Attentats et « état d’urgence »

Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede luco » 20 Nov 2015, 22:15

Comment discuter sérieusement avec des "révolutionnaires" qui nous demandent de soutenir la lutte armée en Syrie (by any means necessary) et qui couinent dès qu'il y a quelques mesures de défense en France ?

Ca pourrait rappeler les munichois qui face à la montée du nazisme continuaient à voter contre les crédits de guerre...

Ulltra gauchisme ultra logique, jamais pris pris en défaut de justesse idéologique... mais à côté de ses pompes à longueur de journée.

Surtout après avoir manifesté activement aux côtés du PIR et autres Ramadan il y a à peine 2 semaines.
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Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede Berckman » 20 Nov 2015, 22:38

Comment discuter sérieusement avec des "révolutionnaires" qui nous demandent de soutenir la lutte armée en Syrie (by any means necessary) et qui couinent dès qu'il y a quelques mesures de défense en France ?

Donc interdiction de manifs (contre les violences faites aux femmes, pour la solidarité avec les migrantEs)= mesure de défense ?
Etonnement la fête du beaujolais nouveau, qui rameute certainement plus de monde que ces manifs, n'a, elle, pas été interdite... Tout va bien, hein :)
C'est beau la confiance "révolutionnaire"(sic) en l'Etat... Le même dont le ministre des affaires étrangères (Fabius) disait il y a quelques mois 'qu'Al Nosra fait du bon boulot'... Qui continue à faire des affaires avec L'Arabie Saoudite, la Turquie est le Qatar... C'est ça être Munichois mon gars...
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Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede Béatrice » 21 Nov 2015, 00:03

Berckman a écrit:Donc interdiction de manifs (contre les violences faites aux femmes, pour la solidarité avec les migrantEs)= mesure de défense ?
Etonnement la fête du beaujolais nouveau, qui rameute certainement plus de monde que ces manifs, n'a, elle, pas été interdite... Tout va bien, hein :)


Cela va au-delà des interdictions de rassemblements/manifestations :

-perquisitions administratives sur simple "présomption" ( de quoi ? ) dont le champ d'investigation pourra être étendu...

Les perquisitions administratives préfigurent un « État policier »

Des affaires de droit commun noyées dans le rouleau compresseur de l’état d’urgence, c’est ce que craignent les professionnels de la justice. « Ce serait comme si le Code de procédure pénale était bon à jeter à la poubelle, nous entrerions dans un État policier, s’inquiète Florian Borg, président du Syndicat des avocats de France. Il est important qu’un juge anti-terroriste soit saisi pour garantir l’application de la procédure. »

http://www.politis.fr/Les-perquisitions ... 33035.html

-Assignations à résidence :

Le projet de loi présenté par Manuel Valls prévoit notamment d’élargir le champ des motifs d’assignation à résidence prévus à l’article 4. Celle-ci pouvait être imposée à « [toute personne] dont l’activité s’avère dangereuse pour la sécurité et l’ordre publics », désormais pourront être assigné à résidence « [toute personne] à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre public ».

http://www.politis.fr/Manuel-Valls-rede ... 33082.html

C'est le flou total et très inquiétant pour le devenir des libertés individuelles et collectives dans la mesure où dans le cadre de la loi, "l'état d'urgence" est prorogé pour une durée de trois mois, voire au-delà ?

Etat d’urgence : Valls admet ne pas respecter la Constitution

http://www.politis.fr/Etat-d-urgence-Va ... 33107.html
Modifié en dernier par Béatrice le 21 Nov 2015, 00:13, modifié 1 fois.
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Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede luco » 21 Nov 2015, 00:10

Ouais.

Je comprends surtout de plus en plus pourquoi la fête du Beaujolais nouveau attire plus de monde que la révolution version CGA et compagnie.

Et au fond, on finit par se demander si l'univers mental du gauchiste de base n'est pas plus proche de celui du complotiste à la Soral que du révolutionnaire communard.

Allez, dis-le : Hollande profite des attentats de daech pour désamorcer le terrible mouvement social qui grondait et qui était sur le point d'engloutir Macron, l'Europe, le capitalisme mondial !

Wow ! Empêcher les anti-COP 21 de nuire ! Contrer le tsunami syndical en cours ! Barrer la route aux anti-marche de la Dignité ! Tuer dans l'oeuf l'opposition titanesque à la réforme du collège. Endiguer le flot des brigades internationalistes pour le Rojava !

:baille:

Dommage que j'aime pas le pinard, j'en aurais bien repris un tonneau...
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Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede Pïérô » 21 Nov 2015, 00:29

Justement, monsieur le rangé républicain pro-unité nationale et collabo de classes, vraisemblablement complètement aigri, qui se cantonne dans de la basse provo aussi gratuite qu'improductive.

Rassemblement commémoratif contre les attentats = bon
Rassemblement bienvenue aux migrants qui fuient le même problème = pas bon

Fête du beaujolais nouveau et du Touraine primeur = bon
Manifestation contre les violences faites aux femmes = pas bon

Grand messe COP 21 en mise en scène sans résultats = bon
Marches et rassemblements pour dire qu'il faut penser la planète autrement = pas bon

etc...

C'est vraiment tellement gros que s'en est indécent.

Alors, monsieur le pourfendeur de "gauchistes", je veux bien accepter l'appellation, visiblement pas très contrôlée, s'il s'agit de résister à l'ordre établi, et cette forme de terreur d'Etat qui se tourne contre les mouvements sociaux, car il s'agit bien, et c'est manifeste, de cela, et qu'il s'agit bien d'une paix sociale forcée.

Encore une fois, à part le fait de se demander pourquoi tu erres ici en si mauvaise compagnie, l'enjeu est bien de ne pas finir couché-es pendant un bon moment, et de relever la tête pour continuer à porter les/le combat.
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Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede Berckman » 21 Nov 2015, 00:39

Bah, réfugies toi dans l'ironie si tu veux, Luco... :roll: Ca évite de répondre aux arguments...
Tu as raison, tout va bien, circulez, y a rien à dire. Ne vous inquiétez pas, le gouvernement s'occupe de tout, hein...
Sinon, les contrats avec l'Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar ? L'alliance avec Poutine ? La volonté de reprendre contact formel avec les tortionnaires de Bachar... Rien à dire ?
On nous concocte un "Patriot Act" à la Française, mais faut pas s'offusquer, hein, c'est des "mesures de défense"...
Le problème c'est "le gauchiste"(sic) et son univers mental...
:violon:
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Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede luco » 21 Nov 2015, 10:01

L'ironie ça peut parfois servir à éviter de ronronner des énormités.

Comme par exemple quand le camarade Piero, tout à sa démonstration, arrive quand même à écrire sans trembler :

"... cette forme de terreur d'Etat..." :o

Mazette ! Ca y est on y est. C'est la Terreur !

Il faut être sacrément oublieux de ce qu'ont été par le passé les véritables périodes de terreur pour oser écrire ça.
Et à la limite de l'indécence quand on pense à ceux qui en ce moment même endurent une vraie terreur d'état ou de milices incontrôlées quelconques.

Quant à "l'unité nationale" (au sein des peuples, pas avec les gouvernements. je n'ai jamais dit une chose pareille), oui il y a des moments, où elle peut accoucher bizarrement de choses plus intéressantes que le dissensus marginal radical systématique (on peut penser aux prémisses de la Commune, à la résistance...). Je pense que la violence intégriste religieuse va peut-être avoir le résultat inverse de celui escompté par les lâches qui tuent des fillettes de 4 ans à bout portant : créer une cohésion citoyenne au-delà des "origines", religions, etc. On verra.

Après je comprends bien le procédé : dire qu'on vit sous la Terreur, permet de passer pour des Résistants voire des héros à assez bon compte.

Les jeunes indigènes en 4ème année de sociologie résistent à la botte coloniale française et au néo-esclavagisme (avec les bourses républicaines et la discrimination positive à Science-Po).
AL et le NPA résistent à la Terreur d'Etat (avec les subsides du système électoral française pour le NPA et en passant sur les plateaux télés).

Oui, un peu de distance ironique devrait permettre à certain d'affiner leurs positions.

Pourquoi je traîne ici "en mauvaise compagnie" ? D'abord je n'y traîne pas beaucoup, ensuite quand on voit que les libertaires font de Camus un des leurs (avec les positions souvent très très modérées qu'il prenait), je ne vois pas bien ce qui me "sortirait" moi de la mouvance dans laquelle j'ai appartenu si longtemps.

Vive la République et vive la F.... heu, et vive le rock'n'roll !
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Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede digger » 21 Nov 2015, 10:49

Comment discuter sérieusement avec des "révolutionnaires" qui nous demandent de soutenir la lutte armée en Syrie (by any means necessary) et qui couinent dès qu'il y a quelques mesures de défense en France ?


Parce que l'instauration de l'état d'urgence n'est pas "quelques mesures de défense" mais laisse toute latitude à un gouvernement de suspendre toutes les libertés individuelles et collectives. (liberté de circulation, de rassemblement, etc..)
Et, comme le dit Piero, le tri entre manifestations autorisées et interdites est caricatural. (alors qu'il est manifeste qu'il fallait interdire la fête du Beaujolais nouveau qui est au vin ce que Macron est au socialisme, mais c'est une autre histoire)

Il ne s'agit pas, dans ce cas concret, d'une posture idéologique "gauchiste". (Il faudrait ici redéfinir certains concepts, comme "idéologie" et "gauchiste".) J'ai lu quelques prises de positions s'inquiétant de ces mesures venant de personnes qu'on ne peut pas suspecter de "gauchisme", (Le communiqué de presse du syndicat de la magistrature http://www.syndicat-magistrature.org/Vendredi-soir-des-attentats.html ou une américaine Judith Butler qui faisait le parallèle avec Bush et le Patriot Act. Une liberté attaquée par l’ennemi et restreinte par l’Etat http://www.liberation.fr/france/2015/11/19/une-liberte-attaquee-par-l-ennemi-et-restreinte-par-l-etat_1414769

Je ne crois pas qu'on puisse parler de "théorie du complot" lorsqu'on pense qu'un état, représenté ici par le gouvernement et la "représentation nationale", utilise la peur (qu'elle prétend vouloir combattre) pour faire taire toutes les voix dissidentes, "gauchistes" ou non.

En assénant son message de propagande (L'état veille sur vous), en (ré)suscitant les vieilles peurs et les vieux réflexes, le pouvoir évite les vraies questions, où la vraie question, de la responsabilité des pouvoirs dans ce merdier, qui, comme tous les autres merdiers (sociaux, économiques...) ne vient pas de nulle part, mais n'est qu'une conséquence relativement logique, d'une gouvernance
(mondiale) déconnectée des intérêts individuels et ceux des peuples.

La difficulté, la mienne en tout cas, est une analyse cohérente entre le court terme - l'éradication de l'EI et des autres formes de terrorisme pseudo religieux) et le long terme (dont nous partageons sans doute les grands principes, l'éradication du capitalisme et des formes institutionnelles et individuelles d'oppression).

Présenter ces principes comme solution immédiate me semble malhonnête, mais il ne m'apparaît pas incohérent de demander la mise en œuvre de moyens que seuls, malheureusement, aujourd'hui des états possèdent pour éradiquer l'EI et consorts et d'accuser ces mêmes états de la responsabilité de la situation actuelle. La seule éradication de l'EI ne serait qu'une infime partie de la solution d'un problème global qui resterait entier et qui resurgira perpétuellement sous des formes diverses.
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Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede Berckman » 21 Nov 2015, 12:23

L'ironie ça peut parfois servir à éviter de ronronner des énormités.

Comme par exemple quand le camarade Piero, tout à sa démonstration, arrive quand même à écrire sans trembler :

"... cette forme de terreur d'Etat..." :o

Pour l'instant tu bottes toujours en touche, pour ne surtout par répondre aux arguments soulevés. Je ne partage pas l'appréciation de Piero, donc je sais bien qu'il est important pour ta construction imaginaire d'un camp "islamo-gauchiste" fantasmé (les traitres à la nation et à "l'unité nationale") de considérer que toutes celles et tous ceux qui dénoncent l'Etat d'urgence et la responsabilité de l'Etat dans la situation partagent nécessairement toutes leurs appréciation de la situation, mais perso je ne suis responsable que de mes paroles (ou de celles de mon organisations quand je les partage, ce qui n'est pas toujours le cas).

Bon sinon, en allant sur le site du ministère des affaires étrangères français, on apprend des choses inéressantes à propos des relations commerciale avec l'arabie saoudite, l'un des principaux soutiens idéologiques et financier du fascisme religieux takfiri. Mais chut, faut pas en parler... Ca placerait sous un jour bien différent les responsabilité de l'Etat dans les derniers massacres... Cet état qui prétend "assurer notre sécurité face au terrorisme" en attaquant les libertés publiques par l'etat d'urgence

Relations politiques

Les relations politiques sont étroites et denses.
Le Premier ministre s’est rendu à Riyad le 13 octobre dernier. Cette visite a été l’occasion de confirmer la force du partenariat franco-saoudien ainsi que la convergence de vues entre nos deux pays sur les principaux dossiers régionaux. La 2ème Commission mixte franco-saoudienne, co-présidée par le Ministre et le prince Mohamed bin Salman, ministre de la Défense et chef du pôle économique saoudien, a débouché sur la signature de contrats pour un montant de près de 10 Mds d’euro (dont 3 Mds dans l’immédiat), en particulier dans les domaines militaire, financier et de l’agroalimentaire.

Le Président de la République s’est rendu à Riyad les 4 et 5 mai. A cette occasion, il s’est entretenu avec le Roi Salman et a été invité d’honneur au Sommet des Chefs d’Etat du CCEAG. Cette visite s’est déroulée dans une atmosphère de confiance et de volonté de renforcement de la coopération bilatérale. L’Arabie saoudite s’est proposée d’effectuer des investissements importants en France dans les mois à venir.

Le vice-Prince héritier, Mohamed bin Salman, a effectué une visite à Paris le 24 juin pour co-présider avec le Ministre la première réunion de la commission conjointe franco-saoudienne et signer des accords dans de nombreux domaines de coopération. Le Ministre s’est rendu en visite à Riyad le 12 avril dernier.

Le ministre du Commerce et de l’industrie, M. Al Rabiah, s’est entretenu avec le Ministre et M. Macron le 23 octobre 2014. Le prince Salman Ben Abdulaziz, Prince héritier et ministre de la Défense d’Arabie saoudite, a effectué une visite officielle à Paris du 1er au 4 septembre. Le Prince Mohamed bin Nayef, ministre de l’Intérieur, a été reçu par le Président de la République le 28 mai 2013. Le ministre des Affaires étrangères, Adel Al Jubair, s’entretient régulièrement avec son homologue, M. Fabius. Le prince Mitaeb bin Abdallah, chef de la garde nationale, a été reçu par le Président de la République lors d’une visite en France en juin 2012.
Relations économiques

Sur le plan économique, l’Arabie est notre premier partenaire commercial dans le Golfe et le deuxième au Moyen-Orient (9,4 Mds € en 2013). Le Royaume constitue un marché porteur pour nos entreprises dans la plupart des secteurs. Elles y ont exporté 3,4 Mds € en 2013, ce qui place notre pays au 7e rang des fournisseurs. Notre solde commercial est cependant négatif et s’établit à -2,6 Mds € en 2013 : depuis 2011, les tensions politiques dans la région ont tiré à la hausse le montant de nos importations (pétrole brut) avec un effet « prix », puis un effet « volume », pour compenser l’interruption des livraisons libyennes et iraniennes et la lente remontée en puissance des exportations irakiennes.

Pour la France, au-delà des opportunités dans le secteur pétrolier et parapétrolier, les principales perspectives se situent dans les secteurs des transports ferroviaires urbains et à grande vitesse, le nucléaire civil et la défense (premier client de la France dans ce secteur et l’un des principaux acheteurs mondiaux d’armement). Par ailleurs, de nombreux secteurs peuvent intéresser les PME, tout particulièrement les biens de consommation (luxe, cosmétiques), l’agro-alimentaire et les équipements de télécommunication. A ce stade cependant, les relations économiques franco-saoudiennes sont ainsi davantage marquées par l’importance de nos investissements (la France est le 3e investisseur étranger en Arabie saoudite après les Etats-Unis et le Koweït avec un stock estimé à 15,3 Md USD) que de nos échanges.
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Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede Pïérô » 21 Nov 2015, 16:01

Je parle aussi en mon seul nom ici. Je ne vois pas en quoi le terme de terreur d'Etat froisse ? Il y en a qui laisseraient entendre qu'on est vraiment en démocratie, alors qu'il ne s'agit que d'un régime de dictature de classe ? Et je ne vois pas comment on peut nier qu'il y a bien une grossière manœuvre pour gagner la paix sociale et conforter l'idéologie dominante sous l'étiquette d'unité nationale, une étiquette qui renforce la dictature de classe. Il ne s'agit donc pas de "couiner" comme le dit luco, mais de dénoncer, et d'éclairer.


Vivre sous l’état d’urgence
Depuis une semaine et pour plusieurs mois, nous vivons sous état d’urgence. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
Récit de la séquence politique de cette semaine qui a vu l’état d’urgence promulgué, modifié, prolongé pour trois mois et quelques-unes des conséquences de ce nouveau régime politique.
... https://paris-luttes.info/vivre-sous-l- ... gence-4218


Intéressant, et parlant dans ce contexte, par Alain Bihr, et en date d'avant les attentats du 13 novembre :

«Le fascisme n’est pas le seul régime d’état d’exception auquel un capitalisme en crise puisse donner naissance»

Le capitalisme n’est aujourd’hui toujours pas sorti de la crise structurelle dans laquelle il est entré au milieu des années 1970, ce qui en fait d’ores et déjà la crise la plus longue de son histoire pluriséculaire. La mise en œuvre méthodique par la grande majorité des Etats (notamment des Etats centraux) tout comme par les instances de gouvernance supranationales (FMI, OMC, Banque mondiale, Union européenne, etc.) des politiques néolibérales a certes permis à partir des années 1980 de redresser significativement la profitabilité du capital, au moins au sein des grands groupes industrialo-financiers opérant sur le marché mondial. Mais elles ont ainsi instauré un régime d’accumulation à dominante financière et à faible régulation fondamentalement instable, la poursuite de l’accumulation venant périodiquement se heurter à l’insuffisance de la demande finale (du fait en dernière instance de la croissance insuffisante, de la stagnation voire de la régression des salaires réels).

Du coup, elles ont aussi donné naissance à des emballements non moins périodiques de la spéculation (au gonflement du capital fictif venant relayer la croissance poussive du capital réel), soit à la constitution de bulles éclatant en de retentissants krachs – la crise dite des prêts subprime (2007-2009) n’étant que le dernier épisode en date de ce processus. A chaque fois, le sauvetage de la partie du capital financier ainsi failli se fait au détriment des finances publiques (dont la situation en conséquence s’est dramatiquement aggravée) et du capital industriel et commercial, conduisant à de nouvelles vagues de licenciement, de nouvelles agressions contre le salariat (niveau des salaires directs et indirects, conditions d’emploi, conditions de travail). Et les effets de l’austérité budgétaire se conjuguant du coup à ceux de l’austérité salariale pour aggraver la crise chronique due à l’insuffisance de la demande finale, ce parfait cercle vicieux prépare en conséquence de futurs épisodes de crise budgétaire et financière et accroît la nécessité pour le capital (entreprises et gouvernants) de s’en prendre encore plus durement aux salariés et, plus largement, aux couches populaires, en dégradant davantage encore leurs conditions d’existence et en réprimant plus durement toute résistance de leur part1.

Dès lors, il n’est certes pas absurde de soulever la question de l’avènement d’Etats d’exception en Europe à court ou moyen terme. Entendons par là des régimes de l’Etat capitaliste qui, tout en maintenant toute la structure juridique nécessaire au procès de reproduction du capital (notamment la garantie de la propriété privée, les contraintes d’exécution de leurs obligations contractuelles par les agents économiques et sociaux, l’arbitrage des conflits entre sujets de droit, la répression des infractions à l’ordre juridique), limitent drastiquement voire annulent complètement les éléments de cette structure qui garantissent les libertés publiques (liberté d’information et d’expression, de circulation et de réunion, d’association et de manifestation, etc.) ainsi que les formes de la démocratie représentative (parlementaire) qui les prolongent et les institutionnalisent, définissant le cadre de ce que l’on nomme ordinairement l’Etat de droit.

... http://alencontre.org/societe/le-fascis ... sance.html
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Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede fabou » 21 Nov 2015, 16:09

Attaques du 13 novembre 2015


La CNT-Solidarité Ouvrière tient, en ces jours tragiques, à faire part aux personnes touchées par les attaques du 13 novembre 2015 de sa sincère solidarité.

Face à ces actes monstrueux qui cherchent à semer la terreur, chacun-e se sent atteint-e et stupéfait-e.
Dans ce contexte dramatique, nous ne céderons pas aux menaces, d’où qu’elles viennent.

Il faut d’abord condamner l’obscurantisme religieux, le fanatisme qui tue et asservit, qui nie l’égalité entre hommes et femmes, qui reconduit une logique de domination, pilier de toutes les injustices. A ce titre, notre soutien se porte aussi vers nos camarades des mouvements ouvriers et révolutionnaires qui les combattent au quotidien au nom des valeurs d’émancipation, de la Tunisie au Kurdistan.

Nous devons également lutter contre le discours, toujours plus irresponsable, de l’extrême droite ou de ceux qui s’en inspirent. Dans ce contexte et la panique qu’il génère, il faut refuser d’alimenter la peur et les amalgames, la stigmatisation des personnes d’origine étrangère, des musulmans ou encore des réfugiés, alors même qu’ils fuient justement la barbarie afin de trouver l’hospitalité et le respect de leurs droits élémentaires.

Or, toute violence a des racines, un terreau qu’il faut interroger, sans s’en remettre aveuglément aux solutions proposées par nos gouvernants. L’Etat français, depuis de nombreuses années, a sa part de responsabilité dans les déséquilibres meurtriers au Maghreb, au Proche et Moyen-Orient. De plus, les interventions militaires en Afghanistan, en Irak, aujourd’hui en Syrie déstabilisent les sociétés civiles durablement et créent les terreaux propices à la radicalisation extrémiste. Dans ce grand jeu de monopoly guerrier et impérialiste entre Etats, occidentaux ou non, les peuples sont toujours les victimes. Si, en tant que syndicalistes, nous sommes le camp du Travail, nous sommes aussi le camp de la Paix entre les peuples. Nous dénonçons donc tous les actes terroristes, y compris le terrorisme d’État.

L’inquiétude ressentie, dans le contexte actuel, par beaucoup de travailleurs de notre pays ne doit pas supprimer notre vigilance face à des lois sécuritaires qui non seulement menacent les libertés mais sont suceptibles de renforcer un ordre capitaliste inique, muselant davantage l’expression des mouvements sociaux et des luttes. Au moment même où sont partout rappellées les valeurs de liberté et d’égalité, liées à une histoire révolutionnaire et de conflits sociaux, nous ne dissocions pas le combat de classe contre toutes les exploitations, pour l’égalité économique et sociale, l’auto-organisation et la démocratie à la base, du recul de la barbarie.

L’unité des travailleurs est plus que jamais une nécessité. Dans la mesure de nos moyens, notre organisation syndicale entend continuer à mettre en œuvre cette solidarité et à exercer sa vigilance critique, tant sur nos lieux de travail qu’au travers d’une coordination avec les autres composantes du mouvement social et syndical, sur le plan national et international.

CNT-Solidarité Ouvrière


-> http://www.cnt-so.org/Attaques-du-13-novembre-2015
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Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede luco » 21 Nov 2015, 19:26

Je ne vois pas en quoi le terme de terreur d'Etat froisse ? Il y en a qui laisseraient entendre qu'on est vraiment en démocratie, alors qu'il ne s'agit que d'un régime de dictature de classe ?


Le terme Terreur d'Etat ne froisse personne. Il est juste à côté de la plaque.

Quand on veut faire du marxisme, on le fait jusqu'au bout.

Marx a dit une chose tout à fait différente de ce que tu avances. Il a dit que la démocratie parlementaire était la forme politique de la dictature économique de la classe bourgeoise.

Tous les mots comptent.

Si la démocratie est la forme "habituelle" de la dictature de classe du Capital ALORS ce n'est précisément pas la Terreur d'Etat. CQFD.

Et dire qu'on est en démocratie parlementaire, qu'on n'est pas sous un régime de terreur, ne signifie pas non plus qu'on soit en "démocratie" parfaite, ni sociale, ni socialiste, ni directe, ni participative...

Personne n'a jamais avancé ça. Pas moi en tous cas.
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Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede Pïérô » 21 Nov 2015, 21:40

Il y a pourtant un accroc actuellement dans la présentation, représentation, de la “démocratie”, et pas un petit. La dictature de classe n’a pas besoin de la terreur si la classe dominante ne se sent pas menacée, et si les exploité-es participent à la mise en scène. Si elle se sent menacée à différents endroits, et pas forcément menacée en tant que classe dominante d'ailleurs, cette dictature de classe peut prendre différents visages, même sous couverture de pseudo démocratie. Là le visage prend encore une autre forme en se renforçant du côté sombre.

Les exploité-es n’ont rien à attendre des partis bourgeois et des organisations qui participent à la mise en scène, et de l'extrême gauche notamment et ce que j’appelle la social-démocratie radicale (NPA...). Les élections régionales se profilent, avec derrière une élection présidentielle qui risque d’être complètement vide d'enjeux tellement la différence entre droite et gauche s’est estompée. On se bataille à coup de sécuritaire, mais rien sur les enjeux réel de société. Même EELV, PG et PCF (on pourrait dire un peu menottés parce que dépendants d'un système électoral déséquilibré pour leur fonctionnement en terme rien que financier et qui force toujours à une forme de soumission, mais qui de fait et de mon point de vue ne sont rien de toute manière sur le plan de l'alternative anticapitaliste) sont tellement compromis qu’il n’y a pas vraiment d’alternative dans cette mare boueuse, et c’est bien pourquoi tout le monde à voté “l’état d’urgence” avec la panoplie que je nomme terreur d’Etat. Faire taire les luttes et l’expression, même minoritaire, mais pas que d'ailleurs au regard de ce qui se profilait en mobilisation autour de la COP 21 par exemple, de ce qui pourrait être considéré comme une forme d’autonomie qui dérange, participe pour le pouvoir de conforter la mise en scène de la république, un(i)e et indivisible..., ou de l’intérêt d’une grande partie de la bourgeoisie qui ne veut pas (pour le moment) du FN au pouvoir, mais qui dans les faits tient à à ce que les boulons soient resserrés, et depuis déjà un moment pour écraser la contestation et continuer tranquillement à renforcer l'exploitation au profit d'une minotrité.

Sur la question des réfugiés et migrants, c'est aussi après une grande messe humanitaire la possibilité de fermer les frontières, et refermer la page, pour ne pas à avoir à dire "qu'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde", qu'on a contribué à créer. Bref, en tout cas sur ces deux plans, avec la grand messe de la COP 21, il est clair que ça arrange bien.

Marx, de son temps, et qui n'était pas un prophète malgré la prétention à pondre une forme de lecture déterministe que l'Histoire à en partie balayée, n’a pas pu entrevoir complètement quels visages pouvait prendre cette dictature de classe, et par exemple en Italie, Allemagne et Espagne, sans parler de ce qui s’est passé dans les pays dits faussement “communistes” en avènement du capitalisme d’Etat. Il ne s’agit pas évidemment de cela actuellement puisque qu’on est en crédo libéral + matraque, qui n’est pas non plus un scénario nouveau dans l’Histoire. Par contre ce qui est plus récent du côté capitaliste "libéral" de la force, c'est cette toile qui fagocite l'information et cette prégnance de l'idéologie dominante, on va dire de plus en plus forcée.

J’ai dit que je parlais en mon nom, mais je ne vois pas pourquoi le préciser car il me semble que la lecture des messages et pour exemple les critiques que je peux exprimer sur l’organisation dans laquelle je suis actuellement, et qui n’est pas non plus une Eglise, ne laisse aucun doute.
Je ne m’aventure pas dans une leçon de marxisme, je n’ai pas présenté mon intervention comme telle, et je ne suis pas de cette Eglise non plus. je pense que Marx a participé autant à éclairer sur certains points, notamment de l'économie qu'il s'est fourvoyé sur le plan politique, et qu'il a participé a envoyer une grande partie du mouvement ouvrier sur une voie qui n'a rien à voir avec le communisme. je dis ce que je pense, et je ne porte pas ça comme parole d’évangile, et un espace forum permet justement de débattre.

Tu joues, luco, avec les mots et des bouts de messages, comme ça t’arrange.
Rien sur la problématique de “l’unité nationale” et de la paix sociale forcée, puisque tu sembles t’accommoder, dans ta posture “unité nationale” et visiblement républicaine et de collaboration de classes, des restrictions et interdictions qui touchent certaines formes de manifestations et pas d’autres.
Nous sommes pourtant là dans un scénario à la “1984”, avec la novlangue et la manipulation idéologique, et la menace de la matraque.
J'ai fait vite, alors ne joues pas, luco, si tu n'as pas envie de débattre plus que ça, à l'attrapage de mot, ou au saucissonnage de texte, répond à la question !
Et ce n'est pas une joute, c'est parce que j'aimerai bien être d'avantage éclairé aussi.

Et c'est une question ouverte à tout le monde.

Comment caractériser cette “unité nationale” et cette paix sociale forcée ?
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Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede bipbip » 22 Nov 2015, 16:03

« Modifier notre Constitution sur injonction de Daech, c’est donner aux terroristes la victoire qu’ils espèrent »
Comment lutter efficacement contre Daech et l’idéologie salafiste sans fouler du pied les principes du droit, sans renoncer à ce que nous sommes et avons bâti ? Quelles seront les conséquences sur notre démocratie déjà bien affaiblie de la révision de la Constitution et des mesures d’exception en préparation ? La réponse par les armes est-elle vraiment la seule possible ? Entretien avec le juriste Jean-Pierre Dubois, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, et secrétaire général adjoint de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).
... http://www.bastamag.net/Reviser-la-Cons ... erroristes


État d'urgence : l'État policier pour éluder tout bilan critique
Paris, le 19 novembre 2015 — L'Assemblée nationale a voté aujourd'hui le projet de loi sur la refonte de l'état d'urgence1, adopté en extrême urgence dans un climat de surenchère autoritaire sans précédent. La Quadrature du Net s'inquiète de plusieurs mesures contenues dans la loi, notamment concernant les perquisitions informatiques, la censure d'Internet et la liberté d'association. À rebours de toute réflexion de fond sur les causes profondes des attentats et la manière de régler une situation complexe, la classe politique dans son ensemble se désavoue elle-même en répondant par la restriction générale des libertés publiques à une attaque sans précédent contre nos libertés.
... https://www.laquadrature.net/fr/etat-ur ... t-policier


En Belgique aussi
Belgique : une conférence sur la Syrie interdite à Saint-Gilles
La phase 4 de l’alerte antiterroriste vient d’être déclarée à Bruxelles. où quasiment tous les manifs sont interdites. On peut craindre que ce soit le cas pour la manifestation du 29 novembre sur le climat alors plus que 9000 personnes étaient inscrits pour les trains et les bus afin d’y participer. Cette manifestation offrait une alternative au voyage à Paris:i. Dans ce context, l’interdiction de la conférence sur la Syrie à Saint-Gilles crée un précédent très dangereux, d’autant plus qu’elle a été décidée le vendredi en fin de matinée, soit avant même avant que le « niveau de menace » soit porté à 4.
... http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36448


Communiqué Solidaires Paris
Restriction des libertés publiques une semaine après les attentats qui ont eu lieu à Paris et Saint-Denis

Une semaine après les attentats qui ont eu lieu à Paris et Saint-Denis durant la nuit du vendredi 13 au samedi 14 novembre, nous sommes encore bouleversé-e-s par ces actes odieux et insupportables. Nos pensées vont tout d’abord aux victimes et à leurs proches, auxquels nous témoignons toute notre solidarité.

Cette émotion légitime ne doit cependant pas nous amener à délaisser la réflexion collective et à accepter sans réagir les conséquences politiques voire l’instrumentalisation de ces attaques.

À la suite de ces attentats, le Président de la République et le gouvernement ont en effet décidé de lancer une mobilisation nationale et de restreindre les libertés sous prétexte d’assurer la sécurité de la population.

Cette restriction des libertés publiques se traduit par des mesures sécuritaires mises en œuvre dans le cadre de l’état d’urgence dont la prorogation vient d’être votée en première lecture par l’Assemblée.

Dans la zone de défense de Paris, cela se traduit également par un arrêté pris par la Préfecture de Police pour maintenir l’interdiction des manifestations sur la voie publique jusqu’au dimanche 22 novembre à minuit. Cette interdiction de manifester sonne comme une interdiction de revendiquer et paralyse toutes les mobilisations sociales : depuis le début de la semaine, l’interdiction de manifester a ainsi mené à l’annulation de la grève à l’APHP le 17 novembre, de la grève des Finances Publiques le 18 novembre et de la grève des travailleurs et travailleuses d’Air France le 19 novembre.

Ce week-end, la manifestation contre les violences faites aux femmes prévue le 21 novembre a dû être annulée et la manifestation de solidarité avec les migrants et migrantes du 22 novembre est interdite. Au-delà, les initiatives revendicatives prévues à l’occasion de la Cop21 le 29 novembre et le 12 décembre sont également interdites. Nous sommes choqué-e-s par ces interdictions qui ne frappent que le mouvement social alors que les centres commerciaux continuent d’accueillir des milliers de consommateurs chaque jour et que les événements sportifs sont maintenus.

L’Union départementale Solidaires Paris ainsi que les structures syndicales qui la composent sont parties prenantes de toutes ces mobilisations. En les interdisant, les pouvoirs publics étouffent nos revendications : à la colère suscitée par les attentats vient s’ajouter le sentiment de confiscation de notre liberté. Nous nous devons de continuer les luttes qui nous animent et nous dénonçons les interdictions qui frappent le mouvement social et le droit de revendiquer. Dès maintenant, nous demandons la levée immédiate de ces interdictions et affirmons que c’est au mouvement social lui-même de décider ses manifestations.

En frappant de manière violente et spectaculaire la population civile, les assassins de Daech tentent de nous opposer les un-e-s aux autres et de fracturer la société, nous résisterons en luttant toutes et tous ensemble.

Solidaires Paris - 144 bd de la Villette 75019 Paris
solidaires-paris@wanadoo.fr - http://solidairesparis.org
TEL : 01 40 18 79 99
FAX : 01 43 67 62 14

http://www.solidaires.org/Une-semaine-a ... aint-Denis


Le combat social, voilà la guerre véritable

Après le terrorisme djihadiste, voici revenue la terreur d’État. Une terreur alimentée par une classe politique qui dit « amen » aux délires ultra sécuritaires d’un gouvernement qui lui-même n’en finit plus d’alimenter la peur, à coups de déclarations imbéciles et infondées, sur, par exemple, la crainte d’attaques chimiques. « C’est la guerre », nous dit-on partout, sur les plateaux télé, dans les journaux, au travail. Des milliers de militaires et de flics se déploient dans nos rues, armes lourdes en bandoulière. Les regards sont suspicieux, la police contrôle à tout-va, ici une voiture, là un individu jugé suspect. Les perquisitions se multiplient, on casse des portes, on traîne des hommes à moitié nu dans la rue, le tout sans mandat – l’état d’urgence permet tout. Cette situation hallucinante, dans laquelle l’État exhibe sa force de frappe, nous est partout présentée comme normale. « C’est normal, nous sommes en guerre. » Personne n’ose émettre la moindre critique à l’égard de ce défilé de bottes et d’armes ; la preuve en est : le vote de 551 députés sur 557 exprimés pour la prolongation de l’état d’urgence. Au contraire, on n’a de cesse d’encenser les flics, qu’on nous présente comme des héros habités par le courage, valeureux et téméraires, bons et prêts à servir. On oublie les innombrables bavures mortelles qui ensanglantent l’uniforme des petits soldats de la République, on oublie les manifestations dispersées dans la violence, on oublie les insultes essuyées lors des contrôles, bref on fait table rase de tout ce qui pourrait ternir l’image d’une institution policière présentée comme le dernier rempart à la barbarie.

L’État nous rejoue son tour de passe-passe favori. Affaibli par une situation économique désastreuse qu’il n’arrive pas à redresser et par la preuve flagrante de son incapacité réelle à protéger ses sujets, il cherche à retrouver sa légitimité à travers sa police et dans la violence. Un choix politique fort, qui traduit bien ses principales préoccupations – régaliennes et sécuritaires –, là où il aurait très bien pu, par exemple, réinvestir dans les services publics et la protection sociale qu’il détruit peu à peu. Car, ne nous leurrons pas, le terrorisme djihadiste n’est rien d’autre que l’enfant terrible d’une république bourgeoise qui engendre pauvreté, misère et précarité, sacrifiant le quotidien de millions de personnes sur l’autel des profits de ses classes dominantes et possédantes. L’islamisme radical s’implante dans les quartiers populaires en se greffant sur certaines des colères légitimes qui les habitent et en se présentant comme la solution dans ces territoires où l’État social a quasiment disparu. L’État, mais aussi le mouvement social, syndical et associatif, désormais réduit à portion congrue. Une disparition qui, cette fois, nous concerne tous et qui devrait interroger tous ceux qui, à juste titre, ne mettent aucun espoir en l’État. La meilleure riposte contre l’islamisme n’a jamais été dans un déploiement décomplexé de forces militaro-policières ni dans la multiplication des enfermements carcéraux, qui ne font qu’attiser une haine sociale légitime qui pourrait trouver refuge dans des idéologies meurtrières qui frappent aveuglément. La seule réponse qui vaille, la seule réponse pérenne, est une réponse sociale, qu’on doit construire en apprenant à analyser les oppressions que nous subissons, afin de mieux comprendre d’où elles viennent et qui elles servent. Et ainsi ne pas se tromper d’ennemi quand l’heure est au combat.

L’ennemi n’est pas plus le travailleur musulman que le travailleur fan de rock, ce n’est pas celui qui, après le travail, se réfugie dans une mosquée ni celui qui lui préfère la terrasse d’un bar. L’ennemi, c’est cet État qui nous surveille et nous opprime, c’est ce patronat qui nous exploite, c’est cette classe politique qui nous monte les uns contre les autres, ce sont ces pouvoirs théocratiques qui nous abrutissent. Toutes ces institutions, tous ces individus, toutes ces idéologies sont les premiers responsables de la misère et de la violence sociales. Et tant que nous ne prendrons pas conscience qu’au-delà des appartenances nationales et religieuses, qu’au-delà des sexualités et des cultures, on appartient tous à une même classe d’exploités, que nous partageons tous, bien qu’à des degrés divers, la même souffrance, eh bien nous ne sortirons jamais de la spirale de mort dans laquelle le capitalisme et l’État nous ont enfermés. Un gros travail d'implantation sociale est à impulser ou à poursuivre, dans nos quartiers, dans nos lieux de vie, dans les entreprises qui nous emploient, pour ne pas laisser ces déserts politiques à la merci de l'extrême droite et des fanatiques de tous poils. Le tissu syndical et associatif est un des vecteurs principaux de cette implantation, et il est plus que jamais nécessaire de ne pas le laisser dépérir.

En attendant, il nous appartient à tous de nous mobiliser contre le danger immédiat qui nous guette, et qui a déjà frappé : cet état d’urgence qui préfigure un État encore plus policier, encore plus répressif, encore plus violent, un État terroriste. Le climat de peur que les politiques et les médias instaurent n’est là que pour légitimer un peu plus ces solutions démagogiques qui reviennent à sacrifier nos libertés individuelles et collectives à une sécurité qu’on sait déjà cruellement illusoire. Il serait dangereux et faux de croire que ce ne sont pas nos libertés qu’on abandonne, mais seulement celles du voisin terroriste ; ces mesures nous concernent tous et servent les intérêts des mêmes dominants. Déjà, d’ailleurs, le crime leur profite : l’état d’urgence leur a permis d’interdire des rassemblements et des manifestations, notamment celle qui, le 29 novembre, entendait dénoncer la mascarade politique qu’ils appellent COP21. À ces interdictions opportunes pour le gouvernement s’ajoutent aussi tous les cadeaux faits aux forces dites de l’ordre. Ainsi les pressions des syndicats de police ont-elles fait plier, sans trop forcer, la direction générale de la police nationale, qui vient d’autoriser les flics à porter leur arme en toutes circonstances, même en dehors de leur service, achevant d’en faire les petits cow-boys qu’ils rêvaient d’être.

De même, il nous appartient de dénoncer et de combattre, dans la rue si besoin, les sursauts nationalistes et patriotiques, qu’ils prennent les formes odieuses du racisme et de l’islamophobie ou, simplement, de la bêtise crasse, celle qui entend ériger en modèle culturel dominant des modes de vie complètement fantasmés et à cent lieues des quotidiens misérables et précaires d’une large partie du prolétariat français et immigré. Non, Paris, ce n’est pas seulement des terrasses et des concerts de rock, c’est aussi le théâtre d’une gentrification violente et de l'exploitation économique, le lieu d’errance dramatique de centaines de sans-domicile-fixe, des campements de migrants harcelés par les flics, des humiliations policières racistes dans les transports en commun et les quartiers populaires, des lieux de vie fascistes. Paris n’est pas une fête pour tout le monde, c’est une ville à l’image de notre société, où la richesse côtoie la misère et où l’impunité des puissants nargue la répression tous azimuts des classes populaires.

Groupe anarchiste Salvador-Seguí (FA)
Paris, le 21 novembre 2015

http://salvador-segui.blogspot.fr/2015/ ... uerre.html
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Re: Attentats à Paris et « état d’urgence »

Messagede Pïérô » 22 Nov 2015, 21:23

A Sens, les habitants entre résignation et inquiétude, après une première nuit de couvre-feu

Il fait froid, il pleut, les rues sont désertes et, derrière les rideaux, les écrans de télévision baignent les appartements d’une lueur bleutée. Image banale d’une petite ville, un soir de novembre. De temps à autre, une silhouette furtive apparaît aux fenêtres, semblant observer le ballet dérisoire de deux véhicules de police suivis de ceux des journalistes venus rendre compte en direct de cette première nationale : le couvre-feu décrété vendredi 20 novembre par le préfet de l’Yonne, Jean-Christophe Moraud, sur un quartier de Sens, les Champs-Plaisants, en application de l’état d’urgence.

La décision préfectorale a été prise dans la foulée d’une perquisition intervenue dans la nuit de jeudi à vendredi, au cours de laquelle des armes et des faux papiers ont été saisis dans un appartement de la cité, tandis qu’un couple était interpellé – il a été relâché dans la soirée. Elle prévoit l’interdiction de toute circulation de piétons et de voitures entre 22 heures et 6 heures du matin jusqu’à lundi, dans ce quartier aux immeubles fraîchement rénovés que bordent boulevards et rues baptisés aux grands noms de la République, Clemenceau, de Lattre de Tassigny, Eluard ou Poincaré.

... http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/ ... gwuoGUk.99




Paris, la manif a bravé, la manif est passée !
Manif interdite à Paris ce dimanche : 600 personnes se rassemblent à Bastille et 300 partent en manif, débordent à une dizaine de reprise les forces de police (gaz et matraques mais sans excès...) et parviennent à République sans encombre majeur ! Mission accomplie.
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