès des électeurs comme de la crédibilité des récits aux yeux des lecteurs. Leur confiance est une chose très fragile et le lien ténu qui les unit au récit peut se briser si la crédibilité du narrateur est compromise.

En 2005, lors du cyclone Katrina, ce n’est pas l’incompétence de son administration à organiser les secours qui avait jeté le discrédit sur la personne de G. W. Bush, c’est la lenteur de sa réaction : il avait mis trop de temps à se rendre sur place. Son indifférence, son manque d’empathie à l’égard des victimes réalisèrent en quelques heures ce que les mensonges proférés dans l’enceinte de l’ONU sur les armes de destruction massive en Irak n’avaient pas réussi à produire.

Son absence de réaction eut pour effet de saper la crédibilité du récit au nom duquel il avait été élu deux fois à la présidence des États-Unis, la fable du « conservatisme compassionnel ». Le discrédit n’était pas seulement politique ou moral : G. W. Bush était devenu en quelques heures ce que les théoriciens du récit appellent un « unreliable narrator », un narrateur peu fiable. Après Bush, le « moment Katrina » d’une présidence est devenu la métaphore du discrédit qui atteint un président en cours de mandat, ce moment où un président perd à la fois la confiance des électeurs et sa crédibilité en tant que narrateur politique. C’est ce qui arrive à Emmanuel Macron : le « moment Benalla » de sa présidence.

« Le problème avec Macron, me disait il y a quelques semaines Pouria Amirshahi, ancien député frondeur du PS qui dirige désormais l’hebdomadaire Politis, c’est qu’il ne ressemble pas à sa politique. Sarkozy ressemblait à sa politique. Hollande aussi d’une certaine façon. Mais Macron ne ressemble pas à sa politique qui est d’une grande dureté sur tous les plans. » Ce décalage entre l’image présidentielle et sa politique a permis pendant un an à Macron d’imposer ses réformes sans trop souffrir de ses effets dans l’opinion. Il a bénéficié de cette ambiguïté entre une bienveillance affichée et la brutalité de sa politique, alternant ses effets, jouant de séduction, mais n’hésitant pas à apparaître inflexible et laissant apparaître sous un visage affable un mépris affiché contre les plus pauvres, les chômeurs, les illettrés, « ceux qui ne sont rien » [1].

La « verticalité » recherchée par le président-philosophe allait de pair avec une certaine vulgarité plébéienne lorsque le président « allait au contact » des foules, sermonnant le bon peuple, chômeur, gréviste ou retraité ou arguant sur les réseaux sociaux [2] du « pognon de dingue » que coûtent les aides sociales [3]. Mais l’ambiguïté jouait en sa faveur. L’image du président, sa jeunesse, son énergie, et pour certains son charme servaient d’écran protecteur à sa politique. L’affaire Benalla vient de le pulvériser. Une illusion est tombée. La réalité a fini par déchirer le voile des apparences.

Emmanuel Macron peut toujours mobiliser ses relais médiatiques, afin de réécrire la séquence de toutes les manières possibles, envoyer son premier ministre au front des assemblées pour justifier l’injustifiable, jouer les matadors devant ses affidés, tenter de faire diversion, aller jusqu’à enrôler la Pasionaria des paparazzi [4] pour tenter de sauver le soldat Benalla, rien n’y fait. Car l’affaire Benalla n’est ni une bavure policière ni un simple dysfonctionnement administratif : elle jette un coup de projecteur sur les formes de gouvernance d’Emmanuel Macron et sur l’hubris qui l’anime.

Elle met à jour les coulisses du pouvoir, un réseau d’amitiés informelles, voire de complicités forgées au cours de la campagne électorale. Et ces coulisses, découvre-t-on, ne se situent pas à la marge de l’État, mais constituent un labyrinthe informel en son cœur, une sorte d’ombilic flottant au sommet de l’État, hors de tout contrôle. Ce n’est pas un État dans l’État, mais une « start-up team » dans l’État, escouade ou escadron de collaborateurs de l’ombre, affranchis des procédures administratives et des usages institutionnels, aux attributions floues, mais à la loyauté à toute épreuve…

À la lumière des événements de la Contrescarpe, et des multiples dysfonctionnements mis au jour par la presse et les commissions d’enquête parlementaires, en attendant que la justice fasse complètement la lumière, c’est un nouveau président qui est apparu. Fini, la figure imposée du souverain vertical. Benalla s’est chargé de ramener le président Macron à une position plus horizontale. Comme le manifestant de la place de la Contrescarpe, il l’a allongé d’un seul coup. En une seule prise. Il a plus fait en une journée (un 1er mai de surcroît) pour démystifier « le patron » que toutes les critiques adressées au président depuis un an. On pourrait presque l’en féliciter. Alexandre Benalla a tout fait foirer.

Celui qui s’est donné pour pseudo « Mars », le dieu de la guerre, usait de sa proximité avec le président. Beaucoup plus qu’un garde du corps, il était l’homme du président, celui qui apparaît sans cesse à ses côtés, sa doublure, « l’ombre du guerrier » comme dans le film de Kurosawa. Il en était parfaitement conscient, comme il l’a avoué lors d’un de ses entretiens. Son pouvoir n’était pas réglementaire. Benalla n’apparaissait pas sur les organigrammes de la présidence et sa nomination ne figurait pas au Journal officiel. Il n’appartenait à aucune chaîne de commandement.

Violence ostentatoire

Son autorité lui venait par translation de son rapport au président, documenté par des centaines de photos où il figurait à ses côtés. Il bénéficiait par contagion d’une sorte d’aura présidentielle, cette aura qu’il a précipitée dans une bataille de rue. Il a entraîné le président dans une rixe. Il est même allé jusqu’à l’épingler sur son profil Tinder, s’affichant à ses côtés, apprend-on dans Closer [5], précipitant la « sacralité » présidentielle dans la promiscuité d’un site de rencontres, et ravalant la fonction présidentielle au rang d’un simple instrument de drague. L’affaire relève tout autant de cet ordre juridico-politique sur lequel se sont penchés journalistes et députés que de l’ordre symbolique plus difficile à cerner, mais tout aussi dévastateur pour l’image présidentielle qu’Emmanuel Macron voulait restaurer. Benalla a fait descendre dans la rue, comme jadis la haute couture, la « haute culture » présidentielle.

L’affaire Benalla n’est pas un dérapage ou une diversion médiatique de nature à dissimuler les « vrais problèmes ». L’arbre Benalla ne cache pas la forêt des violences policières comme on a pu l’entendre, c’est tout le contraire. Benalla est l’exemple venu d’en haut pour montrer que la violence étatique se légitime d’elle-même, s’autorise du seul président. La violence gratuite du conseiller élyséen a valeur d’exemple. La gestuelle employée par Benalla et son comparse Vincent Crase, filmés en train de frapper des manifestants le 1er mai, ne relève pas du simple maintien de l’ordre, même si celui-ci est de plus en plus violent, mais d’une violence ostentatoire qui explique sans doute sa viralité sur les réseaux sociaux.

Les policiers présents ce jour-là ont affirmé que l’intervention de Benalla n’avait apporté aucune plus-value en termes opérationnels. Deux rapports de police remis au procureur de la République de Paris affirment, rapporte Le Monde [6], que le jeune couple était vierge d’antécédents judiciaires et n’avait pas provoqué de violences « graves » ni « répétées » contre les CRS massés sur la place de la Contrescarpe. Quelle était donc la logique de cette intervention, sinon d’intimider ? Elle manifestait aux yeux de tous qu’on « ne lâcherait pas » dans un combat qui ne se joue pas seulement dans la rue, mais sur les écrans et dans les esprits. Benalla est un garde du corps aguerri tout autant qu’un spectateur fasciné par le spectacle de la violence.

Les images de la Contrescarpe manifestent cette brutalité emphatique qui n’appartient pas au registre du maintien de l’ordre, mais à l’esthétique du catch. Benalla porte un coup violent à la nuque du manifestant, suivi d’une bascule en arrière pour déstabiliser le jeune homme qui, loin de résister, se laisse tomber à terre. Benalla l’achève en essuyant sa semelle cloutée sur sa poitrine, à la façon d’un catcheur. Une violence qui semble surjouée devant une audience imaginaire, exactement comme, si revêtu de l’uniforme et des accessoires du policier, Benalla jouait pour lui-même un rôle vu au cinéma ou à la télé.

Et cette scène à la fois réelle et imaginaire dévoile la violence à l’œuvre sous le visage affable du pouvoir. Les violences contre les migrants, les zadistes, les lycéens d’Arago prennent sens et trouvent leur cohérence dans une entreprise concertée d’intimidation – comme si l’État avait déclaré la guerre à toute la société. C’est en cela que l’affaire Benalla peut être qualifiée d’affaire d’État : parce qu’elle rend perceptible une certaine vérité de l’État et que cette vérité est « violence ».

Violence ciblée contre toute tentative d’opposition politique. Mais aussi violence suspendue au-dessus de la tête de tout citoyen, dans une sorte de couvre-feu général. Plus personne n’est à l’abri [7].

Si Benalla avait été un conseiller obscur, une sorte de gratte-papier sans visage, surpris en train de commettre un acte délictueux, une agression, un vol, il n’y aurait pas lieu d’en imputer la responsabilité au président, qui pourrait plaider le fait divers, la dérive personnelle, bref l’erreur humaine, comme dirait le premier ministre. Mais ce qui engage l’État et la présidence dans les actes de Benalla, c’est qu’il n’agit pas tout seul, dans l’obscurité d’un passage à l’acte. Il bénéficie de complicités dans l’appareil policier, il agit au grand jour, sous les yeux de sa hiérarchie, peut-être même est-il envoyé en mission, accédant à la salle de commandement de la préfecture de police après avoir mené ses opérations coup de poing dans Paris.

Le roi est nu

Comment imaginer qu’un collaborateur dont le président vante la loyauté et qui communique en direct avec son patron par messagerie secrète et hors de toute chaîne de commandement puisse passer à l’acte, avec armes et bagages si on peut dire, sans son consentement ? Benalla lui-même a laissé entendre qu’il n’avait pas agi de son propre chef. « Je ne suis pas fou », a-t-il affirmé au JDD [8]. En revanche, il semble tout à fait crédible que l’Élysée l’ait envoyé, ni vu ni connu, au cœur des manifestations pour être informé au plus près du climat et de la tournure des événements. Qu’il ait outrepassé sa mission d’observation et cédé à son envie d’en découdre, c’est probable, mais qui définit les contours d’une telle mission ? Est-elle d’observation ou d’observance ? Le président n’a-t-il pas vanté la loyauté, le dévouement de son protégé ?

La réponse apportée par Macron devant les députés de sa majorité était particulièrement maladroite : revendiquer la responsabilité de l’affaire – « le seul responsable c’est moi » [9] – et défier les critiques – « qu’ils viennent le chercher ! » – a pu paraître habile politiquement, en clouant le bec de ses opposants, mais c’était le meilleur moyen de lier Emmanuel Macron à son garde du corps, de faire corps avec lui. En cherchant à défocaliser les images de la place de la Contrescarpe, en mettant en circulation en toute illégalité des images de vidéosurveillance destinées à contredire les premières, les pompiers de l’Élysée n’ont pas seulement jeté de l’huile sur le feu et rajouté un délit à un délit, ils ont désigné le foyer de l’incendie.

Les dénégations du principal intéressé sur TF1 en ont apporté la preuve inversée [10]. Selon lui, aucune violence physique n’avait été commise. Aucune infraction à la loi ne pouvait lui être reprochée. Aucune implication présidentielle. Les dénégations se retournent comme des cartes. Oui il y avait eu violence physique, les vidéos le démontraient. Oui il y avait eu infraction à la loi, les réquisitions du parquet en témoignaient. Oui le président était concerné par l’affaire, puisqu’il affirmait lui-même qu’il était le seul responsable, revendiquant l’embauche de Benalla et justifiant implicitement les privilèges qu’il avait consentis à ce collaborateur de 26 ans. On pouvait même soupçonner que les penchants agressifs de celui qu’on surnommait Rambo étaient connus du président et qu’il les appréciait. Oui le roi avait confié à un garde du corps immature son image et sa sécurité. Et ce gamin qui avait guidé ses pas au soir de son couronnement devant la pyramide du Louvre l’entraînait désormais dans un scandale politico-médiatique aux conséquences imprévisibles…

Les images de la Contrescarpe ont resynchronisé l’image et la réalité du régime macronien. Docteur Jekyll est apparu au grand jour en M. Hyde. Voici celui qui se voulait omniscient contraint de se justifier d’avoir embauché à l’Élysée un jeune homme bagarreur. Plutôt qu’une « tempête dans un verre d’eau », comme l’a dit Macron [11], l’affaire a fait apparaître un président hésitant sur les sanctions à prendre, condamnant son collaborateur tout en organisant sa défense en sous-main, au point de s’embrouiller dans les métaphores en affirmant qu’on voulait fouler aux pieds un homme (Benalla) et avec lui la République en oubliant au passage que si un homme avait été foulé aux pieds, ce n’était nullement Benalla, mais sa victime sur la place de la Contrescarpe.

Voici que le gardien de la Constitution s’en prenait aux trois pouvoirs (médiatique, parlementaire et judiciaire), accusés de « sortir de leur lit » et de vouloir se muer en tribunal populaire, sans que l’on comprenne comment « une tempête dans un verre d’eau » pouvait faire sortir de leur lit les médias, la justice et le Parlement réunis. Et voici le monarque, déguisé en cow-boy, dans une posture « inutilement western » selon son allié François Bayrou, qui les mettait au défi : « Qu’ils viennent [me] chercher ! » Bref un président aux abois, d’une transparence de cristal. L’affaire tournait à l’humiliation : non pas une tempête dans un verre d’eau, mais un verre d’eau dans la tempête !

« Le roi est nu ! » : l’expression fait florès chaque fois qu’un président de la République se trouve en difficulté. Dans le cas d’Emmanuel Macron, qui a recours très souvent à la symbolique de la monarchie, elle revêt un sens particulier. La formule vient du célèbre conte de Hans Christian Andersen, Les Habits neufs de l’empereur. Rappelons-en l’anecdote.

Il y est question d’un empereur qui aimait les beaux habits et en changeait fréquemment. On dirait aujourd’hui un fashion addict. Informés de ce goût immodéré pour les apparences, deux escrocs décident de piéger le souverain. Ils se présentent à la cour et proposent à l’empereur de tisser pour lui une étoffe magique. Cette étoffe cousue de fil d’or n’est pas seulement belle, elle a la propriété de demeurer invisible aux yeux de ses subordonnés qui ne possèdent pas les qualités morales exigées par leur fonction. Le roi commande aussitôt un nouvel habit dans ce tissu. Ce fashion addict a pour une fois une excuse : le vêtement précieux va lui permettre de faire le tri parmi ses collaborateurs entre les compétents et les incompétents ! Un « smart textile » avant la lettre, qui aurait la capacité de détecter les collaborateurs incompétents !

Une aubaine pour Emmanuel Macron qui aurait pu, s’il avait possédé un tel habit, démasquer l’hubris d’Alexandre Benalla avant qu’il ne soit trop tard. Mais c’est le contraire qui s’est produit et c’est Benalla qui a démasqué le président.

Dans le conte d’Andersen, les deux escrocs installent deux métiers à tisser et se mettent au travail ; ils gardent pour eux la soie la plus fine et le fil d’or le plus précieux qu’ils ont commandés. Impatient et désireux de savoir comment le travail avance, l’empereur dépêche plusieurs de ses ministres dans l’atelier des tisserands. L’un après l’autre, chacun doit bien constater qu’il n’y a pas le moindre bout d’étoffe dans les métiers à tisser, mais de crainte de passer pour des incompétents, ils se gardent bien de le dire. Enfin arrive le jour où l’empereur doit revêtir ses habits neufs pour une grande cérémonie devant la cour et le peuple rassemblé. L’Empereur s’étonne de ne rien voir de cette étoffe magique, mais préfère lui aussi s’extasier devant cet habit plutôt que de passer pour incompétent. Il ne peut se dérober et doit revêtir le « splendide » vêtement. Les deux escrocs l’aident à s’habiller tout en lui vantant la qualité et la beauté de l’étoffe, d’une telle légèreté qu’on la sent à peine peser sur soi… Tout nu, l’empereur prend la tête de la procession, suivi de ses chambellans qui font semblant de porter la traîne de son manteau.

Une Ve République monarchique et machiste

La légende de l’habit magique l’a précédé dans son royaume. Aussi, lorsqu’il paraît à poil devant ses sujets, personne n’ose reconnaître l’évidence : l’empereur est nu. La mystification continue de fonctionner, chacun craignant de passer pour un idiot jusqu’à ce qu’un enfant, ignorant, rompe l’envoûtement en s’écriant : « Mais le roi est nu ! », et la terrible évidence se répand aussitôt dans la foule, tirée de sa stupéfaction, chacun se mettant à murmurer à son voisin les mots de l’enfant. Tous se rendent à l’évidence : l’empereur parade devant ses sujets dans le plus simple appareil.

Les Habits neufs de l’empereur peut être lu aujourd’hui comme une allégorie des pièges et des limites de la communication. Au centre du conte, il y a ce roi qui confie à deux escrocs la gestion de son image publique comme n’importe quel chef d’État aujourd’hui fait appel à des communicants. Les escrocs d’Andersen, à l’instar de nos spin doctors, sont convaincus que seule la perception compte et qu’ils ont le pouvoir de l’influencer grâce au fil d’or des éléments de langage, au tissu des stories et à la soie des sondages.

Depuis son élection, Macron ne ménage pas ses efforts pour retrouver, sous l’étoffe présidentielle un peu froissée que lui a laissée François Hollande, ce deuxième corps du roi sans lequel il n’y a pas d’autorité réelle. Désormais c’est chose faite. Les images de la Contrescarpe l’ont révélé au grand jour. Ce deuxième corps du roi dont Macron évoque sans cesse depuis un an l’importance symbolique, c’est Benalla. Et il n’a rien de divin. C’est un homme à tout faire. L’homme de l’ombre et des basses besognes. Et Dieu sait jusqu’où ce rôle l’aurait conduit si la révélation de l’affaire par la presse n’y avait mis un terme.

Rogue ! Le mot est lâché par The Economist, un hebdomadaire pas franchement hostile à Emmanuel Macron. Voyou ! Il désigne le comportement d’Alexandre Benalla, décrit comme « le garde du corps » du président français [12]. Mais il évoque aussi de manière subliminale l’expression « rogue state », « État voyou », apparue sous la présidence de Bush père au moment de l’opération Tempête du désert contre l’Irak, lorsque la fin de la guerre froide ouvre la voie au nouvel ordre mondial, considéré par l’administration Bush comme l’avènement d’un monde où une communauté internationale délivrée de la guerre froide n’aura plus d’autres ennemis que les « États voyous », appelés ainsi parce qu’ils ne respectent pas le droit international.

Reprise sous Bill Clinton, puis sous G. W. Bush dans sa guerre contre Saddam Hussein, avant d’être abandonnée sous Obama, l’expression « rogue state » connaît une seconde vie avec Donald Trump, qui l’a ressortie du placard à l’occasion de son discours du 19 septembre 2017 devant l’assemblée générale de l’Organisation des nations unies (ONU) pour l’appliquer à la Corée du Nord, l’Iran, la Syrie et le Venezuela. Anthony Lake, conseiller à la sécurité nationale de Bill Clinton, définissait en 1994 les États voyous comme « ceux qui manifestent une incapacité chronique à traiter avec le monde extérieur ». C’est une définition qu’on peut appliquer au régime d’Emmanuel Macron, dont l’envoyée spéciale du New Yorker à Paris constatait le défaut d’« empathie » [13], qui pourrait bien être le ver dans le fruit de ce quinquennat.

Noam Chomsky et Jacques Derrida ont retourné l’expression « État voyou » contre leur inventeur, les États-Unis, Derrida allant même jusqu’à affirmer avec Voyous [14], l’un de ses derniers livres, que d’une certaine manière, en puissance ou en acte, « il n’y a que des États voyous », la « logique » de la souveraineté étant de régner sans partage même « si elle n’y arrive jamais que de façon critique, précaire, instable ».

Dans un essai à paraître en septembre, Défaire le demos [15], la philosophe américaine Wendy Brown, qui ne reprend pas l’expression « rogue state », analyse la tendance actuelle du « néolibéralisme » à « désactiver » le projet politique même de la démocratie libérale comme forme sociale et historique autonome. Une tendance qu’on retrouve à l’œuvre dans l’administration Trump, où la méfiance à l’égard de « l’État profond » a contribué à défaire, déconstruire, les procédures et les instances de contrôle du système démocratique américain… C’est aussi la manière dont les politiques néolibérales s’imposent partout dans le monde en soumettant tout le champ social au calcul économique et en faisant accepter l’idée que la souveraineté populaire doit lui être soumise à tout prix.

Si l’incendie déclenché au cœur de l’été par l’affaire Benalla est si difficile à éteindre, c’est qu’il prend naissance dans cette zone grise, juridico-politique, mais surtout symbolique, à la croisée de ces deux termes voyou/État voyou, et qu’il se nourrit de cette ambiguïté sémantique qui fait osciller le cœur de cette affaire entre fait divers et affaire d’État, violence privée et privatisation de la violence d’État, dysfonctionnement et fonctionnement de l’État de droit. L’affaire Benalla met à jour cette tendance à la déconstruction démocratique qui vise à débrancher les médiations politiques et les procédures de contrôle, en détruisant les « checks and balances », et en s’attaquant aux contre-pouvoirs…

Les institutions de la Ve République reproduisent un rapport au pouvoir archaïque, au sens propre : monarchique et machiste. Elles reproduisent un « habitus » qui associe le pouvoir et la virilité. C’est pourquoi les femmes politiques y sont soumises à une violence symbolique permanente. Mais c’est en réalité toute la société qui est exclue. Avec l’affaire Benalla, on a atteint un point de tension maximal entre la société d’hypercommunication et la monarchie de droit divin. Plus l’exercice du pouvoir se révèle difficile dans le contexte de la crise de la souveraineté des États, plus les caractéristiques que l’on attend d’un responsable politique se durcissent, se virilisent : mâchoire carrée, menton en avant, discours martial. C’est le spectacle que donne le régime macronien.

Car il est dans l’essence du pouvoir machiste que de s’étaler, de s’afficher bruyamment. Les postures martiales cherchent à combler une demande d’autorité, à satisfaire un désir de protection qui est l’autre face de la souveraineté perdue. Elles théâtralisent l’insouveraineté par une personnalisation et une « virilisation » des gouvernants. Triomphe des postures martiales à la limite du catch. On croyait l’exercice réservé à Manuel Valls. Emmanuel Macron, après s’en être distingué, est retombé dans le même travers. Pour lui, la société est quelque chose qu’il faut forcer à tout prix, par tous les moyens, tout en donnant à voir le spectacle de ce forçage pour que le peuple y prenne goût. C’est le secret éventé du macronisme.

CHRISTIAN SALMON
P.-S.

• MEDIAPART. 11 AOÛT 2018 :
https://www.mediapart.fr/journal/france ... nglet=full

Vidéos et illustration ne sont pas reproduites ici.
Notes

[1] https://www.20minutes.fr/politique/2097 ... -polemique

[2] https://twitter.com/SibNdiaye/status/10 ... 4619308033

[3] https://www.mediapart.fr/journal/france ... nefficaces

[4] https://abonnes.lemonde.fr/politique/ar ... 23448.html

[5] https://www.closermag.fr/politique/docu ... s-d-855180

[6] Disponible sur ESSF (article 45674), Affaire Benalla : le couple de la Contrescarpe, molesté par Alexandre Benalla, n’a pas menti à la police.

[7] http://www.leparisien.fr/paris-75015/pa ... 182735.php

[8] https://www.lejdd.fr/politique/exclusif ... ne-3721481

[9] https://www.mediapart.fr/journal/france ... nglet=full

[10] https://www.lci.fr/politique/replay-une ... 94387.html

[11] https://www.youtube.com/watch?v=cauvmPwFNaE

[12] https://www.economist.com/europe/2018/0 ... -president

[13] ESSF (article 45675), France – The Benalla Affair : Will Scandal Sink Emmanuel Macron ?.

[14] http://www.editions-galilee.fr/f/index. ... re_id=2801

[15] http://www.editionsamsterdam.fr/defaire-le-demos/


http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article45676
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Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede Pïérô » 17 Aoû 2018, 11:23

Le mythe du renouveau macronien dans les eaux troubles de la « raison d’Etat »

TRIBUNE. L’affaire Benalla met à nu la survivance de réflexes monarchiques. On découvre des codes de comportement où le lien de confiance de « la noblesse d’Etat » tient lieu d’instrument de la « violence symbolique » du pouvoir. La communication « jupitérienne » d’Emmanuel Macron, érigée en mode de gouvernance, apparaît comme un sujet de questionnement pertinent.

La Macronie avait fondé sa doctrine sur un idéal de renouveau. C’était la promesse d’une République régénérée et résolument tournée vers l’avenir, l’espoir de faire de la politique autrement, la possibilité d’une « citoyenneté numérique » renforçant l’expression démocratique. Cette prophétie politique, prenant le visage d’une « République en marche », participait d’une inclinaison providentielle inspirée de la rhétorique de l’Immaculée Conception.

Emmanuel Macron l’avait décrite dans son livre programmatique, Révolution, comme l’incarnation même de l’« exemplarité », de la « transparence » et du « désintéressement », plaçant la moralisation de la vie politique au centre de ses propositions. Plus qu’aucun autre de ses rivaux, il avait su exploiter, durant la présidentielle, les déboires judiciaires de François Fillon relatifs à l’emploi présumé fictif de son épouse pour faire de ce cette question un enjeu majeur de la bataille électorale. Ses 39 ans fièrement affichés et la promotion de nouveaux visages constituaient à eux seuls les gages d’un népotisme et d’un copinage révolus. Une symbolique de « pureté » distillée à des électeurs las des scandales d’Etat et auprès desquels la fable macronienne du « nouveau monde » avait trouvé une certaine résonnance. Mais voici que tout juste un an après l’avènement de la Macronie, l’affaire Benalla est venue réveiller les démons du « vieux monde ». Les suspicions affleurent. Les Français s’interrogent. L’Elysée nous cache-t-il quelque chose ? Quelle est la place d’Alexandre Benalla dans le dispositif de sécurité présidentielle ? Comment cet agent contractuel a-t-il pu se voir attribuer un permis de port d’arme et des insignes d’officier de police ? Pourquoi a-t-il bénéficié des largesses du président de la République ? A la faveur d’un lien de confiance avéré ? Au nom de la toute-puissance du chef de l’Etat ? Par la force de la « raison d’Etat » qui place le président de la République au rang de souverain intouchable ? Car par-delà son caractère proprement juridique et politique, cette affaire est par-dessus tout un sujet de sociologie politique. Elle pose l’éternelle question de la frontière entre le formel et l’informel, l’officiel et l’officieux, le visible et l’invisible dans les hautes sphères du pouvoir.

Comportements monarchiques, « copinages malsains » : les non-dits de l’affaire Benalla
La France est une vieille nation qui plonge ses racines dans une conception monarchique du pouvoir. Incarnation vivante de cet héritage, la magistrature suprême de l’Etat y est très fortement sacralisée en vertu aussi du poids constitutionnel qui lui est conférée dans le cadre de la Ve République. « Clef de voûte des institutions », le chef de l’Etat, également chef des armées, concentre l’essentiel du pouvoir exécutif, qui plus est lorsque la majorité présidentielle lui est acquise comme cela est le cas aujourd’hui. Il puise, en outre, son autorité de la relation à la fois directe et intime qu’il entretient avec ses administrés compte tenu du charisme qu’il exerce sur eux. La relation entre Emmanuel Macron et Alexandre Benalla doit être appréciée à l’aune de cette dimension thaumaturgique qui impose allégeance et déférence à l’autorité suprême. Dès lors que le chef de l’Etat a témoigné toute sa confiance – il n’a pas manqué de le souligner avec insistance – à un jeune « garde du corps » de 26 ans, totalement étranger au sérail et à ses codes de conduite, il n’est pas inconcevable que celui-ci en ait abusé. Être adoubé par le cercle présidentiel et se voir admis en son sein, participer à des réunions sécuritaires de premier plan, disposer d’une autorisation de port d’arme, bénéficier d’un logement dans une dépendance de l’Elysée, d’une voiture professionnelle… sont autant de privilèges de nature à donner des ailes à plus d’un jeune Français.
A la lumière de ces considérations, on est fondé à penser que le comportement d’Alexandre Benalla lors des troubles de la place de la Contrescarpe était celui d’un « serviteur plus royaliste que le roi ». En s’autorisant à prêter main forte aux CRS, sans doute avait-il agi confusément. Endossant la double casquette du « protecteur du roi » et du « protégé du roi », il n’est pas impossible qu’il ait voulu rendre service aux forces de l’ordre en toute sincérité tout en cherchant à exercer, sur elles, un certain ascendant de par le « statut élyséen » qui était le sien. Ce type de dérive, impliquant des agents « spéciaux » où l’on finit par ne plus savoir « qui protège qui ? » et « qui est le protégé de qui ? », met en lumière la persistance de pratiques opaques au sein du pouvoir (SAC sous De Gaulle, gendarmes de l’Elysée sous Mitterrand). Mais il illustre par-dessus tout le poids des ressorts psychologiques de ces pratiques et la manière dont elles s’exercent sur les agents de l’Etat. L’un des fonctionnaires de police à la direction de la DOPC, mis en examen, aurait confié à sa hiérarchie avoir fait « une grosse bêtise » en contribuant à la remise de vidéos des événements du 1er mai à Alexandre Benalla. Pouvait-il vraiment en être autrement à partir du moment où la demande avait été effectuée sous couvert de l’Elysée ? Quel fonctionnaire aurait daigné se soustraire à une sollicitation portant l’empreinte de ce qui est perçu comme l’autorité suprême de l’Etat ? Dès lors que tout risque de « trahison » ou de « collusion avec un autre Etat » est écarté, une fin de non-recevoir peut apparaître aux yeux du destinataire de la demande comme une insubordination de nature à donner lieu à des sanctions de la part même de sa hiérarchie. On déduit aisément ici que la nature du « service » demandé participe d’un lien de confiance qui n’a pas être discuté. Dans les hautes sphères du pouvoir où la « raison d’Etat » a une résonnance particulière, la culture du non-dit est en effet ce qui permet la perpétuation de ce lien de confiance.
Comme le rappelle fort à propos l’historien Norbert Elias, ce mode de comportement trouve sa source dans les valeurs nobiliaires de retenue et d’autocensure de la « rationalité de cour ». Il s’accommode de ce qui est au nom de ce qui a toujours été. A ce propos, les auditions du Sénat ont révélé qu’à l’exception des conseillers nommés au Journal officiel, il n’a pas été exigé des chargés de mission de l’Elysée d’établir une déclaration d’intérêts et de patrimoine au motif où cette pratique était celle en vigueur sous François Hollande. Or cette négligence, en contravention avec la loi relative à la transparence de la vie publique, tranche de manière saisissante avec l’exigence d’exemplarité voulue par la République en marche.
Un scandale symptomatique d’une com’ présidentielle déconnectée du peuple
Engagé dans la course à l’Elysée, Emmanuel Macron nourrit l’ambition de « resacraliser » la fonction présidentielle. Le ton est donné dès le soir de son élection à l’occasion de la cérémonie au cœur de l’esplanade du Louvre. Le nouveau chef d’Etat adopte une posture « jupitérienne » empreinte de gravité. Point de départ d’un style présidentiel maîtrisé, cette communication se situe aux antipodes du style hyper-médiatique de Nicolas Sarkozy et de la présidence « normale » de François Hollande. Emmanuel Macron l’endosse en toutes circonstances, refusant de céder aux humeurs de la démocratie d’opinion. « Maître des horloges », il poursuit son entreprise de relégitimation du régalien imperturbablement en tenant les médias à distance.
Fort d’une solide cote de popularité, Emmanuel Macron a le contrôle de la situation. Une apparence que l’affaire Benalla va venir ébranler de plein fouet. L’Elysée perd prise. En dépit de l’ampleur du tollé suscité par des images et des révélations à mille lieues de la « raison d’Etat », le président maintient le cap de sa communication indolente. D’abord un long mutisme. Puis une rapide apparition devant ses troupes où il s’en prend ouvertement à la presse. Quelques bains de foule sur ses terres. Mais aucune prise de parole officielle à l’endroit des Français. A trop vouloir « verticaliser » sa présidence, Emmanuel Macron donne l’impression d’avoir été atteint du « syndrome de la tour d’ivoire » ? Aussi louable soit-elle, la nécessité de rehaussement de la fonction présidentielle n’est en rien incompatible avec une certaine accessibilité de celle-ci, notamment dans des contextes de crise où la personnalité même du président est affectée. En persistant dans son silence alors que l’affaire Benalla met à nu des dysfonctionnements de l’Etat, Emmanuel Macron brouille sa communication et envoie des signaux discordants aux Français. Outre contredire l’objectif de relégitimation de sa fonction qu’il contribue dès lors à délégitimer, il s’inscrit dans le même temps en faux contre le projet moderniste qu’il incarna pourtant avec détermination durant sa campagne. C’est toute la force de son storytelling du « nouveau monde » et de la « démocratie numérique » qui dégénère alors en mal autodestructeur. Pas étonnant donc qu’il n’ait pas vu venir le danger des outils digitaux et des réseaux sociaux par lequel l’affaire Benalla a éclaté !


https://www.politis.fr/articles/2018/08 ... tat-39225/
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Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede bipbip » 25 Aoû 2018, 18:24

Affaire Benalla : bras de fer judiciaire autour de la disparition du coffre-fort

Le parquet de Paris a refusé au début du mois d’août d’étendre l’enquête à la disparition du coffre-fort d’Alexandre Benalla. Une partie civile s’en offusque.

Qui a transporté le coffre-fort d’Alexandre Benalla hors de son domicile avant la perquisition ? Le 30 juillet, l’avocat du syndicat de police VIGI, partie civile dans l’affaire, a demandé à la justice d’élargir l’enquête initiale (ouverte notamment pour « violences en réunion ») à cette disparition.

« Le déplacement de ce coffre et sa soustraction à la justice sont susceptibles de constituer le délit de dissimulation de preuves », estime Me Yassine Bouzrou. Refus net du parquet de Paris, seule autorité compétente à pouvoir délivrer un réquisitoire supplétif aux juges d’instruction pour étendre leurs investigations.

Pour le parquet, une telle enquête est inopportune : étant donné les déclarations de Benalla selon lesquelles ce coffre contenait ses armes, et que celles-ci sont détenues légalement, il n’y a pas lieu d’enquêter plus avant. Une analyse contestée par Me Bouzrou : « Il est étonnant que le parquet motive son refus en se fondant sur les déclarations de M. Benalla alors que les enquêteurs ont justement souligné le manque de coopération de ce dernier. Le parquet fait-il preuve d’une naïveté inhabituelle ? Sa position alimente en tout cas la thèse d’un Benalla protégé par le pouvoir. »

... http://m.leparisien.fr/faits-divers/aff ... 1481423551
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Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede bipbip » 01 Sep 2018, 14:27

Alexandre Benalla va être de nouveau entendu le 28 septembre

L'ancien chargé de mission de l'Élysée, filmé en train de frapper certains manifestants lors du rassemblement du 1er mai à Paris, va être entendu par les juges d'instruction le 28 septembre prochain dans le cadre de cette enquête.

L'affaire Benalla n'est pas encore terminée. Selon nos informations, l'ancien chargé de mission de l'Élysée va être entendu le 28 septembre prochain par les juges d'instruction en charge de l'enquête. Ce sera la seconde audition pour l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron, qui avait déjà répondu aux questions des enquêteurs pendant sa garde à vue les 20 et 21 juillet.

Ce sera en revanche, le premier interrogatoire sur le fond. Alexandre Benalla a été mis en examen pour "violences en réunion", pour "détournement d'images issues d'un système de vidéo-protection" et pour "violation du secret professionnel".

... https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-d ... 7794594912
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Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede Pïérô » 07 Sep 2018, 11:12

Affaire Benalla : la commission d’enquête sénatoriale reprendra la semaine prochaine

Le chef de cabinet d’Emmanuel Macron, François-Xavier Lauch, sera auditionné mercredi 12 septembre.

C’est le retour de l’affaire Benalla. Après une pause estivale, la commission d’enquête sénatoriale va reprendre ses auditions la semaine prochaine, a annoncé son président, le sénateur Philippe Bas, dans une interview au Figaro, jeudi 6 septembre.

Le chef de cabinet d’Emmanuel Macron, François-Xavier Lauch, sera auditionné mercredi 12 septembre. La commission des lois du Sénat, dotée des prérogatives d’une commission d’enquête, a également prévu le même jour l’audition du général Eric Bio-Farina, commandant militaire de la présidence de la République, et de Maxence Creusat, commissaire de police à la direction de l’ordre public et de la circulation de la préfecture de police de Paris.

M. Bas a également affirmé qu’il n’exclut pas d’entendre le principal protagoniste de cette affaire, Alexandre Benalla, qui est accusé de violences lors des manifestations du 1er mai à Paris. « On verra dans une dizaine de jours, on a déjà un calendrier chargé à partir de la semaine prochaine », a expliqué M. Bas jeudi sur LCI. Celui-ci ne croit pas à la « thèse officielle », selon laquelle M. Benalla était « un employé qui se consacrait uniquement à une fonction d’organisation sans prendre part à la protection du président ».

... https://www.lemonde.fr/societe/article/ ... _3224.html
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Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede bipbip » 12 Sep 2018, 22:56

Avant Benalla, une crise de gestion déjà en gestation

Au-delà du feuilleton à rebondissements sur l’ancien chargé de mission de l’Elysée, qui a violemment attaqué mercredi les sénateurs devant l’auditionner, l’affaire a amplifié des défaillances dans l’organisation du palais présidentiel.

Une ex-petite main de l’Elysée, tendance petite frappe, traitant une figure du Sénat, Philippe Bas, de «petits marquis» - avant de finalement se soumettre à la convocation de la commission d’enquête que ce dernier préside sous la menace d’y être contraint. Le tout sous les cris d’orfraie de la ministre de la Justice. C’est, en substance, l’échange qu’ont eu par médias interposés Alexandre Benalla, toujours quadruplement mis examen, Philippe Bas (épaulé par le président du Sénat, Gérard Larcher) et Nicole Belloubet. Alors que la commission d’enquête de l’Assemblée nationale a implosé avant la pause estivale, celle de la Chambre haute a, elle, repris ses travaux mercredi. Mais c’est la polémique autour de la future audition mercredi prochain d’Alexandre Benalla, ex-adjoint du chef de cabinet de l’Elysée, qui a échauffé les esprits.

Après avoir accepté puis refusé, mardi, de venir, il n’a pas hésité à tenir des propos outranciers. Contre Philippe Bas en particulier et les sénateurs en général, ces «petites personnes» qui veulent salir Macron et à qui il dénie toute «légitimité». Dans cet épisode où il s’agissait de cibler le Sénat, prétendument au nom de la séparation des pouvoirs, Benalla a pu compter sur la garde des Sceaux comme sur le porte-parole du gouvernement. La première, sur cette ligne depuis fin juillet, a répété qu’elle ne trouvait «pas sain» que le travail parlementaire «interfère» sur celui de la justice par le biais de cette commission. De son côté, Benjamin Griveaux a invité le sénateur LR à s’occuper «un peu plus des Français et un peu moins de sa carrière politique». En réponse, Philippe Bas a ironisé, affirmant qu’il «ignorai[t] que [la ministre] était le conseil juridique de M. Benalla». Au passage, preuve d’une indignation sélective, aucun ministre n’est monté au créneau pour s’opposer à l’audition du commissaire de police Maxence Creusat, pourtant lui aussi mis en examen, pour avoir remis à Benalla des images de vidéosurveillance des faits du 1er Mai.

L’ancien chargé de mission devrait donc finalement bien être entendu par les sénateurs, qui assurent qu’ils ne se substitueront pas au pouvoir judiciaire. Philippe Bas a pris l’habitude d’affirmer que sa commission est là pour établir des faits et non pour les juger. Reste que l’affaire Benalla aura été un révélateur criant de dysfonctionnements à l’Elysée. Dans la gestion des hommes comme dans celle de la parole. Les auditions ont aussi permis de mettre en lumière une réforme par nature discrète : celle de la sécurité du palais présidentiel. Trois dossiers antérieurs à l’affaire Benalla, mais que son explosion est venue accélérer.

... http://www.liberation.fr/france/2018/09 ... on_1678309
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Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede bipbip » 13 Sep 2018, 19:38

"Je n'ai aucun respect pour eux" : la violente charge d'Alexandre Benalla contre les sénateurs de la commission d’enquête

Après avoir refusé dans un premier temps, Alexandre Benalla a fini par accepter de répondre à la convocation de la commission d'enquête du Sénat. Joint par France Inter, l'ex-chargé de mission de l'Élysée s'explique.

"Aujourd'hui, on me contraint", déplore Alexandre Benalla. Après avoir refusé, l'ancien chargé de mission de l'Élysée va bien répondre aux questions de la commission d'enquête sénatoriale. Mis en examen pour des violences contre un manifestant le 1er mai à Paris, l'ancien garde du corps a accordé une interview à France Inter, mardi 11 septembre. Alexandre Benalla ne souhaite pas que l'enregistrement de ses propos soit diffusé mais il accepte qu'ils soient retranscrits. Voici le verbatim de son entretien enregistré mardi soir.

... https://www.francetvinfo.fr/politique/e ... r=CS2-765-[twitter]-
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Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede bipbip » 13 Sep 2018, 22:35

Benalla - l’épisode sénatorial : beaucoup de bruit pour peu d’éclaircissements

Ira, Ira pas ? Après un suspens médiatique entretenu pendant plusieurs jours durant lesquels Benalla s’est payé le luxe de tenir la dragée haute aux sénateurs, de les insulter, et de traîner les pieds pour se rendre à leur convocation, l’enquête du Sénat a bel et bien repris son cours, avec trois auditions mercredi 12 septembre… sans beaucoup de résultats. Peut-être en saura-t-on plus lors de l’audition de Benalla lui-même le 19 septembre ?

Des sénateurs « respectueux » de la séparation des pouvoirs

La convocation de « ces petites personnes » pour lesquelles « il n’a aucun respect » a finalement été acceptée par Benalla, mardi soir. Non sans que l’affaire ait pris la tournure d’un bras de fer entre l’exécutif et le sénat. Nicole Belloubet, ministre de la justice et garde des sceaux est même allée jusqu’à apporter son aval aux réticences du « chargé de mission » de Macron, en arguant du fait « qu’il ne doit pas y avoir d’interférence entre une enquête parlementaire et une information judiciaire car la personne en cause n’a pas les mêmes droits ». Ce qui bien sûr a provoqué des réactions indignées, comme celle du président LR de la commission d’enquête, Philippe Bas, ou de la sénatrice Esther Benbassa d’EELV, ou d’autres encore qui l’accusent d’instrumentaliser la séparation des pouvoirs et lui conseillent de s’en montrer elle-même plus respectueuse.

Dans un tel contexte, les sénateurs de la commission d’enquête, prudents, se sont bien gardés de dépasser un tant soit peu le rôle qui leur était assigné. Respectueux de « l’indépendance de la justice » ils se sont contentés de rester sur l’objectif énoncé, comprendre comment et pourquoi cet ancien collaborateur de l’Élysée a pu, alors qu’il était simple observateur des manifestations du 1er mai, procéder à deux reprises à des interpellations musclées.

... http://www.revolutionpermanente.fr/Bena ... cissements
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Re: Benalla affaire d'Etat

Messagede bipbip » 18 Sep 2018, 01:52

Audition de Benalla: Castaner et le grand complot du Sénat

En plein fantasme, le délégué général d'En marche accuse la chambre haute de vouloir faire tomber le président de la République.

Les relations ne s’arrangent pas entre l’exécutif et le Sénat. Après la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Grivaux, et le président de la République lui-même (qui a appelé Gérard Larcher, le président du Sénat), Christophe Castaner y est allé à son tour de son couplet sur la commission d’enquête du Sénat sur l’affaire Benalla. Vendredi, celui qui s’exprimait comme patron de la République en marche mais qui est aussi secrétaire d’Etat chargé avec des relations avec le Parlement, a lancé: «Une commission d’enquête qui aurait des ambitions politiques pour faire de la politique et qui penserait qu’elle peut jouer de ses fonctions de contrôle du gouvernement pour faire tomber le président de la République commettrait une faute constitutionnelle.»

Difficile de contredire Christophe Castaner sur le fond, mais encore plus difficile de faire le lien entre ses propos et le travail de la commission d’enquête du Sénat tel qu’on l’a découvert au mois de juillet avec la retransmission en direct des auditions conduites par son président, Philippe Bas. Précisons ainsi d’emblée que pas un sénateur n’a demandé la destitution d’Emmanuel Macron. Le voudraient-ils que le Sénat ne le pourrait d’ailleurs pas, même avec sa majorité LR. Car si un chef de l’Etat peut bien être destitué depuis une loi organique de 2014, les conditions à remplir sont très encadrées par l’article 68 de la Constitution.

Interrogé par Libération, l’universitaire Didier Maus, spécialiste du droit constitutionnel, répondait: il faudrait «soit que le président bloque le fonctionnement des institutions», en refusant de signer les lois ou en bloquant la Constitution par exemple, «soit que son comportement personnel soit indigne de sa fonction». On en est loin dans l’affaire Benalla et une majorité à l’Assemblée est de toute façon une condition sine qua non. Bref, en parlant de volonté de destitution, Castaner entretient les fantasmes, probablement à dessein. En 2016, si le groupe LR mené par Christian Jacob avait jugé pertinent d’entamer une procédure de destitution visant François Hollande, après la publication de l’ouvrage Un président ne devrait pas dire ça, celle-ci avait été rejetée par le bureau de l’Assemblée. Rien à voir avec la motion de censure – deux ont par exemple visé le gouvernement en juillet – qui permet une sanction politique du Premier ministre par le pouvoir législatif.

... https://www.liberation.fr/amphtml/franc ... ssion=true
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