Le festival "libre" dédié à la techno célèbre ses 20 ans sur la base aérienne de Cambrai (Nord). Quelque 40.000 "teufeurs" doivent communier ensemble devant les nombreux murs de sons déployés sur le site ce week-end. L'esprit sauvage des "free parties" anglaises est toujours là, mais le Teknival a mûri avec la vingtaine : l'édition 2013 est encadrée et sécurisée.
Le Teknival 2013 a commencé vendredi sur la base aérienne de Cambrai. 40.000 "teufeurs" sont attendus pour la vingtième édition. © Maxppp - Sami Belloumi
Le Teknival fête ses 20 ans à Cambrai, par Rémi Brancato
Le sale garnement a vieilli. La vingtaine bien tapée, le Teknival revient sur les terres nordiques pour un week-end sécurisé mais toujours avec le même objectif : "tripper" sur le son. Plus de 700 gendarmes, policiers et secouristes, 30.000 bouchons d'oreilles et 20.000 préservatifs : tenir la bête réclame une certaine organisation.
Le lieu a été divulgué il y a à peine une semaine. Sûrement pour rester fidèle à l'esprit "free parties" - ces rassemblements gratuits et sauvages importés d'Angleterre à la fin des années 80 -, malgré l'encadrement policier.
Autour de Cambrai, les forces de l'ordre fouillent les campings-cars et autres véhicules colorés aux barrages dressés sur les routes de campagne. Mais aucun uniforme n'est censé pénétré sur le site du Teknival.
Venir ici, "c'est se libérer un peu de tous ses problèmes, se faire plaisir au maximum", raconte Alexis, venu de Châlons-en-Champagne. Et pour ça, il a tout prévu : "Speed, kétamine, MD... et puis voilà quoi".
Franchir le mur du son
Les paradis artificiels envahissent la base aérienne. Mais la drogue ne pose pas "de problèmes particuliers" selon le médecin en charge des secours sur place. Il préfère s'en tenir aux chiffres, modestes : "19 personnes hospitalisées sur quatre jours" lors des années précédentes.
Avec ou sans substances, à chacun sa méthode. Les 40.000 "teufeurs" sont surtout là pour franchir le mur du son, grâce aux immenses parois d'enceintes rassemblées par les nombreux "sound systems".
Certains sont même venus de loin pour s'épuiser sur les basses. "On est déjà venues plusieurs fois et c'est génial", s'exclament Katie et Vicki, deux jeunes Londoniennes, "on adore la musique, les gens de toute l'Europe, de différentes cultures."
Peu importe les kilomètres ou la météo. Chaque année, on vient au Teknival pour retrouver une communauté et une ambiance rare, susceptibles de ne pas plaire à tout le monde.
http://www.youtube.com/watch?feature=pl ... LPMCwCh-Jo
Legalize Tekno - French Teknival 2012 © Gael Gouttegatat
Teknival en terrain miné
Mais le plus gros danger de ce Teknival 2013, ce n'est ni l'overdose, ni l'accès de surdité. Sur la base aérienne de Cambrai, le festivalier doit faire attention aux mauvaises rencontres. A quelques pieds sous terre, le site abrite encore quelques bombes datant de la Seconde guerre mondiale.
La préfecture du Nord a déconseillé aux participants de creuser des trous en profondeur pour arrimer chapiteaux, tentes et autres murs de sons. Le risque d'explosion n'est pas plus grand qu'à Laon, où s'étaient déroulées les éditions 2011 et 2012, a précisé le préfet.
Cambrai espère donc que les consignes de sécurité seront respectées ce week-end, histoire que les baffles soient les seules à déverser leurs "boum-boum" dans l'air estival.
en collaboration avec Chacha La Farouche et Asphalt-Pirates,
le spectacle "Cadavre Exquis" de DAS KATABARET.
plus d'info sur ce projet sur http://das-katabaret.revolublog.com/
"Das Katabaret" est une association transdisciplinaire liant Trois Artistes : Asphalt-Pirates, Meln et ChaCha La Farouche... Associant performance peinture, body painting, striptease et musique actuelle, "Cadavre Exquis" vous invite à revisiter, à travers son univers onirique et sensuel, le mythe de Pygmalion.
Asphalt-Pirates (musique) : http://www.asphalt-pirates.com
asphalt.pirates@yahoo.com
Meln (peinture) : http://www.meln.fr
melaine.richert@yahoo.fr
Chacha La Farouche (burlesque)
cguerret@hotmail.fr
La free party, projet de rave gratuite, apparaît historiquement comme une conséquence de la difficulté d’organiser une fête basée sur la musique techno. Tandis que la majeure partie du mouvement techno est animée par un désir de s’insérer dans la société, la free party témoigne au contraire d’une résistance à la socialisation amorcée par les raves payantes. Essaimant dans toute l’Europe, la free party techno donne à vivre une fête fonctionnant sur des principes nettement distincts de ceux établis par la culture dominante. A côté voire contre la société, suivant le degré de répression dont elle fait l’objet.
L’intensité et la rugosité du son des free parties, l’étrangeté de la musique au regard de la production dominante ainsi que l’agressivité délibérée du message non verbal placent le bruit en position de concept clef pour saisir la signification du phénomène. La techno cumule toutes les dimensions du bruit, comme une provocation ultime au postulat conventionnel de la musique. Au-delà, la techno irrite les oreilles de notre société pour des raisons qui excèdent largement le cadre musical. Mais la musique accompagne et est à la source de cette controverse, ce qui révèle l’existence d’un lien significatif entre le matériau musical et le phénomène social.
Dans ce contexte de contre-culture radicale, la techno jouée dans les free parties mêle étroitement bruit et machine. Entre détournement et reproduction, l’instrumentation électronique est manipulée intuitivement pour produire un bruit qui se veut à la fois provocation et invention.
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