
... http://rue89.nouvelobs.com/2014/10/27/s ... age-255728
http://www.alternativelibertaire.org/?B ... -Prolo-LesBande dessinée : Manolo Prolo, « Les beaux jours reviennent »
Manolo Prolo, en plus d’être un camarade d’AL en Moselle, est un illustrateur et militant bien connu de tous ici et depuis longtemps. En 2012, il nous a livré une bande dessinée d’anticipation, dans un univers sombre, où l’auteur met sur papier ses cauchemars concernant un avenir possible.
Inspiré par Zilber Karevski, le synopsis est simple : Joseph Lapouthre est un professeur plutôt banal, et c’est à travers ses yeux (que l’on ne voit d’ailleurs jamais) que l’on assiste à une mutation fascisante de la société. Grévistes licenciés, retour de l’enseignement religieux à l’école, milices catholiques, musulmans et autres désignés comme ennemis intérieurs, fichage, xénophobie, police omniprésente, caméras de surveillance partout...
Face à cela, Joseph désapprouve et culpabilise, comme durant cette scène terrible où il assiste à une pendaison en guise de « vengeance » : « Ils ont pendu un arabe, pour venger l’enfant Jésus. Par amour du prochain. Et moi je n’ai rien fait. Mais alors rien du tout. » Il est indigné, choqué, mais il demeure comme résigné, il détourne le regard tout en assistant à ce glissement effrayant, se questionne vaguement tout en demeurant passif.
Il se réfugie dans une relation amoureuse avec sa nouvelle et jolie collègue Marie, qui concentre son attention... jusqu’à ce qu’il soit poussé dans ses derniers retranchements et contraint d’agir au fur et à mesure que les évènements s’enchaînent.
Certains reprocheront sans doute à cette BD d’être trop simple. Sur le dessin, premièrement, où il n’est pas question ici d’étalage technique. C’est relativement sobre, en noir et blanc mais aussi très expressif, et certains passages contemplatifs sont mêmes franchement émouvants. Simplicité également au niveau du scénario, c’est parfois improbable, voire franchement exagéré, peut-on se dire en lisant. Et puis l’on revient dans le monde réel, d’aujourd’hui, et on se dit que cette BD sonne comme un sacré avertissement et met le doigt sur de vraies dérives actuellement en cours.
Finalement, on comprend bien l’intention de l’auteur qui nous aura embarqué avec une facilité déconcertante de la première à la dernière page : la passivité est la pire des choses. Et si nous demeurons passifs, cette horreur pourrait s’abattre sur nous dans des délais peut-être plus restreints qu’on l’imagine. Cette BD est déjà un acte de résistance, pour que les beaux jours reviennent enfin !
Nicolas (Moselle)
Manolo Prolo, Les beaux jours reviennent, éditions Même pas mal, 112 pages, 20 euros
Présentation de l'éditeur : « Il y a Kowalski, dit Kol, Betty, licenciée de l’imprimerie où elle travaillait. Dylan, prof d’anglais et poète. Les jumelles Dorith et Muriel, pour qui la vie est une fête permanente. L’Enfant-Loup, coureur et bagarreur. Suzana, infirmière en psychiatrie. Rousseau, beau gosse et prof d’économie. Hurel, industriel, lecteur de Marx et de Kropotkine. Ils sont chômeurs, syndiqués, certains exilés, tous ont été des travailleurs. Pas des « cocos », ni des militants. Des hommes et des femmes en colère, qui décident de régler leur compte à cette société où l’autorité du succès prime sur celle du talent. Des samouraïs, des mercenaires, une redoutable fraternité constituée en Brigade du rire.
Leur projet ubuesque et génial tient à la fois de la supercherie que de la farce grotesque: kidnapper et faire travailler Pierre Ramut, l’éditorialiste vedette de Valeurs françaises, et, dans un bunker transformé en atelier, l’installer devant une perceuse à colonne pour faire des trous dans du dularium. Forcé de travailler selon ce qu’il prescrit dans ses papiers hebdomadaires – semaine de 48 h, salaire de 20 % inférieur au SMIC, productivité maximale, travail le dimanche –, Ramut saura désormais de quoi il parle...
Le héros de ce roman c’est l’amitié qui unit cette ancienne équipe de handball ; l’héroïne, cette comédie loufoque, ce pied de nez à un système pétri de contradictions et enfermé dans ses convictions. Dans une grande fresque tragi-comique, fidèle à son univers – Vive la sociale, Les Vivants et les Morts – Gérard Mordillat parle du monde d’aujourd’hui, de ses injustices, de ses luttes, de ceux qui refusent de se soumettre et se vengent d'un grand éclat de rire. »
Editions Albin Michel, 528 pages, 22,50 euros.
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