Poésie

Bouquins, politique, socio, Histoire(s), littérature...

Re: Poésie

Messagede bipbip » 22 Nov 2016, 01:16

Menschheitsdämmerung

Poésie en Trumplandie

Au centre de l’allée de la foire, se démenait un prestidigitateur. Qui cherchait à écouler des machines magiques. Le bonisseur sautillant attirait les badauds les plus gobe-mouche. La foule racolée s’attroupait autour du stand.

Le Camelot :

«
Oh vous là-bas.

Les vieux les jeunes, venez rompre l’ennui.

Moi, l’hercule des marchés, je vous offre un destin.

Vous rendre plus grands, soulevés.

Venez voir le hachoir, venez tous prendre le hachoir.

Admirez le hachoir, le hachoir, le hachoir.

Sa force magique ramènera la femme modèle, la famille facile.

Regardez bien les pièces, qui se montent aisément.

Cette roue pour blanchir. Celle-là dentée qui broie du noir.

Cette vis sans fin pour écraser l’impureté.

Et celle-ci, celle-ci qui trousse la jupe. Eh vous là-bas !

Approchez, venez à moi.

Moi, moi, l’histrion de la tour.

Gagnez le cercle des admirateurs du hachoir. Avec son bonimenteur.

Adoptez le hachoir de vie. Le plus beau.

Et qui brille du feu. Nickel. Redevenez grands.

Tous avec un hachoir.

Tous plus beaux avec le grand hachoir de vie.

Venez. Venez.

Que la force du hachoir ramène les splendeurs du printemps.

Broyez le noir. Troussez la jupe.

N’hésitez pas. Tous ici. Accourez tous.

Le hachoir à la main, soyez qui vous êtes, vrais et réels.

Adoptez le hachoir de vie.

Abolissez le terne, le cafardeux, l’obscur.

Faites briller la blancheur des éclairs.

Amis du hachoir, redevenez. Ah vous là-bas !

Que je sens hésitants, incrédules.

Prenez vos armes !

Abattez tous ceux qui refusent d’entrer dans la bande du grand hachoir.

Ah ma bande, ma famille. À mes amis.

Par le bonheur du grand hachoir.

Plus grands, plus beaux, plus heureux.

Comme le grand bateleur, son hachoir à la main.

Qu’on les hache tous.

Ceux qui nous obscurcissent, nous rabougrissent, nous salissent, nous ralentissent.

Eh tous les ternes, tous les tristes, venez revivre.

Sentez l’énergie. Hachez tous les ennemis de la foudre blanche.

Levez. Hachez. Levez. Hachez.


https://lundi.am/Menschheitsdammerung
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Re: Poésie

Messagede bipbip » 03 Déc 2016, 13:44

La poésie, un peu, beaucoup, passionnément, Educateur [Suisse], octobre 2016

Image

La revue du syndicat des enseignants romands (http://www.revue-educateur.ch) consacre son dossier à la poésie, avec notamment une belle interview de Jean-Pierre Siméon qui dit qu’ « elle repose sur deux gestes fondateurs : un geste éthique et un geste esthétique ; quelque chose qui relève d’une conscience dans le monde et quelque chose qui relève du langage et du traitement particulier que l’on en fait ». Et toujours lekol an ayiti (L’école à Haïti) avec le témoignage terrible d’un élève sur la violence liée à l’apprentissage des leçons – une violence générale et très concrète.

La poésie, un peu, beaucoup, passionnément, octobre 2016, Éducateur [Suisse], n°9-2016

http://www.questionsdeclasses.org/lutte ... u-beaucoup
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Re: Poésie

Messagede Pïérô » 08 Déc 2016, 21:55

Un poème de Gaston Couté " Le fondeur de canons "

LE FONDEUR DE CANONS

Je suis un pauvre travailleur
Pas plus méchant que tous les autres,
Et je suis peut-être meilleur
O patrons ! que beaucoup des vôtres ;
Mais c’est mon métier qui veut ça,
Et ce n’est pas ma faute, en somme,
Si j’use chaque jour mes bras
A préparer la mort des hommes...

Pour gagner mon pain
Je fonds des canons qui tueront demain
Si la guerre arrive.
Que voulez-vous, faut ben qu’on vive !

Je fais des outils de trépas
Et des instruments à blessures
Comme un tisserand fait des draps
Et le cordonnier des chaussures,
En fredonnant une chanson
Où l’on aime toujours sa blonde ;
Mieux vaut ça qu’être un vagabond
Qui tend la main à tout le monde.

Et puis je suis aussi de ceux
Qui partiront pour les frontières
Lorsque rougira dans les cieux
L’aurore des prochaines guerres ;
Là-bas, aux canons ennemis
Qui seront les vôtres, mes frères !
Il faudra que j’expose aussi
Ma poitrine d’homme et de père.

Ne va pas me maudire, ô toi
Qui dormiras, un jour, peut-être,
Ton dernier somme auprès de moi
Dans la plaine où les bœufs vont paître !
Vous dont les petits grandiront
Ne me maudissez pas, ô mères !
Moi je ne fais que des canons,
Ça n’est pas moi qui les fais faire !

Gaston Couté
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Re: Poésie

Messagede bipbip » 10 Déc 2016, 15:06

Paris lundi 12 décembre 2016

Soirée de soutien à Aslı Erdoğan

de 20 h à 21h30, Maison de la Poésie - Scène littéraire,
Passage Molière, 157, rue Saint-Martin, Paris 3e.

« Arrêtée à son domicile dans la nuit du 16 au 17 août, la romancière et journaliste Aslı Erdoğan est incarcérée à la prison pour femmes de Barkirköy, à Istanbul. Elle risque la prison à vie pour des chefs d’accusation insensés dont "membre d’une organisation terroriste armée". En France et en Europe des voix se sont élevées pour demander sa libération. Une pétition a recueilli 40 000 signatures. Aslı Erdoğan est devenue le symbole de la liberté d’expression bâillonnée.

En six mois, 50 000 personnes ont été arrêtées. Avec d’autres intellectuels, Aslı Erdoğan paie sa défense des droits de l’homme et son engagement aux côtés des minorités. Ses chroniques littéraires – qui lui ont valu d’être arrêtée – seront publiées par Actes Sud en janvier sous le titre Le silence même n’est plus à toi et lues le 12 décembre à la Maison de la poésie, à Paris. »

AVEC : Mine Aydostlu, mère d’Aslı Erdoğan ; Yigit Bener, écrivain turc ; Timour Muhidine, son éditeur chez Actes Sud ; Pierre Astier, son agent littéraire ; Emmanuelle Collas, directrice des éditions Galaade ; Françoise Nyssen, présidente des éditions Actes Sud ; Selin Altiparmak, comédienne & autres invités.

https://utoplib.blogspot.fr/2016/12/soi ... dogan.html
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Re: Poésie

Messagede bipbip » 11 Déc 2016, 15:36

Nantes lundi 12 décembre 2016

Soirée de solidarité avec l’écrivaine turque Asli Erdogan

à partir de 19h, La Manufacture des Tabac, Boulevard Stalingrad, Nantes

Asli Erdogan a été arrêtée par la police turque le 16 août dernier. Elle est incarcérée depuis à la prison Barkirkoy d’Istanbul pour le motif d’ « appartenance à une organisation terroriste». Elle risque la prison à perpétuité. Son procès est fixé au 29 décembre.

Journaliste à « Ozgun Gundem » qui vient d’être interdit, féministe, scientifique, romancière, femme de liberté, elle ne cesse de promouvoir, dans ses écrits, la liberté et la démocratie et de combattre toutes les oppressions. Ses chroniques littéraires - qui lui ont valu d’être arrêtée - seront publiées en janvier 2017 sous le titre « Le silence même n’est plus à toi ».

Nous, écrivain(e)s, plasticien(e)s, comédien(e)s, artistes nantais, attachés à la totale liberté d’expression ici et ailleurs, attendons du gouvernement turc la libération immédiate d’Asli Erdogan et de toutes les personnes détenues en Turquie pour avoir exercé leur droit de s’exprimer librement.

En réponse à l’appel lancé par les écrivains Tieri Briet et Ricardo Montserrat à diffuser partout les écrits d’Asli Erdogan,

nous lirons à voix haute en français mais aussi en turc quelques-uns de ses textes.

Lundi 12 décembre à partir de 19h
Manufacture des tabacs

TÜRK YAZARI ASLI ERDOGAN'LA DAYANISMA GECESI

Türk polisi, Asli Erdogan’i, 16 Agustos’ta, örgüt üyeligi ve propaganda suçundan tutukladi. Su anda Istanbul Bakirköy ceza evinde tutuklu bulunuyor. Ömür boyu hapis cezasina mahkum edilebilir. Mahkeme ilk durusmanin 29 aralik 2016 tarihinde görülmesine karar verdi. Yasaklanan Özgür Gündem gazetesinin Danisma Kurulu üyesi ve yazari, feminist, bilim kadini Asli, yazilariyla daima özgürlük, ve demokrasiyi savunmakta ve zulme karsi mücadele etmektedir. Asli Erdogan’a yöneltilen suçlamalara dayanak yapilanlarin da içinde bulundugu makaleleri « Le silence même n’est plus à toi », Ocak 2017 yayinlanacaktir. Biz yazar, ressam, sanatçi ve Nantes yasayanlari olarak, ifade özgürlünü savunuyor ve Türk devletinden Asli Erdogan’in ve ifade özgürlügü hakkini kullandiklari için tutuklanan diger tutsaklarin derhal serbest birakilmasini istiyoruz.


Thérèse André-Abdelaziz ; Marie-Hélène Bahain ; Frédéric Barbe ; Cathie Barreau ; Sylvie Beauget ; Christine Bloyet ; Olga Boldyreff ; Claudine Bonhommeau ; Bernard Bretonnière ; Delphine Bretesché ; Christian Bulting ; Jean-Luc Bourgoin ; Guénaël Boutouillet ; Paul de Brancion ; Roland Cornthwaite ; Lydie Cuany ; Cécile Guivarch ; Jean-François Huet ; Laurent Huron ; Laurence Izard ; Florence Jou ; Hélène Lafosse ; Karen Le Ninan ; Sophie G. Lucas ; Jean-Luc Nativelle ; Stéphane Pajot ; Marc Perrin ; Eric Pessan ; Jean-Claude Pinson ; Pascal Pratz ; Marie-Hélène Prouteau ; Kamal Rawas ; Danielle Robert-Guédon ; Sidonie Rochon ; Didier Royant ; Théâtre d’Ici ou d’ailleurs ; Fabienne Thomas ; Isabelle Thomas-Loumeau...

https://nantes.indymedia.org/events/36294
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Re: Poésie

Messagede Pïérô » 13 Déc 2016, 20:11

Bordeaux, vendredi 16 décembre 2016

POÉSIE SANS FRONTIÈRE-S

à 20h, Le Samovar, 18 rue Camille Sauvageau, Bordeaux (Saint Michel)

Bousculons les frontières, les barrières et autres murs de barbelés qui veulent nous séparer ! partageons la magie des langues du monde !

Venez donc, dire, lire, chanter, murmurer, écouter textes poétiques ou pas, contes, légendes, chansons, etc dans votre langue natale-maternelle-paternelle, ouïghour, vietnamien, arabe, allemand, japonais,finnois, gascon, italien, grec, breton, grec, français, turc, espagnol, anglais, chinois,etc...

Ou venez simplement pour déguster la soupe du samovar...

Soirée prix libre

https://gironde.demosphere.eu/rv/6855
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Re: Poésie

Messagede bipbip » 05 Jan 2017, 16:28

Poème de Louise Michel (1871).

À mes frères

Passez, passez, heures, journées !
Que l’herbe pousse sur les morts !
Tombez, choses à peine nées ;
Vaisseaux, éloignez-vous des ports ;
Passez, passez, ô nuits profondes.
Emiettez-vous, ô vieux monts ;
Des cachots, des tombes, des ondes.
Proscrits ou morts nous reviendrons.

Nous reviendrons, foule sans nombre ;
Nous reviendrons par tous les chemins,
Spectres vengeurs sortant de l’ombre.
Nous viendrons, nous serrant les mains,
Les uns dans les pâles suaires,
Les autres encore sanglants,
Pâles, sous les rouges bannières,
Les trous des balles dans leur flanc.

Tout est fini ! Les forts, les braves,
Tous sont tombés, ô mes amis,
Et déjà rampent les esclaves,
Les traîtres et les avilis.
Hier, je vous voyais, mes frères,
Fils du peuple victorieux,
Fiers et vaillants comme nos pères,
Aller, la Marseillaise aux yeux.

Frères, dans la lutte géante,
J’aimais votre courage ardent,
La mitraille rouge et tonnante,
Les bannières flottant au vent.
Sur les flots, par la grande houle,
Il est beau de tenter le sort ;
Le but, c’est de sauver la foule,
La récompense, c’est la mort.

Vieillards sinistres et débiles,
Puisqu’il vous faut tout notre sang,
Versez-en les ondes fertiles,
Buvez tous au rouge océan ;
Et nous, dans nos rouges bannières,
Enveloppons-nous pour mourir ;
Ensemble, dans ces beaux suaires,
On serait bien là pour dormir.

Louise Michel, prison de Versailles, 1871.

http://www.socialisme-libertaire.fr/201 ... reres.html
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Re: Poésie

Messagede Pïérô » 07 Jan 2017, 21:34

ANARCHISTES ET LUCIOLES

Antonio Orihuela est né à Huelva en Andalousie en 1965. Docteur en Histoire, poète et essayiste libertaire. Sa poétique agit comme un révélateur sans concessions des réalités sociales et économiques. Sa poétique agit : morsure de l’ironie, mots non mâchés, subtiles perceptions du réel frisant quelquefois une naïveté délibérée. Sa poétique au langage clair et direct est, enfin, une invitation à l’action.

Il est l’auteur de nombreux recueils de poèmes dont Edad de Hierro (1997), Comiendo tierra (2000), Palabras raptadas (2014). Depuis 1999, il coordonne dans la ville de Moguer les rencontres annuelles de poésie Voces del extremo (Voix de l’extrême) qui ont pour but de dénoncer la marginalisation et les injustices sociales... En poésie.

Des fois il me semble que les lucioles c’est nous,
une espèce menacée d’extinction,
rares, intermittents, temporaires,
laids comme une gamba,

mais dans la nuit sombre
brillants
et là.

Antonio Orihuela
Traduit de ’espagnol par Janela

http://www.cla01.lautre.net/ANARCHISTES-ET-LUCIOLES



LE TARDOCAPITALISME AUSSI COMME PROJET LINGUISTIQUE

Antonio Orihuela est né à Huelva en Andalousie en 1965. Docteur en Histoire, poète et essayiste libertaire. Sa poétique agit comme un révélateur sans concessions des réalités sociales et économiques. Sa poétique agit : morsure de l’ironie, mots non mâchés, subtiles perceptions du réel frisant quelquefois une naïveté délibérée. Sa poétique au langage clair et direct est, enfin, une invitation à l’action.

Il est l’auteur de nombreux recueils de poèmes dont Edad de Hierro (1997), Comiendo tierra (2000), Palabras raptadas (2014). Depuis 1999, il coordonne dans la ville de Moguer les rencontres annuelles de poésie Voces del extremo (Voix de l’extrême) qui ont pour but de dénoncer la marginalisation et les injustices sociales... En poésie.

Ne dis pas concurrence mais monopole.
Ne dis pas droit à l’emploi mais permis de travail.
Ne dis pas information mais publicité.
Ne dis pas ajournement mais censure.
Ne dis pas production mais aliénation.
Ne dis pas mobilité mais précarité.
Ne dis pas flexibilité mais contrat poubelle.
Ne dis pas fin de contrat mais licenciement.
Ne dis pas dépression mais mal-être professionnel.
Ne dis pas accident de travail mais terrorisme d’entreprise.
Ne dis pas entrepreneur mais patron.
Ne dis pas gains nets mais destruction de ressources non reproductibles.
Ne dis pas bénéfice mais appropriation d’économies externes.
Ne dis pas autonomie mais téléphonie.

Ne dis pas ta victoire mais notre défaite.

Antonio Orihuela
Traduit de l’espagnol par Janela

http://www.cla01.lautre.net/LE-TARDOCAP ... USSI-COMME
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Re: Poésie

Messagede Pïérô » 29 Jan 2017, 01:13

[Poème] Jamais cédé mon territoire.

Jamais cédé mon territoire, un poème de Jeanne-Mance Charlish.

[…]
J’ai un immense territoire
que je n’ai jamais cédé
héritage ancestral et millénaire
J’ai un immense territoire
Jamais cédé
je le partage avec mes sœurs et frères
innus
J’ai un immense territoire
Jamais cédé
du Nord, du froid, de blanche neige
hivernale,
de forêt, de conifères et de feuillus
automnaux
aux mille couleurs nature
J’ai un immense territoire
Jamais cédé
de terres nourricières, de lacs, de rivières
où se côtoient orignaux, caribous,
castors,
outardes et saumons
Terre-Mère ayant abrité mes ancêtres
J’ai un immense territoire
Jamais cédé
J’ai, car je respecte
terre, eau, air
Tshishe Manitu, aigle et Grand-Père Ours
J’ai un immense territoire
Jamais cédé
J’ai, nikanauelihten
me définit comme étant « gardienne de
la terre »
J’ai un immense territoire
Jamais cédé
pour le respect de mes ancêtres
pour le respect du futur de mes enfants
pour le respect du futur des générations à venir
J’ai un immense territoire
Jamais cédé
mais convoité par l’étranger
venu s’y établir
depuis cent cinquante ans
Cet étranger venu détruire
ce territoire immense
Jamais cédé
Héritage ancestral et millénaire
Cet étranger, venu éventrer des montagnes de pierres
cet étranger, venu inonder terres, gibiers,
sépultures, patrimoine, histoires, culture
et tradition
héritage ancestral et millénaire
Cet étranger, venu couper de façon abusive
arbres qui me guérissent, qui m’abritent, qui me réchauffent
Arbres, qui guérissent, qui nourrissent, qui abritent les animaux
Animaux qui me protègent, qui me nourrissent,
qui communient
avec mon moi spirituel
J’ai un immense territoire
Jamais cédé
et cet étranger, aujourd’hui empoisonne
le cœur de mon frère innu, ce frère innu
devenu ennemi
Cet étranger fait miroiter, pouvoir, argent,
gain facile et des Amériques aléatoires
au sommet de son crâne farci
Cet étranger veut un territoire immense
qui lui soit cédé à jamais
Cet étranger veut s’accaparer
mon immense territoire
Jamais cédé
Cet étranger, sait-il, qu’il n’a jamais
découvert le Nouveau Monde?
Cet étranger, sait-il, qu’il s’est
découvert lui-même, sur nos terres?
Cet étranger, sait-il, que le Nouveau Monde
nous, autochtones, les premiers peuples,
étaient et restent à découvrir?
J’ai un immense territoire…
[…]

Recherches amérindiennes au Québec, vol. XXXIII, no 3, 2003, p. 5-6

http://ucl-saguenay.blogspot.fr/2017/01 ... toire.html
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Re: Poésie

Messagede Pïérô » 03 Fév 2017, 16:53

"Frères migrants" : la déclaration des poètes de Patrick Chamoiseau

L’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau a lancé ce jeudi un appel de solidarité avec les migrants du monde. Une "Déclaration des poètes" comme invitation à la résistance devant l’intolérance, le racisme, la xénophobie et l’indifférence à l’autre.

L’appel de solidarité de Patrick Chamoiseau est paru ce jeudi sur le site d’informations Mediapart. Cet appel fort et lyrique en 16 points a d’abord été lu par l’écrivain martiniquais mercredi soir à l’occasion de la soirée « Poétiques de la résistance », organisée par L’institut du Tout-Monde à la Maison de la poésie à Paris. Cette « Déclaration des poètes » conclura le prochain ouvrage de Patrick Chamoiseau, intitulé « Frères migrants », à paraître au mois de mai 2017 aux éditions du Seuil.

« Les poètes déclarent : Ni orpheline, ni sans effets, aucune douleur n’a de frontières ! », commence le texte. « Les poètes déclarent que par le règne de la puissance actuelle, sous le fer de cette gloire, ont surgi les défis qui menacent notre existence sur cette planète ; que, dès lors, tout ce qu’il existe de sensible de vivant ou d’humain en dessous de notre ciel a le droit, le devoir, de s’en écarter et de concourir d’une manière très humaine, ou d’une autre encore bien plus humaine, à sa disparition. »

Revendiquant un « Droit poétique » d’aller-venir et dévirer de par les rives du monde, l’écrivain affirme que « Chacun peut décider de vivre cette célébration. Chacun peut se voir un jour acculé à la vivre ou bien à la revivre. Et chacun, dans sa force d’agir, sa puissance d’exister, se doit d’en prendre le plus grand soin ».

... http://la1ere.francetvinfo.fr/freres-mi ... 39401.html
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Re: Poésie

Messagede Pïérô » 16 Fév 2017, 20:59

Paris vendredi 17 février 2017

Rencontre - lecture autour de
« Ton nom de Palestine »
Nouveau recueil de poésie d'Olivia Elias, poète de la diaspora palestinienne

à 19h, Espace de l'autre livre, 13 rue de L'école polytechnique, Paris 5e

Olivia Elias, née à Haïfa, a vécu à Beyrouth, où sa famille s'était réfugiée, puis à Montréal et à Paris, où elle s'est installée au début des années 1980. En mai 2013 paraît son premier recueil de poèmes," Je suis de cette bande de sable", suivi en 2015 par" L'Espoir pour seule protection. " »

Voir en ligne : http://www.editmanar.com/

http://www.mille-et-une-vagues.org/ocr/ ... -PALESTINE
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Re: Poésie

Messagede Pïérô » 10 Mar 2017, 02:50

Paris, samedi 11 mars 2017

Performance artistique sur la liberté et l'exil,
en images et en mots pour nous confronter au sort des migrants.

En hommage à deux enfants/ Yaguine et Fodé
Qui sont morts et qui venaient/ dans le train d'atterrissage
D'un avion jusqu'à Bruxelles/ Où l'on retrouva leurs corps/
Ils apportaient une lettre/ pour « Excellences, Messieurs, les responsables d'Europe ».
Nous voulons saluer leur héroïsme/ Et leur fière liberté
D'avoir vécu pour aimer/ La justice et demander
Qu'elle s'applique à l'Afrique/ et à la Guinée, leur patrie
Hommage à Yaguine Koita et Fodé Tounkara

Performance poétique et plastique

Le 5 août 1999 Yaguine Koita et Fodé Tounkara, perdaient la vie lors de leur exil hors de la Guinée. Retrouvés dans le train d'atterrissage d'un avion à Bruxelles, ils portaient avec eux un message pour le monde et l'Europe en particulier.

Patrick Pinon - PP et Miguel Angel Sevilla s'associent pour rappeler le drame du décès de Yaguine Koita et Fondé Tounkara, un hommage à ces deux adolescents. M. A. Sevilla lira ses poèmes tandis que PP fixera sur une installation des portraits d'africains et de migrants. Au coeur de cette performance le texte intégral de la lettre retrouvée sur Y. Koita.

Une performance sur la liberté et l'exil, en images et en mots pour nous confronter au sort des migrants.

Sensibles à l'héritage commun des continents européen et africain, les artistes de l'association Ombre en lumière, proposent une programmation d'événements dans et hors les murs sur le thème de la manifestation nationale « Afriques ».

Image

À partir de 18h

Départ du parcours de la performance Place Fréhel
Au niveau du 50 rue de Belleville 75020
et si il pleut, au Théâtre Le Local - Belleville Paris XIè
18, rue de l'orillon - 75001 Paris à 18h

http://www.educationsansfrontieres.org/ ... ticle54846
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Lecture & rencontre «Poétique de résistances»,Paris 19 mars

Messagede bipbip » 18 Mar 2017, 15:53

Lecture & rencontre « Poétique de résistances »

Paris dimanche 19 mars 2017
à 19h30, Maison de la Poésie, 157, rue Saint-Martin, Paris 3e

Pour une décolonisation de la terre et des imaginaires

Avec Marie-José Mondzain, Sylvain Georges, Michel Collot, Dénétem Touam Bona, Florence Alexis, le collectif James Baldwin, Olivia Elias…

organisé par l'institut du Tout-monde dans cadre du Printemps des poètes 2017 et la semaine anticoloniale

Tarif : 5 euros, 0 euros pour adhérents ; réservation conseillée
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Re: Poésie

Messagede bipbip » 27 Mar 2017, 09:45

Pourquoi écrire des poèmes ?

L E S T R O I S C R A N E S Partie 1
jérôme avraham benarroch

Dans Le règne et la gloire, Giogio Agamben écrit que « la poésie est précisément cette opération linguistique qui rend inopérante la langue – ou, selon les termes de Spinoza, le point où la langue, qui a désactivé ses fonctions communicatives et informationnelles, repose en elle-même, contemple sa puissance de dire et s’ouvre, de cette manière, à un nouvel usage possible » (Homo Sacer. L’intégrale, Seuil, p. 641).
Plus loin, il conclut : « Ce que la poésie accomplit par la puissance de dire, la politique et la philosophie doivent l’accomplir par la puissance d’agir. En suspendant les opérations économiques et biologiques, elles montrent ce que peut le corps humain, elles l’ouvrent à un nouvel usage possible » (Ibid.).
De ce nouvel usage possible, les poèmes de J. A. Benarroch, à ce jour inédits, nous paraissent explorer, frayer une voie, à distance de l’expérimentation purement formelle d’une part, du néo-classicisme d’autre part.
Les poèmes qui suivent sont extrait d’un recueil intitulé Les trois crânes.

L E S T R O I S C R A N E S 2016 Partie 1
— jérôme avraham benarroch

je suis la plus vieille, que je sois brave de gagner la rive si je dois brusquement me noyer en larmes par où attenter à ses lèvres bec et os compris

S’il se dérobe de cet effort pour jamais égaré la seule aubaine légitime et leur destinée ; de l’atome de lui sembler particulière à tout l’avenir éclos notre barcasse la fortune d’un calme qui lui est échue à la reproduire la revivre merveilleusement mêlée d’accroître à nouveau la totalité du fond de toi

son eau herbeuse la dessication des berges et du fond la plus désirable de le requérir de cendres, de quantité, de ton crâne sous ma couronne une seconde fois tout à travers ce premier abord de lui dire oui chaque fois à travers cet élément terrestre les plissements terrestres, les plissements les plissements terrestres et alpins

il y eut suffisamment d’eau atteinte pour respirer les buissons plusieurs mois, à la date fixée l’eau était née ces galeries de bois traversé en elle entre les armoises

ou de l’aubier ou de terre dans l’apparition brusque observée duquel tu es née la montagne la montagne la plus accentuée à atteindre

quatre cent mille, un demi million, à nouveau s’ajoute ses quatre nageoires à un nombre fixe comme les pièces osseuses sapides venant à nous et pour mourir de la masse vivante vertigineuse tout entière

Les seaux d’eau les colliers l’enfant seuls sous cette tente dès ce moment

au soleil orange le fruit immobile
humide ou sec la faction de coquillages
amande de mer
tellines
pour la bouche les cheveux à extraire les yeux
oisillon battant des ailes etc
hibou des dunes et toi
palombe

de routes, de voies de nappes au sein du jour le mot de never, das habe ich nicht gedacht, qui doit nous retenir celle de l’oiseau le sous-marin qui à l’accentuation d’un bord par une précision déconcertante Le « ne pas », un « jamais » de tout temps qui est de cette existence, comme temps brusque et vivable, à foisonner depuis deux pivots concentriques comme condition libre de la même immensité fondamentale temps catégorique fondée sur elle, le plus opaque, le plus fixe, le plus considérable affranchi entre le volant et l’enfoui irrespirable ciel découverte vivante en toi

du matin au soir j’avais aussi fini par découvrir dans ma colère une petite ligature, de la plus rare, fini par découvrir au seuil de ma colère au seuil de la masse vivante agrandie l’amour inexpérimenté de notre mère assise et terrestre plus qu’un esprit le fil de sa colère face au lavis d’aucun phénomène d’un ordre à part nomade par leur nouveauté quelque chose d’un type nouveau d’un ordre à part une série d’autres faits une éclosion systématique de sa porcelaine si ma force contre laquelle se dresse la colère avait eu se source de cet astre par cette ampleur de s’ajouter à toi

Au réveil cette enveloppe arboricole qui est ici le nom du système d’attendre d’elle

avaient été, avaient été transportés, ou flottés là, à l’ultime longitude commune pour conduire leur existence en ce lieu par une rivière un torrent, des animaux qu’on nous trouve associés

de l’eau, ni aucune autre unité sévère, à cette source semblable à essence fixe de ravisseur le ravisseur le ciel hyalin opalescent hypertrophique

Fouillis des ronces des chèvrefeuilles jusqu’aux rayons principaux il l’enlaçait endormie une seule fonction plus indolore son visage soulevé les orbites soulevées vers le large le visage distinct et tendre l’expression blanche et voisine du désespoir mais courbe et radiante comme l’horizon

la broussaille les trois rivières sœurs par dispersion le buisson de bifurcation inouïe les unes aux autres de ramification de tendreté de direction commune en tous sens mais qui demande toute une faune fugitive à se partager probablement en un crime à quelqu’un très fortement isolé d’aimer qui nous sépare à la pointe venteuse inexpliquée de la lignée favorable

qu’il vienne que quelqu’un qui en coûte à mon cœur achevez de l’en guérir ou je la ramènerai qu’il vienne en vérité qu’il en coûte à ton cœur cette femme de ton cœur jusqu’à ce qu’il m’entende de votre amour Madame et je vous prie toujours

à grande aubaine à cette écaille une petite unité subrécente exclusive et de courtes lamelles, leurs écailles prolifèrent accompagnés de leur géant

tout meurtri qu’il paraisse encore de foules accumulées des phases antérieures sur la ligne commune de propagation le front d’avancée le bourgeonnement de bifurcation qui se courbe un type de faîte presqu’immédiate comme une série de flèches sur cette ligne d’un trait critique, d’une discontinuité critique un front d’avancée d’un végétal qui ne se détachent pas la tête, quelque conscience de leur ampleur, qui se substituent les une aux autres en série de rameaux voisins comme un rayon blanche se réfracte en apparaissant une pulvérisation de ce genre sur tout ce qui l’entoure de nageurs insectivores carnivores à ce qui t’entoure de poussée fondémentale

le bec les pattes leurs enroulements sous des yeux vivante de survivants la cupule son ordre de grandeur juvénile autour de nous où devient le centre cette branche où se fixent à leur tour ce qui ne se détache plus de tous becs de toutes les couleurs d’un faisceau d’une complexité inouïe : l’œil en demi-fruit sec à répéter toucan, et toi, huppe bleue

quel heureux destin n’en peut être effacée
on te nomme et ce nom aux débris ingénieux
d’une faune ancienne
sans figure et sans bruit les rassemble à la vie

d’invasion à aider toutes sortes de dents, leur place, leur répétition toutes sortes d’ongulés, les nervures, tes arcades, les oreilles, les boucles, une série de ruisseaux par un orage cette foule que le temps nécessaire était, y avait, ses prolongements sans interruption pour ne plus jamais revenir en arrivant à lui

ce poussée aux antipodes je le répète rien ne l’oppose, aux antipodes, le blanc d’en bas initial à se représenter le cas secondaire des étoiles, se représenter, de nous représenter la chance, la chance impénétrable à te demander cette superficie cette superficie instantanément irrésistible certains vieux graviers deux ou trois éclats à l’une de tes extrémités remarquable en quelque parcelle de ce monde remarquablement primitive en un même gisement de lumière blanche une industrie remarquablement primitive

dans la mesure exactement où elle n’est pas suffisamment affranchie de ce qui le partage à laquelle tout de la vie l’irrespirable à son comble de complexité entre le mesurable et le continu ni sens ni relais comme condition à propos de ce qui se polarise ou se répète les pierres sans aller bien loin les mouvements millénaires et de plus en plus ce qui se répète leur limite impérieuse à se confondre il n’y en a qu’une si voisine et innombrable en d’aussi dangereux rivages Le sentiment qu’il ne faudra aucune autre possibilité, au total, par la commande des organes littéralement fondative au total, pour un schème de leur ampleur lorsqu’est ébranlée de toi la fonction du tout est ébranlée du dedans et dehors obligatoirement comme un monopole l’orée l’ignorance convergente de l’antique demeure en un buisson de ce genre

il nous est toujours possible que l’essence soit conçue sans la rencontrer elle-même ou bien, ce qui revient au même, d’y intercaler l’essence d’une incessante série torrentielle, assujettie, d’où aura bourgeonné d’impondérables forces pour de nouvelles fouilles plus favorables une sorte d’attrait parmi les blocs de gisements des hauts lointains ce qui revient au même une brèche de ce type qu’un point obscur demeurerait obscur très usée mais très brusque probablement silicieuse on ne va guère songer à s’en débarrasser leur bloc de rayons jusqu’à l’innombrable où ton regard nous plonge son intégralité quantitative vers laquelle nous fendons les unes dans les autres

Des baies noires lui amena-t-il comme une jeune sœur le lucane d’un sauvetage perdu d’où il put la rejoindre saurien, corbeau, châtaigne, atteignirent le lac étaient en chemin vers l’enceinte à bras ouverts nos casemates dans les fontes du silence le bief, les sulfures, le sein fragile de toute cette griffure d’or vers toi

chez les oiseaux l’homme de te déshabiller un homme qui n’aurait jamais connu aucun animal le plus observable et déroutant d’apparaître nous n’arrivons jamais à observer la loi qui demande la couleur ou la forme de ces feuilles d’une chute libre qu’il a commandé envahie et gagnée plus qu’au dernier instant de nos instants

l’enroulement à un point de hasard celle-ci leurs alevins leurs ébats d’un talus à l’écart inobservable intérieur les torrents plusieurs vallées plusieurs aires d’eau froide le franchissement l’eau froide de cette tendresse la demande prolifère

si s’abattre un mélèze sous les nuages par nos crânes incomplets à grands yeux et elle aussi d’écailles menues à grands yeux, à nageoires de sa grandeur pensante les rivières herbeuses de tout désir ton regard comme une discontinuité majeure de ses douleurs l’assimilation première de se réfléchir de l’autre moitié de l’origine

en cette rivière de mille alevins sur les herbes poussés à ce cône de convergence ou à une certaine pression du fond se vaporisent changent d’état très inétendue une femme couchée tel que le langage le pose au lieu où ces points critiques dans les mouvements au lieu dit immobile de son cadavre se laissent deviner leurs nageoires et leurs yeux actuels d’un processus majeur de mutation un consentement tropical vertigineux partout où ils pourront aller d’irréversible


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Re: Poésie

Messagede bipbip » 01 Avr 2017, 14:17

Louise Michel, "Chant des captifs"
(souvenirs de Calédonie)

Ici l’hiver n’a pas de prise,
Ici les bois sont toujours verts ;
De l’Océan, la fraîche brise
Souffle sur les mornes déserts,
Et si profond est le silence
Que l’insecte qui se balance
Trouble seul le calme des airs.

Le soir, sur ces lointaines plages,
S’élève parfois un doux chant :
Ce sont de pauvres coquillages
Qui le murmurent en s’ouvrant.
Dans la forêt, les lauriers-roses,
Les fleurs nouvellement écloses
Frissonnent d’amour sous le vent.

Voyez, des vagues aux étoiles,
Poindre ces errantes blancheurs !
Des flottes sont à pleines voiles
Dans les immenses profondeurs.
Dans la nuit qu’éclairent les mondes,
Voyez sortir du sein des ondes
Ces phosphorescentes lueurs !

Viens en sauveur, léger navire,
Hisser le captif à ton bord !
Ici, dans les fers il expire :
Le bagne est pire que la mort.
En nos coeurs survit l’espérance,
Et si nous revoyons la France,
Ce sera pour combattre encor !

Voici la lutte universelle :
Dans l’air plane la Liberté !
A la bataille nous appelle
La clameur du déshérité !
L’aurore a chassé l’ombre épaisse,
Et le Monde nouveau se dresse
A l’horizon ensanglanté !

http://raforum.info/spip.php?article7643
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