Veille des outils de répression

Re: Veille des outils de répression

Messagede Kartoch » 04 Aoû 2009, 12:48

Merci pour l'info !

Ca fait peur...
La "sécurité" ... Ca sert à tout, la sécurité.
Avatar de l’utilisateur-trice
Kartoch
 
Messages: 147
Enregistré le: 24 Avr 2009, 13:07
Localisation: Montpellier (34)

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 04 Oct 2009, 15:40

http://numerolambda.wordpress.com/2009/10/03/irak-g20-canons-anti-emeute/

Pour disperser les manifestants en marge du sommet du G20 en Pennsylvanie, les canons à eau ont été remplacés par d’autres types d’armes “non létales” issues de recherches militaires. Par exemple, le LRAC – Long Range Acoustic Device -, qui a fait ses premières armes en Irak en 2006, est présenté dans la littérature comme « un système d’hyperfréquence (qui) peut être dirigé sur un groupe d’individus, entraînant nausées, malaises intestinaux, troubles de la vision et de l’ouïe». Les images qui suivent, prises par des sources indépendantes et diffusées sur Indymedia, révèlent toute cette belle mécanique contre-insurrectionnelle. Notez bien l’autre arme acoustique, plus conventionnelle : la voix synthétique de la police façon Robocop qui gueule : «Le chef de la police de Pittsburg a déclaré ce rassemblement illicite, donne l’ordre à toutes les personnes de se disperser immédiatement. Peu importe les raisons d’être ici, vous devez partir. Si vous ne vous dispersez pas, vous pourriez être arrêté et/ou sujet à d’autres actions policières.» (à partir de 2'45)

http://www.dailymotion.com/video/xalwn0 ... itair_news

D’autres images hallucinantes du Pittsburgh Independent Media Center, surtout ce film : Which side are you on?

Si vous n’avez pas déjà la nausée, on vous explique plus loin de quoi il s’agit exactement. Exemple, un papier paru à l'automne 2007 dans la
revue Cultures & Conflit, fait le point sur ces nouvelles armes
anti-émeute (1). Bien sûr, elles profitent, tout comme les drones de surveillance, d’une large inspiration militaire.

"La mise en service à titre d’expérimentation en 2006 en Irak, dans le cadre de la politique de contre-insurrection, d’armes comme le Long Range Acoustic Device (LRAD) et l’Active Denial System (ADS) a signé une étape primordiale dans le développement de systèmes antipersonnels de nouvelle génération. (…) Ces systèmes sont actuellement déployés en Irak et font l’objet d’expérimentations actives sur la population civile. Ils ont notamment été testés dans le centre de Bagdad, dans la région de Falloujah et à Camp Bucca."

Les armes acoustiques excitent les flics en tous genre depuis des générations, on s’en sert maintenant plus simplement pour virer les ados bruyants des cages d’escalier. Le LRAD, c’est la version hardcore.

"Le Long Range Acoustic Device est un système d’hyperfréquence fondé sur une technique de génération de sons développée par la firme American Technology Corporation qui consiste à produire deux ultrasons de fréquences légèrement différentes : le signal haute fréquence se dissipera rapidement dans l’atmosphère, tandis que le signal basse fréquence va persister et peut être dirigé sur un groupe d’individus, entraînant nausées, malaises intestinaux, troubles de la vision et de l’ouïe. Une variante portative est à l’étude, capable de tirer des « balles sonores » de forte intensité. Le LRAD a connu un premier emploi concluant en repoussant l’abordage du paquebot Seabourn Spirit par des pirates, au large des côtes somaliennes, en novembre 2005."

Arrêtons-nous à présent sur l'ADS, le canon micro-ondes, autre variante du flingue cérébral made in USA — conçu et vendu par Raytheon (lire ce
document commercial de juin 2009), le marchand d'armes à qui l'on doit les fameux missiles Patriot, dont les taux d'efficacité avaient été entièrement bidonnés lors de la première Guerre du Golfe (1991). (Photos à droite, la version militaire de l'ADS montée sur un hummer, et la
version civile.) L'article de Culture & Conflits poursuit :

"l’ADS est un canon à ondes millimétriques pulsées de basse puissance et une technologie pleinement opérationnelle. Baptisé « projet Sheriff », ce système tactique voué à l’engagement rapproché se compose d’un émetteur de moyenne portée incrusté dans une antenne orientable. Il peut être monté selon les besoins sur le toit d’un poste de garde comme arme à effet de zone ou sur des véhicules type Humvee, Stryker ou Light Armored, comme arme anti-émeute.

" (…) Le rayon émet sur une fréquence de 95-100 GHz, insuffisante pour pénétrer le corps, mais assez forte pour réagir avec les terminaisons nerveuses du derme superficiel et chauffer les molécules d’eau des couches sous-cutanées, provoquant au bout de cinq secondes une sensation de brûlure si intense que le réflexe naturel de l’individu est de prendre immédiatement la fuite. Le rayon émis n’est pas ionisant – non radioactif – et par conséquent ne comporte pas de danger carcinogène.
(…) le principal non-dit de ce système réside dans son potentiel létal.
(…) il est techniquement tout à fait envisageable d’accroître la pulsation du rayon pour en faire une arme mortelle, « rhéostatique »."

" Une autre incertitude concerne les conséquences pour le cerveau d’une exposition répétée au rayon. Bien que les chercheurs militaires démentent les risques de pathologies encéphaliques, le facteur de la durée d’exposition reste central.» "


Et le dernier petit gadget, pour la fin. Le laser au deutérium fluoré ! «Paralysie temporaire…»?

"On peut également mentionner, puisqu’il est en cours de finalisation industrielle, l’existence du Pulsed Energy Projectile (PEP), laser à deutérium fluoré développé par Mission Research Corp, dont les phases de test devraient débuter avant 2010. Ce développement augure la naissance d’une génération d’armes potentiellement révolutionnaires parce que susceptibles, comme l’ADS, d’investir la globalité du spectre opérationnel."

Charmant, le laser PEP ! Voyez plutôt :

"Le PEP utiliserait un laser au fluorure de deutérium à impulsions conçu pour produire un plasma ionisé à la surface de la cible visée. Le plasma entraînerait à son tour une onde de pression ultrasonique qui passerait dans le corps et stimulerait les nerfs cutanés afin de provoquer une douleur et une paralysie temporaire."

(1) Georges-Henri Bricet des Vallons, « L’arme non létale dans la stratégie militaire des Etats-Unis : imaginaire stratégique et genèse de l’armement », Cultures & Conflits, 67, automne 2007, mis en ligne le 21 février 2008. http://www.conflits.org/index3116.html.
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 07 Oct 2009, 22:25

http://numerolambda.wordpress.com/2009/10/05/rapport-videoprotection-bidon/
Rapport IGA/IGPN/IGN:
http://numerolambda.files.wordpress.com ... ection.pdf
Contre-expertise:
http://www.laurent-mucchielli.org/publi ... llance.pdf

Finalement on l’a eu, le fameux rapport sur «l’efficacité de la vidéprotection» rédigé par l’Inspection générale de l’administration (IGA), celles de la police (IGPN) et de la gendarmerie (IGN). Il n’est plus «fantôme» depuis la mi-septembre, nous nous le sommes procuré, et le ministère de l’Intérieur vient tout juste, trois mois après sa sortie, de le communiquer à tout le monde. Pour les curieux, le voilà prêt-à-imprimer. Mais ceux qui en ont fait le mieux la publicité, ce sont deux sociologues, certes depuis longtemps plutôt critiques à l’égard de la frénésie des réseaux CCTV à la française: Tanguy Le Goff et Eric Heilmann, dans une note de synthèse publiée fin septembre («Un rapport qui ne prouve rien»), découpent à la machette le travail si minutieux des trois corps d’inspection, en dénonçant notamment l’absence totale de méthodologie. Bref, un rapport «aux ordres» qui ridiculise une nouvelle fois la place Bauveau, pris la main dans le sac d’avoir maquillé des preuves avec préméditation.

C’était tout de même trop louche, ce rapport commandé en février 2009 et remis moins de six mois plus tard à Hortefeux, avec un titre si optimiste («rapport sur l’efficacité….») mais si peu scientifique. Revenons aux sources, c’est instructif.

En plein mois d’aôut, le soldat Jean-Marc Leclerc, du Figaro, qui fait par ailleurs don de sa science dans des oeuvres téléguidées par le ministère de l’Intérieur, révèle l’existence de ce fameux rapport et va évidemment dans le sens du poil. Mais le problème, c’est que ce rapport est d’abord tamponné “confidentiel” — plutôt curieux pour un travail qui avait l’air si unanime…

Il le restera jusqu’au 9 septembre. Le ministre Brice Hortefeux fait ce jour-là une visite à Sartrouville, justement pour «annoncer le
co-financement de la vidéo-protection sur 75 sites prioritaires». Tous les journalistes présents l’ont donc eu en main ce jour-là. Mais, depuis, aucun article n’est paru — à la notable exception du journal La Gazette des communes (article du 14/9, accès payant) — pour le décrypter et en offrir une vision un peu plus neutre que celle offerte par le ministère et sa Pravda officieuse, Le Figaro.

Ce n’est que le 1er octobre que le “portail” officiel du gouvernement sur la “vidéoprotection” met donc en ligne le fameux rapport, un jour après, tant qu’à faire, la sortie d’un «guide méthodologique» pour accélérer le déploiement. Mais que cachait-t-il donc, ce rapport, pour rester dans un tiroir si longtemps?

On a donc un bon début de réponse dans la contre-expertise qu’ont publié Le Goff et Heilmann le 25 septembre sur le site de leur confrère Laurent Mucchielli. Le Goff est sociologue à l’IAURIF, l’institut d’urbanisme de la région Île-de-France, il est l’auteur de plusieurs études
comparatives sur la question, dont une parue en octobre 2008; et Heilmann est maître de conf à l’université de Strasbourg (voir un de ses
papiers sur le sujet paru en 2008).

« Quelques règles méthodologiques élémentaires doivent être respectées pour conduire ce type de travaux », affirment-ils, tout en citant, ô les
goujats, les critères du ministère britannique de l’intérieur. « Faute de respecter ces règles méthodologiques, il est impossible d’inférer une
éventuelle baisse d’un type de délinquance de la seule présence d’un système de vidéosurveillance. C’est pourtant le tour de force auquel se
livrent les auteurs du rapport [français] ». De plus, ce même rapport « se contente de comparer l’évolution de la délinquance dans une même
circonscription de police ou de brigade de gendarmerie, sur des périodes qui de surcroît ne sont pas identiques ». On comprend mieux pourquoi
rien n’a été fait pour que ce travail soit réellement rendu public. Et pourquoi seul le Figaro en a eu la primeur.

Les britanniques ont depuis longtemps accepté l’évidence, et évitent ainsi de parler «d’efficacité». Les derniers chiffres de la Metropolitan Police de Londres (équivalent à la Préfecture de police à Paris) indiquent en effet qu’en gros un seul crime (ou délit) est résolu pour… 1000 caméras installées. Efficace à 1 pour mille, ou inefficace à 100%?

Frédéric Ocqueteau est directeur de recherche au CNRS. Et même s’il accepte de siéger au “conseil d’orientation” de l’Observatoire national
de la délinquance (un machin créé par Sarkozy et présidé par une de nos vieilles connaissances), il pense à peu près la même chose: ce rapport ne prouve rien; il occulte même des éléments qui démontrent l’inefficacité de ces dispositifs.

Il s’interroge d’abord sur l’intitulé même de ce rapport: « Un scientifique mobilisé aurait au moins discuté la notion d’efficacité a priori, et s’il avait entrepris une enquête circonstanciée à ce sujet, même inductive, il aurait enquêté sur les éléments d’efficacité et d’inefficacité.» Ce rapport, on l’aura compris, est censé montrer que la délinquance a baissé plus vite dans les villes vidéosurveillées. « Mais rien ne le démontre dans le texte », dit-il. « On raisonne en terme plus neutre de « taux global qui évolue moins vite à la hausse ». Et cela leur suffit à démontrer « l’efficacité » !… » En tous cas, « c’est une grande première pour les sociologues (au moins pour moi) qui nous demandons toujours comment on mesure ce qui a été évité ». Pour lui, le rapport ne démontre pas, il déduit par simple corrélation, « qui s’appuie sur un semblant d’impressions empiriques recueillies auprès des seules polices locales ».

Le Goff et Heilmann, dans leur note du 25/9, entrent un peu plus dans le détail. Sur «l’effet plumeau» — le fait que les faits se déplacent sous
l’influence des caméras —, totalement réfuté dans le rapport officiel, ils avancent :

La mesure des éventuels déplacements provoqués par la vidéosurveillance, aussi bien dans l’espace que du type de délits visés, voire de ses
effets bénéfiques au-delà des zones surveillées, est une question systématiquement abordée dans les études évaluatives étrangères. Toutes reposent sur le même protocole de recherche : une comparaison entre une zone vidéosurveillée, une zone la jouxtant et une zone dite de contrôle présentant les mêmes caractéristiques (même niveau et type délinquance, même modalités d’intervention des forces policières) que celles placées sous l’œil des caméras.


Or, le rapport du ministère de l’Intérieur se contente de comparer l’évolution de la délinquance dans une même circonscription de police ou
de brigade de gendarmerie, sur des périodes qui de surcroît ne sont pas identiques. Une analyse complétée, il est vrai, par les témoignages des
responsables de la police et de la gendarmerie nationale. Mais ces derniers ne contestent pas l’existence d’un effet « plumeau » puisque, indique le rapport, « 48 % des CSP (interrogées) estiment qu’il est nul, 52 % estiment qu’il existe mais ne sont pas en mesure de l’évaluer. »
Autant dire qu’il est impossible, sur la base de cette seule analyse, de conclure que la vidéosurveillance n’a qu’un « effet plumeau » « globalement faible » et, plus encore, d’affirmer que « l’impact en prévention dépasse le périmètre des zones vidéoprotégées ». Sur ce phénomène, là encore, les évaluations menées à l’étranger sont instructives. Elles mettent en évidence que les déplacements de la
délinquance ne sont pas systématiques. Ils dépendent du type de délits et d’espaces sur lesquels opèrent les caméras de surveillance. Pour tirer des conclusions probantes, il faut donc conduire des études plus contextualisées.

A propos du taux d’élucidation, pas du tout significatif en présence de caméras (seul aveu d’impuissance décrit dans le rapport officiel) :

Au-delà du fait que l’analyse ne permet pas de prouver qu’il existe une causalité entre le nombre de caméras et la baisse de la délinquance
constatée, les chiffres eux-mêmes présentés dans le rapport tendent à prouver le contraire. Les différences observées aussi bien pour la
catégorie « délinquance de proximité » que pour celles des « atteintes aux personnes » sont en effet statistiquement insignifiantes (de l’ordre de 1 point). Mieux, si l’on prend les atteintes aux biens, les auteurs concluent que « l’évolution est mieux maîtrisée dans les zones ayant une densité de caméras comprise entre une caméra pour 1000 à 2000 habitants » que dans celles où la densité est inférieure. Très bien, serait-on tenté de dire ! Mais comment expliquer alors que dans les zones où la densité est plus importante encore (soit 1 caméra pour moins de 1000
habitants), le nombre des atteintes aux personnes y soit nettement supérieur ? Tout simplement parce qu’il n’y a pas de corrélation systématique entre la densité de caméras sur un espace et leurs supposés effets préventifs. Enfin, la démonstration n’est pas plus convaincante
pour le taux d’élucidation. Pour la catégorie « délinquance de proximité » (les atteintes aux biens et aux personnes ne sont plus ici étudiées par les auteurs), les différences selon les densités de caméras sont de l’ordre de 0,1 à 0,6 point. Autrement dit, elles ne sont pas significatives. La conclusion des auteurs selon laquelle « le taux d’élucidation progresse plus vite dans les villes qui disposent de la densité de caméras la plus élevée » est infondée.

Au terme de la lecture de ce rapport, force est donc de conclure que l’efficacité préventive de la vidéosurveillance est bien mince et son aide à l’élucidation marginale. Ceux qui affirment le contraire n’ont pour l’instant pas de preuves solides pour le démontrer.

Ocqueteau, de son côté, conclut avec la même méchanceté. C’est de l’acharnement :

« Je ne suis pas du genre à dire que les chiffres sont trafiqués à partir du moment où on comprend sur lesquels les fonctionnaires raisonnent, et que l’on comprend le contexte orienté de la commande politique. Si leur méthodologie reste rudimentaire, on voit bien les exploitations politiques utilitaires tirées de causalités grossières allant dans le sens du vent, et les raisons pour lesquelles ne sont pas tirées celles qui vont dans un sens contraire.

« Mais pourquoi s’en indignerait-t-on ? Les fonctionnaires mobilisés n’ont jamais prétendu être des méthodologues ni des statisticiens de
formation, et ce document n’était pas destiné à être mis sur la place publique. Il est dommage que les parlementaires n’aient pu le consulter
à temps, et aient pu discuté de décisions prises avant que les démonstrations de la sorte puissent venir en « justifier » les décisions.»

P. S.: A noter que La Gazette a publié, en mai dernier, un dossier plutôt complet sur la question, sans vraiment mettre en cause la bonne
parole du gouvernement, mais en donnant la parole à Tanguy Le Goff. En face, imperturbable: Philippe Melchior, «président du Comité de pilotage stratégique pour le développement de la vidéoprotection» (lui aussi, une vieille connaissance) qui, à aucun moment, n’a besoin de revenir sur l’efficacité présumée de ces dispositifs dans nos cités: cela va de soi !

Rapport IGA/IGPN/IGN:
http://numerolambda.files.wordpress.com ... ection.pdf
suite des extraits:
http://numerolambda.wordpress.com/2009/ ... ion-bidon/
document de Le Goff et Heilmann:
http://www.laurent-mucchielli.org/publi ... llance.pdf


La vidéosurveillance, une arme politique ?

Décriée il y a encore 10 ans comme un outil de contrôle citoyen, et érigée en symbole d’une politique sécuritaire estampillée « de droite », la vidéosurveillance semble s’affranchir des clivages politiques.
C’est un membre fondateur du RPR, Patrick Balkany, qui l’a initiée en France, mais elle trouve désormais des promoteurs parmi la plupart des
élus des grandes villes, de droite comme de gauche. Citons par exemple Strasbourg où, depuis son élection, Roland Dies, le maire socialiste,
ne cesse de renforcer le dispositif dont il a hérité de ses prédécesseurs, ou encore Lyon, où c’est Gérard Collomb lui-même qui a lancé le processus lors de son premier mandat. Au passage, la vidéosurveillance s’est même offert un nouveau nom : vidéo-protection.
« Aujourd’hui, on admet que la vidéosurveillance est un outil de régulation en zone urbaine utile s’il est bien employé, mais elle ne s’inscrit pas dans une logique politique spécifique», explique Jean-Louis Tourraine, député du Rhône et premier adjoint de Lyon. « Par ailleurs, les mesures que nous prenons pour éviter les dérives - comme les comités éthiques - permettent de dépasser le débat sur la privation de liberté », analyse l’élu.
Dans ce contexte, la décision de Toulouse de geler l’implantation de vidéosurveillance dans son centre-ville fait presque figure d’exception. Pour Florent Montillot, adjoint à la sécurité à Orléans (UMP), c’est le signe d’une « posture politique », qu’il juge quelque peu dépassée. « En 9 ans, notre délinquance publique a reculé de 65 % dans la ville, et ce chiffre atteint les 80% dans certaines zones vidéo-protégées. C’est la preuve que la vidéo est un outil efficace, s’il est intelligemment employé c’est-à-dire au service des citoyens et en complément de moyens humains. »
Le sociologue Eric Heilmann porte un tout autre regard sur cette évolution. En l’absence d’étude fiable et indépendante sur l’efficacité des caméras, et dans un climat de frénésie sécuritaire, c’est surtout « une puissante arme politique, destinée à impressionner les délinquants, mais aussi l’électorat potentiel ; un instrument visible qui permet de dire « voyez, on fait quelque chose ». J’ai rencontré de nombreux élus, dubitatifs sur l’efficacité, mais qui optent pour la vidéosurveillance car la demande est forte au sein de la population », raconte le chercheur.
Le 9 juin dernier, dans la petite ville de Dole dans le Jura des tirs de carabine ont blessé trois enfants dans une école. Aussitôt, les habitants ont interpellé le maire socialiste, opposé à la vidéosurveillance, pour le prier de revenir sur sa position… A suivre

Le point de vue de... Jean-Claude Vitran, Responsable du groupe de travail "Libertés et informatique" à la Ligue des droits de l'Homme .

Q1 : Pourquoi la LDH refuse de participer aux comités éthiques de la vidéosurveillance mis en place dans certaines villes ?

La vidéosurveillance va à l’encontre de deux droits essentiels : le droit à l’image, lorsqu’il y a enregistrement. Et le droit de se déplacer librement, inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Pourquoi devrions-nous cautionner par notre présence des systèmes auxquels nous nous opposons ? D’autant que ces comités sont toujours mis en place après que la décision d’installer de la vidéosurveillance ait été prise et ce, le plus souvent, en l’absence de débat public.

Q2 : Des sondages montrent pourtant que la majorité de la population française y est favorable…

On est entré dans la dictature du risque zéro et l’ère de l’illusion technologique. Les gens ont peur et voient dans les caméras des solutions à tous leurs problèmes. Mais c’est un placébo sécuritaire, rien de plus. On sait très bien que mettre des caméras à la sortie des écoles pour lutter contre le racket ne fait que déplacer le problème de 100 mètres. On remplace la prévention par des machines. Mais rien n’est plus efficace que l'humain, l'éducateur, le fonctionnaire, le policier.

Q3 : N’est-ce pas un outil efficace pour l’identification dans le cadre d’enquêtes judiciaires ?

Beaucoup de gens estiment que la vidéosurveillance n’est pas un problème si l’on n’a rien à se reprocher. Mais c’est une inversion terrible du paradigme de notre justice, car cela remet en cause la présomption d’innocence. Avec la vidéosurveillance toute personne est placée en position de suspect permanent sans en être informée et devra si elle est convoquée par la police dans le cadre d’une affaire apporter la preuve de son innocence. Le développement des caméras numériques, qui permettent une identification toujours plus précise des individus, ne fera qu’amplifier ce problème.

De la vidéosurveillance à la vidéoprotection

Dans un monde perçu comme de plus en plus anxiogène, l’équilibre s’est modifié entre sécurité et liberté. Pour accompagner cette évolution et
ce nouveau primat donné à la sécurité, la vidéosurveillance s’est offert un nouveau nom : la vidéoprotection. Avocat spécialisé dans les
nouvelles technologies, Alain Bensoussan l’a constaté depuis quelques années : « Ce n’est pas seulement une évolution sémantique. Cela
correspond à un besoin mais aussi à un usage, car de plus en plus, on organise les technologies et on les utilise dans un objectif de protection » analyse-t-il, citant l’exemple de Sos enlèvement, qui permet en cas d’alerte de réquisitionner l’ensemble des images d’un territoire pour faciliter les recherches des enquêteurs. « Mais ce qui est en jeu, c’est la relation entre dissuasion et répression. Or, il ne faut jamais oublier que ce sont deux faces d’une même médaille, précise l’avocat. Et c’est le rôle des politiques, que de veiller à maintenir l’équilibre entre les deux ».

Qui contrôle les contrôleurs ?

Trois questions à Alain Bensoussan, avocat spécialisé dans les nouvelles technologies

Q1 : Le cadre juridique de la vidéosurveillance est-il suffisant ?

Les lois encadrant l’autorisation des systèmes de vidéosurveillance sont opérationnelles. Mais les lacunes se situent à un deuxième niveau. C’est à dire, dans la réponse à une question pourtant fondamentale : qui contrôle les contrôleurs ?

Q2 : C'est-à-dire ?

Actuellement, ce contrôle est partagé entre la CNIL et la Commission nationale de la vidéosurveillance (CNV) dont les pouvoirs devraient être renforcés par Loppsi 2. Or, ce projet ne va pas dans le bon sens.
En matière de technologies, on sait que l’émiettement des lieux de contrôle aboutit à une perte de pouvoir du contrôleur. Il faut renforcer au contraire les prérogatives de la CNIL.

Q3: Qu’en est-il du contrôle des opérateurs chargés du visionnage ?

Certaines municipalités mettent en place des chartes et des règlements intérieurs pour les personnels de visionnage, précisant par exemple
qu’il est interdit de pénétrer dans un CSU avec un appareil photo.
Mais de telles mesures ne sont pas encore obligatoires. C’est un problème. Il faut inventer un cadre juridique pour que les accès dans
les CSU soient répertoriés, et préciser de manière systématique qui est autorisé à regarder quelles images, à quel moment et dans quelles
conditions.



La vidéosurveillance, bientôt une biométrie à trace ?

Identifier une personne grâce à ses caractéristiques physiques en temps réel ? C’est possible.
Depuis 1998, Newham dans la banlieue de Londres est équipée d’un système vidéo relié à un logiciel de reconnaissance faciale, qui permet d’identifier le visage des criminels fichés et d’alerter immédiatement les services de police de leur présence. En France, de tels dispositifs n’existent pas encore. Mais à l’heure où les fichiers nationaux biométriques se multiplient, de tels développements inquiètent la CNIL. Pour tester l’efficacité de ces systèmes, une expérience a eu lieu il y a deux ans dans la gare de Mayence en Allemagne, où 200 volontaires ont accepté de livrer leurs caractéristiques biométriques, afin de permettre à des caméras de les identifier sur leur passage.
Résultat : 60% des volontaires furent reconnus parmi une foule de 20 000 personnes. Un résultat jugé trop faible pour une mise en application.
Mais la CNIL constate en France qu’elle est de plus en plus sollicitée par des laboratoires testant des logiciels de reconnaissance faciale.
La Commission assure qu’elle se montrera « très vigilante », même si elle n’a pour le moment fait aucune recommandation sur le sujet.


Un canular sur la vidéosurveillance questionne les Dijonnais La Mairie piégée par un détracteur masqué
par Hanaë Grimal | dijOnscOpe | mar 06 oct 09 | 08:39

Les habitants du centre ville ont reçu à la fin du mois dernier une étrange lettre émanant de la « Direction de la Tranquillité Publique
». Objet de la missive : informer les résidents du dispositif de la vidéosurveillance… Si la forme est très administrative, le fond est
vraiment discutable. Et pour cause : ce ne sont pas les services de la Mairie qui l’ont écrite, mais clairement un opposant au système...
L’histoire vraie de Georges Smith

Dans cette lettre reçue par les résidents du centre-ville, rien ne laisse supposer qu’il s’agit en réalité d’un canular. Absolument tout
a été pensé pour que les Dijonnais tombent dans le panneau. La présentation est en effet la copie conforme d’un papier 100 %
officiel : le logo de la ville, la mise en page très administrative, le ton sérieux et même la signature de l’attaché de la communication,
un certain Georges Smith... En composant le numéro de téléphone indiqué au bas de la lettre, les Dijonnais tombent sur la véritable
Direction de la Tranquillité Publique : « Et je peux vous dire que je ne m’appelle pas Georges Smith... », annonce d’emblée un employé du
service ayant souhaité rester anonyme. Apparemment, les services de la Ville sont au courant. « Vous n’êtes pas les premiers à nous
questionner, au moins une dizaine de personnes nous ont déjà appelés pour s’assurer qu’il s’agissait d’un canular ».

Surveiller "vos allées et venues"

À y regarder de plus près, le faux est flagrant. "Le logo est affublé de cornes méphistophéliques, et puis il y a une grosse faute d’orthographe à « Tranquillité »", commente l’employé. Quant au contenu, il ne fait guère de doute que la Mairie n’en est pas l’auteur... Morceaux choisis : « Vous n’êtes pas sans savoir que notre commune souhaite désormais privilégier les moyens modernes de répression, plutôt que des mesures d’égalité sociale devenues trop coûteuses, complexes et archaïques. (...) Désormais, toutes vos allées et venues (ainsi que celles des personnes vous rendant visite) seront filmées en permanence... »

Un canular passible d’un an d’emprisonnement

« Nous ne savons pas qui est derrière tout cela, affirme l’employé.
Mais le service juridique de la ville se réserve le droit d’entamer une action en justice ». Une usurpation de fonction comme celle-ci relève en effet de l’article 433.13 du code pénal, qui prévoit notamment un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende à l’encontre du contrevenant. « En tout cas, c’est très astucieux ce qu’il a fait. Je suis certain que devant la justice, cette personne se défendrait en affirmant que la méprise avec un réel document administratif est impossible », ajoute cet authentique mais anonyme employé de la Direction de la Tranquillité publique.

À moins qu’il ne s’agisse en réalité du fameux Georges Smith... « La vérité est toujours ailleurs », avait l’habitude de dire un personnage
d’une célèbre série de science-fiction.
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 15 Oct 2009, 22:13

Hortefeux veut créer deux nouveaux fichiers

Alors que l’on attend, depuis plus d’un an, le décret d’application d’Edvirsp (pour “Exploitation documentaire et de la valorisation de l’information relative à la sécurité publique“), qui devait remplacer le fichier Edvige, France Info révèle ce matin que Brice Hortefeux n’attend plus que le feu vert du Conseil d’Etat pour créer deux nouveaux fichiers, dont une “version édulcorée” d’Edvige, censée répondre aux incidents survenus ce week-end à Poitiers.
En déplacement à Poitiers, au lendemain des “graves incidents” qui ont eu lieu en marge du rassemblement contre la prison de Vivonne, Brice Hortefeux a “demandé aux préfets de réaliser “un inventaire des lieux de vie communautaire où se regroupent des mouvances anarchistes potentiellement violentes” de la part des services compétents, et sollicité “une identification très précise du ou des groupuscule(s) qui organise(nt) ces incidents”, pour mieux lutter contre ce type de violences“.
Selon France Info, “le ministre est prêt a assumer deux nouveaux fichiers, dont une version un peu édulcorée d’Edvige : les personnes appartenant à des bandes violentes y seront répertoriées, mais les orientations sexuelles des militants, par exemple, ne seront plus mentionnées… :
Brice Hortefeux en est convaincu : une police mal préparée est d’abord une police mal renseignée. La preuve : sur les 18 personnes placées en garde à vue à Poitiers, plus de la moitié n’était pas fichée.
Pire : pour le ministre, rien n’a permis d’anticiper l’ampleur des violences. Les manifestants étaient cinq fois plus nombreux que prévu, et surtout très bien organisés.
Revenons un peu sur ce qui s’est passé. Fruit d’un partenariat public-privé d’un montant de 50M d’euros, la nouvelle prison de Vivonne, où les détenus de l’ancienne prison de Poitiers ont été transférés ce dimanche, était “déjà surpeuplée” avant même d’être livrée, comme l’atteste cet article paru en décembre dernier dans la Nouvelle République :
« L’effectif théorique de Vivonne est de 560 détenus » expliquait la semaine dernière un juge d’application des peines, « avec 240 places en centre de détention et 240 en maison d’arrêt.
Or, selon le cahier des charges imposé au constructeur (la société Thémis, groupe Bouygues), il est prévu 780 places. On atteindra vite ce chiffre. On est donc très loin de l’encellulement individuel ! On a visité les lieux lundi dernier (le 8 décembre). On a bien vu qu’il y avait trois lits par cellule ».
Le collectif contre la prison de Vivonne appelait à une manifestation anticarcérale festive places d’Armes, précédée de débats et devant logiquement se clôturer par des concerts rap et punk.
Dans les faits, les policiers ont été débordés par des “militants d’ultra-gauches” cinq fois plus nombreux que prévus, et “extrêmement bien préparés“, alors que les forces de l’ordre ne l’étaient semble-t-il pas assez.
C’est d’autant plus étonnant que les “vilains gauchistes” et autres “anarcho-autonomes” sont pourtant clairement placés sous surveillance depuis, au moins, 2006, et que, comme le rappelait récemment l’agence Reuters, “le ministère de l’Intérieur a mobilisé depuis plusieurs mois ses services sur cette forme de contestation radicale, qui prendrait de l’ampleur” (voir A propos, je ne sais pas si vous savez, mais les gauchistes mangent des petits enfants).
Fichiers policiers: quand y’en a plus, y’en a encore…

Depuis des années, c’est devenu une habitude, les faits divers sont souvent instrumentalisés afin de créer, qui une nouvelle loi (depuis 2002, 30 textes de lois sécuritaires ont été adoptés), qui un nouveau fichier policier (on en dénombre 58, soit +70% en trois ans).
Comme de juste, et plutôt que de prendre le temps d’analyser les dysfonctionnements, et l’impréparation, de ses services de renseignement, Brice Hortefeux en appelle donc à la création de deux nouveaux fichiers : un pour identifier les “mouvances anarchistes potentiellement violentes”, un autre pour recenser leurs “lieux de vie communautaires”…
En mars dernier, le ministère de l’Intérieur expliquait aux 70 parlementaires qui l’avaient interrogé sur les suites données au fichier Edvige qu’Edvirsp (pour “Exploitation documentaire et de la valorisation de l’information relative à la sécurité publique“), son successeur, “ne comportera que des données directement liées à la sécurité publique ou permettant de répondre aux demandes d’enquêtes de recrutement imposées par la loi” (voir EDVIGE servira à recruter… et licencier).
Le problème ? Edvirsp n’étant toujours pas officiellement créé, les anciens RG (rebaptisés SDIG -Sous direction de l’information générale-, à l’occasion de la création de la DCRI -Direction centrale du renseignement intérieur) en sont tenus à maintenir leurs fiches sur des bouts de carton… (voir Comment légaliser les fichiers policiers ?).
Comme le souligne France Info, “le fichage actuel, à base de fiches en carton remplies à la main, est “obsolète”, commente-t-on place Beauvau“.
Et alors que l’on attend, depuis plus d’un an, la publication du décret portant création d’Edvirsp, il a suffi d’une émeute dans les rues de Poitiers pour voir poindre, en une journée, deux nouveaux fichiers, dont les décrets -miracle- auraient déjà été soumis au Conseil d’Etat :
Les fichiers pourraient entrer en vigueur par décret. Le ministère n’attend plus que le feu vert du Conseil d’Etat. Une manière d’éviter des débats houleux au Parlement, avec le risque que l’opposition qualifie de passage en force cette manière de faire.
Pour ceux qui l’ignoreraient, le nombre de fichiers policiers a augmenté de 70% ces trois dernières années, et le quart des fichiers recensés n’a aucune existence légale : la loi informatique et libertés a été modifiée pour leur donner le “droit d’être “hors la loi” jusqu’en 2010. Or, la moitié des Français y sont fichés, et, rien que sur ces trois dernières années, plus d’un million y sont toujours considérés comme “suspects” alors même qu’ils ont été blanchis par la Justice (voir Le quart des 58 fichiers policiers est hors la loi).
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Pïérô » 18 Oct 2009, 14:59

Un nouveaux fichiers pour "les bandes, les hooligans et les groupuscules". Les évènements de Poitiers servent d'accélérateur.

Deux nouveaux fichiers policiers créés
LEMONDE.FR avec AFP | 18.10.09 | 07h45 • Mis à jour le 18.10.09 | 08h04
Deux nouvelles "bases de données" de police, l'une sur la "prévention des atteintes à la sécurité publique" l'autre pour "les enquêtes administratives liées à la sécurité publique", viennent de voir le jour, selon des décrets publiés dimanche 18 octobre au Journal officiel.


L'ex-fichier des Renseignements généraux (1991-2008) avait été remplacé le 1er juillet 2008 par le fichier Edvige, qui avait été rapidement retiré après une violente polémique et les vives critiques des associations de défense des droits humains et de l'opposition de gauche à propos du type de données sensibles qu'il prévoyait de collecter (santé, sexualité, personnalités, mineurs dès 13 ans).

Les deux nouveaux outils d'enquêtes ne recensent aucune personnalité de quelque domaine que ce soit, ni ne comportent de références à des opinions, à des origines ethniques, à la santé ou aux orientations sexuelles.


"Edvige est mort, il n'est pas question de le remplacer", avait assuré, mardi, le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, en annonçant qu' "il y aura des bases de données précises, mais dans le respect des libertés individuelles".

La première de ces "bases de données" destinée à prévenir les atteintes à la sécurité publique "est ciblée sur les bandes, les hooligans et les groupuscules", a souligné dimanche le ministère de l'intérieur auprès de l'AFP.

La seconde, relative aux "enquêtes administratives liées à la sécurité publique" contiendra des données sur les personnes postulant un emploi dans la police, la gendarmerie ou dans des sites sensibles (aéroports, centrales nucléaires...).

Les mineurs peuvent être inscrits dans la première "base de données" dès 13 ans, et à partir de 16 ans dans la seconde.
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 22:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: Veille des outils de répression

Messagede Pïérô » 20 Oct 2009, 12:29

Communiqué du Collectif « Non à EDVIGE » , Paris le 20 octobre 2009.


Deux décrets ressuscitent le décret créant EDVIGE


Datés du 16 octobre, jour de la sainte Edwige, et publiés le 18 octobre, deux décrets ressuscitent le décret créant EDVIGE, pourtant retiré le 20 novembre 2008, après une mobilisation de près de 250 000 citoyens et 1300 organisations

Il est indéniable que cette mobilisation n'a pas été totalement ignorée, qu'il s'agisse de l'abandon nécessaire d'une mesure phare, celle qui consistait à ficher la vie sexuelle et l'état de santé, considérées comme des données sensibles au sens de l'article 8 de la loi du 6 janvier 1978, ou du mélange des finalités, aujourd'hui distinctes dans deux textes différents, ou bien encore de la traçabilité de l'accès aux données et à leur effacement mieux garantis.
Pour autant, de nombreuses dispositions qui avaient fait réagir perdurent. : Ainsi,


- le fichage des mineurs dès 13 ans sur la base de la présomption d'atteinte à la sécurité publique ou des mineurs dès 16 ans pour les enquêtes administratives liées à la sécurité publique,

- le recueil de données sensibles comme les « activités publiques » ou les « motivations politiques, religieuses, philosophiques ou syndicales », considérées comme pouvant être incompatibles avec l'exercice de certaines fonctions ou missions, sans que soient mieux précisées ces « motivations »,

- ou bien encore « l'origine géographique » qui pourrait conduire à stigmatiser des populations non seulement au regard de leur origine ethnique, mais également au regard de leur résidence dans certains quartiers.
Les organisations membres du Collectif « Non à EDVIGE » déplorent et dénoncent le fait que des décrets ont été signés dans la précipitation, alors que de nombreux représentants de l'État et parlementaires, y compris de la majorité présidentielle, avaient convenu que la création de tout fichier portant atteinte aux libertés et aux droits fondamentaux devait être du ressort de la loi.

Ils considèrent que ces deux décrets ne répondent en rien aux objections qui avaient été émises à l'encontre d'EDVIGE. Ils appellent donc à une mobilisation de même ampleur. Ils se réservent par ailleurs le droit de former des recours contre ces décrets devant le Conseil d'État. Ils réclament qu'un large débat démocratique s'instaure sur la question du fichage.

Contact Presse du Collectif : contact@nonaedvige.ras.eu.org


http://www.nonaedvige.ras.eu.org/
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 22:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 08 Nov 2009, 16:13

DSI Hors-Série n°8, octobre-novembre 2009 Sécurité intérieure : quels défis pour la France ?

Sommaire

Editorial

De quoi parle-t-on ?

À la recherche de la sécurité. Concepts, espoirs, utopies et idéologies
Par Joseph Henrotin, chargé de recherche au CAPRI

Sécurité en France : que faire ?
Entretien avec Alain Bauer, professeur de criminologie au CNAM, président de la mission de pilotage de création du Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégique (CSFRS)

Les structures de sécurité intérieure en France : état des lieux
Par Emmanuel Vivenot, journaliste spécialiste des questions de défense

Terrorisme et renseignement

Terrorisme(s) : que cachent les définitions ?
Par Philippe Langloit, chargé de recherche au CAPRI

Cartographie : le terrorisme dans le monde

Coordination des renseignements : l’an 1
Entretien avec Bernard Bajolet, Coordonnateur national du renseignement

Renseignement : quelle place pour la Gendarmerie ?
Par le chef d’escadron (Gendarmerie) Antoine Bréart de Boissanger, stagiaire de la promotion « Maréchal Foch » du Collège Interarmées de Défense

Un climat de terreur : impacts potentiels du changement climatique sur le rerrorisme
Thomas Renard, chercheur à l’Institut Egmont

Cartographie : le risque climatique dans le monde

Résilience en France. Quel apport pour la sécurité ?
Par Joseph Henrotin, chargé de recherche au CAPRI

Risques, menaces et ruptures

Mafias et sécurité : quelles évolutions ?
Entretien avec Jean-François Gayraud, commissaire divisionnaire

La cyberguerre se gagnera aussi dans les têtes
Par Nicolas Arpagian, Rédacteur en chef de Prospective Stratégique et coordonnateur d’enseignements à l’IERSE, chargé de cours à l’IRIS et à HEC

L'ANSSI à la pointe de la cyberdéfense
Par Jérôme Palmade, journaliste spécialiste des questions de défense

L’armée de Terre face à la sécurité intérieure : défis
Entretien avec Marie-Dominique Charlier, lieutenant-colonel, chercheur à l'IFRI

Une ambition pour la France : améliorer la surveillance de ses approches maritimes
Par Jean-Louis Promé, journaliste spécialiste des questions de défense

Encadré : Discret mais essentiel : le CRMar

Encadré : Radar HF : un concept prometteur ?

La HADA le doigt sur la détente ! L'armée de l'Air veille sur les cieux 24h/24
Par Jean-Louis Promé, journaliste spécialiste des questions de défense

Encadré : OTAN ou pas OTAN ?

« Plus de liberté ne doit pas signifier moins de sécurité ». Un modèle bavarois ?
Entretien avec Joachim Herrmann, ministre de l’Intérieur du land de Bavière

La France améliore son dispositif de lutte NRBC-E
Par Jean-Louis Promé, journaliste spécialiste des questions de défense

Nouvelles technologies

Les drones au sein des forces de l’ordre françaises
Par Emmanuel Vivenot, journaliste spécialiste des questions de défense

Sécurité maritime : la Méditerranée sous surveillance
Entretien avec le vice-amiral d’escadre Yann Tainguy, Préfet maritime de la Méditerranée

La sécurité intérieure au défi des armes à létalité réduite
Par Georges-Henri Bricet des Vallons, expert en systèmes d’armes à létalité réduite
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Antigone » 12 Nov 2009, 17:23

Le Monde - 12 nov 2009

Le gouvernement veut étendre la vidéosurveillance dans toutes les villes de France

Soixante mille caméras installées dans les rues de France d'ici à 2011, dont un millier à Paris, contre un parc global de 20 000 actuellement ; 28 millions d'euros consacrés au développement des projets. La vidéosurveillance est devenue l'un des maillons essentiels de la politique de sécurité du gouvernement. Brice Hortefeux, qui a présenté, jeudi 12 novembre, les orientations de sa politique, l'a rappelé.

Le ministre de l'intérieur, comme avant lui Michèle Alliot-Marie, a plusieurs fois annoncé le "triplement" du parc de caméras. Présentant, le 2 octobre, le plan national de prévention de la délinquance, le premier ministre, François Fillon, a qualifié la "vidéoprotection" de "priorité absolue" et a annoncé que le dispositif serait étendu à d'autres sites que la voie publique (parties communes des habitations, transports, commerce). Soixante-quinze nouvelles villes devraient être équipées dans les mois qui viennent. Le partenariat avec le secteur privé va être étendu.

En 2009, le Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) a prévu d'y consacrer une enveloppe de 28 millions d'euros sur un budget total de 37 millions. Le gouvernement parle de "vidéoprotection", un terme jugé moins agressif que celui de vidéosurveillance, mais la bataille n'est pas que sémantique.

RAPPORT CONTRE RAPPORT

En face, l'opposition grandit face à une politique jugée liberticide. Le collectif Démocratie et libertés, créé contre le plan de 1 226 caméras à Paris, a déjà réuni plus de 8 000 signatures. Un autre collectif, Souriez, vous êtes filmés, constitué depuis 1995, organise régulièrement des débats sur le sujet. Dans les conseils municipaux, les discussions sont animées et dépassent parfois le simple clivage gauche-droite.

Evoquant les questions de sécurité lors d'un déjeuner avec des élus de la majorité, le 15 septembre, Nicolas Sarkozy avait déclaré, selon l'un des participants, que le gouvernement trouverait les moyens de développer la vidéosurveillance "par-dessus la tête" des maires réticents…

A Bondy, en Seine-Saint-Denis, le maire PS, Gilbert Roger, a ouvert le débat au sein de son conseil municipal, un an avant l'installation des premières caméras.

Partisans et opposants s'affrontent aussi sur le terrain de l'efficacité de la vidéosurveillance. Dans un rapport commandé par le ministère de l'intérieur et rendu public en juillet, un inspecteur de l'administration, un responsable de la hiérarchie policière et un colonel de gendarmerie concluaient à une baisse de la délinquance plus forte, en moyenne, dans les communes équipées de vidéoprotection que dans celles qui ne le sont pas. A partir d'un échantillon composé de 53 communes en zone police (2 591 caméras), et 63 brigades de gendarmerie (1 257 caméras), ce rapport niait tout effet "plumeau", soit un effet de déplacement de la délinquance vers des zones non surveillées.

Toutefois, ses auteurs relevaient qu'il fallait une "forte densité" de caméras installées, et une localisation bien pensée, pour que ces dispositifs permettent l'interpellation de délinquants sur la voie publique. "Bien qu'ils apportent une aide indiscutable (…) leur impact sur le taux global d'élucidation reste encore modéré", avançaient-ils prudemment. En dessous d'une caméra pour 2 000 habitants, "les agressions progressent même plus que dans les villes qui n'ont aucun équipement"…

Sous le titre "Un rapport qui ne prouve rien", deux universitaires se sont, eux, appliqués à démontrer l'inefficacité de cet outil. Tanguy Le Goff, chercheur associé au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP-CNRS), et Eric Heilmann, enseignant à l'université de Dijon, mettent en cause la méthode fondée sur des chiffres de délinquance générale qui recouvrent des délits très divers.

Ils estiment que la contribution de la vidéosurveillance à l'élucidation des faits est "marginale". "Dans l'échantillon retenu de 63 gendarmeries, 770 faits ont été élucidés grâce à la vidéosurveillance en 2008, soit 12 faits par an et par brigade, autrement dit un par mois", soulignent les chercheurs.

"PAS D'ÉTATS D'ÂME"

A Bondy, une première série d'une dizaine de caméras a été implantée en 2008, autour du quartier de la gare RER. Une seconde série est en cours d'installation dans un quartier où, selon le maire, "pas un commerçant n'a été attaqué au moins une fois". Comme partout ailleurs, le dossier technique, les implantations des caméras, leur nature, fixe ou mobile, ont été du ressort de la police. Les images parviennent ensuite, de nuit comme de jour, au siège de la police municipale et au commissariat de Bondy.


"Je n'ai pas d'états d'âme", affirme le maire, Gilbert Roger qui indique que ces caméras ont permis notamment d'interpeller des auteurs de vol à l'arraché. Toutefois, l'élu constate que les chiffres de la délinquance sur sa commune, non seulement n'ont pas baissé mais continuent même de progresser. "Je ne sais pas si tout ça est 100 % efficace, dit-il, mais cela donne le sentiment d'être dissuasif. Avant, nous avions plus de rassemblements de jeunes adultes consommateurs d'alcool." A la demande des fonctionnaires municipaux, "pour les rassurer", des caméras ont même été installées à l'intérieur de l'Hôtel de Ville.

Mais tout ceci à un coût très lourd. La dizaine de caméras autour de la gare de Bondy a nécessité un budget de 100 000 euros, pris en charge à 60 % par l'Etat. "Comme il n'y avait pas beaucoup de projets en Seine-Saint-Denis, l'apport financier de l'Etat a été plus grand", rapporte-t-il. Ailleurs, c'est souvent moins.

Il faut ajouter les frais de télétransmission des images et le coût de trois fonctionnaires délégués à plein-temps pour regarder les écrans, en se relayant toutes les deux heures. Ces fonctionnaires de la mairie, installés dans les locaux de la police municipale, ont reçu un agrément spécial.

A Paris, le coût du plan de 1 226 caméras pourrait atteindre la somme globale de près de 300 millions d'euros sur une quinzaine d'années, générant sur ce seul aspect économique, de vives réserves d'élus. Et puis, il y a les frais d'entretien. A Sartrouville (Yvelines), sur les cinquante premières caméras installées, onze ont été détruites volontairement.

C'est, en tous les cas, un marché juteux pour les sociétés privées, sélectionnées sur appel d'offres, à qui sont confiées le parc des caméras. Selon le FIPD, la participation de l'Etat aux études préalables, aux frais d'installation ou d'extension des systèmes doit se situer entre "20 % et 50 % maximum" du montant des projets.

Intégrée depuis plusieurs années dans le travail quotidien de la police, la vidéosurveillance n'est pas "l'assurance absolue" de réussite d'élucidation des crimes et délits, notait le rapport commandé par le ministère. Les caméras du petit village de Bréau, en Seine-et-Marne, ont bien enregistré l'image du détenu Jean-Pierre Treiber. Mais à ce jour le fugitif, évadé de prison depuis le 8 septembre, court toujours.

Isabelle Mandraud
Antigone
 

Re: Veille des outils de répression

Messagede berneri » 13 Nov 2009, 11:02

à consulter là (avec les dessins):
http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2009/ ... r=RSS-3208



13 novembre 2009
Un rapport prouve l’inefficacité de la vidéosurveillance

Fin août, le Figaro tenait une “exclusivité” : un “rapport confidentiel qui prouve l’efficacité de la vidéosurveillance“, et démontrait l’”effet dissuasif des caméras sur la voie publique” :

Les conclusions du rapport dont Le Figaro a pris connaissance mettront-elles un terme à la polémique sur les dangers réels ou supposés des caméras sur la voie publique ?

A l’heure où le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, promet d’en tripler le nombre, «de 20 000 à 60 000 d’ici à 2011», ce document témoigne, à tout le moins, que l’hôte de la place Beauvau avait pris quelque garantie avant de s’engager.

Le Figaro démontre l'efficacité de la vidéosurveillance

Le rapport a depuis été mis en ligne, et sa lecture prouve… l’inefficacité de la vidéosurveillance.

Le ministre avait pourtant et de fait pris “quelque garantie avant de s’engager“ : le rapport ne visait en effet pas tant à vérifier l’efficacité de la vidéosurveillance qu’à… “mettre à disposition des collectivités locales des arguments propres à soutenir leur adhésion“, dans le cadre du “plan d’action (qui) vise à tripler le nombre de caméras sur la voie publique“, décidé par le ministère de l’Intérieur, mais payé -en bonne partie- par nos impôts locaux.

Décryptage d’une (grosse) manipulation (voir aussi la carte des villes sous vidéosurveillance que je vous propose de compléter, sur LePost.fr, qui publie également une version courte de mon papier, Efficace, la vidéosurveillance ? Le rapport qui nous mène en bateau…).

Le rapport nous apprend ainsi que les crimes et délits chutent deux fois plus vite dans les villes équipées que dans celles qui ne le sont pas, et que les agressions, qui ont progressé de 40% depuis l’an 2000, n’y ont augmenté “que” de 24,1%. Autrement dit, ça ne baisse pas : ça augmente moins…

On y lit également qu’”en dessous d’une caméra pour 2000 habitants, les agressions contre les personnes progressent plus vite (+44,8 %) que dans les villes qui n’ont aucun équipement (+40,5 %)“. Le nombre d’agressions progresse donc plus vite dans les villes modérément vidéosurveillées que dans celles qui ne le sont pas : on voudrait démontrer l’inefficacité de la vidéosurveillance qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

Plus ça rate, plus on a de chances que ça marcheOn y découvre aussi que la délinquance générale baisse moins quand il y a plus d’une caméra pour 1000 habitants que lorsqu’il y a une caméra pour 1000 à 2000 habitants. Autrement dit : plus il y a de caméras, moins la délinquance baisse…

Le Figaro notait également que “contrairement à un préjugé véhiculé jusqu’au Parti socialiste, «l’effet plumeau, c’est-à-dire un déplacement de la délinquance vers les zones non couvertes, ne semble pas avéré».“.

Il eut été plus juste de préciser, comme le fait le rapport, que “48% des commissariats estiment qu’il est nul, 52% estiment qu’il existe, mais ne sont pas en mesure de l’évaluer“.

Enfin, l’efficacité de la vidéosurveillance ne diffère guère lorsque des agents sont payés pour surveiller, en temps réel, les écrans de contrôle, que lorsque personne ne les regarde…

Quant à l’effet dissuasif, “pour ce qui concerne la délinquance générale, les taux d’élucidation progressent aussi bien dans les zones avec ou sans vidéoprotection“… mais restent inférieurs dans les villes vidéosurveillées que dans celles qui ne le sont pas, comme en témoigne ce tableau, qui montre que le taux d’élucidation des atteintes volontaires à l’intégrité physique (AVIP) est de 54,4% dans les villes vidéosurveillées, mais de 60,6% dans celles qui n’ont pas de caméras :
Les taux d'élucidation sont moindres dans les villes vidéosurveillées que dans celles qui ne le sont pas
Un rapport “commandé”

Pour mieux comprendre ce pour quoi il est possible de faire dire à ce “Rapport sur l’efficacité de la vidéoprotection” le contraire des conclusions auxquelles il est arrivé, commençons donc par la lettre de “mission relative à l’évolution de la vidéoprotection“, envoyée en février dernier par le ministre de l’intérieur au président du “comité de pilotage stratégique pour le développement de la vidéoprotection” :

Le développement de la vidéoprotection est une priorité du Ministre. C’est pourquoi le plan d’action mis en place vise à tripler le nombre de caméras sur la voie publique.

Afin de permettre aux collectivités locales gestionnaires de l’espace public de se lancer dans cette stratégie dynamique, il convient de mettre à disposition (…) des arguments propres à soutenir leur adhésion.

Dans cet esprit, il est nécessaire (…) d’évaluer et de quantifier l’efficacité de la vidéoprotection.

Ce qui, traduit par les auteurs du rapport, donne donc ce rapport sur “l’efficacité de la vidéoprotection“, mais dont l’objectif n’est pas de savoir si la vidéosurveillance est efficace, ou non, mais de démontrer que le ministre a raison de vouloir tripler le nombre de caméras.

Quand on ne sait pas où l'on va, il faut y allerUn peu comme si un industriel du médicament demandait à ses salariés d’évaluer l’efficacité de ses produits, afin d’en vendre trois fois plus qu’auparavant.

Le président du “comité de développement de la vidéoprotection” ayant décidé de ne pas participé à la rédaction du rapport, “afin de permettre une évaluation indépendante de l’efficacité de la vidéoprotection” (sic), celle-ci a été confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), l’Inspection technique de la gendarmerie nationale (ITGN) et l’Inspection générale de l’Administration (IGA), “services au dessus de tout soupçon” qualifiés par le Figaro d’”incorruptibles de l’administration“.

De fait, l’IGPN et l’IGTN sont plus connus sous le sobriquet de “boeufs carottes“, “polices des polices“ directement rattachées aux directions générale de la police et de la gendarmerie. Quant à l’IGA, elle est composée d’énarques “placés sous l’autorité directe du ministre de l’intérieur“. En terme d’indépendance, c’est tout bon : difficile de trouver fonctionnaires ayant autant leurs doigts rivés sur la couture du pantalon.

Le ministère de l’intérieur s’étant illustré, ces dernières années, par un certain nombre de mises au placard de hauts fonctionnaires ayant eu l’outrecuidance, entre autres et par exemple, de ne pas suffisamment surveiller la villa de Christian Clavier, les conclusions de l’étude ne pouvaient que “fournir des arguments propres à soutenir l’adhésion” en matière de “vidéoprotection“.

A ce titre, on notera que si le terme de “vidéoprotection” est utilisé 184 fois, celui de “vidéosurveillance“, lui, n’apparaît qu’une seule fois, en conclusion :

La présence de caméras dans les lieux publics s’est banalisée et elle est entrée dans les mentalités. La perception du caractère « liberticide » de la vidéosurveillance s’est estompé au profit de la vidéoprotection qui rassure les habitants des zones concernées et lutte contre le sentiment d’insécurité.

Du grand Shadock

Le rapport, en tant que tel, est relativement incompréhensible pour quelqu’un qui ne maîtrise pas, sur le bout des doigts, les subtilités de la statistique policière.

J’ai donc contacté trois spécialistes de la question, qui tous pointent du doigt la “lettre de mission“, et le fait qu’il ne repose que sur les seuls témoignages de policiers, gendarmes, élus et responsables locaux chargés de la sécurité -et sans qu’aucun universitaire, sociologue ou spécialiste de la question n’ait été auditionné.

Un “oubli” d’autant moins étonnant lorsqu’on sait que lorsqu’ils sont interrogés par des sociologues, les policiers estiment que globalement, la vidéosurveillance… ne marche pas
Pompez, pompez, il en restera toujours quelque chose

Tanguy Le Goff est sociologue à l’Institut d’aménagement d’Ile de France. Constatant que les promoteurs de la vidéosurveillance n’avaient de cesse de déclarer que “l’efficacité de la vidéosurveillance n’est plus à démontrer“, alors qu’aucun étude n’avait été effectuée, il a compilé, l’an passé, le tout premier “Etat des lieux des évaluations menées en France et à l’étranger“, qui concluait à l’inefficacité relative de la vidéosurveillance :

On ne peut pas entrer dans la polémique des chiffres : les périodes ne sont pas les mêmes, le rapport mêle petites, moyennes et grandes villes, HLM et zones commerciales, centre villes et moyens de transport publics… et compare des choses qui ne sont pas comparables.

De plus, il faudrait au minimum isoler les autres facteurs qui entrent en ligne de compte : renforcement (ou non) de la police, présence (ou non) d’une police municipale, de quartiers défavorisés, de zones commerciales, etc.

En l’état, il est impossible de réussir à identifier l’effet propre de la vidéosurveillance : la méthodologie est fausse, ou alors les délinquants n’agissent pas, en France, comme ils agissent dans les autres pays…

Avec Eric Heilmann, maître de conférences à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, et autre grand spécialiste français de la vidéosurveillance, Tanguy Le Goff vient de publier un décryptage du rapport du ministère de l’Intérieur, Vidéosurveillance : un rapport qui ne prouve rien.

Après avoir détaillé les manquements aux règles méthodologiques élémentaires de toute étude de ce type, ils s’étonnent de voir qu’en France, la vidéosurveillance aurait permis de contenir les atteintes aux personnes, un “résultat d’autant plus remarquable qu’il contredit ceux auxquels sont parvenus les quelques quarante études réalisées à l’étranger depuis une quinzaine d’années“, pour qui, et paradoxalement, l’efficacité de la vidéosurveillance se mesure à l’augmentation du nombre d’agressions constatées :

Les études étrangères montrent que la vidéosurveillance, si elle est bien gérée, a tendance à faire augmenter le nombre d’atteintes aux personnes dans les statistiques policières.

Les auteurs de ce type de faits ne cherchant pas à se cacher, nombre d’entre-eux résultant d’actes impulsifs, ces faits qui pouvaient passer inaperçus auparavant sont un peu mieux repérés.

Si la vidéosurveillance n’a pas d’effet inhibiteur sur les atteintes aux personnes, leur baisse peut donc révéler en réalité l’inefficacité du dispositif.

Or, le rapport commandé par Brice Hortefeux avance qu’en France la vidéosurveillance contribue, a contrario des études internationales, à enrayer les atteintes aux personnes…

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?Laurent Bonelli est quant à lui maître de conférences en science politique à Nanterre, et auteur en 2001 de “La Machine à punir. Pratiques et discours sécuritaires” et, en 2008, de “La France a peur. Une histoire sociale de l’insécurité” :

Corrélation n’est pas causalité, c’est la base de l’analyse scientifique; or là, ça peut monter ou baisser pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la vidéosurveillance.

D’autre part, les statistiques dites “de la délinquance” reflètent bien plus l’activité des forces de l’ordre et leurs priorités qu’un état réel de la criminalité dans le pays. Or, rien n’est plus fluctuant que ces priorités en fonction des injonctions politiques du moment.

En l’occurence, l’objectif affiché par le ministère est de réduire les effectifs de la police de 12 000 fonctionnaires à l’horizon 2012, et le développement de la vidéosurveillance -financée par des partenariats publics-privés et par les collectivités territoriales plus que par le gouvernement- permet de déplacer le problème et d’apporter une réponse technique, voire “magique“, aux craintes exprimées par les élus locaux, et leurs administrés.

Journaliste, Noé Le Blanc est pour sa part l’auteur de plusieurs articles de référence sur les études universitaires et indépendantes faites au sujet de la vidéosurveillance.

C’est du grand Shadock, imputable au fait que les chiffres du rapport mélangent tout et n’importe quoi : quel sens cela a-t-il de vouloir mesurer l’efficacité de la vidéosurveillance sur la “délinquance générale”, qui regroupe tout aussi bien les vols à la tire que la violence conjugale, les infractions économiques et le non-respect du droit du travail ?

Et si l’on s’intéresse aux types de délit où les systèmes de vidéosurveillance peuvent a priori faire montre d’efficacité, on découvre que l’on serait moins agressé dans les villes non vidéosurveillées que dans celles où on l’est un peu, que les caméras que personne ne regarde produisent tout autant d’effet que celles qui sont regardées, et que “l’amélioration du taux d’élucidation est sensiblement équivalente” dans les villes équipées que dans celles qui ne le sont pas…

Enfin, une observation résume à elle seule l’apport quasi-nul des caméras aux investigations : 6 personnes « mises en cause » (ce qui ne veut pas dire condamnées) par brigade de gendarmerie et par an grâce aux caméras, soit moins d’une « mise en cause » par caméra et par an…

La vérité, c'est qu'il n'y a pas de véritéEn résumé, si le rapport prouve bien une chose, c’est qu’il est compliqué de mesurer, mais encore plus de “prouver“, l’efficacité de la vidéosurveillance.

Les auteurs du rapport sont d’ailleurs conscients des limites de leurs exercices. Ainsi, en introduction de leur rapport, ils reconnaissent eux-mêmes que :

L’impact exclusif de la vidéoprotection est difficile à isoler dans un environnement mouvant et dans lequel elle n’est qu’un outil au service des municipalités et des forces de l’ordre.

La comparaison de ville à ville est délicate compte tenu de l’hétérogénéité des situations : nature et étendue des zones vidéoprotégées, typologie de la délinquance, organisation des forces de l’ordre, implication des municipalités au travers des polices municipales ou de politiques de prévention, évolution des qualifications pénales de certains faits, etc., tous phénomènes qui peuvent interagir et ne facilitent pas la mesure de la seule efficacité des dispositifs installés.

Après n’en avoir pas moins cherché à démontrer l’efficacité de a vidéosurveillance, ils concluent leur rapport sur une note guère plus optimiste : “malgré un travail important des services de police et de gendarmerie pour permettre à la mission de réaliser cette étude, force est de constater que les outils d’évaluation mis en place localement sont encore trop parcellaires“, alors même, précisent-ils également, que “les équipements de vidéoprotection représentent des coûts d’investissement et de fonctionnement élevés“… qu’ils n’ont pas été en mesure de quantifier.

Depuis, Brice Hortefeux a divulgué la liste des 75 villes à équiper en priorité, afin que la France puisse enfin tripler le nombre de caméras de vidéosurveillance et atteindre l’objectif affiché de “de 20 000 à 60 000 d’ici à 2011“.

François Fillon, dans la foulée, a annoncé qu’il doublait le budget dédié à la vidéosurveillance, qui passera de 10-12 millions à 20 millions d’euros en 2010.

Voir aussi la carte des villes sous vidéosurveillance que je vous propose de compléter, sur LePost.fr, la version courte de ce billet, Efficace, la vidéosurveillance ? Le rapport qui nous mène en bateau…, ainsi que les autres décryptages concluant à l’ineptie de ce rapport : L’efficacité de la vidéosurveillance reste à démontrer (par Tanguy Le Goff et Eric Heilmann), Videosurveillance : un rapport aux ordres (par Noé Le Blanc) et Le rapport sur les miracles de la “vidéoprotection” s’avère plutôt bidonné (par Jet, mon comparse des Big Brother Awards).

Voir aussi les autres articles consacrés, sur ce blog, à la vidéosurveillance :
Quand la (vidéo)surveillance tue
Vidéosurveillance : +50% en 2 ans…
Vidéosurveillance : un rapport biaisé
Vidéosurveiller Fucking, quelle idée…
Vidéosurveillance ou vidéodiscrimination ?
La surveillance, ça sert à acheter des voix
Hortefeux fustige la vidéosurveillance dont il a fait l’objet

… sans oublier les autres devises Shadock que je n’ai pas eu la place, ou l’opportunité, de mentionner dans ce billet.
berneri
 
Messages: 380
Enregistré le: 20 Sep 2009, 19:58

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 15 Nov 2009, 11:31



Google Map: votre ville est-elle vidéo-surveillée ? Par bug brother

Personne ne sait combien de communes françaises ont équipé leurs rues de système de vidéosurveillance.
Le Post crée donc la première carte de France des villes sous vidéosurveillance.
Et vous propose d'aider...

Pourquoi est-ce important?

Le gouvernement est en train de développer la vidéosurveillance de façon inédite. Mais on ne sait toujours pas si elle est efficace, ni combien de villes sont équipées.

L’Association Nationale des Villes Vidéosurveillées (AN2V), fondée en 2004 a proposé à ses 150 villes adhérentes d'en dresser la carte, mais seules trois ont répondu : "C'est pas qu'elles n'assument pas, mais elles ne souhaitent pas communiquer dessus; elles sont encore un peu frileuses, et il y a encore des débats éthiques".

La carte des adhérents de l'association des villes vidéosurveillées

Les derniers chiffres connus datent de 2007, et évoquent 1522 villes, en augmentation de 50% en l'espace de deux ans (on en dénombrait 812 en 2005). Et
l'on ne sait pas combien de villes ont, depuis, décidé de s'équiper.

Le nombre de caméras, lui, est estimé à 20 000. Mais l'an passé, Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l'Intérieur, a annoncé qu'elle voulait le tripler, et porter à 60000 le nombre d'objectifs braqués sur nos allées et venues.

Brice Hortefeux, poursuivant sur sa lancée, vient pour sa part d'annoncer un plan de cofinancement de 75 villes prioritaires, et François Fillon qu'il allait doubler le budget dédié à la vidéosurveillance, qui passera de 10-12 millions à 20 millions d'euros en 2010, afin d'encourager les communes à s'équiper.

Or, en comme le démontre notre enquête, la vidéosurveillance des espaces publics, par les autorités, est loin d'avoir démontré son efficacité (voir sur Le Post : Efficace, la vidéosurveillance? Le rapport qui nous mène en bateau...)

Voici la carte que nous avons créée

- D'abord, nous y avons placé les 118 municipalités recensées par le rapport du ministère de l'Intérieur sur l'efficacité de la vidéoprotection
- Nous avons rajouté (en rouge) les 75 villes ayant été déclarées "prioritaires" par le gouvernement

Il en reste donc (au moins) 1329 autres à répertorier...
Cette Carte de France des villes sous vidéosurveillance est aussi consultable sur Google Maps, en format plus grand.


Comment vous pouvez aider : Nous pensons que cette carte se prête à une expérience de "crowdsourcing", du nom donné à ces enquêtes effectuées avec l'aide des internautes. Objectif : mutualiser nos connaissances afin d'aller plus loin, plus vite, que ne le pourrait un journaliste isolé.

Nous avons donc besoin de vous:

1. Cherchez sur le web de nouvelles villes: dans la presse locale, sur les sites web de vos municipalités, les tracts de vos élus... repérez toute information attestant de la présence de caméras sur la voie publique contrôlées par la police (nationale ou municipale) ou la gendarmerie.

Pour cela, tapez dans Google le nom de votre ville suivi du mot-clef vidéosurveillance OR vidéoprotection (de plus en plus d'élus préférant utiliser ce dernier terme : il fait moins peur...).

2. Envoyez nous le nom de la ville et le lien

Envoyez-nous les infos

- par email (videosurveillance@lepost.fr),
- via twitter (@manhack),
- ou en l'insérant directement sur le Google Spreadsheet (le tableur type Excel de Google) où nous avons répertorié la liste des villes vidéosurveillées.

NB: si vous pouvez ajouter le nombre de caméras, le numéro du département et si possible le coût de l'installation et de son entretien, c'est encore mieux...

Et après?
Dès réception et vérification, nous mettons à jour notre carte grâce à vous.

Et nous prévoyons d'autres étapes:
Vous pouvez également écrire à la commission départementale des systèmes de vidéosurveillance de votre préfecture afin d'obtenir la liste des villes
vidéosurveillées, ainsi que le nombre et l'emplacement de leurs caméras (cf service-public.fr, qui vous fournit en plus l'adresse où envoyer le courrier).

Pendant ce temps, nous préparons également une interface améliorée qui vous
facilitera le travail de recherche de nouvelles villes vidéosurveillées.

Cette carte devrait être plus agréable à consulter et permettre, idéalement, les croisements avec d'autres données, sur la criminalité par exemple.

Merci beaucoup... C'est parti...

Vous avez une information, une correction, un témoignage ou un document sur ce sujet ? Vous avez repéré une erreur ? Ecrivez à enquete@lepost.fr en indiquant l'url du post.
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 17 Nov 2009, 22:58

Le policier du futur étoffe sa panoplie
Christophe Cornevin, 16/11/2009

Elle est conçue pour s'adapter aux dernières tendances de la délinquance. Ces innovations pourraient se généraliser à l'horizon 2012.

Alors que l'efficacité de la multiplication des effectifs en tenue sur le terrain est de moins en moins évidente et que les budgets sont à la rigueur, le policier poursuit une spectaculaire métamorphose. L'époque du gardien en pèlerine et de son antique sifflet à roulette est révolue. Au moment où Milipol, le Salon mondial de la sécurité intérieure des États fête à partir de mardi ses 25 ans à la Porte de Versailles de Paris autour d'un millier d'exposants high-tech, Le Figaro dresse le portrait-robot du policier de demain. Loin de la science-fiction puisque ces équipements devraient se développer dans les toutes prochaines années.

Informé par des caméras

La vidéosurveillance, dont le nombre de caméras va tripler, ne suffit plus. Le policier nouveau fait appel à la troisième dimension : «La police loue des avions de surveillance pour les grands événements tels que la Coupe du monde de rugby ou le réveillon de la Saint-Sylvestre, confie Patrick Guyonneau, ingénieur en chef de l'armement et patron du service des technologies de la sécurité intérieure (STSI). Lancé il y a deux ans, un programme de minidrones commence à trouver des applications opérationnelles.» Ainsi, l'aéronef de poche Elsa à aile fixe peut venir en appui pour n'importe quelle mission de renseignement : maniable, projetable à deux kilomètres de son point d'envol, il est truffé de caméras à grande focale, fonctionnant de jour comme de nuit. Un drone quadricoptère miniature de la taille d'une boîte à chaussures complète l'attirail : léger et lui aussi silencieux, ce mouchard du ciel est capable d'espionner en vol stationnaire. Au sol, un camion régie surmonté d'un objectif à haute résolution filmera, à des fins judiciaires et d'identification, les casseurs. Le policier lui-même porteur d'une microcaméra «piéton» enregistrera vidéos et sons en patrouilles. Idéal pour éviter toute forme de «bavure».

Mieux protégé

«Face à la radicalisation croissante de certaines franges de la population contre la police, tout est fait pour mieux protéger nos hommes», martèle-t-on à la Direction générale de la police nationale (DGPN). Doté d'un casque durci dont la visière est plus résistante, le policier va porter des lunettes ergonomiques résistant aux plombs de chasse, comme ceux qui avaient été tirés à Villiers-le-Bel. Au besoin, un curieux bouclier souple, plus maniable, le placera à l'abris des balles tandis que de nouveaux gilets sont censés résister à la plupart des calibres en circulation. Grâce aux dernières évolutions de l'industrie des textiles, les tissus des tenues, plus résistants, protégeront contre les armes blanches. Pour compléter leur arsenal, des centaines de «lanceurs de 40 mm» vont être distribués : jaune et noire, cette arme non létale fera mouche à 50 mètres, c'est-à-dire au-delà du jet de pavé ou de cocktail Molotov. Pour l'heure, le flash-ball n'est précis qu'à quinze mètres… Alimenté par une multitude de munitions, le «LDB 40» pourra marquer à la peinture indélébile des manifestants violents pour mieux les appréhender. Ou les affaiblir grâce à la dernière trouvaille antiémeute, une munition incapacitante à base de poivre de Cayenne appelé à remplacer le lacrymogène.

Plus mobile et communiquant

Un policier pose, le 21 mars 2008 au ministère de l'Intérieur à Paris, avec un lanceur de balles de défense (40 mètres). Crédits photo : AFP

Gagner en autonomie pour mieux se projeter sur le terrain «Grâce à son assistant personnel électronique (PDA) et son terminal informatique embarqué (TIE), le policier à pied doit disposer d'un environnement complet, comme au commissariat», précise Patrick Guyonneau. En temps réel et sans revenir au bureau, chaque policier pourra interroger les fichiers des personnes recherchées, des véhicules volés ou des permis de conduire, recevoir des photos ou des portraits-robots de suspects en trois dimensions ou encore dresser un procès-verbal électronique. Géolocalisée, sa position sera communiquée en permanence, ainsi que celle des effectifs les plus proches.

Des prouesses scientifiques

Profitant de véritables prouesses en termes de miniaturisations, les enquêteurs vont systématiser la police technique et scientifique de masse. Des kits portables de «détection-révélation» identifieront en quelques dizaines de secondes des poudres ou traces suspectes de drogues ou d'explosifs. D'ici à quelques années, les «blouses blanches» de terrain révéleront des empreintes sur un cambriolage en prélevant des traces grâce à des «lampes miniatures multispectrales». Enfin, par l'apport des biotechnologies, des puces révéleront plus vite l'ADN des indices collectés, mais aussi l'analyse des odeurs piégées sur une scène de crime. Les Experts risquent d'être dépassés.
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Antigone » 20 Nov 2009, 18:28

Dans la série "le génie humain est sans limite", il existe des gens dont le métier est de plancher sur les multiples façons d'aménager le mobilier urbain, de le transformer de façon à ce que les SDF ne puissent plus s'abriter, se coucher etc. et dans le but de les repousser le plus loin possible des centres villes, vers des zones de plus en plus glauques.

Voici un catalogue des "excroissances urbaines anti-SDF": plans inclinés, planches de fakir, pointes métalliques, grilles... Que d'imagination pour rendre le moindre recoin inhospitalier et permettre aux bons citoyens de ne plus être importunés par le spectacle de la misère !
http://www.flickr.com/photos/7211263@N0 ... 377494963/
Antigone
 

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 20 Nov 2009, 19:49

Les photos ne sont pas toutes probantes mais elles montrent bien souvent la dégueulasserie anti pauvre :!: Manquent des exemples de mobilier urbain : par ex. à Tours concernant les bancs, ceux des bus sont en fer (donc indégradables mais hyper froid l'hiver & super chaud l'été) et d'environ 1,20m alors qu'avant il faisait la largeur de l'arrêt ; les bancs publics étaient plats, maintenant ils sont bombés et il y a même eu des "accoudoirs" en plein milieu du banc. Cela avait donné lieu à un déboulonnage un samedi AM et nous avons jeté sur le perron de la mairie des dizaines de kgs de ferraille et une bonne centaine de boulons sous le nez ébahi des cadres techniques et des élus de permanence...

http://dissidence.libre-octet.org/appre ... rbain.html
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 20 Nov 2009, 21:59

Conseil de Paris: la vidéosurveillance promet un long débat lundi (PAPIER D'ANGLE) Par Josette MICHY

PARIS, 19 nov 2009 (AFP) - Le débat sur l'extension de la vidéosurveillance promet d'être long et houleux lundi au conseil de Paris, les Verts, alliés du maire socialiste Bertrand Delanoë mais opposés au projet, ayant décidé de présenter "1.000 amendements contre
1.000 caméras".
Jeudi lors d'une conférence de presse, les Verts se sont dits "frontalement opposés à ce projet liberticide voulu par Brice Hortefeux
et Nicolas Sarkozy", pour justifier leur intention de déposer symboliquement un amendement par caméra nouvelle.
"C'est un projet de la droite", et "un piège" tendu à la majorité municipale, a fustigé Sylvain Garel, président du groupe Verts au Conseil.
Lundi soir, les élus parisiens devraient voter le "plan de vidéo-protection pour Paris", en fait la convention pour l'occupation du
domaine de la Ville par 1.009 nouvelles caméras de surveillance mises en place par la préfecture de police.
D'ici à 2011, le "plan de vidéo-protection", érigé en priorité gouvernementale, comprendra 1.302 caméras, dont 293 sont déjà
existantes. Elles s'ajouteront aux 9.500 caméras dont disposent la RATP et la SNCF sur le domaine public et aux quelque 20.000 caméras privées.
La première adjointe socialiste Anne Hidalgo a défendu jeudi le projet, appelant les élus à faire preuve de "bon sens".
Ian Brossat, pour le Parti communiste français (PCF), a annoncé de son côté que son groupe voterait contre la délibération de la mairie. Il juge ce dispositif "inefficace", citant à l'appui une étude de la police londonienne, selon laquelle 1.000 caméras permettraient d'élucider un crime par an, et estime que "l'anonymat est mis en cause".
La fédération de Paris de la Ligue des droits de l'Homme a confirmé sa "franche opposition" à ce plan, au motif que "la vidéosurveillance
n'a jamais fait baisser la délinquance de manière significative".
L'ensemble du projet a déjà été rejeté par le conseil municipal du deuxième arrondissement, administré par le Vert Jacques Boutault.
Georges Sarre, adjoint MRC à la sécurité, a plaidé pour la mise en place d'un nombre de caméras "modeste mais suffisant", "un outil qui ne mérite ni cet excès d'honneur, ni cette indignité", d'autant qu'il est "strictement encadré sur le plan éthique" avec un comité spécifique pour garantir les libertés (pas de visualisation de l'intérieur des immeubles, durée maximale de 30 jours pour conserver les images
enregistrées sauf en cas d'enquête judiciaire).
"Il faut arrêter de crier au loup", a dit M. Sarre, affirmant que "la gauche a vocation à assurer la sécurité".
Paradoxalement, le projet de l'exécutif socialiste devrait être voté par l'UMP, qui souhaite même faire de la surenchère en demandant de
porter le plan à 2.000 caméras.
De même, le Nouveau Centre devrait voter pour, tout en souhaitant "plus de police de proximité".
Le protocole d'accord entre la préfecture de police et la mairie souligne qu'il s'agit de rechercher "des gains opérationnels majeurs en
matière de circulation, de sécurité routière, d'ordre public, de lutte contre la délinquance, la criminalité et le risque terroriste".
La Ville de Paris participera financièrement (cinq millions d'euros de subvention d'équipement) à l'installation des caméras de la
préfecture de police, dont le coût est estimé à 25 M EUR, à raison d'une soixantaine de caméras par arrondissement en moyenne.
Le budget annuel municipal pour les actions de prévention à Paris est de 200 M EUR.
jmg/mad/jpa
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede berneri » 21 Nov 2009, 15:52

Milipol et ses instruments de tortures et d'assassinat

http://www.rue89.com/2009/11/20/au-salo ... aux-126656
berneri
 
Messages: 380
Enregistré le: 20 Sep 2009, 19:58

PrécédenteSuivante

Retourner vers France

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 64 invités