Protection sociale, le big bang réactionnaire
Depuis la création de la Sécurité sociale en 1945, les employeurs se plaignent du coût du travail. Ils ont toujours expliqué qu’il n’avaient pas à payer des cotisations sociales pour des prestations « sans aucun lien avec le travail ». Mais maintenant Macron les séduit.
Il veut rapidement mettre en application son programme sur le financement et les structures des branches maladie et retraite de la Sécurité sociale et de Pôle emploi. Ses contre-réformes répondent totalement aux revendications patronales et parachèvent les mesures des différents gouvernements qui ont précédé. Ceux-ci n’ont cessé de prendre des dispositions afin de réduire les dépenses (multiples déremboursements des prestations de santé, reculs successifs de l’âge de départ à la retraite et baisse des pensions, modulation des allocations familiales…), les encadrer (création d’une loi de financement de la Sécu en vigueur depuis 1996), les sortir du champ de la Sécu (développement des complémentaires santé, des plans d’épargne retraites…), diminuer la part patronale des cotisations (baisse de leur montant, exonérations) et modifier les modalités de financement (création de la contribution sociale généralisée – CSG – et fiscalisation).
Mais le patronat exige toujours plus, l’allégement des « charges » ne lui suffit plus. Désormais, il exige la suppression pure et simple des cotisations sociales chômage, retraites, maladie. Le gouvernement prépare donc un grand chamboulement de la protection sociale1. Il veut non seulement détruire la base de l’édifice, son financement, mais aussi son organisation. Si elles aboutissent, les réformes annoncées détruiront des acquis sociaux de plus d’un demi-siècle.
Salaire socialisé ou CSG, un enjeu de la lutte de classe
Le salaire socialisé, la cotisation sociale est un enjeu primordial du rapport entre le capital et le travail, puisque c’est un prélèvement sur la richesse créée dans l’entreprise par le travail qui ampute le profit. Par contre, la CSG est prélevée sur les salaires et les revenus de remplacement, elle préserve le profit. Sa fonction est identique aux exonérations des cotisations sociales « patronales » (environ 30 milliards d’euro par an), compensées à 90 % par l’impôt : alléger la contribution du patronat au financement de la Sécu et transférer le financement sur les particuliers.
L’enjeu représente des centaines de milliards d’euros. En 2015, les cotisations affectées à la protection sociale s’élevaient à 488,9 milliards d’euros sur un total de 701,2 milliards de recettes (32 % du PIB).
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http://www.anti-k.org/2017/11/12/protec ... onnaire-2/