Un mort en prison, révolte au Mirail

Un mort en prison, révolte au Mirail

Messagede bipbip » 21 Avr 2018, 16:54

Un mort en prison, révolte au Mirail

Nous avons appris la mort de J. 27 ans habitant du quartier des Izards à Toulouse dans la nuit de samedi 14 à dimanche 15 avril. Il est décédé alors qu’il était incarcé à la maison d’arrêt de Seysses dans des circonstances jusqu’ici inconnues.

Le quartier de la Reynerie (Mirail) à Toulouse a été secoué par des révoltes toute la nuit du dimanche. Et peut être également le quartier d’Empalot (pas plus d’information à ce sujet). On n’a connaissance jusqu’ici (lundi 16 à 19:30) d’aucune arrestation ni blessures. La détresse du Midi a publié un article sur le sujet sans donner plus d’information. La maison d’arrêt de Seysses aurait aussi été agitée par une révolte. Le "calme" serait revenu en fin de journée selon un journal local en ligne. Celui-ci relaie la parole officiel : "il ne s’agit pas d’une mutinerie, mais d’un refus de réintégrer". Matons, police et ERIS seraient tout de même intervenus dans la journée.
Le journal parle clairement d’un "suicide par pendaison" qui serait la version choisit par les autorités pour expliquer le décès. La prudence reste de mise. Les stratégies, dans ce genre de cas, sont d’évoquer une raison plausible quitte à revenir sur celle-ci dans un second temps.
La famille a déjà été convoquée par les autorités locales et fera savoir plus tard ses volontés. La colère et la rage domine chez nombre de Toulousain.ne.s face à cette nouvelle mort en prison.

... https://iaata.info/Un-mort-en-prison-re ... -2540.html
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Re: Un mort en prison, révolte au Mirail

Messagede bipbip » 21 Avr 2018, 20:22

Communiqué de prisonniers enfermés à la prison de Seysses : Encore un mort au mitard

Maison d’Arrêt de Seysses, le 19 avril 2018.

J. avait 26 ans. Samedi dernier, il était au mitard, dans une « cellule disciplinaire » de la prison de Seysses. Il y est mort. Les médias relaient une version des faits, une seule : celle des matons, les « surveillants ». Mais nous, on y vit, dans cette prison. Et on n’est ni sourds, ni aveugles. On sait que sa mort a été provoquée par la violence des matons affectés au mitard. Non, J. ne s’est pas suicidé.

Si plus d’une centaine de prisonniers ont refusé de remonter en cellule plusieurs jours de suite cette semaine, c’est parce que c’est tout ce qu’on peut faire pour protester, ici. J. est mort au mitard, et l’autopsie aurait conclu à un suicide. Mais on sait que ce n’est pas le cas, car il y a des témoins qui étaient présents dans les cellules environnantes lors de son passage à tabac, qui ont tout entendu, qui ont assisté à tout ça. C’est suite à un déferlement de coups que J. est mort samedi. Pensez-vous que nous serions 200 prisonniers à refuser de remonter en cellule et à déployer une banderole dans la cour de promenade si nous n’étions pas convaincus de leurs mensonges ?

Tous ceux qui sont passés par le quartier disciplinaire pourront témoigner des humiliations qu’ils y ont subi, des insultes racistes, des crachats à la figure, des ordres donnés comme si on était moins que des chiens… Là-bas, celui qui a le malheur de « la ramener » peut finir comme J. : pendu. Aucun droit n’est respecté dans ce mitard. Les promenades ont lieu au bon vouloir des surveillants, et en général il n’y en a pas. L’accès au douches nous y est refusé, et il peut se passer quinze jours sans qu’on puisse y aller. Pareil pour l’accès au feu, pour allumer une cigarette : c’est maximum trois fois par jour et ils usent de beaucoup de zèle, il faut presque les supplier. La peur y règne, et y aller est pour chacun d’entre nous, prisonniers, une vraie descente aux enfers.

Cet hiver, plusieurs prisonniers se sont retrouvés dans ce mitard sans matelas, sans couverture et sans vêtements, alors qu’il faisait moins cinq degrés. Juste parce qu’ils avaient tapé sur la grille de leur cellule pour réclamer à manger ou avoir du feu. Ils ont dû dormir par terre, nus, sur un coussin, et manger « la gamelle » dans des barquettes qui arrivaient ouvertes, apparemment déjà utilisées.

J. a été battu par cinq ou six surveillants, pendant plus d’une demi-heure. Puis il y a eu un grand silence, et les surveillants se sont mis à discuter entre eux, à estimer son poids et sa taille pour s’accorder sur une version des faits. Puis ça a été l’heure de la gamelle et, quand sa cellule a été rouverte, ils ont fait mine de le découvrir pendu. Alors le Samu est intervenu et a tenté de le réanimer, en vain. Le lendemain, ils ont libéré tout le monde du mitard et personne n’a été entendu, même pas le chef ni les gendarmes. Ça montre bien qu’ils ont des choses à cacher, qu’on ne vienne pas nous dire le contraire.

Certains d’entre nous (sur)vivent dans cette prison de Seysses depuis plusieurs années, ou y font beaucoup d’allers-retours. Cette situation n’est pas nouvelle, et d’autres « morts suspectes » ont eu lieu ici ces dernières années. Nous avons vite compris que notre parole ne valait rien face à la leur, mais nous savons aussi que beaucoup dehors s’interrogent ou ont déjà compris leur petite mascarade. Qui tue.

C’est très difficile pour nous de donner des preuves de ce qu’on avance. Ici, nous sommes enfermés, et chaque information qui arrive dehors risque d’avoir de graves conséquences pour nous. Pourtant il faut que ça se sache, car nous sommes en danger de mort. Les surveillants jouent avec nos vies dans ce quartier disciplinaire.

C’est plus que de l’humiliation ; ils nous terrorisent, et ce qui est arrivé à J. pourrait arriver à chacun d’entre nous.

Nous dénonçons aussi les pressions qui sont faites sur les prisonniers qui ont assisté aux faits. Les témoins malgré eux de ce qui s’est passé samedi dernier subissent des pression psychologiques et sont très clairement menacés de transfert. Tout semble mis en place pour les pousser à bout. Ainsi, cinq d’entre nous ont déjà été transférés suite au blocage de la promenade et sont désormais à Lille, Bordeaux, Sedequin… Considérés comme « meneurs », on ne les a même pas laissé embarquer leurs affaires personnelles. C’est comme ça que la prison est tenue maintenant, en nous menaçant d’un « transfert disciplinaire » qui nous éloignerait encore plus de familles et de nos proches.

Nous exigeons que la direction de la Maison d’Arrêt remplace immédiatement cette équipe de surveillants, il est évident que c’est la première chose à faire. La petite équipe sadique de matons du mitard, nous, prisonniers, la surnommons « l’escadron de la mort ».

Ici, on est spectateurs du désespoir humain, et on sait tous que J. pourrait être n’importe lequel d’entre nous. Il a été battu à mort parce qu’il tapait dans une porte : il n’en pouvait plus d’attendre, coincé dans la « salle d’attente » de la prison, sans fenêtre. Il voulait juste regagner sa cellule. Ils sont venus et l’ont plié.

On ne soigne pas le mal par le pire. Nous voulons que tout cela cesse.
Que celui qui est condamné à aller au mitard puisse au moins conserver sa dignité et que ses droits fondamentaux soient respectés.

Nous voulons que la vérité soit faite sur la mort de J. et qu’une telle horreur ne puisse plus se reproduire, ni ici, ni ailleurs.
Nous nous associons à la douleur de la famille et sommes prêts à témoigner si elle le désire.

Des prisonniers de la M.A. de Seysses


http://lenvolee.net/encore-un-mort-au-m ... e-seysses/
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Re: Un mort en prison, révolte au Mirail

Messagede bipbip » 30 Avr 2018, 16:56

Suivi des comparutions immédiates du 20 avril

Quelques infos transmises depuis la séance de comparutions immédiates au TGI de Toulouse, où de nombreux.ses émeutier.es sont jugé.es.

... https://iaata.info/Suivi-des-comparutio ... -2552.html
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