Mort de Rémi Fraisse, violence policière-violence d'Etat

Re: Violence policière

Messagede bipbip » 11 Nov 2014, 04:45

Mort de Rémi Fraisse : quelles sont les chances que justice soit faite ?

En France, il est toujours difficile de faire la lumière sur les affaires de violences policières, même quand celles-ci provoquent la mort. Dans plus d’un homicide sur deux, la Justice n’a tout simplement pas été saisie ou les poursuites sont abandonnées sans conclusion claire. La mort d’un militant antinucléaire, à Creys-Malville, en 1977, s’était d’ailleurs conclue par un non-lieu. Les suites qui seront données au décès de Rémi Fraisse, le jeune militant écologiste tué dans le Tarn par l’explosion d’une grenade, feront-elles exception ?

Rémi Fraisse est la 8ème personne tuée par les forces de l’ordre dans le cadre d’une manifestation, depuis la fin de la guerre d’Algérie [1]. Les résultats de l’enquête sur les circonstances de sa mort devraient être connus avant le 15 novembre, si l’on en croit l’engagement pris par François Hollande : « D’ici huit jours », a-t-il déclaré le 6 novembre sur TF1. La question des causes de la mort ne devrait pas révéler de surprises, au vu des nombreux témoignages recueillis depuis que les gendarmes ont récupéré le corps sans vie du jeune homme dans la nuit du 25 au 26 octobre : il a été tué par l’explosion d’une grenade offensive. Une quarantaine de ces grenades auraient été lancées dans la nuit, selon les informations de Mediapart, moitié moins selon le directeur général de la gendarmerie nationale Denis Favier. Ce qui est déjà considérable.

L’enquête devra cependant déterminer si l’usage de ces armes était justifié du point de vue de l’Etat de droit ou non. Avant 2009, le recours aux grenades offensives devait être spécifiquement autorisé par le Préfet ou répondre à une nécessité de légitime défense, dans le cas où la vie des agents des forces de l’ordre est clairement menacée. Depuis 2009, suite à la réforme réalisée par Michèle Alliot-Marie, grande admiratrice du maintien de l’ordre à la française, ces conditions d’emploi ont été assouplies. Une autorisation des autorités civiles n’est plus nécessaire. L’enquête devra également éclairer la chaîne de responsabilités, du gendarme qui a lancé la grenade jusqu’au Préfet du Tarn, Thierry Gentilhomme, qui a, semble-t-il, donné des consignes de grande fermeté.

Mais ce qui s’est passé depuis la mort du militant écologiste augure mal des suites qui lui seront données. Le gendarme ayant lancé la grenade mortelle n’a pas été provisoirement suspendu le temps que l’enquête suive son cours. Le procureur d’Albi n’a pas cru bon d’ouvrir une information judiciaire. Le 28 octobre, la famille de Rémi Fraisse a donc été obligée, comme tant d’autres avant elles, de porter plainte contre X pour homicide volontaire « par une ou plusieurs personnes dépositaires de l’autorité publique ». Un juge d’instruction devra donc être saisi.

Non-lieu ou euro symbolique ?

Ceux qui, comme nous, souhaitent que la lumière soit faite sur ce drame ne sont pas au bout de leur peine. L’absence de suites judiciaires ou l’abandon des poursuites caractérisent les affaires d’homicides impliquant les forces de l’ordre. Y compris pour les personnes tuées dans le cadre d’une manifestation. Il suffit de remonter quelques années en arrière. Pierre Beylot, un jeune ouvrier de 24 ans de l’usine Peugeot de Sochaux, et syndicaliste de la CGT, est tué de trois balles dans la poitrine par un CRS, lors d’un piquet de grève, le 11 juin 1968. Résultat ? Pas de suites judiciaires connues (un autre ouvrier est tué, après une chute provoquée par le souffle de l’explosion d’une grenade offensive). Un an plus tard, à Paris, alors que des CRS tentent de déloger des étudiants qui se sont réfugiés dans un immeuble, le concierge meurt asphyxié par des gaz lacrymogènes dans son appartement après que les vitres de son domicile aient été brisées par des grenades offensives. Il n’y aura pas de suites judiciaires mais une indemnisation discrète de la veuve par la Préfecture de police.

Le 31 juillet 1977, 20 000 militants antinucléaires manifestent contre le projet de centrale nucléaire au sodium Superphénix, à Creys-Malville (Isère). Des affrontements éclatent à proximité du site protégé par un déploiement impressionnant de policiers, gendarmes et militaires. Vital Michalon est touché aux poumons par l’éclat d’une grenade offensive tirée par des gendarmes mobiles et meurt asphyxié. Les similitudes avec le drame du Testet ne s’arrêtent pas là. Un premier communiqué du procureur de la République impute alors la mort à un arrêt cardiaque et à un « engin de fabrication artisanale ». 37 ans plus tard, les autorités ont entretenu l’ambiguïté sur le contenu du sac de Rémi. A Creys-Malville, la famille du militant écologiste de 31 ans porte plainte contre X en se constituant partie civile. Résultat ? Non-lieu.

Bavures : la culture du silence

Seule la mort de Malik Oussékine, tué le 6 décembre 1986, débouchera sur la condamnation des responsables. Alors que des manifestations étudiantes se déroulent dans le Quartier latin à Paris, le jeune homme de 23 ans est interpellé et passé à tabac par des agents du « peloton des voltigeurs », des policiers armés de matraques circulant à moto. Malik meurt d’une crise cardiaque. Suite à la « bavure », ce peloton très spécial sera dissous. Et deux policiers sont condamnés respectivement à 5 ans et 2 ans de prison avec sursis. En novembre 1987, c’est un retraité et militant communiste, Lucien Barbier, qui décède lors d’une manifestation à Amiens suite à un matraquage qui lui provoque une fracture du crâne. L’État sera condamné à payer… un franc symbolique. Ces quelques exemples – parmi bien d’autres – montrent que l’État français a bien du mal à faire la lumière sur les violences policières et à reconnaître les éventuelles responsabilités de ses forces de l’ordre en cas de bavures (voir notre base de données en cours d’actualisation sur le sujet) [2].

Ce 8 novembre, alors que les manifestations en hommage à Rémi Fraisse étaient interdites à Toulouse et à Rennes, entre 3 000 et 5 000 personnes se sont rassemblées à Paris contre les violences policières. Parti de Bastille, le cortège composé de lycéens, des syndicalistes, de militants de mouvements de gauche et de proches de victimes de ce type de violences, s’est arrêté Place Gambetta, à quelques pas de l’endroit où un jeune du quartier est décédé en juin 2007. Lamine Dieng, 25 ans, est mort étouffé dans un fourgon de police après son interpellation. La famille ne sera prévenue que 36 heures plus tard et portera plainte contre X. Sept ans après les faits, en mai 2014, la justice donne enfin sa réponse : non-lieu. Ils sont des dizaines dans ce cas. La mort de Rémi Fraisse et l’engagement du Président de la République marqueront-ils un tournant dans cette culture du silence ?

Ivan du Roy


Notes

[1] Cette période avait vu la mort de centaines de manifestants, en particulier le 17 octobre 1961 avec la sanglante répression des rassemblements pour l’indépendance de l’Algérie, puis la mort de neuf personnes au métro Charonne à Paris, le 8 février 1962, lors d’une manifestation contre la guerre d’Algérie et l’OAS.

[2] Les deux autres manifestants tués pendant une manifestation sont : Henri Blanchet, ouvrier de l’usine Peugeot de Sochaux en grève. Le 11 juin 1968, il chute d’un muret, déséquilibré par le souffle d’une grenade offensive tirée par des CRS venus « débloquer » l’usine. Son crâne est fracturé. Et le militant d’extrême-droite Sébastien Deyzieu qui, poursuivi par des policiers en civil, tombe du toit d’un immeuble le 9 mai 1994. La justice conclut à un accident.

http://www.bastamag.net/Mort-de-Remi-Fr ... xiste-t-il
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Re: Mort de Rémi Fraisse, violence policière-violence d'Etat

Messagede Pïérô » 12 Nov 2014, 17:28

Révélations sur les conversations des gendarmes lors de la mort de Rémi Fraisse
"L'enquête sur la mort de Rémi Fraisse, le jeune manifestant de 21 ans, tué par une grenade offensive lancée par un gendarme lors des affrontements entre des opposants au projet de barrage de Sivens (Tarn) et des militaires, dans la nuit du 25 au 26 octobre, se révèle de plus en plus embarrassante pour les autorités."
... http://mobile.lemonde.fr/planete/articl ... _3244.html


Violences policières : à Blois, Toulouse et Lyon, les tribunaux prennent le relais
Les manifestations suite à la mort de Rémi Fraisse et les réactions après la mutilation d’un jeune blésois par un tir de flashball ont été sévèrement réprimées ces derniers jours. Rassemblements systématiquement interdits, arrestations en nombre, et lourdes peines de prison ferme ont frappé les différents rassemblements contre les ravages causés par l’armement des flics.
... http://larotative.info/violences-polici ... blois.html


L’université Rennes-II fermée mercredi pour éviter l’AG
Le président de l’Université Rennes 2 refuse l’accès à l’université !
Suite à l’annonce d’une assemblée générale qui devait se tenir demain sur le campus de Rennes 2 en réponse à l’assassinat de Rémi Fraisse, le président de l’Université Rennes 2 se ridiculise en refusant l’accès à l’université et aux enseignements à plus de vingt mille étudiant-e-s. C’est une attaque en règle contre la démocratie puisque ce même président refuse, de fait, le droit de réunion et d’information des étudiant-e-s. Pour rappel les seuls qui ont commis un crime ce sont des policiers en tuant Rémi Fraisse.
L’Assemblée générale est décalée à jeudi 12h30 devant le hall B.
Solidaires Etudiant-e-s Rennes (ex Sud étudiant Rennes)
http://www.rennes-info.org/Le-president-de-l-Universite


Plateau de Millevaches : des manifestants enferment des gendarmes dans leur caserne
Samedi, une marche en mémoire de Rémi Fraisse, réunissant « près de 80 personnes » selon Le Populaire du Centre, s’est arrêtée devant la gendarmerie d’Eymoutiers (Haute-Vienne).
Inventifs, des manifestants venus du plateau de Millevaches ont cadenassé les portillons qui entourent les locaux de la brigade pour y bloquer les gendarmes, avant de commencer un pique-nique.
... http://rue89.nouvelobs.com/zapnet/2014/ ... see-255963

Le plateau de Millevaches appelle à bloquer les gendarmeries




Toulouse, suivi de la repression
http://iaata.info/Suivis-en-direct-de-l ... ssion.html

stop aux violences policières

FLICS ASSASSINS
MEDIAS COMPLICES


Une manifestation contre les violences policières devait avoir lieu samedi 8 novembre sur Toulouse.
Les organisateurs et organisatrices de cette dernière ont appris qu'elle était interdite par un article du torchon local, La Dépêche du Midi, la veille.
Malgré tout, au moins un millier de manifestantes et manifestants se sont réunis sur la place Jean Jaurès ce samedi afin de manifester.
Ils et elles ont tout de même pu défiler sur une centaine de mètres encadrés par un dispositif policier démesuré.
Ce jour-là, les Renseignements Généraux, la BAC, les CRS et les Gardes-mobiles (appuyés par un hélicoptère) étaient de sortie pour défendre leur impunité. Cent mètres c'était sans doute déjà trop : la police a donc commencé à lancer des grenades lacrymogènes et repousser cette colonne de manifestant et manifestantes vers une véritable souricière sans issue puisque toutes les rues adjacente étaient bloquées.
C'est bien les flics qui provoquent un désordre qu'ils prétendent combattre puisque suite à cette tentative de dispersion plusieurs micro-concentrations ont émaillé les boulevards de Toulouse provoquant des gazages supplémentaires et, du coup, la solidarité des passantes et des
passants... le tout des heures durant.
En faisant croire que la violence vient des manifestantes et des manifestants, les journalistes font passer quelques tags et bris de vitrine (ainsi que deux voitures brûlées qui seront rapidement remboursées
par les assurances) pour des scènes de véritables guérillas urbaines et de
destruction massive.
Se faisant, les journalistes « embarqués » font le jeu des pouvoirs locaux
et nationaux. On nous parle d'affrontements violents entre manifestant/manifestantes et forces de l'ordre alors qu'il s'agit surtout
pour ces derniers de réprimer toutes les colères légitimes.

Dans la droite ligne de son passé collaborationniste, La Dépêche du Midi
(dont le journal CQFD n°125 d'octobre dernier révèle que les journalistes
reçoivent des « consignes » alors que leur PDG Jean-Michel Baylet est
également président du CG du Tarn-et-Garonne... qui a autorisé la construction du barrage de Sivens) remporte la palme d'or de la désinformation et de la mauvaise foi la plus racoleuse.

Alternative Libertaire 31 est solidaire des personnes interpellé-e-s suite à la manifestation.
Alternative Libertaire 31 réaffirme que la police est raciste, sexiste et classiste et qu'elle tue en toute impunité. Rémi Fraisse n'est que le dernier d'une longue liste de personnes assassinées : Lamine Dieng, Zied et Bouna, Timothée Lake et tant d'autres.

STOP aux violences policières !
Désarmement et dissolution des forces répressives !
STOP au projet de barrage de Sivens !

Alternative Libertaire 31


http://alternativelibertaire-toulouse.o ... 79790.html


Toulouse université jeudi 13 novembre

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Toulouse, vendredi 14 novembre

Soirée de soutien aux inculpé.es du 1er et 8 novembre

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Lycéens
Jeudi 13 novembre et vendredi 14 novembre :
blocage des lycées et deux manifestations, qui partiront de Nation, pour se rendre à République.
Plus d'infos ici : viewtopic.php?f=77&t=8571&p=183790#p183790
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Mort de Rémi Fraisse, violence policière-violence d'Etat

Messagede bipbip » 12 Nov 2014, 19:29

Lyon

Lourde condamnation après la manif, la repression n’aime pas être contestée
http://rebellyon.info/Lourde-condamnati ... if-la.html

Fac, lycées
Appel de l’assemblée de Lyon II à toutes les facs et lycées
voir ici : viewtopic.php?f=77&t=848&p=183796#p183796
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Re: Mort de Rémi Fraisse, violence policière-violence d'Etat

Messagede Nico37 » 13 Nov 2014, 15:08

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Re: Mort de Rémi Fraisse, violence policière-violence d'Etat

Messagede fabou » 15 Nov 2014, 03:52

A propos du rassemblement de Mulhouse du 8/11/14 en hommage à Rémi Fraisse

Les militants du SCALP-No Pasaran 68 étaient présents en nombre à la manifestation pour Rémi Fraisse à Mulhouse, le 8 novembre dernier.

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Suite à l’article du journal local "Les Dernières Nouvelles d’Alsace", affirmant que le SCALP de Mulhouse aurait été à l’origine de "débordements" durant le rassemblement du 8 novembre en hommage à Rémi Fraisse, voici une petite mise au point. La véritable violence, c’est celle de l’Etat et de ses flics !

Message des trublions du rassemblement de Mulhouse (8/11/14) en hommage à Rémi Fraisse

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A lire ici http://nopasaran.samizdat.net/spip.php?article2168

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Re: Mort de Rémi Fraisse, violence policière-violence d'Etat

Messagede Nico37 » 15 Nov 2014, 12:17

" La chaîne de commandement refuse d'assumer ses responsabilités " Caroline Politi 14/11

La ligue des droits de l'homme a lancé avec plusieurs associations une "commission nationale d'enquête" pour faire la lumière sur la mort de Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive en marge des manifestations contre le barrage de Sivens.

" J'ai fait un rêve Rémi, plus jamais la France ne se mutilera avec des grenades offensives. Que ta mémoire, Rémi, soit le gardien de l'interdiction des armes " , lisait Jean-Pierre Fraisse, le père du jeune militant tué en marge d'une manifestation contre le barrage de Sivens, le jour de son enterrement. Quinze jours après le drame, son souhait a été entendu: Bernard Cazeneuve a annoncé jeudi l'interdiction de ce type de grenades "parce que cette munition a tué un jeune garçon de 21 ans et que cela ne doit plus jamais se reproduire " .
" C'est une première victoire, s'est réjoui ce vendredi l'avocat de la famille, Me Arie Alimi. Mais maintenant on veut comprendre ce qui a conduit à leur utilisation. Quelle est la chaîne de commandement ? " . Pour faire la lumière sur cette affaire, la Ligue des droits de l'homme, entourée de plusieurs associations, a annoncé dans la matinée la création d'une commission nationale d'enquête, en parallèle de l'information judiciaire en cours d'instruction.

" Ce n'est pas un contre-pouvoir de la justice, mais plutôt un complément d'enquête, a expliqué au cours d'une conférence de presse, le président de la LDH, Pierre Tatakowski. Nous voulons apporter le point de vue de la société civile pas seulement sur les quelques heures qui ont précédé le drame, mais également sur tout le traitement de cette affaire " . Et d'ajouter : " Nous espérons faire monter une pression qui amènera à ce que les éléments qui sont aujourd'hui biaisés soient mis en lumière " .

Ordre de fermeté ?

L'un des points clés de leur enquête sera de déterminer si les gendarmes présents ce soir-là avaient pour ordre de faire preuve d'une fermeté extrême vis-à-vis des manifestants. Selon des informations publiées mercredi par Le Monde et Mediapart, le commandant du groupement de gendarmes mobiles de Limoges, qui opérait à Sivens le 26 octobre, a déclaré sur procès-verbal, trois heures après le décès, que le préfet du Tarn leur " avait demandé de faire preuve d'une extrême fermeté vis-à-vis des opposants par rapport à toute forme de violences envers les forces de l'ordre " . Des informations démenties par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et le directeur général de la gendarmerie, Denis Favier, jeudi après-midi.
" La chaîne de commandement refuse d'assumer ses responsabilités, s'est emporté Arie Alimi. Il n'y a pas que le cas Rémi Fraisse. C'est un problème beaucoup plus général de violences policières. Aujourd'hui, leur traitement judiciaire est insupportable, les magistrats du siège soutiennent systématiquement les forces de l'ordre. " Pour l'heure, aucune mise en examen n'a été prononcée dans ce dossier.
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede DjurDjura » 16 Nov 2014, 14:18

Lutte contre le meurtre de Rémi Fraisse et les violences policières

Militarisation de Saint-Denis (93) pour empêcher la mobilisation de la jeunesse des quartiers populaires


Timur Chevket et Philippe Alcoy

A saint Denis, sur le trottoir, une flaque de sang est tout ce qui reste d’une arrestation violente, un jeune qui n’a sans doute pas plus de 16 ans s’est fait projeter au sol et matraquer au visage jusqu’à en devenir méconnaissable, avant d’être embarqué. Sur le trottoir d’en face, un lycéen réagit à ce qu’il vient de voir : « Moi je suis tranquille, qu’ils m’arrêtent pas sinon ils vont voir c’est quoi une émeute au cocktail molotov ».



Dès 7h, la ville était militarisée, des dizaines de fourgons de police encerclaient le centre-ville et les lycées. Au lycée général Paul Eluard, mobilisé depuis jeudi dernier, les vigiles du rectorat font rentrer les élèves après qu’ils aient été fouillés par la police. Les lycéens les plus mobilisés se voient signifier la convocation de leurs parents. Tous les adultes autour d’eux, les flics mais regrettablement aussi le proviseur, tentent de les intimider.

Du côté du lycée pro ENNA, place du marché, les lycéens ne sont pas rentrés en cours. Devant la grille de leur lycée, la police montée, du haut de ses chevaux les provoque : « Viens, viens approche, tu vas voir » entend-on dire l’un d’entre eux à un lycéen qui s’indigne de leur présence.

Encerclés, sous pression, les jeunes ne se laissent pas écraser ; ils occupent la place devant leur bahut et la cité universitaire du CROUS de St-Denis. C’est là que la cavalerie charge dans la foule, tandis que des flics en civil distribuent des coups de matraque et qu’on interpelle des mineurs tenus en joue par des fusils flashball.

Un seuil a été franchi. Dans une partie du 93, d’Epinay à Saint-Ouen, à Stains, à St-Denis, dans les ghettos de Villiers-le-Bel, la jeunesse bouillonne. De provocations en provocations policières, alors que les lycéens dénonçaient leurs exactions impunies, nous voilà dans une ambiance d’émeute des banlieues.


Tuer la contestation dans l’œuf


Le gouvernement sait qu’une telle révolte serait très dangereuse pour lui. C’est pour cela qu’il essaye à travers la répression directe, la provocation et l’intimidation de désamorcer tout ce qui pourrait avoir l’air d’un début de mobilisation de la jeunesse des classes populaires. Et cela d’autant plus que ce début de fronde dans certains lycées du 93 s’inscrit dans le cadre de la contestation de la violence policière suite à la mort de Rémi, une réalité que ces jeunes des banlieues délaissées connaissent très bien.

Ainsi, avec la complicité des autorités scolaires, l’opératif monstre déployé aujourd’hui à St-Denis par la police cherchait clairement à intimider les élèves et à empêcher les plus organisés d’entre eux d’exercer des droits démocratiques aussi élémentaires que la distribution de tracts à leurs camarades pour les informer de la situation et de la mobilisation en cours dans les lycées.

Bien que l’on ne puisse pas exclure que ces intimidations aient un effet chez certains lycéens et lycéennes, on ne peut pas éliminer non plus le contraire : que la provocation et l’humiliation policière renforcent l’envie d’en découdre avec les forces de répression et l’Etat.

Il faudrait ajouter à tout cela que cette brutale répression obéit au racisme d’Etat qui considère que des jeunes des classes populaires, souvent enfants d’immigrés ou immigrés eux-mêmes, peuvent être tabassés par la police impunément. Pas étonnant, dans ce cas, que cette jeunesse exprime une telle haine envers les différents symboles de l’Etat et de la société en général.

Luttons pour une confluence potentiellement explosive !

Entre Zyed, Bouna et Rémi Fraisse, il y avait « tout un monde » d’écart. Mais déjà il y a quelques jours on pouvait entendre que « Rémi c’était un mec de mon quartier » dans la bouche de lycéens, encore mal informés, tellement habitués aux crimes des milices de l’Etat au quotidien qu’un jeune tué par la police ne pouvait qu’être un des leurs. Désormais la répression d’Etat, que connaissent les quartiers comme les militants du mouvement social et de la classe ouvrière ouvre la nécessité d’une convergence explosive entre la jeunesse délaissée et humiliée des quartiers populaires et les jeunes des lycées parisiens unis au même moment et dans une même lutte.

L’entrée dans la lutte du mouvement étudiant peut être un autre élément fondamental. La répression contre les manifestants à Toulouse le weekend dernier et la fermeture administrative de l’université de Rennes II pour empêcher la tenue d’une assemblée générale montre la crainte que cela génère au gouvernement.

Evidemment, la haine contenue contre la police et cette société d’oppression et d’exploitation s’exprime parfois de façon très confuse et déformée, donnant lieu à des phénomènes contradictoires. Dans ces cas, des éléments de décomposition sociale, produits de la société capitaliste elle-même, peuvent surgir au devant de la scène de façon très violente. Cela a souvent des conséquences très contreproductives, qui permettent à l’Etat de présenter sa répression comme « légitime ».

On peut constater en effet un recul de la conscience politique par rapport aux luttes antérieures comme celle contre le CPE en 2006 ou celle contre la réforme des retraites en 2010. Dans le premier cas, les jeunes de ces mêmes quartiers avaient tendance à s’affronter plus directement avec la police, faisant plus clairement la différence avec la violence en général. En 2010, des jeunes de certains lycées de Saint-Denis de leur côté avaient même participé de « l’interpro » de la ville, allant jusqu’à élaborer un bulletin lycéen.

Cette situation dégradée s’explique en grande mesure par l’absence (presque) totale des structures militantes de l’extrême-gauche et par la difficulté critique du mouvement ouvrier à se penser comme acteur politique central capable d’offrir des perspectives à ces secteurs populaires. Ces tendances sont renforcées par le poids des défaites, comme celle de 2010, et la déviation électorale de « l’hollandisme » et son rôle démobilisateur à travers son influence sur les bureaucraties syndicales. Ces éléments n’ont malheureusement pas pu pour l’instant, être dépassés.

Mais il ne faudrait pas voir cela comme une « fatalité ». Avec une intervention décidée des militants révolutionnaires dans ces luttes, telles qu’elles se développent, cherchant à se lier aux jeunes les plus conscients des enjeux, et en s’appuyant sur eux, il est possible d’apporter un contenu politique plus conscient, de classe, à ces explosions de la jeunesse des quartiers populaires.

Le principal secteur de travailleurs avec lequel les élèves sont en contact est celui des enseignants. Il est fondamental que leurs organisations syndicales expriment leur soutien aux revendications des jeunes. Les enseignants ont un rôle très important à jouer en accompagnant les lycéens dans leurs actions. C’est une méthode pour tenter d’empêcher la police de réprimer les jeunes et pour éviter de les laisser livrés à eux-mêmes

De plus, le soutien et la présence des parents d’élèves, ainsi que des organisations syndicales et politiques peut avoir un poids considérable dans l’organisation du mouvement, notamment en incitant les élèves à se joindre aux initiatives et mobilisations de masses.

La mobilisation qui a fait suite à la mort du jeune étudiant toulousain prend une autre ampleur. Quelques mois à peine après les manifestations pour la Palestine, on est face à la possibilité que les jeunes des quartiers et les militants du mouvement social se retrouvent ensemble dans la rue. C’est une combinaison explosive qui pourrait entrainer d’autres secteurs à la résistance contre la politique réactionnaire du gouvernement Hollande-Valls.

12/11/2014.


http://www.ccr4.org/Militarisation-de-S ... populaires
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Re: Mort de Rémi Fraisse, violence policière-violence d'Etat

Messagede Pïérô » 16 Nov 2014, 18:38



La violence s'est bien la police et l'Etat :


France. Comment le pouvoir a réécrit la mort de Rémi Fraisse
Après les révélations de Mediapart sur la mort de Rémi Fraisse, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve et le patron de la gendarmerie nationale Denis Favier ont mené une contre-offensive médiatique toute la journée de jeudi. L’objectif ? Masquer le fait que les autorités savaient dès la nuit du dimanche 26 octobre qu’une grenade offensive était à l’origine de la mort du jeune botaniste. Une question demeure : quel a été le rôle de Matignon ?
... http://www.mediapart.fr/journal/france/ ... mi-fraisse
en lecture en ligne ici : http://alencontre.org/europe/france/fra ... aisse.html


COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Réactions à la manifestation de certains probarrages à Albi

Ce samedi 15 novembre, des élus du Tarn, des agriculteurs tarnais rejoints par d’autres des départements voisins et de simples citoyens manifestaient à Albi. Ils répondaient à l’Appel lancé par Tarn Ruralité (qui regroupe notamment la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs), et relayé par le président de l’association des Maires et des Elus Locaux du TARN, en faveur du barrage de Sivens. Les manifestants se mobilisaient ainsi parce que « tout le processus démocratique a été respecté pour l’élaboration de la retenue de Sivens » et pour que « les personnes et les biens soient protégés par les autorités, contres les exactions régulièrement commises ».

Certes, le projet de barrage de Sivens a bien été voté par 43 conseillers généraux sur 46 et a été validé par la Préfète du Tarn. Mais le Collectif rappelle que ceux-ci se sont appuyés sur un rapport de la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG) en mars 2009 qui a surestimé les besoins en eau, probablement dans le but de justifier un barrage volumineux dont elle avait obtenu le marché l’année précédente. Les élus et la Préfète ont donc été manipulés par la CACG et ils viennent d’en prendre conscience à la lecture du rapport des experts envoyés par Ségolène Royal. C’est pour dénoncer les mensonges de la CACG que les élus et les agriculteurs devraient manifester car elle est responsable de cette crise. En cherchant à imposer un barrage surdimensionné, entrainant une instruction longue et compliquée, la CACG n’a fait que retarder des réponses adaptées aux difficultés d’accès à l’eau de certains agriculteurs du bassin du Tescou.

Il importe également de souligner que le processus de décision a été loin d’être démocratique comme le Collectif le rappelle avec de nombreux exemples sur son site web. Les citoyens membres de nos associations et syndicats devaient-ils laisser les élus réaliser un projet surdimensionné et « médiocre », très coûteux pour les finances publiques et détruisant un patrimoine naturel d’intérêt départemental ? Pouvait-on laisser le Conseil Général et la CACG récidiver leur passage en force comme avec le barrage de Fourogue pour lequel ils n’avaient pas respecté la décision de justice leur demandant de stopper les travaux ? Un ouvrage dont la justice a retiré le statut d’intérêt général et d’utilité publique et qui coûte pourtant cher aux contribuables depuis 17 ans !

Concernant les violences, le Collectif rappelle qu’il condamne fermement tous les actes de violence, physique et matérielle, d’où qu’ils viennent et appelle tous les acteurs (pouvoirs publics, opposants et partisans du barrage, riverains…) à l’apaisement. Mais aussi que les premières violences sont venues, le 23/01/14, d’un commando probarrage, certains membres étant cagoulés, saccageant avec barres de fers et marteaux la ferme occupée par des opposants non-violents au barrage de Sivens. Que les forces de l‘ordre ont ensuite, le 27/02/14, expulsé illégalement (selon la cour d’appel de Toulouse) et avec violence une dizaine d’occupants pacifistes. Malgré la violence subie, malgré le refus du dialogue des autorités, la majorité des opposants est restée non-violente et a payé le prix fort lors du passage en force du Conseil Général sur le terrain. De nombreux mensonges concernant les occupants sont heureusement désavoués par le travail des journalistes.

Comme de nombreux élus l’ont affirmé récemment, notre Collectif considère que le temps est venu de favoriser le dialogue entre les différentes parties au lieu de s’entêter à vouloir réaliser le barrage de Sivens par la force et en gaspillant l’argent public. Le Collectif salue à nouveau l’initiative de Ségolène Royal, visant à trouver des solutions consensuelles permettant d’assurer l’avenir de l’agriculture sur le bassin du Tescou notamment à travers des réelles mesures d‘atténuation et d’adaptation au changement climatique. Ces solutions doivent désormais respecter l’environnement et utiliser au mieux les fonds publics. Chacun doit donc concentrer son énergie dans cette direction et contribuer ainsi à un apaisement bienvenu sur le territoire.

http://www.collectif-testet.org/actuali ... 11-14.html

Les travaux sont suspendus, mais la répression continue… (Communiqué de la legal team)
https://tantquilyauradesbouilles.files. ... alteam.pdf

Barrage de Sivens, usine des 1000 vaches, aéroport de Notre dame des Landes … Des grands projets inutiles et mortifères (Communiqué de la Confédération Paysanne, 14 novembre 2014)
https://tantquilyauradesbouilles.files. ... vaches.pdf

À Sivens, les zadistes se préparent à affronter l’hiver
http://www.aparté.com/2014/11/sivens-les-zadistes-se-preparent-affronter-lhiver/

Appels à mouvements dans l'éducation, universités et lycées le 20 novembre, voir sur le forum en partie "Education, culture et recherche, santé et social" : viewforum.php?f=77
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Re: Mort de Rémi Fraisse, violence policière-violence d'Etat

Messagede sapho » 16 Nov 2014, 18:48

A FORCALQUIER 04 ( Place du Bourguet ) samedi 22 novembre 2014 à 11h

Assemblée populaire : un mort dans une manifestation, pour qui, pour quoi ?
Infos-Débats-Témoignages-Échanges

Venez nombreu.x.ses à cette assemblée ! Apportez votre pique-nique à partager !
En soutien au Testet et à toutes les ZAD !

http://04.demosphere.eu/rv/575
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Re: Mort de Rémi Fraisse, violence policière-violence d'Etat

Messagede Nico37 » 17 Nov 2014, 00:34

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Re: Mort de Rémi Fraisse, violence policière-violence d'Etat

Messagede Nico37 » 19 Nov 2014, 01:17

Assemblée populaire : un mort dans une manifestation, pour qui, pour quoi ? Infos-Débats-Témoignages-Échanges

Samedi 25 octobre, plusieurs milliers de personnes venues de toute la France, se sont rassemblées au Testet (Tarn) en opposition au projet de barrage et à la répression violente des opposant-e-s qui a lieu sur place depuis plusieurs mois. Des affrontements violents ont opposé une partie des militant-e-s aux gendarmes jusqu'à tard dans la nuit.

Flashball, lacrymos et grenades de désencerclement ont blessé plusieurs opposant-e-s aux abords du chantier.

Lors de ces affrontements Rémi, 21 ans, est décédé. Ce mort par les forces dites de l'ordre est le dernier en date d'une longue série. Il fait suite aussi aux nombreuses mutilations subies lors de différentes mobilisations les dernières années. Rien qu'à Nantes le 22 février, trois personnes ont perdu un œil par des tirs de flash ball.

Le mouvement existant contre les grands projets nuisibles imposés, cristallisé dans les ZAD, ces Zones à Défendre, se doit de répondre à cette situation.

Le collectif ZAD Partout-Idées fixes (sous-section Les Ami-e-s de Christophe) vous invite à venir vous informer et échanger sur ce sujet, et d'autres, samedi 22 novembre, place du Bourguet 04 Forcalquier autour d'un pique-nique de 11h00 à 15h00.

Plus d'infos sur : http://zad.nadir.org & http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com & http://mediaslibres.org

Venez nombreu.x.ses à cette assemblée ! Apportez votre pique-nique à partager ! En soutien au Testet et à toutes les ZAD !
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Re: Mort de Rémi Fraisse, violence policière-violence d'Etat

Messagede Nico37 » 20 Nov 2014, 00:01

Rassemblements à venir partout en France, manif du 22 novembre et autre :

Marseille : 20 novembre, cf affiche ci-dessous
Albi : vendredi 21 novembre 20h30 bar le Cosy, place Patus Crémat ; Café-débat au Cosy : Vivre avec les animaux ou nous en libérer ? Invitée : Jocelyne Porcher, éleveuse et chercheuse. Elle a écrit notamment Vivre avec les animaux. Une utopie pour le XXIe siècle (La découverte)
Millau : Manifestation-action contre les violences policières le vendredi 21. RV à 11h place du Mandarous (prévoir un pique-nique).
Foix : le 22 novembre 2014, 10h au jardin pour enfant, rassemblement contre les violences policières
Poitiers : samedi 22 novembre 2014 à 14 heures, place du Maréchal Leclerc ; Manifestation : Mort à Sivens, matraqué·e·s à Poitiers : Luttons contre les violences d’État !
Albi : samedi 22 novembre 14h, place du Vigan. Rassemblement contre les violences policières
Tours ; samedi 22 novembre , 15h, place Saint-Paul, au Sanitas ; manifestation bruyante le 22, journée de mobilisation nationale contre les violences policières
Forcalquier : assemblée populaire le 22/11, place du Bourguet 11h-15h !
St Etienne : Rv à 14h, place de l’Hotel de Ville.
Paris : Pique nique contre les violences le 22 novembre, place de la Réunion dans le 20ième.
Chalon sur Saône : le 22/11, rassemblement à 17h devant la Mairie.
Gap : le 22/11, RV à 11h, Esplanade de la paix. Appel.
Guéret : rassemblement le 22 place Bonnyaud. Affiche.
Nancy : Contre la répression et les violences policières, concert de la chorale des sans noms le 22 à 16h, place Maginot.
Béziers : pique nique allées Paul riquet à 12h, le 22/11
Nantes : 22/11, 14h sur le parvis du palais de l’INjustice. Tract.
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Re: Mort de Rémi Fraisse, violence policière-violence d'Etat

Messagede Nico37 » 23 Nov 2014, 19:50

Sèm de belugas dins lo calabrun ! (Nous sommes des étincelles dans le clair-obscur)

Dans la nuit d’un théâtre d’opération du maintien de l’ordre, Rémi est tombé. Son corps a été capturé, traîné par les gendarmes. Il fallait effacer cette trace par trop gênante, opacifier un peu plus l’atmosphère déjà saturée de gaz. Mentir, occulter, bluffer à propos de ce corps sans vie, c’est ce que n’ont eu de cesse de faire tous les échelons du pouvoir pendant les semaines qui ont suivi. L’oubli des meurtres policiers est une question de sûreté nationale. La contention des émotions qu’ils suscitent également.

Mais parfois, trop rarement, le voile d’amnésie est déchiré, la confusion devient subitement limpide. Ce fut le cas pour Bouna et Zyed en 2005, c’est également vrai depuis un mois à propos de Rémi. Des centaines de rassemblements et de manifestations, des blocages de commissariats, des A.G. dans les facs et les lycées, des péages gratuits... comme autant d’étincelles dans la nuit policière, de repères éblouissants jetés vers le futur. Témoignages d’une présence qui ne veut plus s’évanouir.

Un mois jour pour jour après sa mort, rendons une nouvelle fois hommage à notre camarade.

MERCREDI 26 NOVEMBRE MARCHE AUX FLAMBEAUX ALBI - 18H00 Cathédrale Sainte-Cécile
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Re: Mort de Rémi Fraisse, violence policière-violence d'Etat

Messagede Nico37 » 30 Nov 2014, 21:13

De Ferguson à Paris : Christiane Taubira, une indignation à géographie variable Chloé Fraisse, Amal Bentounsi, Farid El Yamni, Raymond Gurême

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a fait une sortie remarquée sur les réseaux sociaux, mardi 25 novembre, pour fustiger la décision, aux Etats-Unis, du grand jury populaire de ne pas poursuivre le policier blanc qui a tué Michael Brown, 18 ans, à Ferguson. Cette décision, qui a provoqué de nouvelles émeutes dans cette ville du Missouri, intervient après la mort d'un adolescent noir Tamir Rice, 12 ans, qui jouait avec un pistolet factice, dans un square de Cleveland. Cette indignation de la Garde des Sceaux, des proches de victimes de violences policières la partagent, dont Chloé Fraisse, la sœur de Rémi Fraisse, mais elle leur fait mal et s'en expliquent dans cette lettre ouverte publiée sur Saphirnews.

Madame la Ministre,

Lorsque nous avons appris la nouvelle de la mort d'un enfant de 12 ans, tué par la police américaine, comme vous, nous avons eu mal. Lorsque nous avons su que le policier qui a tué l'adolescent Mike Brown cet été ne serait même pas jugé, comme vous nous avons été abattus. Votre indignation, nous la partageons. Mais venant de vous, aujourd'hui, elle nous a surtout fait mal.

Mal, parce que vous savez, pour avoir pleuré avec nous, que nombreuses sont les familles de victimes de crimes policiers qui subissent des injustices et se battent chaque jour contre l'impunité policière en France.

Mal, parce que lorsque vous avez été nommée Garde des Sceaux grâce aux votes de ceux qui clamaient simplement la Justice, nous avons eu l'espoir de voir la fin d'un système qui offre unPermis de Tuer à ceux dont la mission est, en théorie, de nous protéger.

Mal, par ce que depuis que vous êtes Garde des Sceaux, vous vous êtes battue contre vents et marées pour des réformes qui vous tenaient à cœur, mais ceux à qui vous disiez de garder espoir et de se battre n'ont vu que plus de morts et d'injustices.

Mal, parce que si vous, Christiane Taubira, en êtes à déplorer les morts américains en fermant les yeux lorsque ceux qui tombent sont vos concitoyens, alors en qui pouvons-nous croire, pour prendre ses responsabilités face à la mensualisation de la mort par la police en France ?

Oui, l'impunité policière tue les Noirs, jeunes et moins jeunes, sur le territoire américain. Mais elle tue aussi les Noirs, les Arabes, les Rroms, les jeunes de quartiers, et récemment un simple manifestant écologiste, sur le territoire français. Aucune personnalité politique n'a eu le courage de le dénoncer. Or, rien ne justifie ces morts. Rien ne justifie le silence et l'inaction politiques face à ces morts.

Lors des dix ans de la première loi Taubira, vous mettiez votre auditoire : « La République française a construit sa réputation sur des valeurs. Mais elle ruse avec ses valeurs. Il faut se battre pour l'empêcher de ruser ! »

Madame la Ministre, nous nous battons, toujours et encore, contre les ruses de la République. Aujourd'hui, vous êtes au pouvoir, mais la ruse n'a pas cessé. Que devons-nous, désormais, penser ?

****
Chloé Fraisse est la sœur de Rémi Fraisse, mort le 26 octobre 2014, suite au lancer d’une grenade offensive par un gendarme, Amal Bentounsi, sœur de Amine Bentounsi mort d'une balle dans le dos le 21 avril 2012 et
Farid El Yamni, frère de Wissam El Yamni, mort le 1er janvier 2012 de suite de violences portées par 25 policiers
sont co-auteurs de Permis de tuer (éd. Syllepse, 2014).
Raymond Gurême, 89 ans, rescapé des camps de la mort, a porté plainte pour violences policières survenus à son domicile en septembre 2014.
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Re: Mort de Rémi Fraisse, violence policière-violence d'Etat

Messagede Nico37 » 10 Déc 2014, 03:14

La gendarmerie s’appuie sur la fachosphère David Perrotin 04/12

Après la mort de Rémi Fraisse, tué le 26 octobre par une grenade offensive alors qu’il manifestait contre le barrage de Sivens, l’enquête officielle était très attendue. Elle se révèle un peu bancale.

L’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) a conclu mardi, après un mois d’investigations, que les gendarmes n’avaient commis « aucune faute professionnelle ».

La source gênante du rapport de l’IGGN

Sauf que si le rapport est très détaillé et régulièrement sourcé, il peine parfois à convaincre. Soit parce que les inspecteurs établissent des conclusions étonnantes à partir de vidéos postées sur Internet (comme l’a relevé le site Numerama). Soit parce qu’ils s’appuient sur des sources très contestables.

Comme l’a remarqué sur Twitter un collaborateur du groupe EELV à l’Assemblée, Pierre Januel, les enquêteurs ont par exemple utilisé une référence plutôt gênante pour une enquête officielle commandée par l’Intérieur.

« Des journalistes très souvent pris à partie »

A la page 6 du rapport [PDF], l’IGGN veut démontrer la « radicalisation progressive des opposants à la retenue d’eau [au barrage de Sivens] », et détaille la stratégie médiatique des activistes. Le rapport conclut :

« Au cours des affrontements les plus violents de fin août, septembre et fin octobre, les journalistes sont contraints pour leur sécurité de rester au sein du dispositif des forces de l’ordre et sont très souvent pris à partie verbalement, en particulier par des activistes cagoulés qui ne veulent pas être filmés.

Après le décès de Rémi Fraisse, les médias classiques ne sont en possession que des seules images émanant des opposants au projet de retenue d’eau. »

Pour justifier ces remarques, le rapport mentionne en bas de page sa source qui n’est autre que TV Libertés, une chaîne d’info sur le Web proche de la « fachosphère ».

La note précise :

« Dans une interview filmée par Liberté TV et insérée sur Youtube le 14 novembre 2014, le journaliste Pierre-Alexandre Bouclay indique avoir réalisé un reportage en infiltration pour contourner les obligations imposées par les zadistes, à savoir de séjourner au plus 2 heures par jour sur le site, de porter un brassard pour être identifié, de ne pas parler aux opposants sans autorisation et de visiter uniquement sous leur contrôle, avec des consignes indiquant ce qui doit être filmé.

Il a observé des confrères journalistes se faire expulser sans ménagement de la ZAD. Il met en évidence deux techniques des opposants : mettre devant le fait accompli les autorités et considérer comme légitimes toutes les violences commises par les zadistes ».

Un identitaire à la tête de TV Libertés

TV Libertés est une chaîne seulement accessible sur le Web et clairement portée sur les thèmes de l’extrême droite. Aux commandes de TV Libertés, on trouve Philippe Milliau (Réseau Identités) et Martial Bild (ancien dirigeant du Front national, cofondateur du Parti de la France). Le présentateur Jean-Yves Le Gallou est un ancien cadre du FN, connu pour avoir théorisé le concept de la « préférence nationale ».

En citant cette télévision, l’inspection veut mettre en avant l’interview du journaliste Pierre-Alexandre Bouclay. Mais elle omet d’indiquer qu’avant de travailler pour l’hebdomadaire Valeurs actuelles (il est l’auteur du dossier nauséabond intitulé « Roms l’overdose »), cet « infiltré de la ZAD » était, selon PressNews, le rédacteur en chef du journal d’extrême droite Minute.

Des conclusions du rapport contestées

Au-delà du choix très particulier de ces références, les conclusions du rapport sont également discutables. Dans ce même paragraphe de la page 6, l’IGGN écrit :

« Un journaliste de BFMTV est molesté, des journalistes de France 3 subissent des violences physiques et la dégradation de leur véhicule. Seule une journaliste de M6 ose porter plainte pour la dégradation de sa voiture le 8 octobre. »

Si France 3 nous confirme des agressions, la chaîne nous précise n’avoir jamais été empêchée de tourner des images dans la ZAD. Nous n’avons pas réussi à joindre M6. Contactée par Rue89, la journaliste de BFMTV Amélie Pateyron, qui a monté de nombreux sujets à Sivens, nous déclare :

« Je suis arrivée à Sivens le 27 octobre et je suis restée une semaine. Nous avons parfois reçu des insultes mais comme dans de nombreuses autres manifestations.

En revanche, je n’ai pas connaissance d’’un journaliste de BFMTV molesté. Et je pense que si cela avait été le cas, nous aurions été avertis. »

Une autre journaliste sur cette même chaîne confirme :

« Nous n’avons jamais été agressés par les manifestants et nous n’avons jamais été empêchés de tourner des images après la mort de Rémi Fraisse. Oui, ils étaient très vigilants et encadraient nos déplacements mais c’est tout. »

Déplacements encadrés certes, plus ou moins selon les médias, mais tout de même beaucoup d’images tournées par les journalistes eux-mêmes, à commencer par celles que nous avons mises en ligne.

« Pour la presse, pas d’explication de texte »

Alors comment expliquer que l’IGGN s’appuie seulement sur les dires de TV Libertés pour dénoncer la « stratégie médiatique des zadistes » ? Joints par Rue89, les inspecteurs refusent de s’expliquer :

« Nous ne répondrons à aucune de vos questions. Le rapport est public, mais avant tout destiné aux parlementaires. Pour la presse, nous ne faisons pas d’explication de texte. »

Nous n’en saurons pas davantage du côté du ministère de l’Intérieur : le cabinet de Bernard Cazeneuve préfère également garder le silence.
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