Poésie

Bouquins, politique, socio, Histoire(s), littérature...

Re: Poésie

Messagede Pïérô » 08 Avr 2017, 22:30

Toulouse, mercredi 12 avril 2017

Rencontre avec le poète Abdelmadjid KAOUAH
«19h19 » de l'APRES
Rencontre avec Abdemadjid KAOUAH autour de son dernier recueil
« Que pèse une vitre qu'on brise »


Image

Profonds et lapidaires, hantés par le souvenir des compagnons assassinés ou traversés par les douleurs de l'exil, les poèmes du recueil Que pèse une vitre qu'on brise d'Abdelmadjid Kaouah témoignent de plus de quarante ans d'écriture et de la place du poète dans l'histoire de la poésie algérienne francophone.

Ce recueil de 86 pages, paru aux éditions algériennes Arak, rassemble une quarantaine de textes, pour la plupart inédits, écrits par Abdelmadjid Kaouah entre 1972 et 2014, offrant aux lecteurs une occasion de découvrir ou de redécouvrir une verve poétique constante, marquée par des drames humains dans l'Algérie contemporaine. Présentés selon un ordre plus ou moins chronologique, ces textes portent également des hommages à d'autres poètes, algériens comme Tahar Djaout, Youcef Sebti et Jean Sénac (tous trois assassinés) ou étrangers comme l'immense Mahmoud Darwish et le poète bosniaque Izet Sarajlic.

à 19h30, Le Recantou, Épicerie culturelle "l'autre épicerie"
42 rue des 7 troubadours, 31000 Toulouse
ENTRÉE LIBRE ET GRATUITE

http://www.assolapres.fr/
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Re: Poésie

Messagede Béatrice » 22 Avr 2017, 21:43

Citroën

À la porte des maisons closes
C’est une petite lueur qui luit…
Mais sur Paris endormi, une grande lumière s’étale :
Une grande lumière grimpe sur la tour,
Une lumière toute crue.
C’est la lanterne du bordel capitaliste,
Avec le nom du tôlier qui brille dans la nuit.

Citroën ! Citroën !

C’est le nom d’un petit homme,
Un petit homme avec des chiffres dans la tête,
Un petit homme avec un sale regard derrière son lorgnon,
Un petit homme qui ne connaît qu’une seule chanson,
Toujours la même.

Bénéfices nets…
Millions… Millions…

Une chanson avec des chiffres qui tournent en rond,
500 voitures, 600 voitures par jour.
Trottinettes, caravanes, expéditions, auto-chenilles, camions…

Bénéfices nets…
Millions… Millions…Citron… Citron

Et le voilà qui se promène à Deauville,
Le voilà à Cannes qui sort du Casino

Le voilà à Nice qui fait le beau
Sur la promenade des Anglais avec un petit veston clair,
Beau temps aujourd’hui ! le voilà qui se promène qui prend l’air.

Il prend l’air des ouvriers, il leur prend l’air, le temps, la vie
Et quand il y en a un qui crache ses poumons dans l’atelier,
Ses poumons abîmés par le sable et les acides, il lui refuse
Une bouteille de lait. Qu’est-ce que ça peut bien lui foutre,
Une bouteille de lait ?
Il n’est pas laitier… Il est Citroën.

Il a son nom sur la tour, il a des colonels sous ses ordres.
Des colonels gratte-papier, garde-chiourme, espions.
Des journalistes mangent dans sa main.
Le préfet de police rampe sous son paillasson.

Citron ?… Citron ?… Millions… Millions…

Et si le chiffre d’affaires vient à baisser, pour que malgré tout
Les bénéfices ne diminuent pas, il suffit d’augmenter la cadence et de
Baisser les salaires des ouvriers

Baisser les salaires

Mais ceux qu’on a trop longtemps tondus en caniches,
Ceux-là gardent encore une mâchoire de loup
Pour mordre, pour se défendre, pour attaquer,
Pour faire la grève…
La grève…

Vive la grève !

Jacques Prévert
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
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Re: Poésie

Messagede Pïérô » 02 Mai 2017, 00:32

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Re: Poésie

Messagede Pïérô » 11 Mai 2017, 15:16

Jeudi 11 mai 2017 à Limoges

Soirée Boris Vian

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Re: Poésie

Messagede bipbip » 12 Mai 2017, 16:15

Radio. Entretien // La voix sans papier, poète
stalingrad-connection
Aujourd'hui nous écoutons "La voix sans papier", poète, rencontré lors de notre enregistrement à la pendaison de crémaillère du BAAM. Soudanais, passé par la Libye et en France depuis un an, il nous partage son témoignage et sa poésie.
http://audioblog.arteradio.com/post/307 ... _11_05_17/
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Re: Poésie

Messagede bipbip » 28 Mai 2017, 16:39

Sam Hamill, ni beat ni abattu

On peut très bien avoir traversé presque la moitié du XXe siècle dans la tourmente, avoir entamé le XXIe en contribuant à fédérer des poètes de la terre entière contre le militarisme de George W. Bush, avoir grandi orphelin, gamin des rues, camé, sauvé par la poésie et Kenneth Rexroth, avoir été militaire puis objecteur de conscience, éditeur, traducteur, essayiste, enseignant et bien sûr poète, avoir consacré sa vie au service de la poésie, et être resté à peu près inconnu en France. Voici Sam Hamill, poète révolutionnaire sans arme autre que la poésie.

... https://www.revue-ballast.fr/sam-hamill-beat-abattu/
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Re: Poésie

Messagede Pïérô » 08 Juin 2017, 17:17

Paris, vendredi 9 juin 2017 à 19h30

Poésie, lecture et chants :
Soirée avec les éditions Wallada

à 19h30, Librairie du Monde libertaire - Publico, 145 rue Amelot, Paris 11e

La poésie chez Wallada ou Des Mots en liberté
Lecture et chant, autour de la collection La merlette moqueuse
Poèmes espagnols, mexicains, roumains, manouches, français
Avec les poètes et lecteurs Christophe Forgeot, Rosine Arroyo, Muriel Galera,
Patrick Quillier, fanFan, Elfriede Dubord, Gérard Gaillaguet

Carte blanche à Philippe Guillard
Extraits de Bathyscaphe de plumes et chansons

Entrée libre

http://www.librairie-publico.info/?p=2537
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Re: Poésie

Messagede bipbip » 10 Juin 2017, 15:51

Mehmet Said Aydın, poète kurde, premier recueil en français

“On ne résiste pas à l’oppression avec du papier et un crayon, même si cela peut faire partie du décorum de la résistance. Je pourrais aligner de belles phrases, mais je préfère ne pas le faire, par respect pour les deux êtres qui sont en grève de la faim depuis des mois et qui, comme si cela ne suffisait pas, sont désormais en prison”.

Dans le petit monde de la littérature et de la poésie, le point de vue de Mehmet Said Aydın ne ferait sans doute pas l’unanimité. Mais cela s’explique peut-être par sa réalité : il est Kurde et vit en Turquie, un pays où son peuple est opprimé depuis des décennies. Là-bas, depuis quelques années, la résistance cherche à s’inventer autrement, dans la rue. Les événements de Gezi en sont une illustration. Et la très récente grève de la faim de Nuriye Gülmen et Semih Özakça, ces deux fonctionnaires licenciés par décret et s’affamant pour réclamer leur réintégration et celle de toutes les personnes limogées à leur poste de travail, en est une autre. Une résistance qui effraie tant le pouvoir qu’il a décidé d’enfermer les deux grévistes…

Né en 1983 à Diyarbakır, et travaillant aujourd’hui à Istanbul, Mehmet Said Aydın a grandi à Kızıltepe, dans la province de Mardin, une petite ville proche de la frontière syrienne. Très tôt, son enfance fut marquée par une mort. Plus précisément, un assassinat : celui d’un enseignant kurde, Seydo Aydoğan, tué par balle dans la rue près de chez lui, et sur qui Mehmet Said a écrit un long poème dans le second de ses recueils de poésie. Bien-sûr, l’histoire des Kurdes de Turquie est en soi une succession de tragédies. Et les meurtres monnaie courante pour ce peuple souvent qualifié de minorité, quand dans la réalité, il représente au bas mot vingt pour cent de la population du pays. C’est du reste à deux autres morts, dont Erdal Can, son professeur de littérature lui aussi assassiné, que Mehmet Said Aydın a dédié son premier recueil de poésie : Kusurlu Bahçe, qui vient de paraître en français sous le titre Le jardin manqué aux éditions Kontr, grâce au travail de Sylvain Cavaillès.

Le recueil s’ouvre sur un poème – “cette voix qui dit l’invitation” – en hommage à sa mère, figure très présente dans la poésie de Mehmet Said. Rien de surprenant, explique-t-il. “Il me semble que les gens qui nous manquent trouvent leur place dans les poèmes que l’on écrit”. Sa mère est celle qui en dépit des événements, fait “que les choses tournent rond à la maison”. Une femme toute de bienveillance, “une sagesse souriante”, “un parfum”, “l’odeur raffinée du tabac”, qui n’a jamais pu exercer son métier d’enseignante. Son père, lui, exerce encore, et Mehmet Said le vénère à sa manière dans un autre poème, intitulé non sans raison délivrance : “la métaphore, quand je parle de mon père, est suicide”.

... http://www.kedistan.net/2017/06/03/mehm ... -francais/
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Re: Poésie

Messagede bipbip » 22 Juin 2017, 22:59

À ceux qu’on foule aux pieds

Vieux poème d’actualité

Étant les ignorants, ils sont les incléments
Hélas combien de temps faudra-t-il vous redire
À vous tous que c’est à vous de les conduire
Qu’il fallait leur donner leur part de la cité
Que votre aveuglement produit leur cécité
D’une tutelle avare, on recueille les suites
Et le mal qu’ils vous font, c’est vous qui le leur fîtes
Vous ne les avez pas guidés, pris par la main
Et renseignés sur l’ombre et sur le vrai chemin,
Vous les avez laissés en proie au labyrinthe
Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte
C’est qu’ils n’ont pas senti votre fraternité
Comment peut-il penser, celui qui ne peut vivre ?
Quoi ! pour que les griefs, pour que les catastrophes,
les problèmes, les angoisses, et les convulsions
s’en aillent, suffit-il que nous les expulsions ?

V Hugo, à ceux qu’on foule aux pieds (extrait


http://www.questionsdeclasses.org/?A-ce ... -aux-pieds
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Re: Poésie

Messagede bipbip » 24 Juin 2017, 16:04

Gérard Cléry : « La poésie n’est pas morte »

C’est à Quimper que l’on retrouve Gérard Cléry, poète discret des brisures de l’époque et de l’âme, bourlingueur bourru au cœur tendre, qui construit depuis plus d’une quarantaine d’années une oeuvre hantée par les amours perdues et retrouvées, les désordres du désir et la résistance de l’homme ordinaire à tout ce qui voudrait le délester de sa part d’humanité. Du geste dadaïste de son adolescence qui lui valut un procès au cours duquel Camus, Cocteau et Queneau intervinrent comme témoins de moralité, jusqu’aux innombrables lectures publiques de poètes francophones et sud-américains, retour sur un parcours en poésie, quand elle se vit tout autant qu’elle s’écrit.

... https://www.revue-ballast.fr/gerard-cle ... est-morte/
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Re: Poésie

Messagede bipbip » 29 Juin 2017, 20:33

En Lettres Rouges

Voltairine de Cleyre est devenue correspondante du journal Regeneración, le journal de Ricardo Flores Magón, en juin 1911, jusqu’à sa mort le 20 juin 1912. Elle a dédié aux insurgés mexicains son dernier poème.

(à nos morts vivants du combat du Mexique)

Leur révolte s’inscrit en lettres rouges,
Visibles à tous les dieux du Monde
Sur le mur en ruines leurs mains sans corps
Ont inscrit la devise : « Upharsin »
Des mains en flammes
En illuminent le message : Reprenez la terre
Brûlent les paroles vivantes des morts
Écrites
En lettres rouges.

Dieux du Monde, voyez : leurs bouches sont muettes !
Vos fusils ont parlé ; ils sont poussière.
Mais voilà que les Vivants aux cœurs engourdis enveloppés de linceuls
Sentent le rythme d’un tambour qui s’élève
Et qui parle la langue des hommes morts.
Elle hurle : « Arrachez l’ancienne rouille ! »
Tandis qu’apparaît le mot des morts : Resurrexit
Écrit
En lettres rouges

Flamme rugissante : porte-le bien haut !
Jusque dans les cieux, afin que tous puissent le voir.
Esclaves du Monde entier, notre cause est une
La honte, éternellement, est partout la même
Comme notre combat est partout le même. Il porte un nom unique :
Humanité. Nous luttons pour rendre libres tous les hommes
« Brisez la malédiction qui pèse sur nos terres », disent en se consumant les mots des morts
Écrits
En lettres rouges.

Voltairine de Cleyre

http://www.socialisme-libertaire.fr/201 ... ouges.html
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Re: Poésie

Messagede Pïérô » 11 Juil 2017, 02:32

Quatre poèmes d’Antonio Orihuela

Antonio Orihuela est né à Huelva en Andalousie en 1965. Docteur en Histoire, poète et essayiste libertaire. Sa poétique agit comme un révélateur sans concession des réalités sociales et économiques. Sa poétique agit : morsure de l’ironie, mots non mâchés, subtiles perceptions du réel frisant quelquefois une naïveté délibérée. Sa poétique au langage clair et direct est, enfin, une invitation à l’action.

Il est l’auteur de nombreux recueils de poèmes dont Edad de Hierro (1997), Comiendo tierra (2000), Palabras raptadas (2014). Depuis 1999, il coordonne dans la ville de Moguer les rencontres annuelles de poésie Voces del extremo (Voix de l’extrême) qui ont pour but de dénoncer la marginalisation et les injustices sociales... En poésie.

LE RÉPONDEUR AUTOMATIQUE DU NÉOLIBÉRALISME

Si vous voulez du contrôle appuyez sur la touche distraction.
Si vous voulez de la sécurité appuyez sur la touche violence.

Si vous voulez démanteler les droits sociaux
appuyez sur la touche crise économique.

Si vous voulez des mesures impopulaires appuyez sur la touche résignation.
Si vous voulez du public appuyez sur la touche publicité.
Si vous voulez duper appuyez sur la touche suggestionner.

Si vous voulez induire des comportements appuyez sur la touche émotivité.
Si vous voulez de la vulgarité appuyez sur la touche cœur.
Si vous voulez de la culture appuyez sur la touche mode.

Si vous voulez des privatisations, de la précarité et de la flexibilité
appuyez de nouveau sur la touche crise économique.

Votre demande est en cours de traitement.
N’oubliez pas, nos ordres sont vos désirs.

Antonio Orihuela, El mundo está en otro lugar, Ed. Baile del Sol, 2011.

**************************************************************************************************

Je vois de plus en plus de gens
avec un bandeau sur les yeux

J’en ai même vus
dont le bandeau avait un peu bougé
et qui se le remettaient correctement.

Antonio Orihuela, Piedra, corazón del mundo, Ed. Germanía, 2001.

****************************************************************************************************

INSOLIDAIRES

Solidaires avec les banques,
nous leur confions notre argent.

Solidaires avec les politiciens,
nous leur confions notre volonté.

Solidaires avec les chefs d’entreprise,
nous leur confions nos vies.

Solidaires avec les policiers
nous leur confions notre autorité.

Solidaires avec l’Église,
nous lui confions notre foi.

Insolidaires avec nos compagnons de classe,
nous n’avons toujours pas aboli le travail,
nous n’avons toujours pas brûlé l’argent,
nous n’avons toujours pas cessé de voter,
nous n’avons toujours pas récupéré la politique,
nous n’avons toujours pas assumé notre responsabilité,
nous ne nous sommes toujours pas approprié nos vies,

nous n’avons toujours pas confiance en nous,

et nous poursuivons.

Antonio Orihuela, Todo el mundo está en otro lugar, Ed. El baile del sol, 2011.

**************************************************************************************************

La condition politique de la classe ouvrière est liée à sa condition économique ; aussi, sa condition économique étant celle d’esclaves du capital et des pouvoirs, sa condition politique doit aussi être celle d’esclaves.

Jean Cordobés, 1885.

Au vu de ton curriculum
nous avons décidé
de te garder.

Tu seras embauché pour une période de quinze jours renouvelables
et si tu t’en sors bien, pour trois mois
reconductibles.

Au début, tu auras le statut d’assistant administratif,
même si on a dû te dire que celui qui part à la retraite
c’est le comptable.

Ton contrat sera de quatre heures
mais, ne t’inquiète pas, tu en feras huit.
Étant donnée la situation de l’entreprise
on te les paiera à part.

En tout : 372 € par mois
même si tes collègues, histoire d’arrondir,
font trois heures de plus chaque après-midi
et viennent une demi-journée le samedi.
Entre une chose et l’autre,
tu dépasses les 600 €.

Ça marche sauf si tu es fourré en politique,
on ne veut pas d’embrouilles avec les syndicats
ni avec les travailleurs conflictuels.

Tu as entendu ce qu’a dit le Président du Gouvernement ?
Ce qu’il faut pour redresser le pays, non ?
Travail, Sacrifice et Tolérance.

Magnifique, n’est-ce pas ?

Antonio Orihuela, Piedra, corazón del mundo, Ed. Germanía, 2001.


http://www.cla01.lautre.net/Quatre-poem ... o-Orihuela
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Re: Poésie

Messagede bipbip » 14 Juil 2017, 18:39

Regardez bien nos visages

Parce que la poésie se transmet de main en main, de voix en voix, sur un port et le long de tous les trottoirs où l’on tente encore de lutter en se souvenant des mots qui aident à survivre. Parce que, de l’Algérie au Chili en passant par Marseille, ce n’est que la couleur de la langue qui change, pas sa substance même quand elle sert à dire la vérité — celle de la misère, celle de la révolte. Et peut-être parce qu’il faut toujours « revenir aux versets libertaires ». Tant qu’il y aura des Alice, tant qu’il y aura des Asia, tant que les vagabonds heureux seront assez fous pour colporter leur parole.

... https://www.revue-ballast.fr/regardez-bien-nos-visages/
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Re: Poésie

Messagede bipbip » 16 Juil 2017, 18:00

Là où tombent les bombes

Au loin tombent les bombes, tout y est à l'horreur.
Les bombes creusent les tombes
Les tombes enterrent les pleurs

On en parle histoire de, on en cause on en cause...

Puis elles ne tombent plus...

Ne pas croire au répit
Car ceux qui ne sont morts
Celles encore en vie
Sont traqué.e.s, poursuivi.e.s offert.e.s à la curée

Tous les moyens sont bons, rien n'est assez cruel
Il eu fallut mourir...
Fuir cette trop longue vie qu'un jour on a cru belle
On la pensait trop courte avant qu'elle ne bascule

Et continue l'horreur croissante puis hurlante
Le pire n'est jamais loin, il peut durer longtemps

(On en parle histoire de, on en cause on en cause...)

Le germe était dormant, on en parlait alors... parfois... !
Arrivait le printemps et on n'en parlait plus
Arrivaient les enfants et brillaient les promesses
On riait on chantait on regardait ailleurs
Profitant du beau temps

Et celui ci filait, et elles allaient danser
Ces heures pleines de promesses
Et elles allaient valser sur les rives des chimères
Pendant que sournoisement tournait la roue du temps

Pourtant certain.e.s savaient, profitaient sans scrupules
Depuis longtemps, ces fourbes, avaient pris leur billet...
N'en perdaient une miette en remplissant leurs poches
Illes endormaient les gens et ceux ci souriaient
Ou parfois contestaient, mollement, puis se taisaient

D'autres levaient les poings
Défiant la répression
Chaque fois qu'elle s'abattait

Les incarcérations, mutilations de l'âme
Mutilation des corps, éborgnages et lynchages
Violences autorisées, couvertes, légitimées

Illes étaient ennuyeux.ses avec leurs idéaux
On leur tournait le dos et on fermaient les yeux
On ne les connaissaient ...pas plus qu'ils nous connaissent

Et puis un jour voilà
On étaient les dernier.e.s a regarder les bombes
De celles qu'on fabriquaient et qui nous revenaient
De celles qu'on distribuaient en veux tu en voilà
Qui nous enrichissaient
Notre grandeur d'alors...

Trop tard pour partir, abandonné.e.s hagard.e.s
On les entend tomber espérant que ça cesse
Tremblant.e.s terrorisé.e.s, corps et âmes dévastés

Halluciné.e.s de peur
Priant pour que ça cesse, rêvant même d'y survivre
Espérant après elles un peu d'humanité
Quand elles cessent de tomber, commence la curée...

On en parle histoire de, on en cause on en cause

Et on regarde au loin, là ou tombent nos bombes

https://nantes.indymedia.org/articles/38174
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Re: Poésie

Messagede bipbip » 22 Aoû 2017, 15:14

Poésie révolutionnaire : mon étranger

Sentir,
Sentir refuge la note à demi mouillée de l’archer sur l’alto, la caisse futile qui répond en clé de Sol au barbouillage indécent du cordier à cheval, et l’ouïe à ma table,
Lui à ma table, moyen orient de ses amours.
Le fond de caisse vibrato au frottement trop riche du tapis sous ses pieds nus,
Nus comme un orteil à la dérive sur un radeau fait d’espoir, et la mer en chahut dans sa robe de luxe.
Au quidam sans misère sous sa clim’ de safran, ses yeux smalts et safres qui n’en peuvent plus de l’asphalte,
A ses vocables poisseux la candeur d’un bourgeon,
Mon mordu du levant a brûlé ponant la cire malade des villes de l’Ouest,
Mais les narses pourtant au dolce sonnent iniques, sonnent bidons au tapis sous ses mains.
Sur ses rêves grivois la désinvolture d’une courbe de billard,
Le sourire souffreteux d’un mieux que rien j’men irais mourir au large de tes coutumes,
Et au volant de l’amer en roulis, ce flacon du tangible qu’on s’enfile cul sec au comptoir
Ressers à boire.
Son corps qui cogne,
Une meute livide à l’âme proscrite, un jupon en paupière au frou-frou des non-dits.
Qu’on donne au vertige une plume de service et qu’on apporte le réel, cette bouteille sans reflet.
Ressers à boire.
Et sa suie sur le tapis,
Salit de blanc leur Occident.

https://rebellyon.info/Poesie-revolutio ... nger-18088
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