Angelo Garand, peine de mort pour un déserteur de Vivonne

Re: Angelo Garand, peine de mort pour un déserteur de Vivonn

Messagede bipbip » 21 Oct 2017, 13:34

Entretien avec Aurélie, sœur d’Angelo Garand abattu par le GIGN

Bonjour Aurélie, merci beaucoup d’accepter de parler avec nous : pour cette journée « Adama, un an après », on a pensé que c’était quand même très important de ne pas parler seulement d’Adama, mais aussi de tous les autres qui se sont fait récemment tuer – assassiner, il faut bien dire le mot – par la police ; tu es la sœur d’Angelo Garand, qui a été exécuté – je pense qu’on peut le dire – chez ses parents par une équipe du GIGN, le 30 mars dernier.

... https://cric-grenoble.info/analyses/art ... e-gign-269
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Re: Angelo Garand, peine de mort pour un déserteur de Vivonn

Messagede Pïérô » 03 Déc 2017, 13:00

Ce jeudi-là

Aujourd’hui jeudi 30 novembre, voilà 8 mois que la vie de notre famille a basculé. Plus rien n’est pareil depuis que notre proche Angelo Garand a été abattu de 7 balles dans le torse par des gendarmes de l’antenne du GIGN de Tours, venus l’interpeller chez nos parents à Seur, près de Blois . Nous étions le 30 mars 2017, c’était aussi un jeudi. Avec le temps on n’oublie pas bien au contraire. Depuis 8 mois, nous vivons chaque jour dans la douleur, la colère et la détermination à poursuivre notre combat pour la Vérité et la Justice. La lutte pour la mémoire d’Angelo est devenue notre quotidien. Et chaque 30 du mois, nous revivons cette journée du 30 mars dernier, le dernier jour d’Angelo Garand.

Ce jeudi-là, un jour ensoleillé, Angelo était venu vers 13 heures partager un repas en famille. Un moment de répit pour lui qui était incarcéré 6 mois plus tôt à la prison de Vivonne, près de Poitiers, pour des vols. Depuis ses 22 ans, pour une conduite sans permis et une bagarre, Angelo était tombé dans l’engrenage carcéral. En septembre 2016, on lui avait accordé une seule journée de permission pour visiter sa famille, près de Blois. Angelo était le père de 3 enfants de 19,17 et 12 ans. L’éloignement de sa famille lui pesait. Alors il n’avait pas réintégré pas la prison. La tentation de rester auprès des siens avait été trop forte. Depuis, il vivait auprès d’eux, allant et venant sans se cacher. Le 30 mars, Angelo venait juste d’arriver pour partager une grillade, quand l’antenne du GIGN a pris d’assaut le terrain familial, une vieille bâtisse au milieu des champs. Tout est allé très vite. Angelo s’est réfugié dans une petite remise sans issue. Le commando a mis tous les membres de famille en joue dans les cris, jeté au sol et menotté les hommes, fouillé brutalement les lieux. Ils étaient prêts à repartir, quand un petit bruit s’est fait entendre, à l’intérieur de la remise où se trouvait Angelo. Des hommes du GIGN y ont couru silencieusement et immédiatement, sans qu’un seul mot soit prononcé, les coups de feu ont résonné.

Un long, très long silence a suivi dans la remise. Des secours sont arrivés puis repartis. Des enquêteurs sont arrivés. Le corps d’Angelo a été laissé-là des heures durant, sans que nous puissions le voir, sans que nous sachions. Les membres de notre famille qui venaient de vivre ce cauchemar ont été interrogés à charge, comme "complices d’évasion". C’est seulement après, le soir venu, que la mort d’Angelo nous a été annoncée officiellement par le procureur de Blois, soutenant que les gendarmes auraient tiré après sommation, et sous la menace d’un couteau. Nous contestons formellement cette thèse de la légitime défense. Nous contestons aussi la nécessité de cet assaut disproportionné, au cours duquel les gendarmes n’ont pas utilisé tous les moyens à leur disposition pour préserver le droit à la vie de l’homme qu’ils étaient venus arrêter.

Soutenue par le collectif Urgence Notre Police Assassine, notre famille s’est aussitôt constituée partie civile dans l’information judiciaire qui a été ouverte. A là mi-mai, nous avons ainsi pu apprendre qu’Angelo avait été mitraillé de 7 balles dans le thorax, tirées par deux gendarmes, à bout portant. Puis durant l’été nous avons été auditionnés par la juge d’instruction. Le 25 septembre, elle est venue chez nous à Seur constater la configuration des lieux, puis a décidé la mise en examen des deux auteurs des tirs mortels pour « violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Depuis, une autre partie civile a été reçue par la juge d’instruction, qui poursuit les investigations sur les conditions exactes de la mise à mort d’Angelo.

Notre combat n’est pas seulement judiciaire, nous le menons aussi dans l’espace public, en lien avec les autres familles des morts et des blessés à la suite d’une intervention violente et disproportionnée des forces de l’ordre. Après 8 mois de lutte, nous ne pouvons que constater que la liste des victimes de cette violence sécuritaire ne cesse d’augmenter, le plus souvent dans l’impunité.

Plus que jamais, nous nous sentons proches et solidaires de toutes les familles touchées, dont nous partageons le sort. Le 2 décembre prochain, nous irons soutenir la famille de Babacar Gueye, qui lui rendra hommage, dans les rues de Rennes. Quand on marche pour un, on marche pour tous.

Plus que jamais, nous ressentons le devoir d’informer la population : même si les pauvres et les discriminés sont les plus touchés, personne n’est à l’abri, tout le monde est concerné, c’est une question qui concerne l’ensemble de notre société. C’est pourquoi avec notre comité de soutien local, nous nous retrouvons mensuellement pour préparer les actions à venir. Nous continuons à distribuer régulièrement des tracts et à échanger avec les passants souvent très à l’écoute, dans les rues et sur les marchés de Blois. Nous avons d’ailleurs pris acte des excuses reçues ce mois-ci du Cabinet du Maire de Blois, suite à l’intervention abusive de la police municipale qui, de façon"exhorbitante du droit commun", nous avait interdit de poursuivre notre distribution de tract en centre-ville, fin septembre.

Depuis ce jeudi-là, le souvenir d’Angelo nous donne la force de poursuivre le combat en sa mémoire. Nous vous remercions de continuer à nous y encourager par vos soutiens, que ce soit sur les réseaux sociaux, à travers notre pétition, ou vos signatures en tant qu’organisations solidaires (liste jointe), en participant à notre cagnotte pour tous les frais engendrés par cette lutte, ou enfin, en rejoignant notre collectif local, à Blois.

La famille Garand et ses soutiens, Le 30 novembre 2017

Justice pour Angelo, Soutien à la famille Garand !


• Pétition en ligne : https://www.change.org/p/justice-et-vérité-pour-angelo-soutien-à-la-famille-garand

• Cagnotte solidaire : https://www.leetchi.com//c/solidarite-de-aurelie-garand

Page publique fB : https://www.facebook.com/Justice-Pour-A ... 499372039/

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Re: Angelo Garand, peine de mort pour un déserteur de Vivonn

Messagede Pïérô » 05 Jan 2018, 00:39

« En finir avec la violence d’État » : les vœux de la famille d’Angelo Garand

Neuf mois après le meurtre d’Angelo par l’antenne du GIGN de Joué-lès-Tours, sa sœur Aurélie et sa famille sont toujours aussi combatifs et toujours aussi solidaires des victimes des violences policières : la solidarité est une arme !

Ce 30 décembre, nous voilà 9 mois après la mort d’Angelo. Sans qu’on s’en rende compte, l’hiver s’est installé pour de bon, 2017 touche à sa fin, et le monde s’apprête à fêter le premier jour de l’an qui vient. Le 30 mars de cette funeste année qui s’achève, notre proche Angelo Garand a été tué de 7 balles dans le torse par deux gendarmes de l’antenne du GIGN de Tours. Chaque 30 du mois, notre famille revit cruellement le cauchemar de cette journée, et ressent le besoin de rappeler ce qui s’est passé, ainsi que notre détermination à tout faire pour que la justice parvienne à le prouver, pour que tout le monde le sache. C’est encore plus vrai en ces temps de fêtes familiales, d’espoirs et de vœux partagés pour de meilleurs lendemains, en souvenir aussi des êtres chers qui sont partis et qui n’en vivront plus rien. En 2018 comme après, ce sera encore et toujours pour nous ce combat à continuer, à la mémoire d’Angelo et de toutes les victimes de la violence abusive des forces de l’ordre. Nous le devons à nos enfants et à tous les enfants, à qui nous souhaitons un monde plus juste, égalitaire et solidaire.

Des vœux pour que la Justice soit faite et que la Vérité soit dite

Angelo était un Voyageur de 37 ans. Il avait trois enfants, âgés de 12, 17 et 19 ans. À 22 ans, il avait été condamné à de la prison ferme pour conduite sans permis et bagarre, basculant ainsi dans l’inextricable engrenage carcéral, d’où la réinsertion devient mission quasi-impossible. Une vie de prisonnier, avec toutes ces fins d’années passées en cellule, loin des siens. En septembre 2016, alors qu’il était incarcéré pour vol à la terrible prison de Vivonne, près de Poitiers, Angelo avait obtenu une seule journée de permission de sortie familiale, afin de venir nous voir près de Blois. Puis au lieu de regagner la prison, il n’avait pas résisté à la tentation de rester auprès de nous, en famille. Il savait bien qu’un jour il serait repris, que sa peine serait alourdie, mais jamais il n’aurait pensé trouver ainsi la mort. 6 mois plus tard, le 30 mars dernier, Angelo est venu chez nos parents à Seur, pour partager un repas. Vers 13 heures, un commando de l’antenne du GIGN de Tours a surgi pour l’interpeller. Angelo s’est alors réfugié dans une petite remise à sa portée. Les gendarmes ont brutalement mis à terre et en joue les proches présents sur les lieux, pendant la fouille du terrain familial. Ils allaient repartir bredouilles quand un léger bruit s’est fait entendre dans la petite remise où Angelo se cachait. Cinq hommes du commando s’y sont précipités et aussitôt, sans sommation, des tirs ont été entendus par nos proches horrifiés, immobilisés tout près.

Nous contestons formellement la thèse de la légitime défense, privilégiée par le procureur de Blois. La volonté d’interpeller Angelo ne nécessitait ni l’usage des armes à feu, ni l’envoi de ce commando disproportionné. Nous nous sommes très vite constitués parties civiles grâce au collectif « Urgence notre police assassine » qui nous a conseillé sur les premières démarches à accomplir. C’est ainsi qu’un mois et dix jours après, nous avons pu accéder au dossier et y apprendre combien de balles ont été tirées sur Angelo, et par qui.

Le 25 septembre, la juge d’instruction chargée de l’information judiciaire s’est déplacée à Seur chez nos parents, pour examiner notamment la remise où Angelo a été abattu. Puis elle a auditionné les deux gendarmes auteurs des tirs mortels. Dans la soirée, alors que le procureur souhaitait les placer sous le statut de témoins assistés, la juge a décidé de les mettre en examen pour « violences volontaires avec armes ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». De cette première importante avancée, nous avons pris acte. Avec espoir car cette décision marque une prise en compte de nos témoignages et des éléments factuels du dossier. Avec prudence aussi car nous savons combien longues et difficiles sont ces procédures qui mettent en cause des gendarmes ou policiers ayant mortellement abusé de la force dont ils sont dépositaires au nom de l’État. Toutes les familles des victimes le savent, tout le monde devrait le savoir.

Des vœux pour que l’égalité devienne réelle

Comme tous les pauvres et les discriminés, nous savons aussi que malgré la devise de ce pays, nous n’y sommes pas réellement traités à égalité par ses institutions, ses forces de l’ordre, sa justice. Avant qu’Angelo ne soit mis à mort par des gendarmes faute d’avoir réintégré sa cellule, il était condamné à vivre sans liberté. Il nous tient à cœur d’inviter l’ensemble de la population à interroger ce contexte, cet engrenage pénal et carcéral dont Angelo n’a pu sortir vivant : qui met-on en prison, pourquoi, dans quelles conditions, avec quelles perspectives de réinsertion, quelles conséquences pour les détenus, leurs familles, et finalement, pour toute la société ? C’est pourquoi avec notre comité de soutien, nous avons choisi de proposer fin février une soirée-débat à Blois sur ce thème. En attendant de revenir plus en détails sur cet événement, nous formons des vœux pour que face à la justice et à la police, l’égalité devienne réelle, sans peines perdues, ni vies sacrifiées.

Des vœux pour un élan toujours plus large de solidarité

Chaque mois notre collectif « Justice pour Angelo » se réunit à Blois pour travailler à élargir le soutien local, sensibiliser, informer la population, rappeler que la mort d’Angelo n’est pas un cas isolé : en moyenne 15 personnes meurent chaque année entre les mains des forces de l’ordre, sans aucune nécessité ni proportionnalité dans la violence exercée au nom de l’État. Nous formons des vœux pour que cela cesse. Voici 9 mois que nous avons rejoint toutes les familles de victimes dans ce combat pour la Vérité et la Justice, unis par le sort injuste fait à nos défunts. Et quand côte-à-côte nous marchons pour l’un, nous marchons pour tous. C’est ainsi que le 2 décembre dernier, invités par son comité de soutien, nous avons marché à Rennes aux côtés d’Awa, la sœur de Babacar Gueye, tué par la BAC de 5 balles dans le thorax, alors que c’étaient les pompiers qui avaient été appelés au chevet de ce jeune homme en détresse, qui ne s’en prenait qu’à lui-même.

Et c’est ainsi que nous avons ces jours-ci une pensée particulière pour la famille de Wissam El Yamni, violemment interpellé par la police à Clermont-Ferrand une nuit comme celle qui vient, du 31 décembre 2011 au 1er janvier 2012. Wissam est décédé après 9 jours de coma. Sa maman et le comité Justice et Vérité pour Wissam étaient présents à nos côtés le 30 septembre dernier, pour notre Marche de commémoration 6 mois après la mort d’Angelo. Ce jour-là, la Maman de Wissam a rappelé ce que toutes nos familles vivent : « Vous savez pourquoi on n’a pas la paix ? Parce-qu’on n’a pas la justice ». Nous vivons la même chose et en cette période de fêtes mais aussi de douleurs ravivées, nos pensées vont vers ceux et les familles de ceux qui sont partis, comme Wissam, Babacar, Angelo et bien trop d’autres, victimes d’une violence abusive exercée au nom de l’Etat par des forces de l’ordre qui ne savent garder la paix. En cette fin d’année nous pensons aussi à celles et ceux qui, comme Angelo tant de fois, vivent ces heures en prison, souvent pour bien peu, dans des conditions indignes, sans espoir de réhabilitation.

Nous formons des vœux pour que se renforcent et s’élargissent toujours plus nos solidarités, entre nos familles de victimes en lutte, et avec toutes les personnes et organisations qui se sentent concernées, qui refusent de laisser ces injustices perdurer dans notre société. Merci à toutes celles, tous ceux qui sont déjà-là ou qui viendront, merci à l’artiste Kkrist Mirror qui nous offre sa vision, son portrait d’Angelo.

La famille Garand et ses soutiens, le 30 décembre 2017


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Re: Angelo Garand, peine de mort pour un déserteur de Vivonn

Messagede Pïérô » 07 Fév 2018, 07:13

Mort d’Angelo Garand : fin de l’instruction judiciaire, la famille poursuit le combat !

La juge d’instruction en charge du dossier sur la mort d’Angelo Garand, tué par le GIGN à Seur le 30 mars 2017, a annoncé à la famille que l’information judiciaire touchait à sa fin. Deux gendarmes ont été mis en examen dans cette affaire. Communiqué de la famille Garand, qui se bat pour obtenir « Justice et Vérité » , à la fois en tant que partie civile dans la procédure judiciaire, mais aussi par la mobilisation dans l’espace public.

Le 30 janvier dernier a encore été pour notre famille une journée particulière. Chaque 30 du mois est une journée particulièrement bouleversante, depuis que notre proche Angelo Garand, un Voyageur de 37 ans, a été abattu sans sommation de 7 balles au thorax par un commando de l’antenne du GIGN de Tours venu l’interpeller chez nos parents, le jeudi 30 mars 2017 vers 13 heures, à Seur (41).

« Nous savons le sort trop souvent réservé aux affaires mettant en cause les forces de l’ordre »

10 mois plus tard jour pour jour, ce 30 du mois de janvier, une nouvelle marquante est tombée. Nous avons appris par un courrier de la juge d’instruction ayant mis en examen, contre l’avis du procureur, les deux gendarmes auteurs des tirs mortels, que l’information judiciaire dans laquelle nous sommes parties civiles touche désormais à sa fin. Nous entrons ainsi au plan judiciaire dans une nouvelle phase de notre combat, lourde d’incertitudes. Il nous faut maintenant attendre les réquisitions du parquet sur les suites à donner ou pas. Cela peut prendre jusqu’à trois mois. Ensuite nous connaîtrons l’issue dont décidera la juge, qui pourra suivre ou non l’avis du parquet. Si les charges sont estimées suffisantes, alors un procès pourra avoir lieu. Dans le cas contraire, il sera mis fin à la procédure par ce qu’on appelle une ordonnance de « non-lieu ». Nous savons que tel est le sort trop souvent réservé aux affaires dans lesquelles sont mises en cause des forces de l’ordre.

Notre attente, en apnée, va être longue. Mais nous gardons l’espoir que la Vérité puisse être dite dans une cour de justice sur les conditions dans lesquelles Angelo a été mis à mort, au terme d’un assaut brutal et disproportionné, dont nos proches présents ont été à la fois les victimes et les témoins terrorisés. Nous continuerons à tout mettre œuvre pour informer la population de notre version des faits et du combat que nous menons, avec tant d’autres familles de victimes tuées ou blessées entre les mains des forces de l’ordre, pour que soient enfin reconnus et refusés par le plus grand nombre ces abus de pouvoir violents commis au nom de l’État. « Pas de justice pas de paix » n’est pas seulement un slogan de Marche, c’est la réalité de nos cœurs, et c’est profondément la situation de notre société.

L’engrenage carcéral en débat à Blois

En lien à ce combat contre les violences policières, nous tenons aussi à questionner l’ensemble d’une chaîne pénale ciblant et réprimant toujours plus durement, par des peines de prisons, les plus pauvres, les plus précaires, les plus discriminés. C’est pourquoi avec notre collectif de soutien Justice pour Angelo, le 23 février nous organisons à Blois une conférence-débat sur ce thème : « L’Engrenage carcéral : peut-on en sortir ? », dès 19h à l’auditorium Abbé Grégoire (4-6 place Jean-Jaurès, face à la Halle aux Grains, entrée en libre participation). Nos discussions seront introduites et animées par :
• Patrick MAROT de l’Observatoire International des Prisons ;
• Sébastien BOCHE de la Ligue des Droits de l’Homme section d’Indre-et-Loire (LDH37) ;
• Nadia MÉNENGER, auteur de « A ceux qui se croient libres » (L’insomniaque, 2015)

A partir du tragique destin d’Angelo, nous souhaitons ainsi contribuer à sensibiliser à ces questions rarement abordées sérieusement dans l’espace public : qui met-on en prison, pour quels motifs, dans quelles conditions et avec quels effets, que ce soit pour les détenus, leurs proches, l’ensemble de la société ?

Nous voulons aborder ces sujets dans le débat public, portant sur l’inflation carcérale, les terribles conditions de détention et les obstacles à la réinsertion, parce que nous n’oublions pas qu’Angelo avait été condamné à l’engrenage carcéral à l’âge de 22 ans, pour une conduite sans permis et une petite bagarre. Il a été abattu à 37 ans au cours d’une intervention de gendarmerie violente, visant à le ramener en prison car six mois plus tôt, incarcéré pour vol, il n’avait pas regagné la maison d’arrêt de Vivonne (86), après une permission de sortie familiale d’une journée. Sur les 15 années écoulées entre sa première peine de prison et sa mise à mort en guise de dernière interpellation, il aura cumulé au total près de 13 ans de détention. Nous ne l’oublions pas et nous refusons de laisser dire ou croire que cela faisait de lui un individu dangereux, à abattre sans sommation.

Dans l’attente des décisions judiciaires à venir, plus que jamais nous poursuivons nos actions. Après cette première conférence-débat du collectif Justice Pour Angelo, nous serons présents le 17 mars à la Marche des Solidarités à Paris, qui rassemblera nos familles de victimes de la violence des forces de l’ordre, et les collectifs de sans-papiers et de migrants qui subissent aussi la violence et le racisme d’État. Et nous nous préparons à commémorer Angelo un an après sa mise à mort, les 30 et 31 mars à Blois.

La famille Garand et ses soutiens,
Le 4 février 2018


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Re: Angelo Garand, peine de mort pour un déserteur de Vivonn

Messagede Pïérô » 18 Fév 2018, 14:19

A Blois, l’engrenage carcéral en question le 23 février

Le collectif Justice pour Angelo présente sa première conférence-débat à Blois, le vendredi 23 février prochain dès 19h à l’Auditorium de la bibliothèque Abbé Grégoire.

Qui met-on en prison, pour quels motifs, dans quelles conditions, avec quelles perspectives de réinsertion, quelles conséquences pour les détenus, leurs proches, l’ensemble de la société ?

Après un petit temps d’accueil convivial, nous échangerons sur ces questions en appui sur trois regards militants :
• Patrick MAROT pour l’Observatoire International des Prisons. Ancien responsable régional de la formation professionnelle des détenus dans la région lilloise, Patrick retracera les évolutions qui ont conduit à la situation actuelle d’inflation et de surpopulation carcérales, avec une tendance toujours croissante à surinvestir dans le tout sécuritaire et répressif, au détriment de l’insertion et des alternatives à la prison.
• Sébastien BOCHE de la Ligue des Droits de l’Homme section d’Indre-et-Loire (LDH37). A partir de son expérience à la maison d’arrêt de Tours, Sébastien interviendra sous l’angle des droits et des libertés, appliqués à la condition de détenu : légalement l’’emprisonnement n’est pas censé priver de tous les droits humains fondamentaux, et pourtant...
• Nadia Ménenger, auteure de À ceux qui se croient libres (L’insomniaque, réédition 2015), recueil de textes de Thierry Chatbi. Animatrice d’émission de radio relayant la parole des détenus et de leurs proches depuis les années 80, Nadia insistera de ce point de vue sur la dégradation des conditions de détention, en lien à celle des conditions sociales, au fil des 30 dernières années.

Soyons nombreuses et nombreux, car ce n’est pas tous les jours que l’on s’affronte à l’important thème de la prison dans le débat public. Lorsqu’il en est question dans les grands médias, c’est trop souvent pour le pire, à des fins politiciennes et dangereusement populistes. Nous réfléchirons ensemble aux causes de l’inflation carcérale, aux inégalités face à la chaîne pénale, aux conditions de détention, aux obstacles à la réinsertion, favorisant la récidive... Et à ce que nous pouvons faire collectivement pour mettre un terme à cette course folle aux peines perdues et aux vies broyées.

Dans le cadre du soutien à la famille Garand, cet événement est aussi une façon de rendre justice à Angelo, un Voyageur condamné pour la première fois à la détention à l’âge de 22 ans, pour une conduite sans permis et une petite bagarre. Après avoir cumulé près de 13 ans de prison, il est mort à 37 ans, le 30 mars 2017 à Seur, sous les balles de gendarmes de l’antenne du GIGN de Tours, en guise d’interpellation car... il n’avait pas réintégré 6 mois plus tôt la prison de Vivonne, où il purgeait une peine pour vol. Jamais il n’aurait pu imaginer qu’il lui en coûterait son droit à la vie, mais pourquoi a-t-il préféré la certitude d’alourdir à terme sa peine, au lieu de regagner sa cellule ? Pourquoi ce père de trois enfants, réputé dur à la tâche lorsqu’il trouvait du travail, n’a-t-il pu s’extraire de l’engrenage pénal et carcéral ?

Ce qu’Angelo a vécu de la prison, des dizaines de milliers d’autres personnes détenues continuent de le vivre. Ce sont d’abord les plus pauvres, les plus précaires, les plus discriminés, plus nombreux à être enfermés pour des délits mineurs. Pourtant tout le monde peut être amené à devoir le vivre, dans des conditions qui ne cessent de se dégrader. Cela ne peut plus durer, mais de même que pour la question de la violence abusive des forces de l’ordre, encore faut-il que tout le monde en soit informé.

Le vendredi 23 février dès 19h à l’Auditorium de la bibliothèque Abbé Grégoire (4-6 pl. Jean-Jaurès à côté de la Halle aux grains, sur l’avenue Maunoury, entrée en libre participation).


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Re: Angelo Garand, peine de mort pour un déserteur de Vivonn

Messagede Pïérô » 09 Mar 2018, 12:30

« Un an bientôt » : communiqué de la famille d’Angelo Garand

Il y a bientôt un an, Angelo Garand était abattu par une équipe du GIGN de Joué-lès-Tours venue l’interpeller. Communiqué de la famille Garand et ses soutiens, pour qu’Angelo ne soit pas oublié et que cesse la violence d’État.

Depuis la mise à mort de notre proche Angelo Garand par un commando de l’antenne du GIGN de Tours venu l’interpeller chez nos parents à Seur, le 30 mars 2017, chaque 30 du mois nous revivons le cauchemar de cette journée. Bien que les mots nous manquent, l’horreur et la douleur ravivées nous font alors ressentir la nécessité de redire au plus grand nombre ce qui s’est passé, et de rappeler en quoi tout le monde est concerné. Puis février s’est écoulé et s’écoulera toujours en nous épargnant ce rendez-vous si particulier avec le 30e jour du mois. À l’approche du premier anniversaire de la mort d’Angelo, notre notion du temps, affolée, s’efface. Comme si c’était arrivé hier.

Février 2018 s’est achevé avec la publication d’une tribune de Didier Fassin, dédiée à « la mémoire vive d’Angelo », le mercredi 28 dans Libération. Ce texte est une version abrégée de celui que le chercheur en sciences sociales nous avait adressé à l’occasion de notre première conférence-débat sur la prison, qui avait lieu quelques jours avant à Blois. Nous y retrouvons la mémoire de notre proche et nos raisons de la défendre, une mémoire en nous toujours plus vivement présente. Elle nous a encore portés tout au long de notre 11e mois de lutte pour qu’Angelo ne soit pas oublié, lui qui avait connu depuis ses 22 ans la mort sociale entraînée par l’incarcération, lui qui a été physiquement éliminé à 37 ans par les gendarmes venus le chercher car six mois plus tôt, il n’avait pas réintégré sa cellule à Vivonne, après une permission d’une journée.

La prison a pesé lourdement sur la vie d’Angelo, avant de causer sa perte. Nous tenions donc à aborder cette question, refusant que sur les circonstances mêmes de sa mort, Angelo continue d’être jugé à son nom de Voyageur, ou à son casier judiciaire. En vue de l’interpeller, rien de cela ne justifiait l’envoi de forces militaires spéciales, leurs brutalités sur nos proches, et pour finir leurs balles mortelles, toutes tirées sans sommation dans le haut du corps, dès leur entrée dans la petite remise où Angelo ne faisait que se cacher. Nous continuerons d’évoquer dignement la prison à travers notre exigence de Justice et Vérité pour Angelo et toutes les victimes, car de la violence carcérale à la violence des forces de l’ordre, l’injustice et le déni sont les mêmes. Tout le monde est concerné, même si les plus pauvres, les discriminés, sont aussi les plus ciblés : davantage contrôlés dans des conditions plus souvent brutales, faisant des morts et des blessés, davantage condamnés, envoyés par dizaines de milliers surpeupler les prisons, le temps de leurs peines sans but, ne laissant aucun espoir d’en sortir un jour pour de bon. Tout cela concerne l’ensemble d’une société courant à sa perte et qui ne peut pas continuer à l’ignorer.

La mémoire d’Angelo nous porte comme nous la porterons à la Marche des solidarités le 17 mars prochain à Paris, pour toutes les victimes, contre le racisme et la violence d’État. Nous la porterons à nouveau lors de notre Marche d’hommage et de lutte le samedi 31 mars à Blois, un an après, afin que tout le monde se souvienne qu’Angelo avait le droit de vivre ce 30 mars 2017.

« Défendre sa mémoire nous engage aussi à nous mobiliser »

Au plan judiciaire, avec l’aide du collectif Urgence Notre Police Assassine, nous nous sommes aussitôt constitués parties civiles dans l’enquête ouverte par le procureur. La juge d’instruction nous a auditionnés durant l’été puis est venue le 25 septembre faire ses constatations à Seur, sur les lieux de la mise à mort. Après avoir entendu les deux gendarmes auteurs des tirs mortels, contre l’avis du procureur elle les a mis en examen pour violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Le 30 janvier dernier, nous avons appris par courrier que l’instruction touchait à sa fin. Avant qu’un procès puisse avoir lieu, nous devons encore attendre les réquisitions du procureur, puis la décision de la juge. Souvent c’est une décision de non-lieu qui s’abat sur les familles réclamant Vérité et Justice. Nous voulons garder espoir et préparons actuellement avec notre avocate des demandes d’actes complémentaires dans la procédure.

Mais de même qu’Angelo n’était pas qu’un numéro d’écrou, il n’est pas qu’une affaire, un dossier. Il était un homme, un frère, un père, un fils, un ami, dont la vie comme toute autre comptait. Ainsi, au-delà du nécessaire combat judiciaire, défendre sa mémoire nous engage aussi à nous mobiliser, informer la population, contribuer par nos actions, soudés aux autres familles de victimes, à élargir la solidarité face à l’impunité des violences commises sans nécessité ni proportionnalité au nom de l’État. Nous avons rendu à Angelo son premier hommage public à travers une Marche à Blois le 22 avril 2017. Puis nous avons continué à rendre visible notre lutte avec une cagnotte solidaire et une pétition en ligne, un appel à soutien aux organisations associatives, syndicales ou politiques, un rassemblement à Tours le 30 mai, une nouvelle Marche à Blois le 30 septembre, et enfin notre première soirée-débat sur la question de l’engrenage carcéral, le 23 février dernier à Blois. Notre comité local, qui se réunit mensuellement pour nous appuyer dans nos actions, ne demande qu’à s’agrandir, accueillir de nouvelles forces.

Depuis la mort d’Angelo, chaque fois que possible nous avons aussi marché avec d’autres familles en lutte, à Paris en juin pour Lamine Dieng 10 ans après, à Beaumont-sur-Oise en juillet pour Adama Traoré 1 an après, à Rennes en décembre pour Babacar Gueye 2 ans après. Nous regrettons de ne pas avoir pu être physiquement présents au côté de tant d’autres familles ayant perdu un proche entre les mains des forces de l’ordre. Mais nous le répétons comme nous le revivons chaque fois, « quand on marche pour un, on marche pour tous ». Il est important d’être toujours plus nombreuses et nombreux aux mobilisations, les familles de victimes unies, les personnes et organisations solidaires, pour dire non à cette violence d’État. C’est pourquoi après la marche des solidarités à Paris, nous vous attendons en nombre pour Angelo et toutes les victimes, le 31 mars prochain, à 15 heures devant le tribunal de Blois.

Merci aux sites amis comme La Rotative, l’Envolée, Désarmons-les qui nous relaient. Merci à vous toutes et tous qui nous aidez à étendre le soutien. Chaque geste, signature, partage, présence, toutes les formes de participation comptent. Nous devons aussi insister aujourd’hui sur l’importance de la solidarité financière. Comme toutes les familles en lutte le savent, la poursuite du combat réclame des moyens matériels que nous n’avons jamais eus. Nous qui n’avions jamais rien demandé à personne, jamais nous n’aurions imaginé en venir un jour à interpeller aussi largement sur des questions qui font partie depuis toujours de nos réalités. Nos défunts nous rappellent qu’on ne peut pas, qu’on ne doit plus s’y résoudre comme si c’était la fatalité. Ce sont les réalités de cette société toujours plus injuste, inégalitaire et punitive, que seules nos solidarités nous donnent la force et le pouvoir de transformer.

La famille Garand et ses soutiens
Le 6 mars 2018


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Re: Angelo Garand, peine de mort pour un déserteur de Vivonn

Messagede bipbip » 13 Mar 2018, 02:29

[Radio] Angelo Garand tué par le GIGN ou l’engrenage carcéral

Dans l’émission du 5 mars, l’Actualité des Luttes - FPP – diffuse l’enregistrement d’une réunion publique sur l’engrenage carcéral, organisée par la famille et le comité de soutien d’Angelo Garand, qui se tenait à Blois ce 22 février 2018

à écouter : https://paris-luttes.info/radio-angelo- ... ar-le-9681
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Re: Angelo Garand, peine de mort pour un déserteur de Vivonn

Messagede Pïérô » 27 Mar 2018, 10:53

A Blois, une marche d’hommage et de lutte pour Angelo Garand le 31 mars

La famille d’Angelo Garand et ses soutiens, réunis dans le collectif Justice pour Angelo, organisent une nouvelle marche à Blois le samedi 31 mars. Texte de l’appel.

Le 30 mars 2017, vers 13 heures, alors qu’on s’apprêtait à partager une grillade en famille, notre proche Angelo Garand, un voyageur de 37 ans, a été exécuté chez nos parents à Seur, près de Blois, par des gendarmes de l’antenne du GIGN de Tours venus l’interpeller. Six mois plus tôt, alors qu’il purgeait une peine pour vol, Angelo n’avait pas réintégré la prison de Vivonne, près de Poitiers, après une permission de sortie familiale d’une seule journée. Alors, à l’arrivée des gendarmes, il s’est juste caché dans une petite remise toute proche. C’est là qu’il a été criblé de cinq balles dans le corps.

Mis en joue, menottés, brutalisés, nos proches présents sur les lieux en ont été les témoins horrifiés : les militaires en tenue d’assaut se sont précipités sans un mot, sans aucune négociation, et ont aussitôt tiré dans la remise où un petit bruit venait de les attirer.

Nous nous sommes immédiatement portés parties civiles, contestant formellement la thèse de la légitime défense. Rien ne justifiait l’emploi de cette violence armée, ni l’envoi de ce commando disproportionné, au lieu des gendarmes locaux connaissant notre famille.

Fin septembre 2017, la juge chargée de l’information judiciaire a décidé la mise en examen des deux gendarmes auteurs des tirs mortels. Nous continuons à réclamer justice et vérité pour Angelo, comme pour les autres victimes de la violence des forces de l’ordre.

Marche à Blois le samedi 31 mars 2018. Rendez-vous à 15h devant le tribunal de Blois.


P.-S.
Contact : justicepourangelo@gmail.com
Cagnotte solidaire : https://www.leetchi.com/c/solidarite-de-aurelie-garand
Pétition en ligne : https://www.change.org/p/justice-et-vérité-pour-angelo-soutien-à-la-famille-garand
Page publique FB : https://www.facebook.com/Justice-Pour-A ... 8499372039


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Re: Angelo Garand, peine de mort pour un déserteur de Vivonn

Messagede Pïérô » 11 Mai 2018, 06:49

Entrée dans notre deuxième année d’une lutte sociale

Justice pour Angelo : entrée dans notre deuxième année d’une lutte sociale

Le jeudi 30 mars 2017 vers 13h, par une belle journée, des membres de notre famille étaient réunis chez nos parents à Seur, près de Blois, s’apprêtant à partager de la viande grillée dans la cour. Un commando de l’antenne du GIGN de Tours a soudain débarqué en équipement d’assaut, brutalisant et invectivant les personnes présentes, fouillant sans ménagement les lieux, pour finir par abattre sans sommation notre proche Angelo Garand, dans la petite remise sans issue où il s’était juste caché.

Le 30 avril dernier, 13 mois après cette mise à mort, en tant que parties civiles nous aurions dû connaître les réquisitions du procureur, suite à l’information judiciaire dans laquelle deux gendarmes, auteurs de 5 tirs à très courte distance dans le haut du corps d’Angelo, ont été mis en examen pour « violences avec armes ayant entraîné la mort sans intention de la donner« . Mais une demande d’acte d’enquête complémentaire de notre part a donné lieu à l’audition d’un témoin extérieur aux mis en cause et parties civiles. Le délai maximum pour les réquisitions du procureur est repoussé de trois mois à compter de cette audition.

Le 30 mars 2018, une boucle a été bouclée…

Chaque 30 du mois nous revivons l’horreur de cette journée. Puis est arrivé le 30 mars 2018 : un an déjà ! Malgré l’impossibilité de faire notre deuil, nous aurions voulu vivre ce jour différemment, dans le recueillement, avant d’aller le lendemain crier notre exigence de Justice et Vérité dans les rues de Blois. Mais c’est ce jour de cruel anniversaire que le journal local a choisi pour évoquer la mise à mort d’Angelo, en redonnant principalement la parole au procureur de Blois, qui depuis le début soutient la thèse de la « légitime défense » invoquée par les auteurs des tirs mortels. Cette parole des tireurs que nous contestons formellement, reprenait toute la place sur la nôtre, et l’annonce de notre Marche de commémoration prévue le lendemain se retrouvait réduite à quelques mots.

L’article nous a violemment ramenés au point de départ de notre lutte, quand après l’inimaginable, la douleur, la stupeur, nous avions découvert le traitement médiatique de la mise à mort d’Angelo. Nous avons revécu la fureur ressentie un an plus tôt, en découvrant au journal télévisé qu’une « remise en situation », simulacre de reconstitution, avait eu lieu chez nous, pendant que nous avions interdiction d’y retourner. Et que ce soit dans le poste de télévision ou dans le quotidien local, c’était toujours le même récit mensonger des gendarmes « privilégié » par le procureur, la même insistance journalistique sur notre appartenance à la communauté du Voyage, le casier judiciaire du mort, les clichés méprisant la personne réelle et transformant la victime en coupable. Comme si Angelo avait mérité d’être abattu de cinq balles dans le torse parce qu’il était un condamné, que six mois plus tôt il n’était pas rentré en prison à Vivonne près de Poitiers, après une seule journée de permission pour venir nous rendre visite dans le blésois.

Sans Justice pas de Paix, mais de la Solidarité

Que de chemin parcouru en une année, depuis que nous avons rejoint les nombreuses familles en lutte pour la mémoire d’un proche tué par des forces de l’ordre. Que de Marches accomplies pour commémorer nos défunts, dire la vérité, exiger la justice, et pour être ensemble, vivre nos solidarités. Nos premiers cris de combat ont retenti dans les rues de Blois en avril 2017, avec le précieux renfort d’Amal, soeur d’Amine Bentounsi, présente dès les premiers jours à nos côtés. Nous avons marché à nouveau 6 mois après la mort d’Angelo, avec l’émouvant soutien de la mère de Wissam El Yamni. Nous avons été marcher dans d’autres villes, soutenir nous aussi d’autres familles en lutte, pour Lamine Dieng à Paris, pour Adama Traoré à Beaumont-sur-Oise, pour Babacar Gueye à Rennes. Et quand nous ne pouvions être physiquement présents, nous l’étions de toute la force de nos pensées solidaires. Le 17 mars, nous étions de nouveau ensemble à Paris sous la neige, pour la Marche des Solidarités, contre les violences policières et le racisme d’État, qui a réuni nos familles de victimes et nos comités aux exilés que ce pays abandonne sans papiers, préférant leur envoyer gendarmes ou policiers pour les chasser.

Le 31 mars 2018 nous sommes entrés en marchant dans notre deuxième année de lutte. Merci aux familles et comités venus à Blois de Paris, Clermont-Ferrand, Rennes, Argenteuil, rappeler toute la force, la dignité de nos solidarités, et rendre cette journée mémorable. Nous avons commémoré le 1er anniversaire de la mort d’Angelo et tous nos défunts comme une même famille, avec la même douleur, la même colère et cette même prise de conscience tragique : pourquoi sont-ils mort ? Pour rien. Ensemble nous avons marché en faisant résonner le nom d’Angelo et de tous les autres morts pour rien. Nous avons joints nos paroles pour rappeler qu’ensemble nous continuerons à réclamer justice et vérité, sans jamais laisser oublier nos frères, pères, fils, oncles, cousins, amis… Des pluies d’orages était annoncées. Mais il y avait en nous déjà tellement de larmes et de rage que les nuages ont retenu les leurs, et se sont finalement écartés pour laisser monter vers le bleu du ciel, au-dessus de la Loire, nos ballons blancs. Nous y avions inscrits des prénoms, uniquement les prénoms, puisqu’Angelo et toutes les victimes font partie d’une même famille. Et le père d’Angelo, lui qui menotté, tenu en joue, a tout vécu et entendu de la mise à mort, jusqu’au dernier souffle de son fils, notre cher père de famille a trouvé la force malgré la maladie de nous rejoindre pour partager ce moment puissant.

Paroles de minorités, nous sommes la majorité !

Ramata Dieng a rappelé que lorsque des forces de l’ordre tuent des victimes désarmées, parfois même menottées, sans que la justice y trouve à redire comme pour son frère Lamine et tant d’autres, « la seule réponse à cette violence d’État, c’est la société civile, c’est nous. Seule la mobilisation peut changer la donne, sinon nous compterons nos morts, comme aux États-Unis« . Zohra la maman et Marwa la soeur de Wissam El Yamni ont rappelé l’importance de continuer à se battre pour continuer à vivre, sans se laisser épuiser, même dans une procédure qui pour leur famille dure depuis plus de six ans. Nos amies du collectif Justice et Vérité pour Babacar Gueye (Rennes), qui nous ont apporté leur très actif renfort tout au long de cette journée, ont dit les poignantes similitudes entre Babacar et Angelo, chacun tué deux fois, l’un d’abord par l’exil, l’autre par l’emprisonnement, avant de mourir sous les balles d’agents de la BAC ou du GIGN. Comme elles l’ont dit en soutien à Awa, soeur de Babacar, et à toutes nos familles en lutte : « Face à la mort nous sommes impuissants, face à l’injustice nous sommes déterminé⋅es« . Omar Slaouti, au nom du collectif mobilisé à Argenteuil pour Ali Ziri, a rendu un vibrant hommage à la dignité de notre combat commun, en promettant : « Il n’y aura pas une année à Blois sans rendez-vous d’hommage solennel, pétri de larmes, pétri de poings, de détermination, pour dire Justice et Vérité pour Angelo« . Au sein de la délégation de la Marche des Solidarités du 17 mars, les mots des représentants de l’Assemblée des Blessés, et de collectifs de migrants et sans papiers, ont conclu notre forte et digne Marche. Alioune a rappelé contre l’oubli que ce sont aussi nos Anciens, africains ou du Voyage, qui ont contribué à délivrer de la barbarie nazie ce pays qui aujourd’hui tue ou rejette à la mer leurs descendances.

Notre combat est celui de toutes les familles de victimes tuées ou blessées par la même violence d’État discriminatoire, appliquée aux plus précaires, infligée pour qui nous sommes à nos « minorités », alors qu’en réalité nous formons lorsque nous sommes unis la majorité. Oui nous avons besoin de nous retrouver. Quand nous le faisons nous ressentons la puissance du lien qui nous unit. Toujours, même à distance, nous sommes ensemble. Nous ne le crierons jamais assez : quand on marche pour un, on marche pour tous. Notre combat est aussi solidaire de toutes celles et tous ceux qui luttent pour une société plus juste, plus égalitaire, et qui subissent alors la violence d’État répressive, parfois jusqu’à la mort comme Rémi Fraisse, souvent au prix de graves blessures, de mutilations, de peines de prisons. Nous sommes solidaires des Zadistes, qui à Notre Dame Des Landes cherchent à inventer d’autres façons de faire société, aspirant comme Angelo et tant de Voyageurs à vivre autrement. Nous sommes solidaires des lycéen⋅nes et des étudiant⋅es en lutte contre des projets de loi qui amèneront toujours plus de sélection sociale et donc de discrimination dans l’accès aux études. Nous subissons toutes et tous le même ordre injuste, le même traitement de la part des autorités, avec l’envoi de forces militaires ou policières totalement disproportionnées.

Que nous luttions depuis plus de 10 ans comme la famille de Lamine Dieng, 6 ans comme la famille de Wissam El Yamni, 2 ans comme la famille de Babacar Gueye, ou 1 an comme notre famille…. nous combattons pour toutes et tous, et nous continuerons tant qu’il le faudra. Nous serons le 19 mai à la Fête de l’Insurrection Gitane à St-Denis, avec la Voix des Rroms, puis le 16 juin à Paris pour Lamine Dieng, avec Vies Volées.

La famille Garand et ses soutiens, Le 7 mai 2018


Justice pour Angelo, Soutien à la famille Garand !Pétition en ligne :
https://www.change.org/p/justice-et-vérité-pour-angelo-soutien-à-la-famille-garand

Cagnotte solidaire : https://www.leetchi.com//c/solidarite-de-aurelie-garand

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Re: Angelo Garand, peine de mort pour un déserteur de Vivonn

Messagede Pïérô » 17 Aoû 2018, 11:27

Angelo Garand : On court tant qu’on peut !

vidéo sur vimeo : https://vimeo.com/284215362

« Le jeudi 30 mars 2017 vers 13h alors qu’une grillade cuit dans la cour, un commando de l’antenne du GIGN de Joué-les-Tours prend d’assaut la propriété de la famille Garand à Seur, près de Blois (41). Les gendarmes mettent en joue et menottent les membres de la famille, fouillant brutalement les lieux. Ils sont prêts à repartir quand un léger bruit se fait entendre dans une remise où Angelo s’est réfugié. Angelo est abattu sans sommation. »

Ainsi commence « On court tant qu’on peut ! », un ciné-tract du collectif Lettres communes réalisé entre le 19 mai et le 3 juillet 2018 en soutien à notre exigence de Justice et Vérité pour Angelo, et toutes les victimes de la violence des agents de la force publique qui en abusent impunément.

Nous y témoignons des circonstances qui ont entouré la mise à mort d’Angelo et du combat que nous menons depuis, au cours d’entretiens filmés lors de la Fête de l’Insurrection gitane à St-Denis, puis sur les lieux-mêmes du drame, à Seur. C’est au domicile où ils l’ont vécu, et où ils doivent depuis continuer à vivre, que père et mère se livrent sur le moment de terreur lors duquel Angelo leur fils aîné a été criblé de 5 balles dans le torse par deux des gendarmes censés l’interpeller. Le court documentaire rend compte de l’inhumaine violence physique et morale faite à notre famille, à travers l’envoi du commando lourdement armé qui a pris la vie d’Angelo et malmené nos proches sur place ; puis à travers des suites policières et médiatiques méprisant notre traumatisme et insultant la mémoire de notre défunt.

Début juillet, au moment précis où nous recevons ce ciné-tract comme un cadeau douloureusement salutaire, rendant justice à Angelo et à notre combat pour la vérité, nous apprenons une nouvelle judiciaire aussi attendue qu’insupportable. Le procureur de Blois a depuis le 6 juin formulé ses réquisitions quant aux suites à donner à l’instruction, dans laquelle nous sommes parties civiles. Sans surprise, il recommande à la juge dirigeant l’enquête d’ordonner un non-lieu, ce qui mettrait fin à la procédure sans poursuite. Plus aucune infraction ne serait alors reprochée aux deux gendarmes auteurs des tirs mortels. Déjà, lors de leur mise en examen, le procureur ne demandait que leur placement sous statut de témoin assisté.

Répondant à cet avis scandaleux, notre avocate a transmis nos observations à la juge ayant ordonné de mettre en examen les deux tireurs pour « violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». C’est à cette même juge que revient maintenant la décision : suivre la demande de non-lieu du Parquet, ou bien au contraire envoyer les deux tireurs devant la seule juridiction de jugement possible pour une telle qualification pénale, la Cour d’Assises.

Pour notre part, nous constatons que dans son réquisitoire, le procureur fait soigneusement l’impasse sur des points importants permettant de mettre en doute les affirmations des gendarmes, et de prendre en considération les témoins de notre famille. Il préfère citer artificiellement des éléments du casier judiciaire d’Angelo sans lien avec sa mise à mort. Dans ce « dossier » comme dans tellement d’autres, le Parquet, représentant de l’État dans l’institution judiciaire, se comporte avec ses forces dites de l’ordre comme une mère protégeant inconditionnellement ses enfants quelles que soient leurs fautes.

C’est ainsi que l’État français est régulièrement condamné par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour violation de droits fondamentaux, faute de poursuivre en justice des usages abusifs de la force publique, lorsque gendarmes ou policiers exercent des actes de violence outrepassant l’obligation d’absolue nécessité ou de proportionnalité, et caractérisant des traitements cruels, inhumains et dégradants, ou violant le droit à la vie.

Voilà pourquoi nous parlons de Violence d’État. Notre combat pour la mémoire d’Angelo rejoint toutes les luttes contre cette violence souvent discriminatoire lorsqu’elle vise au quotidien les plus pauvres, les racisé⋅es, les sans-papiers, toujours répressive lorsqu’elle cible quiconque se mobilise fraternellement pour nos droits, pour l’égalité réelle et la justice sociale. Les usages abusifs de la force publique concernent l’ensemble de notre société, mais font en même temps l’objet d’un profond déni politico-médiatique, qui nous invite à rendre notre combat aussi visible que possible, afin d’informer au mieux la population, et permettre ainsi à chacune et chacun de nous rejoindre.

Car nous le savons, nous qui luttons avec toutes les familles de victimes et leurs soutiens comme une seule grande et digne famille, seuls les liens que nous créons, nos solidarités les plus larges avec le plus grand nombre, pourront venir à bout de cette violence d’État.

C’est sur cette idée forte que s’achève « On court tant qu’on peut ! », un ciné-tract que nous vous remercions de relayer autant que vous le pourrez.

La famille Garand et ses soutiens,
Le 13 août 2018

Justice pour Angelo, Soutien à la famille Garand !


• Pétition en ligne : https://www.change.org/p/justice-et-vérité-pour-angelo-soutien-à-la-famille-garand

• Cagnotte solidaire : https://www.leetchi.com//c/solidarite-de-aurelie-garand

• Page publique fB : https://www.facebook.com/Justice-Pour-A ... 499372039/
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Re: Angelo Garand, peine de mort pour un déserteur de Vivonn

Messagede bipbip » 26 Oct 2018, 17:55

Prison, racisme et violences d’État : le collectif Justice pour Angelo à Dijon ce samedi

Le 30 mars 2017, Angelo Garand était exécuté de plusieurs balles dans le torse par des gendarmes dans le Loir et Cher. Ce samedi le collectif Justice Pour Angelo sera à Dijon pour parler de son combat contre le racisme et les violences policières. La présentation aura lieu au foyer des jeunes travailleurs et sera suivie d’un temps de discussion et d’un atelier sur le thème « La prison comme dispositif répressif raciste. »

« L’incarcération de masse » rime avec racialisation des dispositifs carcéraux. A travers les Centres de rétention administrative (CRA), la gestion des prisons d’outre-mer, la sur-représentation des personnes non-blanches dans la population carcérale, ou encore la discrimination présente tout au long de la chaîne pénale et notamment dès les contrôles de police, la prison est effectivement un vecteur institutionnel majeur du racisme structurel en France (et ailleurs, bien sûr).

Pour répondre à cette problématique, le Genepi France/Genepi Centre, association militant pour le décloisonnement des institutions carcérales, invite le collectif antiraciste Justice Pour Angelo. Celui-ci s’est formé pour exiger Justice et Vérité à la suite de la mort d’Angelo Garand, voyageur, exécuté de 7 balles dans le torse par des gendarmes dans le Loir et Cher.

Rendez-vous samedi 27 octobre à 14h15 au foyer des jeunes travailleurs, 4 rue des Tanneries

Les membres du collectif viendront notamment présenter leur lutte antiraciste pour faire condamner les gendarmes responsables de la mort d’Angelo Garand.

Iels proposeront une critique politique de la violence, qui passe par les violences policières, par les tribunaux et/ou par l’incarcération.

Un temps de discussion avec le public sera organisé durant la deuxième heure, ainsi qu’un atelier animé par le collectif sur le thème "La prison comme dispositif répressif raciste."

L’événement est ouvert à tou.te.s.

https://dijoncter.info/?prison-racisme- ... jon-ce-625
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