Quand pouvoirs publics et médias nous prennent pour des con

Quand pouvoirs publics et médias nous prennent pour des con

Messagede Pïérô » 30 Oct 2014, 12:47

Un billet d'humeur pertinent dans La Rotative

De Malik Oussekine à Rémi Fraisse : quand les pouvoirs publics et les médias nous prennent pour des cons !

L’instrumentalisation (trop) évidente de la mort de Rémi Fraisse, par les pouvoirs publics et autorités de l’État, relayée par les grands médias me met hors de moi. Les déclarations des gendarmes et du procureur de la république font écho, elles sont largement relayées par France 2 notamment et nous préparent à faire d’une victime un coupable. Jusqu’où iront-ils dans l’ignominie ? N’ont-ils pas de conscience ? Le peuple est-il à ce point naïf à leurs yeux pour qu’on lui serve une telle soupe ?

Quelques heures après la mort de Rémi Fraisse, un jeune homme de 21 ans, botaniste bénévole à France Nature Environnement, le procureur d’Albi, M. Claude Dérens, sans avoir d’autres éléments que les déclarations des gendarmes, a commencé par dénoncer la violence des manifestants et, plus tard, notre ministre de l’intérieur, M. Bernard Cazeneuve, nous expliquait qu’ « Aucune cause, dans un État de droit, ne peut justifier ce déchaînement de violences répétées ».

On comprend bien, dans leurs propos que les "méchants violents" sont les opposants au projet du barrage de Sivens. On apprenait même, ce jour funeste que, selon les gendarmes, l’affrontement durant lequel Rémi a connu la mort, était d’une violence extrême et que les manifestants avaient fait usage de cocktails Molotov et d’engins explosifs. Oui, vous avez bien lu : « d’engins explosifs » !

Si le cocktail Molotov est bien connu pour être une arme d’émeute, les explosifs, ne sont pas si courants... D’ailleurs, les derniers articles n’en font plus état (lefigaro.fr, AFP agence, mis à jour le 28/10/2014 à 15:11, publié le 27/10/2014 à 17:48), on est revenu à une formule plus classique : « cocktails Molotov et jets de pierres ». Mais qu’importe ! Dans l’inconscient collectif, le message est passé. Le mal est fait !

Une machine de désinformation est à l’œuvre, elle se poursuit avec les résultats de la première autopsie de Rémi. Le premier constat est celui de « mort par explosion », mais n’allez pas trop vite en besogne, camarades ! N’allez pas tirer de cela des conclusions hâtives et infondées. C’est en substance ce que nous a dit Monsieur le Procureur d’Albi. Comme chacun sait, en France (dans un état de droit) les forces de l’ordre ne font jamais de tir tendu et ne frappent pas les manifestants sans avoir été elles-même agressées (rappelons nous de Malik Oussekine, tabassé à mort en 1986 par des voltigeurs, c’est un bon exemple), il n’y a qu’a regarder ce qu’ont fait, depuis le début du mois de septembre, les forces de gendarmerie mobilisées à Sivens. Alors si Rémi est mort, c’est sans doute pas la faute d’un gendarme ! Ben non voyons !

Observons les autres hypothèses émises dans le cadre de l’enquête menée par les services du procureur de la république d’Albi :
Rémi avait peut-être des explosifs dans son sac (quelques kilos de TNT probablement), ou alors ce sont ses copains encagoulés qui auront mal visé et l’auront tué avec un de leur cocktail Molotov, mais un gendarme ? Vous n’y pensez-pas ! Impossible !

D’ailleurs, je n’aurais pas été surpris que le procureur, comme le médecin légiste n’a pas trouvé, dans les chairs explosées, de traces de plastique ou de métal, nous annonce que ces deux hypothèses absurdes (je parle de l’explosif dans le sac ou du cocktail Molotov) soient les plus probables.

C’est une alternative à laquelle l’État nous préparait bien que le médecin légiste ait également écrit qu’il n’y avait aucune trace de brûlures dans la plaie. Je ne suis certes pas spécialiste de la question, mais il me semble que cela excluait quand même les deux pseudo-hypothèses que l’on nous a servi pour dédouaner la violence policière qui sévit sur ce site depuis des mois et en France, d’une manière générale, depuis des années.

Mais le pire, ce n’est même pas ça ! Le pire c’est qu’on nous a également raconté dans les médias que : « Le corps du jeune homme avait été découvert dimanche, à deux heures du matin, par les gendarmes : alors qu’ils étaient attaqués par une centaine d’opposants très déterminés, ils avaient éclairé la zone et aperçu le corps du jeune homme à terre. Ils étaient sortis de leur enclos pour le récupérer et lui prodiguer les premiers secours, en vain. » (lefigaro.fr, articles du 26/10/2014, et du 27/10/2014)
Ils ne l’ont pas tué, ils ont cherché à le sauver. Quel acte héroïque ! Que le peuple entier ne se lève-t-il pas pour applaudir des deux mains le courage et la détermination, dans leur mission de sécurité, de ces vaillants chiens de garde de la république ?

Tout cela me dégoûte profondément, je le dis, je le crie et je l’écris. L’assassinat de Rémi me dégoûte. Les propos tenus par les autorités à son égard me dégoûtent et la façon dont cette mort est utilisée me dégoûte. Bientôt, Rémi, victime de la barbarie policière, sera le grand coupable de son meurtre, vous verrez qu’ils traineront dans la boue son image (ils ont déjà commencé) et qu’ils justifieront, par son sacrifice, de nouvelles arrestations et de nouvelles actions violentes sur la ZAD du Testet.

Ça, c’est ce que j’ai écrit avant de connaître les dernières nouvelles accablantes. Tout d’abord, le procureur Claude Dérens à annoncé que des traces de TNT ont bien été trouvées sur les effets vestimentaires de Rémi qui aurait donc été tué par un matériel militaire de type grenade offensive. Le procureur s’est dessaisi du dossier au profit du Parquet de Toulouse.

Un gendarme a donc bel et bien flingué Rémi samedi soir ! Est-ce une bavure ? « Non, il ne s’agit pas d’une bavure. » a répondu ce soir Bernard Cazeneuve sur Public Sénat, allant jusqu’à déclarer qu’« on ne peut pas présenter les choses ainsi ». En annonçant toutefois qu’il suspendait l’utilisation des grenades offensives dans les intervention de gendarmerie.

Alors le pire, qu’est-ce que c’est ? Le meurtre de Rémi prend une nouvelle dimension politique, le gouvernement fait front, Valls défend ouvertement Cazeneuve et les forces de l’ordre. Hollande, qui a tardé avant de s’exprimer, a déclaré vouloir faire « toute la vérité sur ce qui s’est passé durant cette manifestation qui a été violente, j’y veillerai personnellement. » ( Le Monde.fr avec AFP | 28.10.2014 Mis à jour le 28.10.2014 à 17h54) Mais, ses déclarations, étaient avant tout une réponse aux critiques justifiées de Cécile Duflot et José Bové, outrés depuis dimanche par ce crime et par le silence de l’état.
Reste à savoir ce que fera M. Jacques Toubon, le « défenseur des droits », puisqu’il s’est saisi d’office du dossier...

Victime, coupable, drapeau... que dis-je bannière ! Mon pauvre Rémi... Tout ça me dégoûte, ils n’ont aucune pudeur.

Olivier Hénocque

https://larotative.info/de-malik-oussek ... aisse.html
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Messagede Pïérô » 02 Nov 2014, 02:48

Qui a peur du grand méchant casseur ?

de : YANNIS YOULOUNTAS

Une fois de plus, les loups hurlent « au loup ! » et tout le monde tombe dans le panneau. La foule naïve bêle au « grand méchant casseur » à la vue de reportages pathétiques et anxiogènes. Beee, beee ! Qui a osé montrer les dents parmi la jeunesse en colère au point de mordre les gardiens de l’ordre perpétuel ? Qui sont les émeutiers du Testet contre la barrage de Sivens que certains médias comparent à des terroristes et que la FNSEA qualifie de « djihadistes verts » d’un mouvement « bien organisé » ?

Une bonne partie de ces « insurrectionnels », comme on les appelle au collectif Tant qu’il y aura des bouilles (1), ne sont pas des nouveaux venus. Bien au contraire. Tout simplement, parce que les émeutes sur la ZAD sont quotidiennes depuis le premier septembre ! Oui, vous avez bien lu : quotidiennes ! Chaque matin, à l’arrivée des machines, les barricades et les tranchées attendaient systématiquement les gardes mobiles escortant ingénieurs et bûcherons. Certains des zadistes n’avaient rien d’autre dans les mains que des cailloux ou des bâtons, d’autres parfois des cocktails Molotov. En face, le feu d’artifice commençait en général vers 8 heures : brouillard épais de gaz lacrymogènes, explosions de bombes assourdissantes, tirs de flash-ball, souvent tendus et à courte distance, occasionnant de nombreuses blessures depuis deux mois parmi les insurgés, violents et non-violents. Moi-même, j’ai essuyé un tir de flash-ball à deux reprises, alors que j’essayais de parlementer sans le moindre projectile dans les mains et à visage découvert. La violence était permanente de part et d’autre depuis deux mois, mais était-ce vraiment la même violence ?

Ce que répondent mes compagnons de lutte les plus radicaux, c’est que la violence qu’ils emploient est parfaitement légitime, et même nécessaire, dès lors que le pouvoir refuse obstinément le dialogue et poursuit son entreprise de destruction irréversible. Il n’y avait pas d’émeutes durant la pause estivale. On entendait les oiseaux chanter dans la douceur matinale et l’air frais de la zone humide. L’ambiance était paisible, solidaire, joyeuse. La violence n’est finalement intervenue que quand le pouvoir aveugle et sourd, y compris à l’égard de nos grévistes de la faim, a choisi d’utiliser la force en déployant d’immenses moyens militaires. C’est le conseil général et la préfecture qui ont déclaré la guerre au Testet, pas les occupants. Une guerre à la vie, à la nature, à la jeunesse qui s’est rebellée diversement, selon les convictions de chacun et, pour les plus radicaux d’entre nous, c’est vrai, avec des moyens importants, mais sans comparaison possible avec l’attirail démesuré des robocops que le pouvoir a placé comme des pions en face de nous en croyant nous intimider et nous chasser.

Car il s’agit bien de résistance. Résistance à un pouvoir violent, autoritaire, arrogant et coupé de la réalité, pour lequel nous sommes que des chiffres, au même titre que la nature. Un pouvoir bien souvent corrompu, multipliant les conflits d’intérêts et les copinages opportuns. Un pouvoir qui refuse le dialogue et feint de ne rien entendre. Un pouvoir qui ne nous laisse pas le choix : nous soumettre ou résister.

La seule différence entre les émeutes du 25 octobre, durant lesquelles Rémi a perdu la vie, et les précédentes, c’est uniquement le nombre de belligérants. Nous avons mis le paquet en termes de communication tous azimuts et avons préparé ce rendez-vous de longue date. Parmi les insurgés, les plus radicaux ont fait de même : forums anarchistes et révolutionnaires, listes d’infos, presse libertaire, etc. Il était donc prévisible que nous soyons beaucoup plus nombreux : pas loin de 7 000 participants au lieu de 1 000 d’habitude, du côté des spectateurs des prises de paroles, 200 et même plus au lieu d’une cinquantaine d’habitude du côté des plus « énervés ». Oui, ce jour-là, nous avons eu des renforts et il était, par conséquent, certain qu’en laissant sur place son dispositif militaire, à deux jets de pierre du rassemblement, le pouvoir allait provoquer des affrontements. Ce qui s’est passé était parfaitement prévisible. Les innombrables blessures annonçaient la mort prochaine de l’un d’entre nous. Rémi a été celui-là.

N’écoutez pas les violons qui font diversion. Méfiez-vous des larmes de crocodiles. Ne croyez pas les loups qui hurlent « au loup ! ». Ce ne sont pas les émeutiers qui ont tué Rémi, mais le pouvoir criminel qui détruit, frappe, expulse, affame et assassine. Le seul et unique casseur, c’est le pouvoir en place et personne d’autre.

(1) Le collectif Tant qu’il y aura des bouillesa http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/ été fondé en octobre 2013 à la Métairie Neuve, sur la ZAD du Testet et occupe celle-ci en pratiquant radicalement la désobéissance civile et la démocratie directe.

http://www.paroleslibres.lautre.net/spi ... rticle2052
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Messagede Pïérô » 23 Nov 2014, 16:37

Violence et mensonges

Face à un gouvernement qui utilise la violence et le mensonge pour administrer le désastre, des êtres refusent la passivité : offensifs sans être agressifs, ils utilisent leurs droits à la légitime défense contre l’oppression.

« Du mensonge à la violence »… à la violence du mensonge.

« Il est décédé, le mec ! Là, c’est vachement grave… Faut pas qu’ils le sachent ! » Les récits des auditions des gendarmes laissent penser qu’il s’agit d’un état de guerre. Une guerre entre des militaires et des manifestants armés de pierres. En trois heures, ce sont 237 grenades lacrymogènes, 38 grenades GLI F4 [1], 23 grenades offensives F1, 41 balles de défense avec lanceur de 40 × 46 mm, qui ont été lancés vers les manifestants. David contre Goliath. Rémi contre l’Etat.

La mort d’un militant écologiste qui s’opposait au projet de barrage du Testet a suscité bien des commentaires et des enquêtes pendant deux semaines. Le président de la république dans son show télévisé a pu éluder toutes les vraies questions en évacuant celle sur la mort de Rémi Fraisse dès le commencement de son émission. Belle manœuvre. Sur le lieu du barrage, alors que la préfecture avait promis que ce rassemblement se déroulerait sans présence des forces de l’ordre, elles étaient là et elles furent violentes. C’est corroboré en partie par ce témoignage : « Je tiens à préciser que le préfet du Tarn, par l’intermédiaire du commandant de groupement, nous avait demandé de faire preuve d’une extrême fermeté vis-à-vis des opposants par rapport à toutes formes de violences envers les forces de l’ordre », rappelle le lieutenant-colonel L. On a caché la mort de Rémi, on a masqué l’origine de sa mort pour contenir une réaction trop forte. On sait qu’avec le temps…

A l’ORTF, rien n’avait été dit, sauf que la contestation serait condamnée dès qu’elle s’avérait violente. On allait la rendre visiblement violente. Ce ne fut pas difficile. On parla de black blocks, de casseurs, comme au temps de Pasqua pour Malik Oussekine. A ceci près qu’en 1986, des millions de jeunes défiaient le pouvoir. Devaquet démissionnait. Pasqua restait. Le pouvoir comme à son habitude séparait les bons des mauvais manifestants, les casseurs des rues dont certains étaient des flics apparaissaient comme des barbares, et la masse effrayée restait chez elle rongeant son frein, adoptant la vision d’en haut pour ne pas se dédire.

On ne parla pas des grands projets inutiles ou de la raison d’être d’un Center Parc en Isère, on n’évoqua pas l’utilité d’un barrage, de ce qu’il nie et qui ne reviendra plus. On parla zones franches sur un ton badin, entrepreneuriat, petites ficèles que chacun tire dans son coin pour le plus grand soulagement du chacun pour soi. Badinguet continuait son numéro avec une nouvelle tête plus carrée et un visage de robot.

Aujourd’hui, si on n’a pas encore peur de descendre dans la rue pour protester, on reçoit avec la bénédiction des médias son hostie en lacrymogène. Rester au bas de sa tour dans une cité peut vous conduire droit au cimetière ; en prison si vous étiez grimés dans un carnaval à Marseille, à l’hôpital avec une perte d’un œil si vous étiez en manifestation à Montreuil ou à Nantes. Encore à Blois la semaine passée. Et être arabe à Clermont-Ferrand vous envoyait direct à la morgue. La mort fait peur et la police sert à ça. Faire peur et faire en sorte que la population se solidarise avec le plus fort. On dirait que cette manie a déjà porté ses fruits. Nous dissuader d’aller dans la rue, et se payer sur nos corps. On peut avoir peur mais on ne peut être lâche. Il faut donc trouver les moyens de rester ensemble.

Contenir l’émotion populaire

Et voilà l’affaire Jouyet qui nous arrive dès lundi matin avec l’habituelle ronde des petits cochons qui se tiennent la queue, de BFM à Libé. L’affaire Jouyet c’est à peu près rien sur l’échelle de l’Histoire, tout au plus une embrouille entre deux clans du pouvoir. Mais ça tombe bien pour changer l’air chargé de souffre, ce petit courant d’air qui permet à tout le monde de regarder ailleurs. L’affaire Nabilla n’avait pas suffit. La rubrique criminelle était déjà pleine. François Bayrou demande la démission de Jouyet. Il n’y a aucune raison de demander celle de Cazeneuve. On reste entre amis.

Le gouvernement est de plus en plus illégitime. Ce n’est pas l’effondrement des sondages qui nous le dit mais ce sont les parents d’élèves de Marseille ou de Seine Saint Denis, les postiers des Hauts-de-Seine ou Serge Reynaud à Marseille jugé pour refus d’obéissance, les lycéens de partout, les administrés de Champagne ou de Bretagne, les licenciés de Continental ou les Moulins Maurel, ceux de Picardie ou d’Aquitaine. Et ce sont encore les occupants de Notre-dame-des-Landes et les refuseurs de la ferme des Mille-Vaches. Partout et toujours des résistants, c’est-à-dire des êtres refusant la passivité, offensifs sans être agressifs, qui utilisent leurs droits à la légitime défense contre l’oppression.

Combien de Carcenac ?

Excusez-nous, mais ce qui nous préoccupe ici, c’est non seulement, que nous ne voulons plus qu’il soit possible qu’on nous arrache un œil parce que nous allons dans la rue, qui restera au peuple tant qu’il saura y demeurer, parce que nous voulons qu’on cesse de nous imposer des projets porteurs de mort et d’esclavage, de la ferme des Mille-Vaches au Testet, de Notre-dame-des-Landes au Val de Suza, et parce que nous voulons que les dirigeants paient quand ils trichent, quand ils mentent, quand ils commandent la mort : Cahuzac est démasqué mais libre, Carcenac est démasqué mais libre, Ayrault et d’autres dont la litanie nous exaspère, sont libres. Les nôtres sont blessés ou morts. D’autres comme Marco Camenisch crèvent en prison.

Résistance

Des assemblées populaires naissent dans tout le pays face à cette absence de démocratie. Elles sont des lieux de dialogue face à la force des pouvoirs constitués. Si elles existent c’est que des gens pris dans l’étau des nouvelles formes managériales exigés dans leur travail, ne supportent plus cette existence, c’est que des chômeurs rejetés par les mêmes formes ne savent plus où exprimer leur mécontentement, c’est que des usagers prennent peur quand les guichets de la CAF ou de l’Hôpital sont fermés, quand l’école disparaît faute d’enseignants. Ce sont évidemment toutes des mamies Khmers Verts qui veulent conserver un bout de quartier, une once de verdure, ce sont ces djihadistes de 60 balais qui n’ont pas envie que ce qui reste de terre soit bitumé ou qu’on rallume l’éclairage public dans des petites villes entièrement mortes. C’est Fred, l’ex-militaire et ex-boulanger dont le renversement est complet : « Les politiques ont peur de nous, et ils ont raison, car on les remet en cause dans leur pratique du pouvoir. » Pacôme Thiellement se demande qui écrira le Poème du Management et de la Mort : « On meurt dans la langue aplatie des ministres et des hommes d’affaires, des technocrates et des chroniqueurs télévisuels. Une langue que tout le monde parle, mais que personne n’écoute. »

En 2012, Gilbert Bordes signait un roman nommé Barrage où il raconte un projet de barrage en Corrèze qui date de 1911. Dialogue :

« — Et les écologistes ? Il paraît qu’ils prévoient une manifestation dimanche prochain ?

— Des emmerdeurs dit Belmas. (…) On va les mettre au pas eux aussi. »

Pas un département où des citoyens de toutes obédiences, des retraités paisibles ou des familles tranquilles ne contestent des projets faits sans eux. Souvent contre eux. Pas une région du monde où l’on ne s’oppose pas à une multinationale. A Marseille, c’est un parc qu’on supprime pour ériger des immeubles, à Lussat dans la Creuse, on rouvre une carrière pour extraire de l’or, des lignes de TGV sont contestées au moins dans trois régions, les incinérateurs de Clermont-Ferrand et de Fos-sur-Mer empoisonnent l’atmosphère de milliers de rurbains, une autoroute à la Réunion plongera l’économie de l’île non seulement dans le rouge mais dans la mer. A Bure on enterre des déchets nucléaires. Décharges, autoroutes, barrages, mines, supermarchés, le béton est partout et l’humanité étouffe. On lui envoie des lacrymogènes pour respirer. Même quand on est « écolo », on se retrouve à se battre contre des gares ou des trains tant les infrastructures semblent étudiées dans le seul but de passer des marchés avec le BTP ou le nucléaire.

Internationale du béton

L’urgence climatique c’est l’urgence d’en finir avec un capitalisme qui détruit tout avec la complicité des mêmes appareils, des appareils aussi infime que le conseil général du Tarn où tout se décide en famille depuis trop longtemps, et sans contestation. Des appareils comme Vinci, Alcan, Cominor. Des trusts et des multinationales puissantes. Elles travaillent contre nous, qui ne sommes même pas une Internationale et avons contre nous une encyclopédie de nuisances. Ces nuisances se répondent mais ne nous unissent que lorsque nous faisons entendre une même voie pour les désavouer.

Christophe Goby

P.-S.
Dans le livre de Bordes, un des protestataires chassés par les CRS a cette phrase : « Nous n’abandonnerons jamais ! Ne l’oubliez pas ! »

Notes
[1] Les grenades GLI (Grenade Lacrymogène Instantanée) est une grenade offensive, ne pas la confondre avec l’OF F1, désormais temporairement interdite suite à la mort de Rémi Fraisse.. Pour plus d’informations sur l’armement de la police et de la gendarmerie, voici un document récapitulatif.

http://larotative.info/violence-et-mensonges-688.html
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Re: Quand pouvoirs publics et médias nous prennent pour des

Messagede bipbip » 26 Nov 2018, 18:06

Une belle Fake-News d’Europe 1: Le domicile de Christophe Castaner « attaqué » par des « gilets jaunes »
L’affaire de « l’attaque » de la maison de Castaner à Forcalquier, a été reprise par toute la presse. La rue d’accès à cette maison est bien entendu barré. Des « gilets jaunes » rigolards prennent la pose devant le barrage policier, lesquels apparaissent très peu stressés. Une belle « fake news » comme des milliers d’autres distillées par ces médias serviles, il suffit d’être le témoin direct d’un fait et de constater comment il est traité dans la presse, pour mesurer sa propension éhontée à la propagande.
... https://www.anti-k.org/2018/11/25/une-b ... ts-jaunes/

BFM TV accuse les gilets jaunes de dépaver les Champs… alors qu’il s’agit d’une zone de travaux
Ces derniers jours, les médias dominants n’ont pas hésité à tout faire pour décrédibiliser le mouvement des gilets jaunes, quitte à inventer des Fake News : c’est le cas de BFM TV, qui montre des images d’un chantier sur les Champs Elysées affirmant que les manifestants ont dépavé l’avenue.
... http://www.revolutionpermanente.fr/BFM- ... de-travaux
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