joe dalton a écrit:antigone, c'est singulier de metre une liste aussi longue, bourré de "chefs d'oeuvre", tu nous fait l'antologie des cahiers du cinéma ?
Joe. Je n'ai pas voulu faire une anthologie, mais la prise de vue, c'est mon métier.
Depuis que j'ai commencé à étudier le cinéma, j'ai vu des milliers de films en salles et j'ai tout consigné sur des cahiers. Alors, ça ne me pose pas de problème de faire une liste comme celle-ci.
Le point commun de ces films (et parce qu'on est sur un forum anarchiste), c'est d'avoir un contenu social fort (esprit de révolte et de liberté) mais aussi d'être artistiquement réussis. Evidemment, tout cela est subjectif.
Tu parles de chefs d'oeuvre... mais c'est quoi ? ça vient de quoi ? De la reconnaissance, de la notoriété ? Ce ne serait pas une qualification bourgeoise par hasard ? Pour moi, ça ne veut rien dire. J'ai mis dans cette liste des films qui ne sont même pas cités dans les encyclopédies du cinéma. Pourtant, je les trouve excellents.
joe dalton a écrit:cela dit, il y a tres peu de merde dans ta liste ! exepter que je vois que tu as l'air de beaucoup apprécier abbas kiarostami, et son cinéma bourgeois(bourré de plan séquence convenu et contemplatif), mais bon comme c'est iranien c'est exotique, et comme ça a l'air vachement profond et grave, ça doit être pas mal !
- Bourgeois ? Dire que tel cinéaste est bourgeois est absurde. Toute l'histoire du cinéma est bourgeoise. Il n'y a pas un film professionnel qui ne se soit fait sans capitaux, hors contrôle (scénaristique, logistique, artistique...) d'une production.
- Le plan séquence serait convenu ? C'est tout le contraire. C'est ce qu'il y a de plus difficile à réaliser et que les productions de ces 20 dernières ont réussi à éliminer parce que le découpage (le tronçonnage, je dirais), c'est plus sûr, plus facile et par conséquent bien plus rentable.
- Contemplatif ? Par définition oui, mais encore faut-il qu'il ait une justification pour ralentir le rythme d'un film, et dans
Et la vie continue de Kiarostami, je trouve qu'il y en a une. Quand on arrive dans un village qui a été touché par un tremblement de terre, on ne va pas se mettre à courir caméra sur épaule comme un reporter surexcité... non, on avance lentement et on prend le temps de regarder autour de soi. Le regard humain est naturellement contemplatif même quand nous regardons quelque chose qui parait vide de sens.
Et puis en Asie, les gens ont une autre notion du temps. Ils supportent plus volontiers un plan de 3 minutes. En France, regarde donc un film à la télé, et je te paye des prunes si tu trouves un plan (qui ne soit pas un champ-contre-champ) qui dure plus de 15 secondes.
En France, on n'arrête pas de couper ! Le drame, c'est que le spectateur finit par s'habituer à ce procédé (qui vient de la pub), à ce formatage; et que les producteurs prennent prétexte de cette sale habitude pour imposer leurs vues. C'est malheureusement ce qui se passe actuellement dans le cinéma français.
Alayn a écrit:-Saviez-vous que Ken Loach était un marxisant trotsko ? Bon, voui, hormis "Land and Freedom" (pris néanmoins du point de vue du POUM- Parti marxiste dissident des Stals de l'époque et ayant combattu aux côtés des anars dans la guerre d'Espagne...néanmoins....), le reste, hein ??? (pouf....pouf...).
Je déteste le signifiant (même s'il repose sur de bons sentiments), c'est-à-dire le fait de créer une séquence exprès pour donner au spectateur telle information, tel message. Aujourd'hui, beaucoup de cinéastes en usent et en abusent (because la télé) et Ken Loach en fait partie. C'est à cause de ça que la plupart des films qu'il a réalisés depuis une quinzaine d'années sont médiocres.
Dans
Land and Freedom, il y a une belle séquence d'une assemblée générale. Les échanges sont passionnants à suivre. On sent qu'il a passé du temps à la préparer. Ca a été travaillé... mais à côté de ça, que de baclage !
Franchement je me fous de savoir que Loach soit trotskar; il est devenu mauvais et c'est pire que tout.
Malgré tout, je conseille de voir
Kes ou
Family life, du temps où il signait encore ses films Kenneth Loach, au temps où ses révoltes n'étaient pas sur commande.
joe dalton a écrit:et d'ailleurs y en a marre de tous ces drames sociales(type rosetta) fait par des bourgeois, pour des bourgeois, avec une condescendance absolue pour le prolos ! ce qu'il appelle faire du cinema realiste, c'est faire des films chiant avec des "vrais pauvres" a l'intérieur ! parce qu'avec leurs vision misérabiliste, qui suinte le mépris refoulé, le prolos a une vie qui n'est rempli par rien !
je veut bien sortir land and freedom du lot, mais un film comme ladybird, qui vous propose moyennant la somme de 10 euros, de voire une actrice faire semblant de pleurer pendant 1h30, non merci !
le cinéma, c'est du mensonge par essence, le plus malsain, c'est celui qui voudrait nous faire croire qu'il "montre" la vérité !
Joe, dans la vie, tout n'est pas drame, tout n'est pas social, mais le cinéma essaie de représenter la vie, et le drame social en fait partie. La seule chose qu'on puisse reprocher à ce genre, c'est l'exces de scénarisation. Le cinéaste qui veut trop en dire et veut trop faire comprendre, et qui à force d'en rajouter dans le malheur fait perdre toute crédibilité à son sujet. Si tu ne supportes pas que l'on fasse des histoires avec les prolos, va voir
Humain trop humain, le travail à la chaine dans une usine Citroen. Un regard clinique, sans un mot de commnentaire. Peut-être que la vérité se rapproche de ça ?... Mais qu'est-ce que c'est éprouvant !
Alayn, oui
Spartacus,
Soleil vert sont des films forts... mais sur le plan artistique, désolé c'est un ton en dessous.
Kubrick a eu plein de problèmes sur le tournage de Spartacus et ça se voit vraiment trop. Quand à Richard Fleischer, il n'a jamais été mieux qu'un honnête faiseur de films. Joe croit que c'est un film des années 40... il date de 73 ! Ca prouve qu'il y a un problème de réalisateur. Je pourrai t'expliquer ça devant une table de montage, mais bon...
Soleil vert réalisé par Kubrick par contre, ça aurait eu une autre gueule.
Hitchcock, oui j'aime bien, mais il n'a jamais fait de films qui reposent sur une critique sociale (
Le faux coupable peut-être ?), c'est pourquoi il n'est pas mais cette liste.
Pareil pour Chabrol. Oui, je n'y ai mis que
Les bonnes femmes. J'aime beaucoup
Le beau Serge, La femme infidèlé,
Le boucher... Mais pour moi, ce sont davantage des drames intimistes, psychologiques...
C'est difficile de mettre dans des cases. Et puis, tout est subjectif et heureusement.