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Messagede bipbip » 09 Mar 2017, 15:09

Saint Denis (93) vendredi 10 mars 2017

Débat « Politiques du style »
avec Jean-Jacques Lecercle, Natacha Michel et Olivier Neveux

à 19h30, Bourse du Travail de Saint-Denis, 9-11 rue Génin, Saint Denis (93)

Quand on se penche sur les questions littéraires et esthétiques, la gauche sociale et politique a tendance à s'interroger sur le contenu des oeuvres, davantage que sur la forme : de quoi parlent les oeuvres ? De quelles réalités se font-elles l'écho ? Cette soirée est l'occasion, à rebours de ces approches usuelles, d'interroger politiquement la forme des oeuvres. Y a-t-il une politique du style ? Pour le savoir, nous convoquons aussi bien une lecture critique de la langue et de ses effets, qu'une attention serrée sur les processus d'émancipation subjective chez le spectateur ou le lecteur.

Politiques du style est la 3e soirée de prologue au colloque Penser l'émancipation 2017, qui aura lieu du 13 au 16 septembre à l'Université Paris 8 : https://paris.demosphere.eu/rv/52216

https://www.facebook.com/events/840826946055574/
https://paris.demosphere.eu/rv/53669

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Messagede bipbip » 05 Mai 2017, 17:26

La littérature syrienne miroir de la réalité
Les mots impitoyables des écrivains.

Les romans et la poésie syriennes racontent depuis cinquante ans la répression, la dictature, la torture, la prison et la terreur. Plus libre que la parole politique, la littérature a emprunté d’autres chemins pour témoigner en filigrane des prémices de la révolte de 2011.

Les littératures sont inextricablement liées aux sociétés dont elles sont originaires et constituent pour cette raison des instruments indispensables à la construction d’un récit différent de celui proposé, par exemple, par l’histoire officielle. Dans les régimes politiques où le travail de propagande est particulièrement fort et dans la période actuelle dominée par la « post-vérité » (1), la fiction littéraire apparaît souvent nécessaire, car elle s’avère, paradoxalement, le témoignage le plus proche de la réalité. Des « petits événements » racontés par les écrivains et les poètes peuvent se dégager les mécanismes et les dynamiques desquels pourrait émerger un « grand événement », comme une révolution.

Dans le chaos syrien actuel, semblable à une longue et exténuante partie de Risk, les réelles motivations qui ont amené il y a six ans à l’éclatement de la révolution ont été englouties par le trop-plein de joueurs sur le terrain. La révolte syrienne est désormais présentée uniquement comme le produit des calculs politiques de l’alliance entre les États-Unis et les pays du Golfe. Mais, depuis longtemps, les écrivains syriens racontent une tout autre histoire, longue de presque cinquante ans.

... http://www.socialisme-libertaire.fr/201 ... alite.html
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Messagede bipbip » 12 Mai 2017, 17:10

Une sélection de romans révolutionnaires

Nous proposons aujourd’hui une petite sélection de trois romans classiques révolutionnaires, venus de trois continents différents. Le talon de fer de Jack London, Sans patrie ni frontières de Jan Valtin et le bateau usine de Takiji Kobayashi.


Le talon de fer

Écrit par Jack London en 1906, le talon de fer se présente comme le journal intime d’une jeune femme d’origine bourgeoise, Avis Everhard, prise dans le tourbillon révolutionnaire. Les premières pages du roman relate la rencontre d’Avis avec celui qui deviendra son compagnon, Ernest Everhard, un militant révolutionnaire ouvrier. Celui ci sera son initiateur à la critique marxiste du capitalisme. Les premiers chapitres sont d’ailleurs des attaques en règles de l’idéologie dominante, au travers du récit des controverses qui opposent Ernest à divers protagonistes, prêtres, professeurs de philosophie, ou encore patrons & petits commerçants.

Ce livre est le cheval de Troie de London pour faire pénétrer ses idées marxistes révolutionnaires dans son lectorat. Un lectorat précédemment conquis par son grand succès populaire, Croc Blanc.

Bien sûr, le talon de fer à des défauts. Le principal étant le rôle de second plan attribuée à la narratrice, Avis, qui tout au long du livre sert surtout de faire valoir au véritable héros de l’histoire, Ernest Everhard, une sorte de militant révolutionnaire un peu fantasmé. A noter d’ailleurs que pour le personnage d’Ernest, Jack London s’est inspiré… De lui même, tel qu’il eut aimé être. D’ailleurs, un discours qu’il prête à son héros (au club des philomathes) est directement inspiré d’un discours qu’il prononça lui même. (Revolution).

Disponible depuis quelques années dans une nouvelle traduction aux éditions Phoebus Libretto, Le Talon de fer est plus qu’un classique révolutionnaire : c’est le classique par excellence. Mark Twain disait que les classiques sont les livres que tout le monde voudrait avoir lu mais que personne ne veut lire. Ce livre vaut en tout cas le coup de se motiver un peu. De Jack London, on aurait aussi bien pu citer l’excellent Martin Eden, ou encore le bureau des assassinats… Pour ne donner que quelques titres de l’un des plus grands écrivains révolutionnaire américains.


Sans patrie ni frontières

Écrit par Jan Valtin, le pseudonyme de Richard Julius Hermann Krebs, Sans patrie ni frontières se présente comme une autobiographie romancée, dont les péripéties, bien qu’à prendre avec un peu de recul, donne une idée de l’ambiance bouillonnante de l’entre-deux guerres.

Militant Spartakiste à 16 ans pendant la révolution allemande, Jan Valtin fuit la répression et la misère en s’engageant comme marin. Très vite, l’équipage se révolte, organise un soviet du bateau, envisage de se faire pirate… Après plusieurs péripéties, le héros regagne les rangs du parti communiste allemand. Envoyé faire l’école du parti en URSS, il devient dans les années vingt agent du Komintern, l’internationale communiste. Responsable de l’organisation et la propagande sur les ports, il parcourt le monde au service de la révolution. Mais, assez vite, ça se gâte. Le Komintern, « parti-mondial de la révolution » se transforme en outil au service de la bureaucratie soviétique, la nouvelle classe exploiteuse en Russie, dirigée par un Staline despotique. Pourtant, Valtin, à l’instar de nombres de ses camarades, ne se résout pas à solder sa participation à l’internationale : c’est toute sa vie. Et puis, a t-il encore le choix ? C’est qu’on ne quitte pas le Komintern comme ça. Et déjà, en Allemagne, le nazisme étend son influence. Valtin trouve la ligne du parti communiste allemand, définie depuis la Russie, comme délirante et porteuse de tout les dangers. Pourtant, discipliné, il l’applique… Tout cela fait de ce livre un grand roman d’aventure, une fresque révolutionnaire époustouflante, mais aussi le roman noir de l’écrasement de la révolution sur toute une période historique, et de la catastrophe qui s’ensuivit.


Le bateau-usine.

Ecrit en 1929 par Takiji Kobayashi, le roman relate les conditions de vies et de travail atroces que connaissent les ouvriers sur un bateau-usine japonais pêcheur de crabes, du fait de la soif de profit de la compagnie qui affrète le bateau-usine. Celle ci est représentée par un intendant, qui frappe les ouvriers, leurs inflige des punitions corporelles, mais aussi empêche même le capitaine de se porter au secours des navires en difficulté dans leur secteur. Peu à peu, germe chez les ouvriers et marins des idées de grèves, de révolte… L’auteur, un militant révolutionnaire qui mourra 4 ans plus tard assassiné par la police, s’est inspiré de plusieurs faits divers réels de l’époque.

Réédité en 2008, l’ouvrage connaît un grand succès en librairie, au point d’être élu livre de l’année au Japon. C’est que la génération de galérien et galérienne d’aujourd’hui va se reconnaître dans ce livre vieux de quatre vingts ans mais qui décrit un quotidien fait d’exploitation et d’humiliation, ou affleure aussi la révolte et la lutte.

http://www.19h17.info/2017/05/04/une-se ... ionnaires/
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Messagede Lila » 30 Juil 2017, 18:52

12 romans sur des femmes par des femmes à lire cet été

Vous avez enfin fini le Deuxième sexe ? Vous avez prêté vos Andrea Dworkin à votre sœur qui ne vous les a pas encore rendu ? Ça fait déjà 6 fois que vous relisez le dernier numéro du journal d’Osez le féminisme ! et il tombe en miette ? Cet été, nous vous proposons une sélection de 12 romans, écrits par des femmes et racontant des destins de femmes. Alors que vous soyez à la plage dès l’aube, dans les montagnes à vous rouler dans l’herbe toute la journée ou dans le parc au pied de votre bureau à l’heure du déjeuner, variez les plaisirs et faites votre choix ! (puis racontez-nous)

1. Le meilleur reste à venir, Sefi Atta
« Chez nous, les femmes sont encensées lorsqu’elles renoncent à leur droit de protester. ». Or, Enitan, la narratrice, et son amie Sheri, dont on suit l’amitié et le parcours sur plusieurs décennies, ne renoncent pas à protester. Ces deux femmes que tout sépare partagent un même objectif, un même combat : échapper à l’enfermement d’une société oppressive, patriarcale et machiste. Elles ne choisissent pas le même chemin pour y parvenir, se séparent puis se retrouvent mais toutes les deux paieront chèrement cette soif d’émancipation. Leur profonde amitié, leur sororité, leur permet de se relever et de continuer de vivre malgré les difficultés… car le meilleur reste à venir.

2. Les débutantes, J. Courtney Sullivan
Quatre jeunes femmes entrent à l’université féminine et féministe Smith. Elles ne se connaissent pas encore mais créeront une magnifique amitié à une époque de leur vie où elles deviennent indépendantes de leurs parents, tombent amoureuses (pas toujours des bonnes personnes) et se politisent. Des années après, perdues de vue, elles se retrouvent à l’occasion de la disparition de l’une d’entre elles. Pourquoi il est à conseiller ? Parce qu’on peut tellement se reconnaître en chacune de ces femmes qui construisent, de façon dite ou non, leur féminisme et découvrent la sororité.

3. La maison de l’arbre joueur, Lian Hearn
Au cœur du Japon du XIXème siècle, alors que le pays résiste aux volontés colonisatrices des occidentaux, Tsuru se bat contre la société à sa manière. Fille de médecin, elle l’assiste brillamment depuis qu’elle est en âge de le faire et souhaite devenir médecin à son tour. Un enjeu de taille et une mission impossible pour une femme à cette époque-là. Peu importe, déguisée en homme, elle s’inscrit aux cours afin d’avoir son diplôme et de pouvoir exercer à son tour… sous le masque ou à visage découvert. Définitivement une héroïne comme on voudrait en voir plus souvent dans les romans !

4. Les cosmonautes ne font que passer, Elitza Gueorguieva
Une fille de 7 ans, en Bulgarie, juste avant la chute du mur de Berlin. Son univers ? Sa meilleure ennemie-meilleure amie, un cousin libre de ses mouvements, son grand-père un véritable communiste, ses professeurs qui ne font aucun pas de côté, et… Youri Gagarine, son modèle absolu grâce auquel elle rêve de devenir cosmonaute. Oui mais, une fille peut-elle être cosmonaute ? Si le régime soviétique a bien créé quelques modèles de femmes cosmonautes (Valentina Tereshkova, Svetlana Savitskaya…), la nouvelle société à venir après la chute de l’URSS lui permettra-t-elle d’atteindre son rêve ? Le récit touchant d’une petite fille en réflexion face à sa possibilité de réaliser ses rêves et choisir son avenir professionnel dans un changement de régime politique et un patriarcat dont elle ne connaît pas (encore ?) le nom.

5. Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie
Americanah raconte le parcours d’Ifemelu, jeune femme nigériane émigrée à Philadelphie aux Etats-Unis pour ses études. A son arrivée, elle « découvre » qu’elle est noire : la société américaine la renvoie à sa couleur de peau. Elle restera 15 ans dans ce pays encore largement marqué par le racisme et le raconte dans un blog, à travers ses rencontres, ses expériences amoureuses, l’élection de Barack Obama… Inspiré de l’histoire personnelle de son autrice, Americanah enchaîne récits au passé et au présent, dérision, pessimisme, colère… Et au passage, permet de s’interroger sur soi-même et ses propres représentations.

6. Certaines n’avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka
On le sait peu mais des milliers de femmes japonaises ont été déportées au début du XXème siècle aux Etats-Unis, afin de “peupler” les campagnes agricoles de la côte Ouest. Vendues par leurs familles, mariées de force, violées, engrossées, obligées de tenir leur nouveau foyer et d’assurer les travaux travaux agricoles, aucune violence ne leur a été épargnée. Ce court roman raconte leurs vies, pour qu’on ne les oublie pas, jamais. Une lecture absolument essentielle avec une traduction à couper le souffle, qui ne devrait pas vous laisser indemne.

7. L’amie prodigieuse, Elena Ferrante
Best-seller en tête de gondole dans toutes les librairies depuis des mois, cette saga vous dit peut-être quelque chose. L’histoire ? Deux filles grandissent dans les quartiers populaires de Naples dans les années 50 et se battent lors de leur adolescence puis en tant que femmes pour choisir la vie qui leur corresponde. Pourquoi il faut le lire ? Parce qu’on a rarement vu une amitié entre femmes aussi bien racontée ainsi que les embûches patriarcales (certes, pas toujours formulées) qui sèment leurs vies et leur relation.

8. Bienvenue, Kim Yi-seol
Misère, échec scolaire, violences familiales, dettes, harcèlement, prostitution, épuisement psychologique, violences médicales… toutes les violences sont là. Bienvenue en patriarcat. Yunyeong aura tout vu, tout vécu et on plonge dans l’horreur en même temps qu’elle à lire ce récit qui montre de manière subtile mais néanmoins efficace comment une violence en entraîne une autre et que les choix sont de plus en plus limités et imposés quand les hommes sont dans les parages. On se demande à chaque page à quel moment cette vie est possible à vivre mais la femme incroyable dépeinte n’a pas dit son dernier mot et continue à se battre avec ses moyens.

9. Toute une histoire, Hanan El-Cheikh
Analphabète, fille d’une femme répudiée vivant dans le dénuement, Kamleh est fiancée à 11 ans, à son insu, au mari de sa sœur décédée prématurément. Mariée de force à 14 ans, mère à 15 ans, elle s’obstine à refuser ce rôle d’épouse et de mère que d’autres lui ont imposé. Même si elle ne peut lutter seule contre sa famille et la société, elle utilise ce qu’elle peut pour exprimer sa liberté : elle chante, plaisante, va au cinéma, a un amant. Cette joie de vivre et cette liberté se paient au prix fort mais au moins, elle aura en partie choisi sa vie.

10. La Couleur Pourpre, Alice Walker
Deux sœurs noires dans l’Amérique des années 30 : l’une part pour une longue mission en Afrique, tandis que l’autre reste dans leur Géorgie natale. Très proches, elles ne cesseront de s’écrire des lettres, se racontant leurs vies respectives sur plus de 30 ans.
Alice Walker décrit avec un angle de vue clairement féministe la condition peu enviable des femmes noires dans le sud des Etats-Unis d’avant-guerre. Pauvreté, racisme, violences sexuelles sont montrées dans toute leur brutalité. Il faut avoir le cœur bien accroché. Par ailleurs, les personnages féminins touchants de complexité et la beauté des liens sorores (voire romantiques) qui les unissent, font de La couleur pourpre une œuvre tendre et humaine qui laisse son empreinte dans nos esprits longtemps après avoir tourné la dernière page.

11. Marx et la poupée, Maryam Madjidi
Entre le sucre et le Royaume de l’exil, entre héritage et exclusion, les mots sont beaux autant qu’ils sont armes. A travers son cheminement de langage Maryam Madjiji exprime toutes les douleurs du déracinement, tous ses paradoxes également. Elle questionne son propre voyage, ses stratégies de survivante et de femme émancipée ; du mutisme à la mise en scène de son orientalisme. Elle n’est pas un arbre, elle n’a pas de racine, mais nous emmène avec beaucoup d’humour et de tendresse en Iran, en histoire, et en poésie.

12. Dans la forêt, Jean Hegland
Dans un monde vide, les femmes, la nature, la sororité au sens le plus profond du mot suffiront-elles à reconstruire une vie à vivre ? Ce roman va vous attraper, vous entraîner dans l’effondrement, vous confronter à l’inconnu et vous interpeller sur ce qu’il y a à construire. Ou ce qu’il reste à détruire. Ce qu’être sœurs, c’est peut-être de s’arrimer l’une à l’autre en attendant le courage de l’utopie.

Bonne lecture !

Alice, Chloé, Eléonore, Pauline et Raphaëlle.

http://feministoclic.olf.site/12-romans ... -heroines/
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Messagede bipbip » 20 Aoû 2017, 15:52

Frontière noire : un dialogue entre plusieurs mondes

Ils se sont rencontrés dans les années 1990, lorsqu’ils étaient lyonnais. Mais depuis, Sylvain Cavaillès a fait son bonhomme de chemin dans l’écriture de pièces de théâtre, dans la mise en scène, puis au tournant des années 2000 dans la fiction. Et voilà maintenant huit ans qu’il partage son temps entre Strasbourg et Istanbul, entre l’écriture, la traduction et un doctorat de lettres.

Jean-Marc Scanreigh, lui, travaille à Nîmes et à Paris, et tient son style du travail de graveur, s’inspirant de photos d’actualité, dont la source est pourtant indétectable. Ensemble, ils avaient accouché d’un beau livre d’artiste tiré à 60 exemplaires numérotés, en 2002 (Emperlée, éditions des Ombres portées). Or treize ans plus tard, les deux amis se sont retrouvés à Nîmes. Et de fil en aiguille, est venue l’idée de réitérer l’expérience, sous la forme d’un dialogue entre l’écriture du premier et les dessins exécutés par le second ces dix dernières années.

L’écriture s’est étalée sur quelques semaines, entre décembre 2015 et février 2016. Avec, en toile de fond, la montée d’une répression de plus en plus violente, particulièrement dans l’est de la Turquie – partie du pays qui fait l’objet de la recherche doctorale de Sylvain, puisqu’il étudie précisément la représentation des Kurdes et des régions kurdes de Turquie dans la littérature turque contemporaine. Et pour écrire ses textes, il puise à la fois dans les actualités du sud-est du pays qui lui parviennent sur le net, et dans les auteurs turcs qu’il traduit – Murathan Mungan, Ayhan Geçgin, Murat Özyaşar, Mehmet Said Aydın… Il y est question, entre autres, de l’inexorable avancée de la Turquie vers la dictature, et comme l’écrit Sylvain en préambule « d’une époque troublée qui n’en finit pas de tanguer sans pour autant tout à fait sombrer ».

« Une frontière postule l’existence de deux territoires et donc potentiellement, elle articule autant qu’elle sépare, poursuit-il. On peut s’amuser à décliner les binômes qui prennent part au dialogue dont ce livre est le lieu : artiste/écrivain, texte/dessin, art/actualité, Nîmes/Istanbul, Orient/Occident ou encore ancien/nouveau…car l’époque que nous vivons semble bien, elle-même, faire frontière entre deux mondes. » Or cette frontière, il va sans dire, l’auteur la trouve bien noire. D’où le titre de ce recueil, paru chez Mémoire active au printemps dernier, et dont je vous livre ici quelques extraits…

... http://www.kedistan.net/2017/08/16/fron ... rs-mondes/
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Messagede Lila » 20 Aoû 2017, 20:00

“Têtes de Turques”, un livre de Laurence Monnot

Kedistan vous a laissé un peu de temps pour profiter de la période estivale pour lire les polars que vous aviez mis de côté pour caler la serviette. Passons donc à des choses plus sérieuses. “Têtes de Turques” n’est pas un roman noir.

Et puisqu’on prononce le mot “roman”, il en est un à qui ce livre tord un peu le cou, ou du moins auquel il apporte de sérieuses nuances.

Il se trouvera toujours en Europe, de bonnes féministes laïques et républicaines, pour raconter l’histoire d’un Mustafa Kemal Atatürk amoureux des femmes (il l’était, mais pas comme vous l’imaginez). Amoureux à tel point et tant respectueux qu’il leur “octroya” le droit de vote dans les années 1930.
“Sommée de sortir du harem, les femmes doivent s’engager dans le processus de construction de la nouvelle Nation… porter bien haut l’étendard de la modernité”.

L’auteure y regarde de plus près et énonce la mise en place d’un “féminisme d’Etat”, qui produira des “filles émancipées, mais pas libérées”, avec des différences sociales et géographiques considérables.
“Les violences domestiques, la sortie du système scolaire, les mariages précoces, la soumission à l’autorité masculine subsistent majoritairement”. Le patriarcat résiste, et ce sont les nouvelles classes de la bourgeoisie qui intègrent la “réussite” des femmes, là où elles en ont besoin.
La suite démontrera que ce kémalisme républicain, paraît-il laïque, a accompagné les disparités et les oppressions sociales, économiques et religieuses, tout en n’introduisant pas un réel combat “féministe”, puisqu’il faudra tout autant attendre les années 1980 pour voir apparaître de réelles revendications anti-patriarcales, et ce, pour toutes les couches de la société.
L’analyse de cette période, en début de livre, est essentielle pour la compréhension et pour aller vers le sous titre du livre, plus récente “la condition féminine sous Erdoğan”.

Le sort des 40 millions de femmes en Turquie, jouissant de “droits” en principe constitutionnels n’a donc pas été plus enviable qu’ailleurs, dans la région ou en Europe, et leur combat s’est compliqué avec la dérive du régime.

L’auteure mêle témoignages, parcours personnels de femmes, de milieux sociaux et d’options politiques diverses, parcours de vie et histoire des mouvements de femmes en Turquie. Son analyse rigoureuse permet d’éclairer des décennies de combats et d’oppression, d’avancées et de reculs, quasi toujours liés aux oppositions politiques aux pouvoirs successifs, et de fait fortement contre l’actuel.

la suite : http://www.kedistan.net/2017/08/11/tete ... ce-monnot/
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Re: Littérature

Messagede Pïérô » 25 Aoû 2017, 00:55

Solidarité contre la barbarie

Une trentaine d'écrivains ont contribué à Ce qu'ils font est juste, recueil de textes sur les réfugiés et leur accueil en France.

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Se souviendra-t-on qu'en 2017, dans une France épargnée par la guerre sur son sol, des policiers ont (auraient ?) aspergé des migrants de gaz poivré à Calais, y compris des mineurs ? Parfois dans leur sommeil... Leurs affaires ont été contaminées. L'eau qu'ils peuvent boire. Quand les distributions de nourriture ne sont pas interdites.

C'est dans cette France, également, que « toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d'un étranger en France », encourt jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende.

C'est dans cette France, encore, que le Président nouvellement élu maintient une distinction abjecte entre migrants et réfugiés, dans un discours tenu le 27 juillet. Comme si ceux-là n'étaient pas les mêmes. Comme si cette précision ne venait pas, subrepticement, justifier un non-accueil qui peut aller jusqu'à la barbarie.

« Ce qu'ils font est juste ! », proteste un collectif, outré dans son humanité, porté par un poème étranglé que signe l'illustrateur et bédéiste Enki Bilal. « C'est juste… parce qu'ils ont nagé. C'est juste… parce qu'ils ont peur. C'est juste… parce qu'ils comptent sur nous. »

Mais qui « nous » ? Combien pour aider ceux qui viennent trouver refuge en France ? Pour des raisons qu'il ne devrait même pas être décent de leur demander… Des écrivains réagissent, avec leurs armes : récits, fiction, rêverie, ils fixent des scènes qui atteignent une sorte de paroxysme cette année, deux ans après la dite « crise des réfugiés », alors que les canots débordent comme jamais au large de la Libye.

Ce « pauvre bougre », assommé de médicaments par les habitants du passage où il squattait, armés de bonnes intentions, ou pas ? (« Pauvre Bougre », Antoine Audouard). Les drones qui pistent les migrants jusque dans les appartements (« La panthère de Stalingrad », Clément Caliari). « Le visage d'un frère étrangement apaisé après avoir été torturé à mort dans les décombres d'une école. Le flic d'Assad qui, avant de le frapper, lui dit : « Maintenant, profite bien de ta douleur. » (« Laissez passer les loups », Serge Quadruppani).

Nimrod, Fatou Diome, Jean-Marie Laclavetine, Leila Sebbar, Philippe Claudel, ils sont une trentaine à avoir réalisé des textes étranglés et étranglant, qui, passant de l'actualité à la littérature, se chargent d'énergies, de profondeur, de force de frappe.

Ce qu'ils font est juste. Ils mettent l'hospitalité à l'honneur Don Quichotte, 336 p., 18 euros.


https://www.politis.fr/articles/2017/07 ... rie-37438/
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Littérature

Messagede bipbip » 16 Sep 2017, 18:02

Upton Sinclair, un romancier socialiste dans la jungle capitaliste

Auteur américain du début du XXe siècle, Upton Sinclair (1878-1968) a écrit des romans à la prétention quasi journalistique. Comme son camarade Jack London, il consacre une grande partie de son œuvre – abondante et méconnue en France – à la défense des plus faibles, soumis au joug du capitalisme yankee. « La Jungle », roman phare et roman-fleuve du socialiste, est l’un des seuls livres de Sinclair a être parvenu jusque chez nous. Présentation de ce roman d’apprentissage narrant les péripéties d’un émigré lituanien à Chicago et rempli de réflexions sur la modernité, le capitalisme, l’urbanité et l’industrie de la viande.

Né dans une famille bourgeoise déclassée par la participation de certains de ses membres à la guerre de Sécession aux côtés des confédérés, Upton Sinclair fréquente dans sa jeunesse à la fois les milieux populaires de Baltimore et les cercles de nantis new-yorkais. Il connaît l’aisance chez ses oncles et l’extrême pauvreté au sein de sa famille nucléaire. Ces habitudes l’amènent à se forger une représentation du monde inspirée du marxisme, qui le conduiront à adhérer au Parti socialiste d’Amérique en 1904. Très tôt, il s’emploie à l’écriture afin de payer ses études. Il s’adonne alors au roman de gare et aux textes courts, souvent comiques. Avant cela, il est correspondant de guerre à Cuba en 1898, mission pour laquelle il travaille pour trois éditeurs différents. Il est aussi grand lecteur des œuvres de Shakespeare, Goethe et Voltaire.

Un romancier du réel

Le travail d’Upton Sinclair apparaît dans un contexte littéraire engagé et foisonnant. Par la dimension sociale de ses récits, il est compagnon de route de Jack London, mais aussi de John Spargo et de Samuel H. Adams. Ces auteurs ont tous boxé le système capitaliste américain avec les mots, chacun à leur manière, mêlant les idées à l’action concrète, en prônant un socialisme parfois teinté de mysticisme et de puritanisme. Sinclair lui-même adhère au socialisme moins pour des raisons politiques que pour des raisons morales et religieuses, et déclare que « les trois plus grandes influences [qu’il a connues] sont Jésus, Hamlet et Mary Shelley ». Contemporain des muckrakers, ces journalistes “fouilles-merde” qui dénonçaient la corruption de leur temps, il est allé plus loin qu’eux en s’attaquant à la totalité d’un système qu’il détestait.

... https://comptoir.org/2017/09/13/upton-s ... pitaliste/
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Re: Littérature

Messagede bipbip » 07 Oct 2017, 17:10

Entretien avec l’écrivaine Lola Lafon

Dans son cinquième roman Mercy, Mary, Patty, Lola Lafon interroge la destinée de jeunes femmes refusant de suivre les rails qu’on leur a assignés, au premier rang desquelles la sulfureuse Patricia Hearst.

Patty Hearst est née deux fois. Une première fois le 20 septembre 1954, sous forme de riche héritière de l’empire médiatique Hearst. Une seconde le 2 février 1974, quand la jeune fille est enlevée par un groupe révolutionnaire, l’Armée symbionaise de libération (SLA), dont elle ne tarde pas à épouser la cause armes à la main, rompant violemment avec sa destinée toute tracée. Certains y ont vu la conséquence d’un lavage de cerveau, une sorte de syndrome de Stockholm foudroyant. D’autres estiment au contraire que sa « défection » avait des causes plus profondes, inhérentes à sa condition de jeune femme étouffée par son milieu social. Les premiers lui dénient tout libre arbitre ; les seconds estiment qu’elle a fait un choix – Lola Lafon est de ceux-là.

Sous sa plume, Patty Hearst n’a pourtant rien d’une héroïne. Le « basculement » de la riche héritière est certes au cœur de son dernier ouvrage, Mercy, Mary, Patty (Éd. Actes Sud). Mais avant tout pour sa valeur emblématique : il symbolise ces rails placés sur la voie des femmes et les ruades de certaines pour tenter d’y échapper. « Défiez-vous des histoires simples », écrit Lola Lafon, multipliant les chemins de traverse pour creuser la question. Car Mercy, Mary, Patty n’est pas un essai, plutôt un roman fureteur. On y croise ainsi la figure de Gene Eveva, fictive universitaire féministe chargée de témoigner au procès de Patty, ou bien celle de Violaine, adolescente qui l’assiste dans ses recherches.

Autre pan exploré dans ce roman polyphonique : le cas de ces femmes de colons enlevées par des Amérindiens au XVIIIe siècle et refusant l’idée de revenir à leur sort antérieur – « Qu’on ne les libère pas, supplient-elles. » Des détonations existentielles qui rappellent évidemment Patty Hearst, la petite détestée de l’Amérique. « Mercy, Mary, Patty s’attache à l’instant du chavirement, du choix radical et aux procès qu’on fait subir à celles qui désertent la route », résume l’auteure du magnifique Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce (2011). La chasse aux sorcières n’a pas d’âge.

... http://cqfd-journal.org/Entretien-avec-l-ecrivaine-Lola
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Re: Littérature

Messagede bipbip » 08 Oct 2017, 17:41

Le feu et l’oubli : Bruno Jasieński, poète révolutionnaire

Voici l’histoire d’un auteur qui brûle. Qui brûle, dans ses romans, Paris. Qui brûle 37 ans d’une vie courte et intense, partagée entre Varsovie, Paris et Moscou. Qui est brûlé par une révolution qu’il a ardemment défendue, pour laquelle il a quitté la Pologne, fut expulsé de France, encensé, jugé, puis condamné à mort en URSS. Victime des purges staliniennes, il est fusillé en 1938, ses livres interdits, son nom effacé. Son œuvre est corrosive, toujours, railleuse, souvent, passant de la poésie futuriste au roman fantastique et grotesque, puis embrassant le réalisme socialiste stalinien. Son roman principal, Je brûle Paris, est à ce jour son seul travail traduit en français. Voici Bruno Jasieński.

... https://www.revue-ballast.fr/feu-loubli ... tionnaire/
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Re: Littérature

Messagede bipbip » 27 Oct 2017, 00:57

Féerie pour une autre grève (extrait)

La littérature prolétarienne existe toujours, et elle a toujours du mal à être publiée. Silien Larios, ouvrier chez PSA, raconte non seulement le quotidien ouvrier mais la lutte menée avec ses camarades face à la restructuration organisée par le patronat. Cette lutte a fait la une de l’actualité il y a maintenant quatre ans. Silien Larios la relate à sa manière dans un roman dont il a confié quelques pages à Grand Angle. Nous lui souhaitons de trouver un éditeur qui mettra à la disposition du public l’intégralité de ce texte qui, au-delà des dimensions littéraire et sociale, à sans doute une valeur historique.

Le collectif éditorial du site de réflexions libertaires Grand Angle

Pour remplir la caisse de grève. Avec trois grévistes habitant Sainte-Pélagie, étiquetés comme moi, je déboule à la mairie de cette vieille ville réputée pour sa prison, sa caserne, son usine… Les deux premières institutions ont jamais eu les honneurs de nos visites. La dernière, mes évocations ont raconté nos entrées épiques… Madame Radon qui administre Sainte-Pélagie appartient au parti de Crémanchon, PC pour qui abrège… Nous voilà devant l’accueil de l’hôtel de ville. D’accueil, ça en a que le nom. Après avoir expliqué le pourquoi de notre visite. La dame à l’entrée, pas aimable pour un liard, nous indique : Je sais pas si l’adjoint pourra vous entendre, il est très occupé!… Occupé pour quoi ?… Je demande, montrant qu’il y a pas un chat en mairie…

Une fois introduits à l’intérieur, on déambule dans un hall vide, attendant l’adjoint au maire qui doit nous recevoir. Les minutes passent, surpassent, trépassent… Au bout d’une heure et demie, c’est plus minutes qu’il faut causer, c’est À la recherche du temps perdu… Ils se foutent de notre gueule ! Notre patience à des limites !… je sors aux présents. La mienne tient plus, en hystérie roue libre, qu’elle est… J’interpelle, vocifère, gueule : On n’est pas des zigotos ! C’est comme ça que vous traitez les ouvriers habitant Sainte-Pélagie !… Les trois qui sont avec moi s’éloignent brusquement… Le bras droit rapplique… Un vrai mirliflore de vingt-cinq ans qui arrive. Face à moi qu’il se trouve… Les trois collègues reviennent. Ils montrent l’intention de me calmer… Je contrôle mes esprits en plus de la situation : C’est honteux, de nous faire attendre ! On paye nos impôts ! Vous dites que vous êtes communiste !… Le dandy bellâtre de gauche me coupe… Ça se sent, le dégoût qu’il a d’être assimilé pour tel… Dans les salons qu’il fréquente en privé, ça doit pas se savoir. Ce n’est pas une raison pour vociférer ! Je me suis demandé si les forces de l’ordre ne seraient pas alertées !… déclare l’adjoint. J’interromps l’arriviste : Comme ça, la ville verra comment la mairie de gauche traite ses ouvriers en grève ! Une bonne publicité qu’on va faire avant les élections municipales !… Une fois mes préambules d’introduction débités. j’indique le pourquoi de cette visite : Les habitants grévistes de Sainte-Pélagie demandent une aide financière !… Le godelureau me sort : Les caisses de la mairie sont vides ! Nous sommes une ville pauvre !… Adressez-vous au secours populaire !… Après cette tirade, c’est un de mes accompagnateurs qui explose : On se bat pour préserver nos emplois, ont n’est pas des clochards !… Pour faire baisser l’adrénaline, je propose que le reste de l’entrevue se poursuive dans son bureau… Pas con, le pommadé. Pas con du tout, il voit bien le risque de se trouver pris au piège : Je vais prendre vos téléphones ! Je vous indiquerai la décision de Madame le Maire !… Une fois les numéros pris, l’arriviste qui se voit un jour calife à la place de la calife conclut : Ne vous faites pas d’illusions sur la somme !… J’y repartis : De la bonne publicité avant élections que vous aurez, si la somme est pas conséquente !… Si vous gagnez pas les prochaines élections, pleurez pas !… Le dandy de prisunic sort le dernier mot en signe de prophétie : Vous y aurez contribué !… Il sait pas si bien dire, une ville viscéralement à gauche… avec maire communiste depuis plus de 80 ans, passera à droite avec 60 % d’abstentions au premier tour…

Malgré sa phobie ouvrière, l’adjoint appelle dans la soirée : Une aide exceptionnelle de 1 000 euros par gréviste va être soumise à l’accord du conseil municipal ! Vous êtes cordialement invités à venir suivre les débats qui risquent d’être houleux, la droite pourrait faire barrage parlant d’illégalité !…

Délibération du conseil municipal de Sainte-Pélagie. Mardi soir avec les trois autres collègues, je suis présent. Une fois la demande d’aide aux grévistes de la ville demandée par madame le maire. L’opposition par la voie de Grangier intervient avec ironie mordante : Madame Radon, c’est porteur pour vous en période post-électorale de faire voter une aide financière pour les habitants de la ville, grévistes à Bagnole-les-Rancy !… Quand vos employés municipaux étaient en grève !… Jamais ils ont eu de soutien, au contraire !… Votre majorité allant des socialards, écolos, je passerais sur la plaisanterie constituée par les Grands Trotskistes !… Les ont plutôt enfoncés !… Toutes les composantes ont joué le pourrissement !… Écoutant ça, la conseillère municipale des Grands dissimule mal ses chaleurs. Je commente aux collègues de Bagnole-les-Rancy : Elle va devoir s’expliquer des mains qu’elle a mises dans le cambouis !… Pour garder leurs plats de lentilles de conseillers municipaux, pas qu’elle dans sa secte qui a les mains graisseuses !… Pas qu’elle, Gratiner en personne a voté pour l’expulsion des Roms à La Courneuve !… En plus Grangier la ridiculise !… À notre surprise, Grangier finit son intervention en votant des deux mains l’aide aux grévistes. C’est pas le cas du premier adjoint socialard Karim Foundanme. Il grille la politesse à Paulette Rampagnac, conseillère municipale des Grands Trotskistes. Pas courtois qu’il est. L’issu de la diversité déclare : Je voterai l’aide , mais ce n’est pas une solution de donner de l’argent à des personnes qui refusent le dialogue avec leur entreprise en difficulté !… Nos jeunes défavorisés pourront croire qu’ils peuvent être payés sans travailler !… Il est interrompu après sa dernière tirade : On n’est pas des fainéants !… On veut pas perdre notre boulot !… gueulent d’une seule voix les trois issus de la diversité qui sont avec moi. Ils en reviennent pas qu’un de leur frères, en plus à gauche , cause d’eux comme ça.

Une rhétorique piteuse de la dame Grand Trotskiste suit, dans un vocabulaire des plus laconiques… Elle cause toute flageolante de : Travailleurs !… Dignité !… Patrons de choc !… Grangier est hilare… La vieille fille bolchevique donne aucune explication du pourquoi les communaux de la ville en grève, ont pas eu droit aux mêmes considérations de sa part. C’est une avocate en fauteuil roulant, conseillère Parti Socialard, rupture de ban avec la municipalité, qui apporte la réponse lumineuse : Qu’elles soient de droite ou de gauche, les mairies gèrent leurs employés comme des patrons !… Elle cite Germinal pour voter la subvention. À part, en fin de soirée, elle me dit quand je vais la remercier : Pourquoi vous n’essayez pas l’autogestion ? Après, elle s’épanche sur l’autoritarisme de la Radon : Elle est insupportable ! Elle dirige sa majorité comme si elle était une monarque de droit divin !…

Les festivités s’achèvent avec une prise de bec entre Foundame et mes trois accompagnateurs. Ils interpellent celui qui se verrait bien futur maire issu des minorités visibles. Foundame prend mal le tutoiement : Je ne suis pas votre pote !… La réplique : Toi non plus !… passe plus mal… Il commence à mouliner des bras comme une petite frappe… Ses gardes du corps le stoppent net… Ils lui font quitter la salle en passant par les cabinets…

Silien Larios,

Silien Larios est auteur du roman L’usine des cadavres. Ou la fin d’une usine automobile du nord de Paris, Les Éditions libertaires, 2013


http://www.grand-angle-libertaire.net/f ... e-extrait/
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Re: Littérature

Messagede Lila » 19 Nov 2017, 21:33

Ces 7 Femmes Ont Marqué La Littérature Africaine

Lorsqu’on évoque les grands noms de la littérature Africaine, il est souvent question d’hommes : Leopold Sedar Senghor, Chinua Achebe, Ahmadou Kourouma, Amadou Hampaté Ba, etc. Mais qu’en est-il des femmes ? Comme le souligne Hugo Bréant dans « De la littérature féminine africaine aux écrivaines d’Afrique« , parler des écrivaines africaines, c’est généralement mettre en lumière une exceptionnalité.

Bien que moins connue par rapport à ses auteurs masculins, la littérature Africaine possède elle aussi ses grands noms du côté des femmes. Arborant un style et des thématiques différents, ces grandes auteures de la littérature Africaine possèdent néanmoins un point commun : elles brisent les tabous. Elles écrivent, et d’un seul trait tracent l’histoire entière.

Voici le portrait de sept grandes femmes qui ont marqué la littérature africaine.

à lire : https://irawotalents.com/ces-7-femmes-o ... africaine/
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Re: Littérature

Messagede bipbip » 27 Nov 2017, 16:52

« Ce qui ne fut pas »

Boris Savinkov

Boris Savinkov, « Ce qui ne fut pas »

Brutalement, la porte s’ouvre. Cinq énergumènes couverts de givre, le revolver au poing, font irruption dans les appartements privés du colonel Sliozkine. L’officier, qui s’était assoupi dans son bureau, sursaute et contemple ses agresseurs. Eux, ce sont les militants du Parti socialiste-révolutionnaire (PSR) qui, en ce mois de décembre 1905, participent à l’insurrection de Moscou. Les représailles individuelles font partie de la guerre des rues. Et Sliozkine, connu pour son rôle dans la répression, doit tomber.

Oui mais… dans le petit groupe d’insurgés, certains hésitent. Tuer, n’est-ce pas faire le mal ? N’est-ce pas se comporter comme l’ennemi ? L’irruption de l’épouse en pleurs, suppliant qu’on épargne son mari, fait vaciller David. Paralysé par le doute, le révolutionnaire préfère fuir la maison pour ne pas voir ses camarades abattre le condamné.

Déboussolé, il erre dans les rues désertes et enneigées de Moscou. Une patrouille l’interpelle, le fouille, découvre son revolver. Devant l’officier, un soldat claque des talons et annonce gaiement : « Votre noblesse, j’ai attrapé un youpin ! » Fusillé dans l’heure.

Ce qui ne fut pas est le roman vrai de la Révolution russe de 1905, vécue de l’intérieur du PSR, qui était alors la principale force d’extrême gauche dans l’empire des tsars. L’auteur, Boris Savinkov, est lui-même un personnage de roman. Membre dirigeant de l’Organisation de combat du PSR à l’époque de l’assassinat du Premier ministre Plehve (1904) et du grand-duc Serge (1905), il est donné à la police par son camarade Azev, un mouchard infiltré à la tête de l’organisation. Arrêté, il s’évade de prison et s’enfuit en France. En exil, il se lie à la bohème littéraire de Montparnasse et commence à réviser ses positions. Sous pseudonyme, et d’une plume brillante, il publie en 1909 Le Cheval blême – qui inspirera Les Justes, d’Albert Camus – puis, trois ans plus tard, Ce qui ne fut pas.

À l’aide de personnages fictifs, Savinkov y reconstitue l’univers du socialisme-révolutionnaire. De l’ouvrier semi-voyou Vania à l’intellectuel plein d’humilité Bolotov, en passant par l’ancien paysan pontifiant Arsène Ivanovitch, du militant prêt à se sacrifier pour la cause au dirigeant clandestin qui doute de sa légitimité à autoriser ce sacrifice, le roman communique la violence de l’époque et les questionnements de ses protagonistes.

Ce qui ne fut pas fut publié en feuilleton, en 1912, dans Zavety, une revue publiée à Saint-Pétersbourg par une figure du PSR, Victor Tchernov, alors en train d’évoluer vers le légalisme. La tonalité autocritique du récit, mettant sur la place publique la vie interne du mouvement, fit scandale parmi les socialistes-révolutionnaires. Lénine y vit le texte d’un renégat, et une « honte ». Les éditions Prairial en proposent aujourd’hui une réédition dans une traduction excellemment révisée et préfacée.

Guillaume Davranche (AL Montreuil)

• Boris Savinkov, Ce qui ne fut pas, Prairial, 2017, 496 pages, 21 euros.


http://www.alternativelibertaire.org/?L ... s-Prairial
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Re: Littérature

Messagede Lila » 20 Jan 2018, 21:29

Littérature: des auteures oubliées, parce qu'effacées

Mais pourquoi retient-on si peu de femmes en littérature? Parce que des hommes ont été jusqu'à voler et revendiquer la paternité de leurs œuvres –et parfois si bien qu'elles ont été oubliées des mémoires, effacées de l'histoire.

à lire : http://m.slate.fr/story/156146/litterat ... s-effacees
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Re: Littérature

Messagede bipbip » 03 Mar 2018, 15:57

Kirby, « L’Opticien de Lampedusa »

Lire : Kirby, « L’Opticien de Lampedusa »

Emma-Jane Kirby est journaliste à la BBC. En 2013, elle réalise un reportage sur un homme, opticien dans la ville de Lampedusa, qui se trouvait en mer quand cinq cents Érythréens ont fait naufrage en voulant gagner l’Europe. Elle obtient pour cette interview le prix Bayeux-Calvados 2015 des reporters de guerre. S’en suit la parution d’un livre où elle raconte cette histoire bouleversante et gorgée d’humanité.

L’opticien a la cinquantaine et mène une vie plutôt tranquille entre son petit commerce, son footing et ses repas entre amis. Il voit bien tous ces migrants et migrantes sur l’île, ces mains tendues, mais il n’y prête pas d’attention particulière, ça fait partie du décor. Et puis il y a ce jour où il part en mer avec des amis et où ils se retrouvent à tenter de sauver de la noyade un maximum de migrants et migrantes dont l’embarcation de fortune n’a pas tenu le coup.

Marqués au plus profond de leur chair par cet évènement incroyable, l’opticien et ses amis portent à présent en eux une fêlure qui restera ouverte à jamais mais également un lien unique et indéfectible avec les survivants de la catastrophe. Et toutes ces questions qui les assaillent.

Qui sont ces personnes prêtes à tout pour venir en Europe ? Pourquoi n’avons nous pas réussi à en sauver plus ? Que font les autorités pour éviter que cela ne se reproduise ? La vie de ces gens (sauveteurs et sauvés) ne sera plus jamais la même, il va falloir se reconstruire doucement, essayer d’avancer tant bien que mal avec ce souvenir à la fois douloureux et galvanisant.

Un roman en forme de témoignage à lire d’urgence tant le récit vous traverse et laisse en vous une trace d’indélébile.

Grégory (AL 93-Centre)

• Emma-Jane Kirby, L’Opticien de Lampedusa, Equateurs, 2016. Traduit de l’anglais par Mathias Mézard.


https://www.alternativelibertaire.org/? ... -Lampedusa
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