Bonjour
Le temps de me familiariser avec ce forum que j'ai découvert par hasard. Le temps de savoir faire mon avatar... Un chat. oui, ça me ressemble bien.
Ma vie ? mes engagements ?
Révolté tout gamin, une indépendance d'esprit... et puis vlan ! de mauvaises rencontres, des erreurs de jeunesse.
La principale: Lutte Ouvrière et Arlette, le démarchage électoral et la révolte au garde-à-vous. Ca n'était vraiment pas fait pour moi... Trotsky, Lenine à la poubelle.
Attiré un temps par l' Autonomie ouvrière, et puis non... Cap vers l'ultra-gauche.
D'abord Tribune avec d'anciens de la LCR aussi traumatisés que moi. Quelques années de thérapie à étudier le conseillisme, Rosa et ses copains. Mais à force de tout critiquer, Marx lui aussi est parti à la poubelle... dissolution.
Puis Subversion en évoluant vers une sorte de situationnisme qui n'en est plus un après avoir mis Debord à la poubelle. mais à vouloir faire la critique du travail et de la vie, on a fini par ne plus trouver utile de continuer à se réunir... alors re-dissolution et un petit tour dans le désert.
Pour ne pas rester trop longtemps dans le désert, une petite crise de pragmatisme: SUD dès sa création... Mais voila, je me sers du syndicat pour "servir" (en fait informer) les travailleurs, alors qu'il aurait fallu faire l'inverse... mince alors, viré !... et cette fois, un grand tour dans le désert, seul... Mais il parait qu'il vaut mieux être seul et inorganisé que mal accompagné. Malgré tout, on a quand même besoin de contact et d'expérimentation.
Trajectoire évolutive n'est-ce pas ?
Aujourd'ui les poubelles ont été vidées, mais les coups de soleil dans le désert ont laissé des traces. Le mot même de communisme me fait horreur. La moindre couleur rouge sur un drapeau me donne de l'urticaire.
L' anarchisme, ça m'a toujours attiré... mais les quelques militants anarchistes traditionnels que j'ai croisés sur ma route: trop raides, vraiment trop raides.
Et puis je suis pour le métissage, mais s'il y en a un qui ne marche pas, c'est celui de la carpe et du lapin, celui des "comlibs" comme je les appelle (communistes-libertaires) qui à la longue m'ont toujours semblé devenir de plus en plus communistes et de moins en moins libertaires.
Arf ! (J'aurais peut-être pas du dire ça, je vais me faire mal voir).
Le reste de ma vie, c'est la photographie, les images et le cinéma.
Une image, justement, qui me restera pour toujours dans mon esprit: celle d'une reprise de travail en juin 68.
Face à face, une ouvrière pas hippie, pas baba pour un sou, qui devait danser à l'époque sur les chansons de Sylvie Vartan et un représentant syndical qui essayait de la convaincre qu'on avait gagné... mais elle ne voulait rien savoir. Obstinément, elle faisait front. Non, elle ne voulait pas rentrer. En un mois de grève, sa perception de la vie avait changé radicalement. Ce qu'elle acceptait avant parce que tout le monde l'acceptait, désormais elle ne l'acceptait plus. Elle avait soif d'autre chose. le syndicaliste lui énumérait ce qui avait été gagné, que ça allait changé et tout et tout, mais non, rien à faire. Et puis, au détour d'un échange, elle lui a envoyé un truc comme "non, je ne retournerai plus dans cette boite de merde !"
La première fois que j'ai vu ce document, j'ai éclaté en sanglôts, mais grave. Puis en 1996, un film en forme d'enquête fut réalisé qui cherchait à retrouver cette fille... mais on ne l'a jamais retrouvée.
Alors voila... cette aspiration à la liberté, elle est en chacun de nous, dans nos gênes, je ne sais où, mais elle est dans notre humanité, c'est certain. On peut nous cogner dessus, on ne nous l'enlèvera jamais.
Le problème, c'est qu'une fois qu'on a compris ça, tout devient plus compliqué.