Les villes craignent la fin de la taxe d’habitation et de leur autonomie financièreLes maires, inquiets par la suppression de cet impôt local, n’ont pas été rassurés par les mesures de compensation du gouvernement.
C’était une promesse de campagne. Emmanuel Macron veut supprimer la taxe d’habitation pour 80 % des ménages dès l’année 2018. Le président de la République estime que cet impôt est « injuste » et appliqué de façon totalement disparate sur le territoire. Les valeurs locatives cadastrales, desquelles dépendent en partie les taxes d’habitation suivant les communes, n’ont pas été actualisées depuis les années 1970 et ne sont « pas réformables » aux yeux d’Emmanuel Macron, qui qualifie un tel chantier d’« himalayesque ». Le chef de l’État estime aussi que cette réforme permettra de « rendre du pouvoir d’achat aux Français », entre 662 et 783 euros en moyenne par ménage, selon l’OFCE, qui s’est appuyé sur des chiffres de l’Insee.
« Nous sommes évidemment pour une grande réforme fiscale d’ampleur, pour une révolution qui mettra la justice fiscale et la répartition des richesses au centre de notre système, qui s’attaquera à la TVA et à la CSG, particulièrement injustes », mesure le député PCF Sébastien Jumel. « Mais on sera bien loin du compte uniquement avec la suppression de la taxe d’habitation. Cette mesure pose d’ailleurs de nombreux problèmes. » L’ancien maire de Dieppe (Seine-Maritime) ajoute que, dans sa commune, « 60 % des habitants sont exonérés de taxe d’habitation. Mais ils vont prendre de plein fouet la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) ».
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https://www.humanite.fr/les-villes-crai ... ere-639837Dépenses publiques. Douche froide pour les communes et les départementsAnnoncées lors de la conférence nationale des territoires, la baisse de 13 milliards d’euros sur cinq ans et la réforme de la taxe d’habitation mettent en danger tous les domaines de la vie locale.
Depuis sa ville populaire de Stains (Seine-Saint-Denis), Azzédine Taïbi, le maire communiste, fulmine. Les 13 milliards d’euros d’économies prévues par le gouvernement pour les collectivités locales au cours du quinquennat qui commence sont un véritable coup de massue. Ici, comme dans une grande majorité de communes et de départements français, on se demande : « Quand cela va-t-il s’arrêter ? » Car déjà, durant le mandat de François Hollande, les collectivités territoriales ont vu amputer leurs dotations de 11,5 milliards d’euros. À Stains, ce sont 3 millions en moins, entre 2014 et 2017 seulement. « On les a bien sentis ici », se souvient celui qui n’a pas attendu les annonces de la conférence nationale des territoires pour faire front contre la baisse des dotations avec le mouvement des « plumés de l’austérité », dès 2015.
« Trois millions, c’est l’équivalent d’un conservatoire de musique, c’est le budget de fonctionnement annuel d’un centre de santé ou encore la mise en route d’un groupe scolaire de 6 classes », explique Azzédine Taïbi, inquiet des conséquences pour les services publics locaux. Alors, avec la politique d’austérité qui s’annonce plus violente que prévu puisque Emmanuel Macron annonçait 10 milliards de baisse au cours de sa campagne, Azzédine Taïbi craint pour les habitants des quartiers populaires, qui n’avaient pas besoin de ça.
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