la redaction de CHARLIE HEBDO decimée, et suites

Re: la redaction de CHARLIE HEBDO decimée 12 MORTS

Messagede Pïérô » 14 Jan 2015, 16:15

Communiqué commun des syndicats SNJ, SNJ-CGT et CFDT-Journalistes
Charlie-berté : libérons l’information !

La présence, dimanche à Paris, de quelques-uns des chefs d’Etat les plus répressifs en matière de liberté de la presse, a terni un peu l’image de cette belle journée de sursaut populaire.

Les syndicats de journalistes (SNJ / SNJ-CGT / CFDT-Journalistes), avec leurs Fédérations FIJ (internationale) et FEJ (européenne), saluent les quelque quatre millions de citoyens qui ont participé aux marches et rassemblements dimanche à Paris comme dans toute la France, en hommage aux 17 victimes tombées sous les balles des fanatiques, ennemis de la liberté. Nos confrères de Charlie Hebdo ont été touchés par cet énorme sursaut populaire. Il faut désormais que cessent partout les entraves au droit des journalistes de pouvoir critiquer, moquer, pratiquer l’humour en dégoupillant les mines de crayon. Et d’être plus que jamais le poil à gratter contre tous les intégristes, obscurantistes, ennemis de la liberté d’expression, racistes et xénophobes de tout acabit.

Comment ne pas être interloqués par la présence, dans la marche parisienne, dans le carré des VIP, du président gabonais Ali Bongo ; d’Ahmet Davotoglu, premier ministre de Turquie, l’une des plus grandes prisons de journalistes ; de Benjamin Netanyahou, le premier ministre d’Israël alors que 16 journalistes palestiniens ont été tués en 2014 par les forces de sécurité israëliennes ; de Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie d’une Russie qui musèle sa télévision et réprime de nombreux confrères ; de son homologue des Émirats Arabes Unis, où l’on peut être emprisonné pour un tweet, cheikh Abdallah ben Zayed Al-Nahyane… Mais encore par celle de Viktor Orban, le premier ministre hongrois, qui a fait main basse sur les médias de son pays. Sans oublier la présence contestable d’autres dirigeants du monde qui n’ont pas la même vision de la liberté que ceux que nous pleurons depuis mercredi. Par exemple en Grèce où Antonis Samaras, le premier ministre, a ordonné la fermeture de la chaîne publique ERT, rouverte depuis sur décision du Conseil d’Etat.

Les Charb, Wolinski, Cabu, Honoré, Tignous, Ourrad, Elsa ou Maris n’auraient pas admis qu’on leur impose que ces ennemis de la liberté foulent le pavé parisien et tentent de récupérer l’élan populaire contre la haine et pour la liberté d’informer.

Rappelons qu’en 2014, 118 journalistes et personnels des médias ont trouvé la mort. Et que parmi les premières victimes de l’année 2015 figurent des journalistes yéménites et tunisiens, avant même le massacre de nos confrères de Charlie.

Alors plus que jamais, ensemble avec les citoyens du monde, libérons les médias des chaînes qui les étouffent, et empêchons les lois d’exception et autres « Patriot Acts » qui nuisent gravement aux libertés.

En France, le combat contre l’intolérance réside dans l’éducation, l’exercice du sens critique, mais aussi la bonne santé de tous les médias, même les plus libertaires et les journaux à faibles revenus publicitaires. Aussi faut-il enfin faire vivre le pluralisme de l’information face aux concentrations et poser urgemment et concrètement la question des aides à la presse, afin qu’elles répondent vraiment aux nécessités des citoyens : une information de qualité.

SNJ / SNJ-CGT / CFDT-Journalistes

http://www.snj.fr/spip.php?article5335


Communiqué LDH
Combattre le terrorisme, ce n’est pas restreindre les libertés

Le peuple de France est descendu dans la rue pour dire non au terrorisme et défendre les libertés. L’un et l’autre. Dans ce qui est devenu une sorte de réflexe pavlovien, la classe politique française souhaite ajouter encore à l’arsenal législatif de nouvelles mesures contre le terrorisme. Alors même que quinze lois ont été adoptées depuis 1986 et que les décrets d’application de la dernière ne sont pas publiés, notre sécurité serait, en effet, mieux assurée par de nouveaux pouvoirs confiés aux forces de l’ordre. Il n’en est rien. C’est un mensonge de prétendre que les dramatiques événements que nous venons de vivre seraient la conséquence d’une insuffisance législative. Il est exact en revanche que la déficience de moyens, les erreurs d’analyse, même si le travail des forces de sécurité française reste remarquable, méritent débat ; mais rien ne justifie les nouvelles dispositions envisagées.

La LDH regrette qu’après l’élan du 11 janvier, ces réponses sécuritaires restent la seule voie empruntée par les pouvoirs publics.

C’est d’une autre ambition dont nous avons besoin : de réponses de fond qui permettent de comprendre comment notre société a pu faire que de tels actes soient commis ; pas pour excuser, encore moins pour absoudre, mais pour éviter réellement qu’ils ne se reproduisent. Nous avons besoin surtout de réponses préventives. Toutes doivent renforcer l’esprit et la lettre de notre démocratie.

La LDH appelle les citoyens à ne pas se laisser enfermer dans le cercle de la peur. Elle les invite à rappeler aux pouvoirs publics, à la représentation politique française qu’à chaque fois que nous avons concédé de nos libertés, il s’en est suivi moins de démocratie, sans pour autant nous assurer plus de sécurité.

La fraternité qui s’est exprimée le 11 janvier exige un autre horizon que celui que l’on nous propose.

Paris, le 13 janvier 2015.

http://www.ldh-france.org/combattre-ter ... -libertes/



Charlie Hebdo : Leurs responsabilités et les nôtres

Au-delà de l’émotion inévitable et de la condamnation légitime, comment (ré)agir à l’assassinat d’une douzaine de personnes dans et aux abords des locaux de Charlie Hebdo, dont une bonne partie de sa rédaction, suivi de celui des quatre personnes dans un supermarché kasher de la Porte de Vincennes ? Et surtout, comment ne pas (ré)agir ?

Car il n’est pas question de hurler avec les loups de l’extrême droite et de la droite extrême, toutes tendances confondues, qui déjà désignent l’ensemble des musulmans vivant en France, quand ce n’est pas partout dans le monde, comme les responsables collectifs et les coupables désignés de cet acte, au nom d’une soi-disant nature intrinsèquement criminelle de l’islam ou d’un prétendu « choc des civilisations » qui rendrait ce dernier incompatible avec la modernité occidentale. Ce faisant, ces courants ne font que poursuivre et aggraver leur propagande raciste ordinaire, dont l’islamophobie constitue une dimension essentielle, désignant ceux et celles qu’elles amalgament sous le nom d’« immigrés » comme des boucs émissaires chargés de tous les maux, réels ou imaginaires, qui nous accablent et comme des cibles toutes désignées, que certains n’ont pas attendu pour viser au cours des dernières heures, en s’en prenant à des mosquées, des épiceries ou des restaurants fréquentés par des musulmans.

Face à ces entreprises d’instrumentalisation politique de la haine raciale, il faut continuer à rappeler que, comme toute religion, l’islam est divers dans l’espace et le temps et qu’il ne saurait se réduire à ses tendances fondamentalistes ou intégristes et, encore moins, aux mouvements, groupes ou individus djihadistes qui peuvent s’en réclamer. Il faut rappeler aussi que, en donnant naissance à des tels développements, l’islam contemporain ne fait pas non plus exception : leurs homologues ont existé ou existent aujourd’hui encore au sein du bouddhisme, du judaïsme ou du christianisme (pour en rester aux religions à prétention universelle) – ce dont certains mouvements d’extrême droite sont d’ailleurs l’illustration directe. Et c’est pourquoi il faut rappeler enfin que la critique de la religion, de toutes les religions, est et reste nécessaire et légitime, notamment lorsqu’elles donnent dans l’intolérance et a fortiori lorsqu’elles cherchent à engendrer des régimes théocratiques.

Ni sacré ni union sacrée

Mais il n’est pas question non plus de mêler notre voix ou, plus exactement, notre absence de voix (car ce serait demander de nous taire) à tous ceux qui en appellent aujourd’hui, comme il y a un siècle, à l’Union Sacrée, dans sa version de droite (la défense de la nation – quand ce n’est pas de l’ordre et de la loi) comme dans sa version de gauche (la défense de la République). Ce serait oublier que les clivages fondamentaux ne séparent pas actuellement les Français de ceux qui ne le sont pas ou qui, tout en l’étant formellement, sont suspectés de ne pas l’être réellement ou de ne pas mériter de l’être – en quoi d’ailleurs, on a vite fait de se retrouver sur le terrain de l’extrême droite nationaliste dont on prétend se distinguer. Ils partagent les salariés des capitalistes, les femmes des hommes, les nationaux des étrangers en partie privés des droits des précédents, les groupes « ethnicisés » ou « racialisés » de ceux qui les stigmatisent, les régions et nations « riches » et « développées » de celles que ce même développement voue à un sous-développement constamment aggravé, etc. Ce serait oublier aussi que la République, quel qu’en soit le numéro, n’a jamais été et ne sera jamais que le paravent des combinaisons bourgeoises et l’instrument de l’oppression des classes populaires et que c’est au nom de la République que l’on a mené des guerres pour la colonisation et contre la décolonisation des populations dont les descendants subissent encore aujourd’hui les séquelles chez elles (dans le développement socioéconomique inégal que la colonisation a institué et auquel la décolonisation n’a pas mis fin) comme au sein des anciennes métropoles coloniales vers lesquelles elles ont « choisi » d’émigrer.

Surtout, toute Union Sacrée exonère les leaders politiques d’aujourd’hui et d’hier, de gauche comme de droite, mais aussi leurs valets médiatiques, de leurs lourdes responsabilités dans la genèse, l’entretien et l’aggravation des situations qui nous ont conduits où nous en sommes. Car qui se refuse à voir dans les auteurs des assassinats en question des « fous » ou des « barbares », qualificatifs qui sont employés pour ne pas s’interroger sur leurs raisons, doit bien se poser la question suivante : pourquoi et comment trois jeunes issus de l’immigration maghrébine ou africaine, nés en France, sont-ils devenus des tueurs djihadistes ? Et quelques-uns des éléments de réponse sont à portée de main. A commencer par le chômage de masse et le développement du travail précaire et sous-qualifié, la paupérisation relative et même absolue de certaines couches populaires, notamment celles parquées dans des banlieues déshéritées sur le plan de leurs équipements collectifs et de leurs services publics, l’aggravation des inégalités sociales sur tous les plan, la réduction des perspectives de mobilité sociale ascendante, le tout alors que s’étale de plus en plus cyniquement l’arrogance de la réussite de ceux qui échappent à l’ensemble de ces phénomènes et qui en profitent même. Autant de processus auxquels tous les responsables politiques, de gauche comme de droite, qui alternent depuis plus de trente ans à la tête de l’État ont contribué par les politiques néolibérales dont ils n’ont cessé d’élargir le champ et de durcir le cours. Et autant de processus auxquels n’ont pas échappé la grande majorité des populations immigrées en provenance de l’Afrique subsaharienne, du Maghreb ou du Proche ou Moyen-Orient, non seulement parce qu’elles font partie du prolétariat mais encore parce que, dans leur cas, les effets de ces processus ont été aggravés par l’oppression spécifique à base de stigmatisation xénophobe et raciste dont elles sont les victimes au quotidien, qui les désignent comme « immigrés », « Arabes », « musulmans », etc., dans la plus parfaite confusion des termes. Une stigmatisation dont certains agents de l’État au sens large (des enseignants, des employés de préfecture ou des organismes de protection sociale, des travailleurs sociaux, des policiers surtout, des juges aussi) ne sont pas les moindres responsables, générant ainsi un véritable racisme d’État. En quoi ils ont d’ailleurs été stimulés par l’impunité dont ils ont bénéficié de la part de leur hiérarchie respective tout comme par l’encouragement implicite que leur ont adressé les responsables politiques. Car l’exemple est venu de haut et depuis des décennies, tant par les actes (les restrictions apportées à la politique de libre circulation et au droit d’asile, les accords de Schengen et de Dublin) que par les paroles : de Pierre Mauroy, alors Premier ministre, dénonçant les grèves des OS (pour l’essentiel des travailleurs immigrés) de l’automobile comme responsables de la défaite de la gauche gouvernementale lors des élections municipales en mars 1983 et de Jacques Chirac, alors ex Premier ministre et futur président de la République, incommodé par « le bruit » et « les odeurs » des quartiers à dominante de populations immigrées (juin 1991) jusqu’aux plus récentes déclarations sur les Rom d’un ministre de l’Intérieur devenu depuis lors Premier ministre en passant par la promesse de Nicolas Sarkozy en juin 2005, alors ministre de l’Intérieur et lui aussi futur président de la République, de nettoyer les cités au Karcher (et j’arrête là une énumération qui pourrait être beaucoup plus nourrie), c’est aux plus hautes instances de l’État soi-disant républicain que n’ont cessé de se multiplier des « dérapages » xénophobes très contrôlés à des fins démagogiques. Des dérapages qui n’auraient pas dépareillé le discours ordinaire d’un Jean-Marie Le Pen qui a d’ailleurs eu plusieurs fois l’occasion de se plaindre, à raison, qu’on lui dérobait la pièce de choix de son commerce politique : la désignation de « immigrés » (nécessairement musulmans) comme boucs émissaires. Et, pour parfaire le portrait de cette France nauséabonde, il faut encore évoquer la litanie des éditoriaux, unes, reportages, campagnes à relents raciste d’un grand nombre de médias ainsi que les « réflexions » de tous les Dupont-la-Joie qui ne se limitent malheureusement pas aux piliers de comptoir.

Douce France…

Et les populations en provenance de l’Afrique subsaharienne, du Maghreb ou du Proche ou Moyen-Orient ont été une seconde fois traitées en parias par la politique étrangère pratiquée par ces mêmes gouvernements dans ces différentes contrées au cours des dernières décennies. Inutile de rappeler que la France ne s’est nullement désolidarisée du soutien occidental à Israël dans sa politique de colonisation des terres et de spoliation des populations palestiniennes, pas plus qu’elle n’a dénoncé avec la vigueur qui aurait été nécessaire la série de crimes de guerre qui ont accompagné les interventions israéliennes au Liban et dans la bande de Gaza ; ce qui n’a pu que créer un terreau favorable à la réception dans une partie de la jeunesse de ces populations de discours antisémites camouflés en critiques du sionisme, que d’aucuns (dont le couple Dieudonné – Soral récemment) se sont ingéniés à labourer et à ensemencer. La France ne s’est pas davantage désolidarisée de son « grand frère » états-unien dans la manière dont il a conduisait sa « guerre contre le terrorisme » à Kaboul, à Abou Ghraib ou à Guantanamo. Faut-il rappeler que, au cours de ces dernières années, la France, seule ou avec ses alliés, a conduit plusieurs opérations militaires dans des pays à population majoritairement musulmane (l’Afghanistan, la Libye) en y poursuivant des objectifs sans rapport avec les intérêts de cette dernière à en juger par les destructions massives et les massacres collectifs qui ont en résulté et dont elle s’est désintéressée ? Pire même : ne l’a-t-on pas vu à plusieurs reprises soutenir voire prêter main-forte à des régimes (en Irak dans les années 1980, en Algérie dans les années 1990, en Syrie ces dernières années) qui tyrannisaient leurs propres populations quand ils ne les massacraient pas méthodiquement ? N’a-t-on pas entendu une ministre des Affaires Étrangères proposer à un Ben Ali en pleine déroute face au soulèvement du peuple tunisien de lui faire bénéficier du « savoir-faire de nos forces de sécurité » dans les opérations de répression ? Il est vrai que la France dispose d’une longue tradition de maintien de l’ordre en Afrique du Nord…

Pour un individu ou un groupe systématiquement stigmatisé, il est différentes manières de se défendre ; l’une d’elle, la plus paradoxale peut-être mais la plus redoutable sûrement, consiste à endosser le stigmate pour le retourner contre ceux qui le stigmatisent. A force de faire comprendre à quelqu’un qu’il n’est qu’un « immigré », qu’un « Arabe », qu’un « musulman », quand ce n’est pas qu’« un sale bougnoule », on finit par le transformer… en « Arabe », « musulman » et même en « sale bougnoule ». Autrement dit, on provoque un repli de l’individu ou du groupe sur son identité assignée, dans le meilleur des cas revendiquée sur le mode de la fierté digne (et c’est par exemple le motif du port du fameux voile par certaines des femmes musulmanes), dans le pire des cas sur un mode haineux qui n’attend que l’occasion de se venger des affronts subis. Ce qui constitue évidemment une condition majeure de réception des discours de l’islam radical, intégriste ou djihadiste.

Que faire ?

Mais le précédent processus interpelle aussi nécessairement les forces politiques révolutionnaires, entendons celles qui luttent pour l’émancipation à l’égard de toutes les formes actuelles d’oppression. Car il n’y a rien de fatal à ce qu’un potentiel de révolte suscité par l’injustice sociale et la stigmatisation raciste conduise à un acte placé sous le signe de l’identitarisme religieux. Si le premier ne trouve pas d’autre forme d’expression que le second, c’est aussi faute d’avoir pu trouver des voies alternatives. Et c’est là que la responsabilité de ces forces, que notre responsabilité, est engagée : nous n’avons pas su proposer de telles alternatives, ou à une échelle qui n’est pas à la mesure du défi qui nous était lancé. C’est notre faiblesse politique qui est ici en cause : notre présence sur le terrain, au sein des entreprises et des quartiers où travaillent et vivent les populations en proie à ce drame, est restée manifestement insuffisante, en dépit des efforts louables de certaines organisations syndicales (telles que Sud-Solidaires) ou de certaines associations (comme Droit au logement ou le Réseau Éducation sans frontières). Est aussi en cause notre méconnaissance relative des situations spécifiques dans lesquelles se trouvent ces populations. Est enfin en cause la négligence, au moins relative, avec laquelle nous avons traité jusqu’à présent l’ensemble des questions précédentes, au point d’avoir comme tout le monde été pris au dépourvu par le fracas des rafales de Kalachnikov qui ont commencé à résonner mercredi dernier dans les locaux de Charlie Hebdo.

A nos responsabilités concernant le passé s’ajoutent désormais celles à l’adresse d’un avenir immédiat aisément prévisible. Les derniers événements vont donner l’occasion et fournir le prétexte, sous couvert d’un renforcement de « la lutte contre le terrorisme islamiste », d’un durcissement de l’appareil répressif et d’une aggravation des restrictions concernant les libertés publiques dont risquent d’être victimes toutes les organisations associatives, syndicales et politiques qui luttent, à quelque degré que ce soit, contre l’ordre social existant. Et, sous ce rapport, l’Union Sacrée qui s’est constituée lors des manifestations du week-end du 10 et 11 janvier, allant du Front national au Parti communiste et au Parti de Gauche, est des plus inquiétantes, tout comme la Sainte Alliance qui a volé au secours de Hollande, dont font notamment partie ces grands démocrates que sont le Premier ministre hongrois Viktor Orban, le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman et son collègue ministre de l’Économie Naftali Bennett ainsi que le président de la République du Gabon, Omar Bongo, et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Quand de pareils pyromanes se proposent d’éteindre un incendie qu’ils ont contribué à allumer, il faut se préparer à affronter de nouveaux brasiers plus amples encore.

Après l’hommage, la gueule de bois ?

Forts des 4 millions de personnes qui les ont suivis dans la rue dimanche 11 janvier, certains responsables de droite et de « gauche » s’enthousiasment déjà pour un « patriot act à la française » (Valérie Pécresse, UMP). Cette loi américaine votée grâce à l’émotion et aux craintes consécutives au 11 septembre 2001 n’aurait dû durer que jusqu’en 2005… mais elle est maintenant permanente. Elle renforce les pouvoirs des services de sécurité, permet de surveiller étroitement les « suspects » (tous types de communication, perquisitions, saisies de biens…) sans décision de justice, de même d’arrêter et d’emprisonner des suspects longuement avant d’avoir à légitimer la procédure devant un juge. Renforcées en 2006, ces mesures autorisent la torture (rebaptisée « méthodes dures d’interrogatoire ») et les jugement par la justice militaire. Les attentats de Boston en 2013 ont démontré l’inefficacité de ces lois d’exception. Par contre, ces espionnages informatiques, et autres perquisitions non autorisées ont abondamment été utilisées par le FBI… contre les mouvements opposés à la guerre en Irak et en Afghanistan ! Des exemples encore plus frappants existent au Royaume Uni (Ces apprentis James Bond qui espionnent la gauche et les écologistes http://www.bastamag.net/Ces-apprentis-James-Bond-qui)

Si Valls s’est jusqu’à présent contenté d’évoquer « une réponse de grande fermeté », il a confirmé que de « nouvelles mesures » étaient selon lui « nécessaires ». Les 17 lois antiterroristes votées en France en 18 ans ne suffisent donc pas ? Une 18ème est donc envisagée. Et quand on sait que lors du vote à l’assemblée sur la dernière de ces lois, les députés (là aussi unanimes, du FN au PCF) ont rivalisé de déclarations liberticides (la palme revenant à Marsaud, UMP : « le gouvernement devrait s’asseoir sur les libertés individuelles ».), on peut s’attendre à de nouvelles prouesses.

Chacun et chacune essaie désormais déjà de placer ses recettes miracles :

- Eric Ciotti (UMP) propose des centres d’enfermement pour « déradicaliser » les présumés futurs terroristes (n’est-ce pas ce qu’on appelle « camp de rééducation » en Corée du Nord ?),

- Dupont-Aignant (DLR) préfère la mise en place d’un état d’urgence. L’état d’urgence, normalement adapté aux situations de guerres, se traduit généralement par des contrôles arbitraires par les forces de l’ordre, une limitation des libertés individuelles et collectives, des couvre-feu pour certaines zones ou certaines parties de la population… un comble quand on prétend défendre les libertés !

- Roger Cukierman, président du Conseil autoproclamé représentatif des institutions juives de France, a demandé que « tous ceux qui sont supposés être des jihadistes sur le territoire national fassent l’objet de mesures préventives, peut-être de détention provisoire, peut-être avec des bracelets électroniques ». Avec des sanctions préventives contre des « supposés » terroristes, on fait un bond en avant dans l’arbitraire !

On peut donc s’attendre à ce que la défense de la liberté d’expression de Charlie Hebdo débouche sur une nouvelle atteinte aux libertés individuelles et collectives. Mais bien sûr, rien n’est joué d’avance. C’est à nous de faire vivre une expression subversive !

Collectif Alternative libertaire Alsace

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Re: la redaction de CHARLIE HEBDO decimée 12 MORTS

Messagede mimosa rouge » 14 Jan 2015, 18:04

je crois que cabu était syndiqué à la CFDT-journaliste justement; non ?
(oui je sais, je fait une fixette sur l'appartenance syndicale des journaliste de charlie ! :lol: )
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Re: la redaction de CHARLIE HEBDO decimée 12 MORTS

Messagede abel chemoul » 14 Jan 2015, 18:40

manifestement il n'y a pas d'union sacrée à la CGA ! ci-dessous le com' de presse du groupe parisien et le contre-com' du groupe de Toulouse! situation un peu ubuesque mais pas trop en fait.
*Assassinats politiques à Charlie Hebdo et prise d’otage :*
*Halte à la dérive et au confusionnisme !*
*Halte au fascisme nationaliste ou religieux !*


Mercredi 7 janvier 2015, 12 personnes ont été assassinées dans et à proximité des locaux du journal satirique de Charlie Hebdo par deux frères se réclamant de l’islamisme radical. Parmi elles, 9 personnes travaillant ou collaborant pour le journal et un agent d’entretien qui n’aura sans doute jamais l’hommage qu’il mérite. Le vendredi 10 janvier, les assaillants de Charlie Hebdo en fuite se réfugiaient dans une petite imprimerie à Dammartin-en-Goële en Seine-et-Marne. Peu de temps après, un de leurs acolytes prenait en otage les client-e-s d’une épicerie Casher à Porte de Vincennes (après avoir tué une policière stagiaire), tuant dans le même temps quatre client-e-s parce qu’ils étaient juives/juifs.
La Coordination des Groupes Anarchistes déplore ces attentats et condamne fortement l’idéologie réactionnaire ainsi que l’antisémitisme qui en sont à l'origine. Nous condamnons également les attaques fascistes ciblant des lieux de cultes musulmans ainsi que des personnes musulmanes ou désignées comme telles. (voir l’article sur Paris Luttes Infos). Nous dénonçons donc par avance toute tentative de récupération des attentats à des fins islamophobes, racistes, antisémites, nationalistes et sécuritaires.

Ces attentats s’inscrivent dans la montée générale du fascisme, qu’il s’avance derrière le mot d’ordre de la « défense de la nation » ou derrière l’idéologie religieuse, quelle que soit sa déclinaison. Que ce soit le fascisme religieux qui instrumentalise la religion, ou le fascisme nationaliste qui se pose en « protecteur de l’Occident chrétien », tous convergent vers un même soi-disant « choc des civilisations » qui entretient l’idée d’une guerre de « tou-te-s contre tou-te-s » et veulent nous pousser à choisir entre l’un ou l’autre. En tant qu’anarchiste, nous refusons cette logique mortifère et choisissons l’affrontement de classe, la lutte contre le système capitaliste, impérialiste, raciste et patriarcal.
Par ailleurs nous n’oublions pas le rôle qu’a tenu Charlie Hebdo dans la diffusion des discours racistes, sexistes et islamophobes ces quinze dernières années. Mais rien ne justifie de tels crimes et nous sommes solidaires des familles et proches des victimes, ici et ailleurs. Notre solidarité ne s’arrête pas aux frontières de la France. Pour rappel et pour contrer le confusionnisme ambiant, les premières victimes en nombre incalculable du fascisme islamiste sont des musulman-e-s ou des personnes assignées à la religion musulmane(1).

De même, nous ne participons et ne participerons pas à la mascarade républicaine d’unité nationale menée par le gouvernement, qui tente d’unir derrière lui l’ensemble des partis politiques bourgeois, du FN jusqu’au Front de Gauche, ce qui participe au confusionnisme ambiant et à la banalisation de l’extrême-droite. La grande parade républicaine du 11 janvier en était le parfait exemple puisqu’on pouvait y trouver des représentants de l’ensemble des partis politiques français. On pouvait aussi y trouver un panel important de représentant-e-s d’États impérialistes, de dictatures et de criminels de guerre comme Angela Merkel, David Cameron, Serguei Lavrov, Erdogan, Netanyahou ou encore Ali Bongo.
« L’unité nationale », c’est donner encore plus d’armes à nos ennemis. C’est permettre au nationalisme et au fascisme de se propager et leur donner raison. L’unité nationale se fait automatiquement dans l’exclusion des minorités opprimées (immigré-e-s, roms, sans-papiers, LGBT…).

Nous n’oublions pas non plus, le climat raciste et islamophobe qui sévit dans ce pays et en Europe depuis plus de vingt ans avec son corollaire de lois répressives envers les immigré-e-s, les musulman-e-s et les minorités nationales. Les politiques menées par le PS et l’UMP ces dernières années, notamment les expulsions, les arrestations, les rafles de sans-papiers ont forgé depuis de trop nombreuses années les bases d’un racisme « décomplexé » et ont largement contribué à l’augmentation des actes de violence à l’encontre des musulman-e-s et des personnes désignées comme telles. Depuis les assassinats politiques de mercredi, les attaques islamophobes se sont multipliées, allant de l’agression physique à l’attentat à l’arme de guerre sur des lieux de cultes ou des commerces musulmans dans une indifférence quasi-totale des médias. Ces crimes sont l’œuvre de militants d’extrême-droite. Mais la chasse par les gendarmes et policiers menée contre les femmes voilées, notamment dans des lieux touristiques tel que la tour Eiffel et le contexte plus général de la stigmatisation par l’État et les médias des minorités musulmanes et rroms ont largement leur part de responsabilité dans ces attaques. L’assassinat par la police de Bertrand « Bilal » Nzohabonayo à Joué-lès-Tours, et les faux « attentats islamistes » des chauffards ivres début décembre ne sont que les derniers et parfaits exemples de cette stigmatisation xénophobe.

Nous condamnons l'antisémitisme qui entraine la prise d’otage de la porte de Vincennes : la minorité nationale juive est rendue responsable de l’oppression des autres minorités, dans un contexte de multiplication des actes antisémites. Si nous dénonçons cette attaque antisémite, nous ne sommes pas dupes de l’instrumentalisation de l’État qui cherche systématiquement à désigner les musulman-e-s et les personnes désignées comme telles, comme intrinsèquement antisémites et hostiles aux juifs et aux juives. Un tel discours permet d’activer des dynamiques racistes et islamophobes alors que l’antisémitisme est en réalité un vieux produit du nationalisme français (voir le communiqué fédéral de la CGA sur le sujet)

Nous ne sommes pas dupes et savons que l’État et la bourgeoisie vont profiter de ces attentats pour intensifier la guerre de classe : après avoir déjà voté des lois liberticides, dites antiterroristes, les politiciens s’apprêtent à renforcer l’appareil sécuritaire étatique et continuent de s’en prendre aux minorités nationales. La violence d’État va se renforcer et tout sera fait pour faire perdre du terrain au mouvement social et aux luttes des minorités opprimées jusqu’à la suppression d’individus, comme dans le cas de Zyed et Bouna, Lamine Dieng, Wissam El Yamni ou encore Rémi Fraisse.
En tant qu’anarchistes, nous sommes décidé-e-s à combattre le fascisme et le racisme par tous les moyens nécessaires y compris en prenant en charge notre propre autodéfense. Nous devons défendre et mettre en œuvre l’alliance entre toutes les minorités opprimées, qu’elles soient religieuses, nationales ou sexuelles, de manière autonome et sans hiérarchie. Nous avons besoin de nous unir autour de nos intérêts communs, sur des bases de classe, pour développer des luttes populaires capables de faire plier nos ennemis communs : États et bourgeoisies, quelles que soient les étiquettes dont ils se parent (« républicain », « islamiste », « modéré », « démocratique »…).

Le groupe de région parisienne de la Coordination des Groupes Anarchistes


com' des toulousains
La mise en cause de Charlie Hebdo qu'on peut lire dans les communiqués respectifs publiés par les groupes de Lyon et de Région Parisienne n'est en aucune manière partagée par le groupe CGA de Toulouse. Il n'est pas question de laisser planer la moindre ambiguïté à ce sujet : Nous ne cautionnons pas et nous ne cautionnerons jamais le contenu de ces communiqués.

Nous avons marché samedi à Toulouse, bien dans notre peuple, en portant bien haut nos pancartes Ni dieux Ni maîtres illustrées de dessins de certains de nos ami-es massacré-es. Les dessins que nous avons choisi d'arborer étaient : athées, blasphémateurs, contre toutes les religions, pour le droit des femmes à être libres et à disposer librement de leurs corps. Il y en avait pour tout le monde : curés, imams, rabbins, militaires, patrons, politiciens,... Nous ne pensons pas nous tromper en affirmant que la grande majorité des millions de personnes qui ont manifesté dans tout le pays l'ont fait pour au moins une idée commune : La Liberté d'Expression doit être pleine et entière et elle n'est pas négociable. Le droit au blasphème doit être reconnu comme un droit inaliénable du genre humain : nous lutterons encore et toujours pour gagner ça. De la même manière nous luttons et nous lutterons toujours contre toutes les religions.

L'heure n'est pas à tourner autour du pot : ceux et celles qui sont tombé-es à Paris en janvier 2015 et ailleurs depuis trop longtemps sont tombé-es sous les balles et les bombes d'un fascisme religieux très bien armé et doté de puissants relais financiers et étatiques.

Une des caractéristiques historiques qui permettent de définir les mouvements fascistes est la présence de structures paramilitaires pour parader, intimider et enfin assassiner leurs opposants.
Avec ses milices qui organisent des prières de rue, ses croyants qui prennent les armes en Europe et ailleurs, les islamistes ont une longueur d'avance sur les autres fascismes qui n'ont pas encore de telles structures (sauf en Hongrie).

Résolument anti-racistes et contre toutes les dominations, mobilisons-nous par millions, par milliards pour éradiquer tous les fascismes.

Respect à celles et ceux qui sont tombé-es !

Vive celles et ceux qui luttent et qui lutteront encore et toujours !

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Re: la redaction de CHARLIE HEBDO decimée 12 MORTS

Messagede Pïérô » 15 Jan 2015, 01:28

On s'est fait le numéro de funambulisme ce soir en émission là dessus à Demain Le Grand Soir sur radio béton, et je pense que c'est à partager et critiquer, ici comme sur le site (les commentaires sont ouverts sur le site de Demain Le Grand Soir, et d'ailleurs j'en critique le titre "Je ne suis pas Charlie ! ") :
http://demainlegrandsoir.org/spip.php?a ... #forum2644
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: la redaction de CHARLIE HEBDO decimée 12 MORTS

Messagede mimosa rouge » 15 Jan 2015, 01:32

Dans le communiqué cga Toulouse ils disent des choses très juste sur la qualification du fascisme mais ils embrayent ensuite sur un truc en complète contradiction: La réponse à un mouvement fasciste bien organisé c'est la mobilisation de masse non violente... :gratte: Avec comme mot d'ordre la défense de la liberté d'expression et la reconnaissance d'un droit au blasphème inaliénable du genre humain :shock:
C'est très largement franco-français comme analyse et pas vraiment une stratégie de classe... Quand on parle de fascisme on parle aussi de course de vitesse pour prendre le pouvoir. Or les copains et copines qui font face en première ligne ils attendent un soutien concret en provenance de France.
C'est pas un débat parlementaire qu'on essaye de contrer là
À la limite ce qui est tenable c'est que en sabotant l'effet de sideration (tactique fasciste par excellence.... Même en Irak) voulut par les commanditaire on va réduire le prestige de la victoire symbolique qui va servir ensuite à recruter. En ça la stratégie des survivants de charlie est excellente !

Sinon malgré que ça a l'apparence de la pensée rationnelle (par rapport à l'autre) ça me semble en fait fou furieu comme stratégie anti-fasciste. Après le moyen orient, et l'Afrique c'est loin, on peut encore se permettre la "bataille des idées " :siffle:

nous lutterons encore et toujours pour gagner ça .

Dans pas longtemps on luttera pour pas balancer les copains surtout
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Re: la redaction de CHARLIE HEBDO decimée 12 MORTS

Messagede Winston » 15 Jan 2015, 04:27

digger a écrit:
Pleurer sur les gars de charlies, c'est une affaire privée , une question de l'ordre de l'intime

Exact. Mais je n'ai pas lu ici d'éloges funèbres. Le paradoxe, c'est que ce sont les personnes mêmes qui prétendent avoir du recul, se positionner sur un plan politique qui ramène toujours la question de Charlie. La question de Charlie est dépassée, si elle a jamais été au centre de la question.

Sans deconner ? je sais pas qui tu designes par " les personnes memes qui pretendent avoir du recul", mais je signale que mon intervention est lié au fait que non je ressens pas le besoin de "pleurnicher a l'unisson", ni au fait que je les considere pas comme des camarades, en face y'a une espece d'injonction d'un Denis, beatrice, charlelem, abel chemoul de pas rester de marbre voir a considerer tout ceux qui considerent pas CH comme des camarades etre des idiots utiles deconnecté de la masse (charlelem plutot sur le dernier).
La j'ai la premiere demonstration de ce que permet l'instrumentalisation de l'emotion collective.... La dissuasion par chantage affectif (principalement) afin de "dissuader " la/les position divergente...

Heureusement que tu viens nous dire que "La question de Charlie est dépassée, si elle a jamais été au centre de la question", les cadavres ont a peine eu le temps de refroidir, meme pas enterré, et c'est deja plus eux "la question"... Je regrette pas d'etre en desaccord, mais je vois que t'es pret a la course a la recuperation politique avec les deux/trois elements vaseux qu'on nous a balancé... mais le seul element d'unité ou du moins qui prete pas a polemique, c'est le deuil, on pleure des proches disparus ou on montre notre soutient aux proches des defunts (pour ceux qui se considerent proche, pour moi c'est pas le cas).

Pour ma part je me preparais d'avance a la connerie manipulatoire qu'on va nous balancer au nom de ces morts, et qui politiquement pour moi est le vrai enjeux (15 mort par ci par la, c'est moche mais ca change pas grand chose, des millions de morts au congo aussi d'ailleurs, mais la par contre j'ai la larmichette) et qui visiblement a la date du message.... est arrivé. par contre va falloir etre sacrement hypocrite, pour d'un coté nous demander de la fermer au nom de la pleurniche, et se plaindre qu'on vous sert le meme genre de procedé quand vont sortir les eniemes lois terroristes ou autre....

(Je rappelle que ma position, c'est seulement, ce qui leur est arrivé est deguelasse, mais non j'ai pas envie de "pleurnicher", et non c'est pas mes camarades..... )




Hier, le même fascisme s'est montré sous sa facette anti-sémite. Demain, ce sera son aspect aveugle dans le métro ou ailleurs.
Il en va de même pour l'analyse. La borner à l'inévitable récupération médiatico-politique- que sur ce forum tout le monde est capable de détecter je pense sans qu'on en fasse des tartines - c'est éviter d'aborder les questions de fond tout simplement parce que nous ne savons foutrement pas comment les traiter, ou que nos prétendues solutions ne sont que des voeux pieux vu les rapports de force existant.
Alors, au lieu de se gausser ou de condamner l'incurie et la responsabilité des états-nations, qui ne surprennent personne ici je pense, posons-nous quelques désagréables questions à nous-mêmes. Elles sont nombreuses, difficiles, et dépassent nos petites opinions personnelles si promptes à couper les cheveux en quatre.

Le fascisme pour moi, ce n'est pas une aggression dans la rue ou une bombe par la, mais bien une force capable d'en imposer....
Franchement je suis bien loin de tes analyses, je considere pas qu'en france qu'on est face a un danger par exemple d'islamo fascisme. Parce que je considere que ce danger est present quand il y'a une structure capable d'imposer son "agenda", sa doctrine dans la sphere publique, en france c'est le cas pour toutes les religions pour l'instant.

Ici "dans le fond", je rappelle que la pratique religieuse en france selon les demographes, pour les croyants consiste principalement a participer aux rites pour des evenements particuliers, et cela meme dans les populations originaires de cultures religieuses musulmanes, qu'une grande partie de la population de "souche" ou immigré tend a se laiciser, cad a ne pratiquer aucun rite jusqu'a meme declarer ne pas croire.

Du coup je comprends pas l'utilisation du "fascisme" dans ton propos.

L'interpretation que j'ai de cet evenement c'est qu'on a affaire a un phenomene meurtrier isolé de "detraqué", lié au phenomene mediatique, je le sens plus proche des conneries du genre tuerie dans les ecoles ou genre sniper que d'un phenomene fascisant.

Cela dit qui se gausse ou condamne l'irresponsabilité des etats nations ? C'est toi qui me sort ton petit manuel ideologique, moi je te parle d'un fait connu previsible, que je considere plus important a contrer que "pleurnicher" sur des morts, je te parle de ce que cette emotion a permis deja ailleurs et va permettre ici, le consentement a "l'aggravation" de loi donnant de plus en plus les mains libre a l'executif en interne et/ou aussi a des politiques belliqueuses par exemple, mais on peut aussi evoquer le fait de noyer tout une partie du debat politique (genre loi macron..).


Elles demandent un effort collectif - d'intelligence collective - car qui peut croire qu'il faut moins que cela pour avoir la prétention d'une transformation sociale radicale ? Quand et où en avons-nous fait preuve ?
C'est seulement à partir d'un tel sursaut que nous serons capables d'avoir une voix audible capable de rivaliser avec celles politico-médiatiques. Commençons par agir sur quoi nous pouvons avant que de nous lancer dans des dissertations géo-politiques. C'est moins glamour et plus chiant.


T'as fumé ou quoi ? qui peut croire qu'un evenement comme celui ci peut etre le tremplin a un changement radicale de la societe (favorable a ce qu'on pourrait attendre...dans l'autre sens, j'ai moins de mal a le croire).
Tu peux juste arreter ton baratin de militant idealiste et te confronter a la realité.....

La voix du courant anar and co n'est pas audible parce que par exemple elle a des "troupes" trop faible pour permettre un relais efficace. Elle est pas audible parce qu'elle a laissé tombé/perdu tout ses relais de sociabilisations (ou quasiment, une petite assos buvette par ci un blog par ci par la....), qu'elle n'a plus aucun instrument mediatique de masse etc...
Ca c'est la realité de l'inaudibilité.
ca veut dire quoi intelligence collective concretement dans notre contexte ?
Je ne crois pas qu'on puisse avoir a la fois avoir une intelligence collective et une emotion collective, l'emotion reduit considerablement les marges de reflexion.



(Cela s'adresse pas a toi digger)
Par contre je vais repeter ce que j'ai deja dit sur l'affaire Strauss Kahn, il faut arreter de suivre le rythme des evenements mediatiques, les communiqués servent a rien concernant le "grand public", et ca conduit a produire des trucs a la con, parce que beaucoup d'evenements necessitent du recul pour avoir une analyse intelligente. (et de toute facon personne (grand public) vous lit sur le moment). Vous produisez de la mediocrité instantané ne vous distinguant pas des autres, vous avez meme parfois l'air de recuperer plus que les autres les evenements....

Abel citait un texte parlant de syndicaliste s'exprimant dans ces reunions "CH", moi j'ai eu un temoignage moins violent a Saintes ou quand la militante CGT a pris le micro, les gens sont partis, pas tous mais beaucoup....
Parce que beaucoup etait simplement la pour se recueillir, un truc religieux qui me laisse "de marbre", mais cela dit je suis pas aussi debile pour croire que je vais pouvoir debiter mon discours politique dans ce genre de circonstance.....
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Re: la redaction de CHARLIE HEBDO decimée 12 MORTS

Messagede digger » 15 Jan 2015, 09:23

je sais pas qui tu designes par " les personnes memes qui pretendent avoir du recul"

Ben, toi par exemple, qui remet Charlie sur le tapis, alors que pour moi, il s'agit d' attentats qui ont fait des victimes, dont des journalistes de Charlie Hebdo. Et ce que je pense de Charlie Hebdo n'a rien à voir là-dedans. C'est en cela que je dis que Charlie Hebdo n'est pas la question.

mais je vois que t'es pret a la course a la recuperation politique

J'ai parlé de la manipulation de l'émotion. J'ai parlé de l'exemple du 11 septembre aux Etats-Unis. J'ai dit que je ne participerai pas aux manifs appelées au nom de "l'unité nationale" tout en refusant de condamner celles et ceux qui le feraient. Parce qu'on peut être anar et penser (ressentir) différemment de moi.

Le fascisme pour moi, ce n'est pas une aggression dans la rue ou une bombe par la, mais bien une force capable d'en imposer....

je ne vais pas me lancer dans une définition du fascisme, ni rappeler les manifestations de la montée des fascismes dans l'histoire. Je te renvoie au communiqué du Centre démocratique des Kurdes de Marseille qui résume assez bien ce que je pense sur le sujet.
http://forum.anarchiste-revolutionnaire.org/viewtopic.php?f=65&t=11447&start=45#p189737

on a affaire a un phenomene meurtrier isolé de "detraqué", lié au phenomene mediatique, je le sens plus proche des conneries du genre tuerie dans les ecoles ou genre sniper que d'un phenomene fascisant.

Je ne suis évidemment pas d'accord pour la raison ci-dessus.

qui peut croire qu'un evenement comme celui ci peut etre le tremplin a un changement radicale de la societe

Pas moi et je ne l'ai écrit nulle part. La seule chose que je dis, c'est que le mouvement libertaire est devant le défi qu'il s'est lancé lui-même, d'une société fraternelle, égalitaire. Je pose la question des moyens qu'il se donne face à ce défi. Et la réponse n'est certainement pas dans tes formules lapidaires à l'emporte-pièce, mais un peu plus complexes que cela. C'est ce que j'appellerai, pour répondre à une autre question "intelligence collective", parce que seul, ni toi, ni moi, n'avons la solution et que nous ne pouvons aborder ces questions que collectivement pour une solution acceptable collectivement.

Je ne crois pas qu'on puisse avoir a la fois avoir une intelligence collective et une emotion collective

Je ne vois pas en quoi intelligence et émotion sont antinomiques.

Tu peux juste arreter ton baratin de militant idealiste et te confronter a la realité

Je vais arrêter mon baratin. Mais lorsque je ne serai plus un militant idéaliste, je ne serai plus anarchiste.
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Re: la redaction de CHARLIE HEBDO decimée 12 MORTS

Messagede charlelem » 15 Jan 2015, 10:16

Bien sur que beaucoup de politiques ne seront pas "Charlie" car ils cherchent dans ce journal une idéologie politique qui corresponde à la leur alors que c'est un "canard" satirique et paillard.
Modifié en dernier par charlelem le 15 Jan 2015, 15:56, modifié 1 fois.
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Messagede JPD » 15 Jan 2015, 13:34

A mon avis il n'y a pas à faire entrer ce que chacun pense de Charlie Hebdo dans cette affaire (islamophobe, louche, de mauvais goût, génial, corrosif et j'en passe !). Il y a eu des exécutions menées par des nervis d'une organisation fasciste. Ça suffit comme ça c'est déjà pas mal ! Sinon pourquoi ne pas discuter pour savoir si faire ses courses dans un magasin casher n'est pas une provocation sioniste ?
Les dessinateurs (fussent-ils islamophobes) et les Juif de l'épicerie (fussent-ils sionistes) ont été exécuté pour ce qu'is sont incontestablement : des dessinateurs libres et des Juifs tout court. C'est déjà énorme pas besoin de leur trouver un semblant de culpabilité. On gueule contre les récupérations, ne récupérons pas nous aussi leur exécution en parlant d'autre chose
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Re: la redaction de CHARLIE HEBDO decimée 12 MORTS

Messagede Alex » 15 Jan 2015, 13:51

Juste une chose, faut pet-être arrêter de balancer le terme "fascisme" à toutes les sauces, sans distinction. Le fascisme, c'est un mouvement précis, qui intervient dans une situation précise dans la société capitaliste et dans un rapport de force précis, pour un rôle historique précis. Paraît que Fascisme et grand Capital (Daniel Guérin) a été republié, c'est p'têtre le moment de se plonger dedans et d'arrêter d'utiliser les concepts n'importe comment.
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Messagede JPD » 15 Jan 2015, 14:57

Juste une chose, faut pet-être arrêter de balancer le terme "fascisme" à toutes les sauces, sans distinction. Le fascisme, c'est un mouvement précis, qui intervient dans une situation précise dans la société capitaliste et dans un rapport de force précis, pour un rôle historique précis. Paraît que Fascisme et grand Capital (Daniel Guérin) a été republié, c'est p'têtre le moment de se plonger dedans et d'arrêter d'utiliser les concepts n'importe comment.


Tout à fait d'accord... C'est pourquoi je ne l'utilise jamais ou presque, mais là, il me parait plus approprié. Daesh me semble assez proche du fascisme historique (évidemment avec de grosses nuances), plus que les FN et consort. Un Etat ultra centralisé et verticalisme dans l'intégration de la société civile... justement, militarisée. Pas si éloigné que ça des intérêts du Grand capital, milices, volonté hégémonique, né de la domination exercé par les vainqueurs (de 14-18 ou du colonialisme), etc..; évidemment une différence, le marqueur identitaire n'est pas la race mais la religion. Bon, tout ça est à discuter...
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Re: la redaction de CHARLIE HEBDO decimée 12 MORTS

Messagede Alex » 15 Jan 2015, 15:06

Mouais, je suis pas vraiment convaincu (par contre j'suis d'accord pour dire que le FN n'est pas un parti fasciste mais fascisant). Bref.

Sinon, j'vais faire de la pub, mais je vous invite à acheter le Canard de cette semaine (pour les tourangeaux/elles, y'en a encore de dispos en kiosque), il est vraiment très, très bon. Ces cons me foutent les larmes aux yeux quand ils parlent de Cabu.
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Re: la redaction de CHARLIE HEBDO decimée 12 MORTS

Messagede abel chemoul » 15 Jan 2015, 15:59

tout à fait d'accord, l'utilisation abusive de "fascisme" est problématique pour un mouvement révolutionnaire matérialiste. le "fascisme générique"* vide de son sens le fascisme historique, ses spécificités mais aussi les méthodes de luttes contre lui.

Pour moi l'islamisme jihadiste est un....islamisme, pas un fascisme, sinon on réduit tout autoritarisme au fascisme. Surtout que le fascisme historique est anti-religieux. Dans la croyance fasciste les éléments sacrés sont le peuple et l'Etat et le leader, les deux derniers vus comme l'émanation/transcendance du premier. Il me semble.

Je pense qu'on ne peut pas appréhender à 100% des concepts comme ceux de l'islam politique avec des termes et des grilles d'analyses issues de l'histoire occidentale même si les processus totalitaires sont en partie les mêmes (Etat mobilisant toute la société autour d'une "foi").
Le fascisme est issu de la modernité occidentale (nationalisme, apologie du producteur, de l'industrie) alors que l'islamisme est plutôt une réponse anti-moderniste au capitalisme (retour aux fondamentaux de l'époque du Prophète pour avoir une société harmonieuse).

*pour Alex: sur la question du fascisme historique/générique, je conseille "Qu'est-ce que le fascisme ? Histoire et interprétation" E.Gentile, BU Histoire.
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Re: la redaction de CHARLIE HEBDO decimée 12 MORTS

Messagede Alex » 15 Jan 2015, 16:40

Oh man Dieu, j'suis d'accord avec Abel, marquons ce jour d'une croix...

L’islamisme djihadiste du style EIL (qui marque un vrai changement dans l'islam radical, précisément parce que la notion d’État apparaît pour la première fois) peut être, à la limite (puisqu'il faut penser avec des termes que nous maîtrisons, même s'ils ne sont pas les plus adaptés) être défini comme un mouvement politique cumulant un fond réactionnaire certain, un usage du terrorisme comme façon de gouverner, et un autoritarisme basé sur le terrorisme. 3 points communs avec le fascisme, mais pas suffisants pour en faire une mouvance fasciste.

Et merci pour la source ! sm 26
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Messagede mimosa rouge » 15 Jan 2015, 20:39

le jihadisme c'est du fascisme, suivant sa définition matérialiste justement. il n'a juste pas en face de lui de mouvement ouvrier, mais dans la définition matérialiste du fascisme justement ce n'est pas pour combattre le mouvement ouvrier que le fascisme se développe mais pour prendre le pouvoir et orienter l'Etat vers une solution totalitaire de résolution des crises et prévenir l'explosion de la société donc les situation révolutionnaires.
Tout comme les exactions sur le mouvement ouvrier était des justificatifs pour recruter dans la petite bourgeoisie et donner un sens politique aux militants, ici la lutte contre le blasphème et la démocratie, la liberté d'expression est une justification d'une activité politique de contrôle matériel de territoire (et de ses ressources). Le reste, la barbarie des attentats, c'est du romantisme pour recruter des jeunes déclassé et désocialisé et le projet social, la "charia" permet de fournir a des populations paysanne un gouvernement qui stabilise enfin une région tout en étant en accord avec des modes de vie paysans.
Les soutiens irakiens de daesh c'est tout simplement la bourgeoisie sunnite marginalisé depuis l'invasion de 2002
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