Où est-ce que tu as vu quelqu'un écrire une telle connerie?altersocial a écrit:Ouais ouais daech c'est vachement anti-impérialiste
Je ne répondais pas au communiqué de No Pasaran, mais à ton message, dans lequel tu faisais mine de ne pas comprendre que les bombardements impérialistes ne font qu'alimenter le terrorisme et non l'inverse. Et d'accuser de tous les noms ceux qui dénoncent la responsabilité des bombardements impérialistes dans l'émergences de mouvement ultra-réactionnaires.altersocial a écrit:Sinon tu peux me dire ce qui est "choc des civilisations" dans le communiqué de No Pasaran ?
Ian a écrit:Où est-ce que tu as vu quelqu'un écrire une telle connerie?altersocial a écrit:Ouais ouais daech c'est vachement anti-impérialiste
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npa a écrit:Pour mettre fin au terrorisme, il faut mettre fin aux guerres impérialistes qui visent à perpétuer le pillage des richesses des peuples dominés par les multinationales
La barbarie impérialiste et la barbarie islamiste se nourrissent mutuellement.
Banshee a écrit:Laisse tomber altersocial. Il n'y a plus rien à faire pour sauver le NPA, peut-être le suicide assisté pour abréger les souffrances...
L'idéologie bureaucratique militante
On renforce le capitalisme lorsqu'on ne critique pas ses manifestations négatives comme le produit de son essence même. La violence publicitaire intrinsèque à la multinationale "Etat islamique" a déjà été analysée sous ses différents aspects ici même. La prétendue exportation [1] du conflit dans les quartiers parisiens aura eu comme effet d'inonder les espaces d'expressions journalistiques ou militants d'une flopée de textes au mieux insipides au pire indigestes. Ce n'est pas notre objectif ici de débattre des événements paramilitaires de l' "Etat islamique", ce qui nous intéresse c'est la façon dont les sphères militantes ont abordé le sujet dans un état d'hystérie ou chacun "tenait" le coupable selon la marotte de sa sainte-chapelle, pour les néo-léninistes fatigués l' "impérialisme", et pour les anarchisants asthmatiques on nous a refait le coup du "fanatisme religieux" ... Devant tant de lucidité la critique marxiste n'a plus qu'à rendre les armes, ou à mourir de rire.
La palme revient bien entendu aux bureaucrates de la principale organisation d'extrême gauche française qui sont les auteurs du texte le plus abject jamais écrit sur la question. On y reviendra.
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Ian a écrit:Pourtant, bientôt 15 ans après le 11 septembre et la "guerre contre le terrorisme" décrété par George Bush, le terrorisme ne s'est jamais autant développé qu'aujourd'hui. Donc on peut continuer à utiliser les mêmes méthodes si tu veux.
Louise Michel, déportée sur la presqu'île Ducos à la suite de la Commune au moment des faits, évoque ainsi la mort d'Ataï dans ses célèbres Mémoires :
« Ataï lui-même fut frappé par un traître. Que partout les traîtres soient maudits ! Suivant la loi canaque, un chef ne peut être frappé que par un chef ou par procuration. Nondo, chef vendu aux blancs, donna sa procuration à Segou, en lui remettant les armes qui devaient frapper Ataï. Entre les cases nègres et Amboa, Ataï, avec quelques-uns des siens, regagnait son campement, quand, se détachant des colonnes des blancs, Segou indiqua le grand chef, reconnaissable à la blancheur de neige de ses cheveux. Sa fronde roulée autour de sa tête, tenant de la main droite un sabre de gendarmerie, de la gauche un tomahawk, ayant autour de lui ses trois fils et le barde Andja, qui se servait d'une sagaie comme d'une lance, Ataï fit face à la colonne des blancs. Il aperçut Segou. Ah ! dit-il, te voilà ! Le traître chancela un instant sous le regard du vieux chef ; mais, voulant en finir, il lui lance une sagaie qui lui traverse le bras droit. Ataï, alors, lève le tomahawk qu’il tenait du bras gauche ; ses fils tombent, l'un mort, les autres blessés ; Andja s'élance, criant : tango ! tango ! (maudit ! maudit !) et tombe frappé à mort. Alors, à coups de hache, comme on abat un arbre, Segou frappe Ataï ; il porte la main à sa tête à demi détachée et ce n'est qu’après plusieurs coups encore qu'Ataï est mort. Le cri de mort fut alors poussé par les Canaques, allant comme un écho par les montagnes. […] Que sur leur mémoire tombe ce chant d'Andja : Le Takata, dans la forêt, a cueilli l'adouéke, l'herbe bouclier, au clair de lune, l'adouéke, l'herbe de guerre, la plante des spectres. Les guerriers se partagent l'adouéke qui rend terrible et charme les blessures. Les esprits soufflent la tempête, les esprits des pères ; ils attendent les braves ; amis ou ennemis, les braves sont les bienvenus par delà [sic] la vie. Que ceux qui veulent vivre s’en aillent. Voilà la guerre ; le sang va couler comme l’eau sur la terre ; il faut que l'adouéke soit aussi de sang. »
D'après un sondage de l'Ifop, de plus en plus de Français.es, toutes classes et catégories confondues déclarent ne pas se sentir « Charlie », et nous serions mêmes majoritaires dans notre tranche d'âge 25-34 ans. Mais la parole ne nous est jamais donnée pour expliquer sereinement notre position. Aujourd'hui, c'est moins pour revendiquer publiquement notre opposition à « l'esprit Charlie » que pour partager nos craintes d'enseignant.e.s que nous souhaitons nous exprimer.
Au début des années 2000, bien avant l'odieux attentat de janvier 2015, nous étions déjà en opposition politique avec la ligne éditoriale de Charlie Hebdo. Non pas que nous ayons un quelconque problème avec le fait de caricaturer et de moquer les religions mais nous estimions, et nous estimons toujours, que les caricatures liées à l'« islam » étaient souvent mises au service d'un projet géopolitique visant à justifier des guerres impérialistes contre des pays arabo-musulmans. Les plus emblématiques furent menées par le président néoconservateur George W. Bush contre l'Afghanistan en 2001 et l'Irak en 2003 ou par son allié israélien contre la Palestine, toutes soutenues par Philippe Val dans ses éditoriaux d'alors. Ainsi, même si les opinions étaient diverses au sein de la rédaction, la ligne éditoriale de Charlie Hebdo sous Philippe Val, qui persista malheureusement après lui, en faisait moins selon nous un journal « satirique » que politiquement situé dans le camp néoconservateur. Nous fûmes néanmoins profondément choqués par l'odieux attentat de 2015 : la liberté d'expression est un droit qui doit s'appliquer y compris et surtout lorsqu'on est en désaccord avec le propos défendu. Raison pour laquelle, à la suite des attentats, nous pensions préférable de taire nos critiques politiques à l'égard de Charlie Hebdo.
« L'esprit Charlie », qui devint le temps d'un jour « esprit du 11 janvier », prit pourtant une tournure de plus en plus inquiétante. Nos dirigeants politiques (et notamment le Premier ministre de l'époque, Manuel Valls) ne tardèrent pas à instrumentaliser le drame des attentats pour restreindre drastiquement la liberté d'expression puis, quelques mois plus tard, les libertés publiques avec l'instauration de l'état d'urgence. Comme l'explique Élisabeth Badinter, aujourd'hui tout le monde « doit » être Charlie, toute pensée discordante étant suspecte a priori. Sommes-nous visés, comme 39 % des Français ? Probablement. Mais, en tant qu'enseignant.e.s, nous ne pouvons ignorer que les principales cibles de cette campagne d'injonction autoritaire restent nos propres élèves.
Une parole bénéfique n'est pas une parole forcée
En effet, dès janvier 2015, le ministère de l’Éducation nationale nous a pour ainsi dire ordonné d'organiser des discussions avec nos élèves au sujet de l'attentat. Une telle entreprise pouvait paraître psychologiquement hasardeuse : une parole bénéfique n'est pas une parole forcée, a fortiori quand on a face à soi des enfants ou des adolescents. Nous avons pourtant mené à bien ces discussions. En laissant les élèves exprimer ce qu'ils avaient compris des attentats et ce qu'ils souhaitaient confier de leurs peurs. En les laissant également dire ce que leur inspirait « Charlie Hebdo ». Une fois les paroles librement exprimées, nous avons joué notre rôle en expliquant qu'aucun désaccord ne pouvait justifier un meurtre. Les élèves, dans leur pluralité, ceux qui exprimaient un point de vue critique sur les opinions politiques de Charlie Hebdo ou qui ne connaissaient pas ce journal, les quelques-uns qui estimaient que certains propos devraient être condamnés par la justice ou les rares qui appréciaient le journal, tous ces élèves se rejoignaient sur ce constat : rien ne justifiait l'action des assassins ayant ensanglanté la rédaction de Charlie Hebdo. Les discussions s'étaient – et se sont depuis trois ans – très bien déroulées.
Quelle ne fut pas notre surprise de voir très vite les médias évoquer des « centaines » d' « incidents » qui auraient été dénoncés à leur hiérarchie par des enseignants, en braquant au fil des mois les projecteurs sur notre département. Les paroles d'élèves qui n'épousaient pas la ligne idéologique de Charlie Hebdo étaient-elles traitées comme justifiant, d'une manière ou d'une autre, les attentats ? Des élèves avaient-ils été renvoyés à leur appartenance religieuse réelle ou supposée dès lors qu'ils semblaient exprimer une opposition parfois bancale – une opposition d'enfants ! – au contenu d'un journal ? Quelques semaines après les attentats, nous apprenions que des écoliers avaient été traînés au commissariat pour « apologie du terrorisme », sur délation de leur établissement scolaire.
Nous ne contestons pas que des enseignants aient pu rencontrer des difficultés avec leurs élèves. Encore faudrait-il savoir comment s'est déroulé leur cours. Si quelques-uns ont engagé leurs élèves à « être Charlie » en éludant les interrogations légitimes sur la signification confuse d'une telle formule, voire en coupant court à toute parole critique sur le positionnement idéologique du journal, ne peut-on pas considérer que les difficultés viennent du fait d'avoir rompu une neutralité qu'en tant qu'enseignants, nous nous devons de respecter ? On se demande ce qu'ont pu vivre et ressentir les élèves de cette enseignante s'exprimant régulièrement dans les médias, qui proclamait il y a un an « Soyez Charlie ou quittez la France ».
Dérive belliciste
Loin de nous l'idée de généraliser, simplement nous savons que, depuis des années, une poignée d'acteurs du système éducatif et de relais institutionnels mal intentionnés n'ont de cesse de dresser un portrait monstrueux des jeunes « de banlieue », « arabes » ou « musulmans » qui seraient soumis à des pulsions « ethno-culturelles » antisémites, sexistes et homophobes. Ces clichés sont notamment véhiculés par l'ouvrage très controversé Les Territoires perdus de la République paru en 2002 [1], préfacé et dirigé Georges Bensoussan qui n'a pas hésité à affirmer publiquement que « dans les familles arabes, en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l'antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère ». Peut-on imaginer le traumatisme subi par des enfants régulièrement confrontés à des propos racistes du même acabit [2] tenus à leur sujet ?
« L'esprit Charlie » semble ainsi constituer un véritable « combat » intérieur contre toute une partie de la population, enfants compris. Si l'on peut certes se contenter de ne pas lire les éditoriaux de plus en plus délirants de Riss – accusant par exemple les femmes portant le voile ou les boulangers musulmans de soutenir le terrorisme [3] – on ne peut en revanche ignorer que des personnalités politiques ou intellectuelles reprennent publiquement ce type de discours effrayants.
Cette dérive belliciste s'est une nouvelle fois illustrée lors du meeting politique « Toujours Charlie : de la mémoire au combat » organisé samedi 6 janvier en présence de figures politiques, associatives et de journalistes, lors duquel notre département et ses habitants ont été une fois de plus pointés du doigt. Aucune parole contradictoire n'a pu s'exprimer face à ces défenseurs autoproclamés de la « liberté d'expression ». La propagande déversée par le Printemps républicain et ses alliés, qui partagent un même déni de l'islamophobie, a plusieurs fois fustigé les élèves et les étudiants de la République en instrumentalisant ad nauseam la laïcité et les « valeurs de la République », dont la transmission semblait se résumer à un slogan, bien éloigné de tout esprit républicain : on « DOIT être Charlie ».
Or l'une des associations organisatrices de ce meeting, la Licra, est liée par un partenariatau ministère de l’Éducation nationale et mène, à ce titre, des actions auprès des élèves et des enseignants sur la prévention du racisme, sur la laïcité ou encore sur l'exercice de la citoyenneté. Cette association, qui se complaît manifestement dans son rôle de pompier pyromane, peut-elle décemment jouer ce rôle au sein de l'école de la République, auprès de nos élèves ? Une telle situation devient décidément de plus en plus préoccupante pour nos enfants.
[1] Cet ouvrage a d'ailleurs fait l'objet d'un documentaire opportunément sorti après les attentats contre Charlie Hebdo, dont on peut trouver une analyse critique ici http://aggiornamento.hypotheses.org/3036.
[2] Par exemple Caroline Fourest évoqua sur un plateau de télévision « les familles musulmanes [qui] demandent à ce qu'on n'enseigne pas la Shoah » en citant comme source… l'ouvrage de Bensoussan.
[3] Voir à ce sujet cette vidéo https://www.youtube.com/watch?v=ZybfqFmMDYg.
Il y a trois ans, au moment des attentats de janvier 2015 en France, les établissements scolaires ont été confrontés à une situation terriblement complexe : gérer les réactions des jeunes face aux attentats et à leur traitement médiatique. Il y a eu les établissements où la minute de silence et les échanges avec les élèves se sont bien déroulés. Il y a eu ceux où la situation était plus tendue, moins consensuelle, avec des jeunes qui avaient besoin d’exprimer leur incompréhension et même leur contestation d’une parole si lissée par l’Institution. Et dans ce cas de figure, il y a eu les établissements, comme le mien - hélas ! - qui ont choisi de sanctionner, par le conseil de discipline notamment, les paroles dissonantes (« je ne suis pas Charlie » ou « ils l’ont cherché, ils ont provoqué avec leur caricature »), paroles perçues comme insupportables en ce temps de recueillement national.
Dix mois plus tard, comme tant de collègues, nous avons eu à gérer l’arrivée des élèves le lundi 16 novembre 2015 au matin : il nous a fallu encaisser le choc, mettre le surplus d’émotions de côté pour être capables de recevoir celles des jeunes et de les accompagner dans leur fragile appréhension des événements. Cette fois, nous avons eu la possibilité d’échanger par mail avec les collègues durant le week-end, chacun.e livrant ses interrogations, ses craintes mais aussi ses suggestions pour prendre en charge les élèves. Nous nous sommes donc retrouvé.e.s plus tôt le lundi, avec des documents pouvant servir de base pour discuter avec les élèves, avec l’idée aussi d’accompagner nos collègues qui se sentaient mal à l’aise seul.es avec leurs élèves. Plusieurs d’entre nous avaient choisi de passer par l’écrit pour permettre aux élèves d’exprimer leurs pensées et ressentis : dessins, textes, poèmes, simples mots posés dans le désordre ont été livrés par les élèves ce lundi-là, et conservés par les enseignant.e.s.
Et après ? Quel travail avec les paroles de nos élèves ?
Quelques jours plus tard, j’ai éprouvé le besoin de relancer mes collègues par mail, avec un fil de discussion devenu « Et après ? ». Effectivement, et après ? Que faire de tout ça, de tous ces mots écrits ou prononcés par nos élèves ? Des mots qu’ils ont voulu exprimer face à nous, enseignant.e.s ? Des mots qui interrogent, qui disent le besoin de savoir, de déconstruire des idées fausses, d’analyser les discours des médias, mais aussi des mots qui dérangent, qui effraient les adultes par ce qu’ils peuvent comporter de révolte et non-adhésion aux valeurs qui pourraient pourtant paraître logiques et évidentes à nos yeux : pourquoi faire une minute de silence ? / Charlie, ils l’avaient cherché. / C’est la faute des immigrés, il faut tous les renvoyer chez eux. / C’est quoi Daech ? / Au fait, nous on est sunnites ou chiites ?
Les échanges avec les collègues se sont donc poursuivis, des idées ont été lancées : travail sur les caricatures, la théorie du complot, le vivre-ensemble, reprise des mots utilisés par les élèves (tolérance, terrorisme, stigmatisation, état d’urgence…). Nous avions globalement envie de revenir sur les propos des élèves et de les amener à prendre de la distance et à faire preuve d’esprit critique face à ce qu’ils avaient vu et entendu. Mais peu à peu, je n’ai pu que constater, avec déception, le délitement dans l’équipe : beaucoup lisaient les échanges de mails, lançaient un message de soutien de temps en temps, mais très peu se sont ressaisis des paroles des élèves, de ce qu’ils et elles nous avaient renvoyé au lendemain des attentats. D’une trentaine de personnes, nous nous sommes retrouvé.e.s 6 ou 7 à travailler sur les scénarios pédagogiques, puis au final, deux à aller au bout de la démarche, à construire et à mener deux séances – intenses et difficiles, je l’admets – où les élèves étaient partie prenante des échanges et des questionnements. Côté collègues, chacun.e est retombé.e dans ses préoccupations quotidiennes, « urgentes » : celles du programme, celles imposées par l’Institution, avec des séances sur les complots ou sur les fameuses « valeurs de la république » plus rassurantes et familières, balisées, qui ne mettent pas en péril parce qu’elles sont majoritairement menées par les enseignant.e.s, mais qui restent souvent bien décalées par rapport à ce que nous ont renvoyé les jeunes, en classe, dans les couloirs, sur les réseaux sociaux.
Seul.e.s avec leurs interrogations…
J’ai été très déçue qu’on laisse finalement les élèves seul.e.s avec leurs interrogations, mais je n’en veux évidemment à personne. Entre la volonté d’agir, la réflexion pour monter un projet, des séances de travail, et le véritable passage à l’acte, trop de facteurs entrent en jeu et peuvent empêcher chacun.e d’agir : l’avancée dans le programme, une direction frileuse à l’idée de donner la parole aux élèves, l’inconfort de chacun.e face à des paroles provocatrices, les émotions encore trop vives, le manque d’expérience/d’habitude à laisser les élèves libres de donner leur avis…
Il n’empêche que je suis convaincue que, même si nous avons fait de notre mieux, avec les moyens du bord et selon nos limites personnelles sur un sujet si sensible, nous avons loupé quelque chose à ce moment-là. Que les doutes et les jugements irréfléchis demeurent chez nos élèves et les travaillent régulièrement.
Juste avant les vacances de février, par exemple, mes 3ème ont de nouveau évoqué les caricatures de Charlie Hebdo, comme ça, cinq minutes avant la sonnerie parce qu’ils et elles avaient un peu de temps pour discuter. Pourquoi ce sujet est-il revenu sur la table ? Je suis incapable de le dire car la discussion était menée entre élèves et ils ne m’ont interpellée qu’après. Mais j’ai eu la – désagréable – sensation de revenir quelques années en arrière et d’entendre les mêmes commentaires, sans filtre, sans prise de distance, passionnés de nouveau, dans lesquels la nécessité de limiter, contrôler, censurer la presse (et des caricatures) était évidente pour ces élèves. Or, ils et elles étaient en 5ème au moment des attentats, ils et elles étaient dans nos classes et ont été formé.e.s dans notre établissement. Régulièrement aussi, j’entends des collègues scandalisé.e.s parler d’un.e élève qui aurait parlé avec légèreté de daech, de kalachnikov, qui aurait crié dans les couloirs « Allahou akbar », et du conseil de discipline qu’il faudrait convoquer pour de tels faits.
Tout cela questionne, inévitablement. La parole des élèves, sur ce sujet au moins, dérange toujours, oui. Mais quand la prenons-nous en charge par autre chose que la sanction ou l’indignation ? Comment pouvons-nous en tenir compte dans notre travail en classe et dans l’établissement, avec et pour les élèves ? Créer des ressources communes, s’inspirer de l’existant, oser sortir du cadre et donner la parole aux élèves et leur offrir la possibilité de construire et déconstruire eux-mêmes leurs connaissances et leurs préjugés, plutôt que d’imposer notre savoir, nos valeurs, nos jugements (1) ; en parler entre collègues pour partager nos expériences et améliorer nos pratiques… autant de démarches à portée de main et d’une aide précieuse au quotidien.
(1) Voir le travail de Servanne Marzin du collectif Aggiornamento hist-géo sur les théories du complot https://aggiornamento.hypotheses.org/3182
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