Street Art

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Street Art

Messagede bipbip » 02 Juin 2018, 22:15

Grenoble Vandal Fest’ 2018

« Le Street Art est de nature généreuse, et cette générosité se partage et se propage car elle offre une manière de regarder la ville différente et souvent bienvenue dès que les artistes ont le temps et l’autorisation de montrer leur savoir-faire. »

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Communication officielle du Grenoble Street Festival

Pour la troisième année consécutive, le Grenoble street-art Fest organisé par Spacejunk aura lieu à Grenoble du premier juin au premier juillet.

Pendant un mois, la galerie d’art Spacejunk va essayer de nous faire croire que le graffiti, en plus d’être « généreux », c’est leur monopole culturel et ça se fait uniquement à coup de centaine de milliers d’euros, de location de nacelles et avec des artistes mondialement connus. Leurs énormes fresques mièvres et subventionnées vont envahir les murs des quartiers proches du centre-ville pour les rendre plus désirables pour les touristes et plus rentables pour les spéculateurs immobiliers, loin, très très loin des valeurs subversives du street art.

Heureusement, cette année est né un festival Off qui nous ressemble : le Grenoble Vandal Fest’.

Lire la page complète de l’événnement : https://grenoble.indymedia.org/2018-05- ... 8-du-01-06

Télécharger l’affiche au format PDF : https://grenoble.indymedia.org/IMG/pdf/vandalfest1.pdf

https://grenoble.indymedia.org/
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Re: Street Art

Messagede bipbip » 31 Juil 2018, 16:25

Paris : des graffitis de rue... rassemblés en musée

Récupérer des graffitis dans la rue pour les exposer dans un musée à Paris, c’est le pari que s’est lancé Grégory. Il ouvre gratuitement son local, passage du Ponceau.

Au 20 passage du Ponceau (IIe arrondissement), se trouve un lieu d’exposition bien particulier : le musée du Graffiti. Installé dans les locaux d’un ancien salon de tatouage, ce petit musée expose, sur trois étages, 250 œuvres de rue. A l’initiative du projet, « Greg ». Ou plutôt « Arek », de son nom d’artiste. Directeur artistique, il ne tague plus depuis plusieurs années mais reste un passionné de street-art.

Depuis 25 ans, il collectionne les graffitis réalisés par plus de 1 500 artistes dans les rues de la capitale, dont un du célèbre Banksy. Par manque de place dans son appartement et par « vocation pédagogique », Grégory a décidé d’ouvrir son musée. Son objectif ? Faire connaître le street-art, son histoire et ceux qui le font vivre. Mais aussi le faire accepter comme un art à part entière.

S’il a décidé de récupérer des graffitis dans la rue, c’est pour les préserver. Il souhaite empêcher leur destruction. « Les gens se disent que c’est sale, alors ils les effacent », déplore Grégory. Il reconnaît assez facilement qu’il s’agit, à l’origine, d’un « acte de vandalisme ». « Les graffeurs ne font pas que des belles choses, avoue l’homme de 36 ans. Ils font des choses qui ont du sens. » Il cherche à décrypter le message caché derrière chaque tag, graff, ou simple signature.

... http://www.leparisien.fr/paris-75/paris ... 823961.php


Bon, faut pas chercher des tags trop politiques... :siffle:
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Re: Street Art

Messagede bipbip » 28 Aoû 2018, 17:30

«Le Street Art, ce n’est pas de la simple décoration»

En effet, comme l’a rappelé le chargé à la culture de la municipalité de Boulogne-sur-mer “le Street Art ce n’est pas de la simple décoration”(1). La récupération par les pouvoirs locaux d’une pratique initialement illégale et au contenu souvent subversif met ici en lumière un phénomène qui tend à se généraliser. Depuis quelques années, au même titre que les caméras de vidéo-surveillance, les graffs fleurissent aux quatre coins de la cité. Le Street Art compte désormais au nombre des procédures qui concourent à la production capitaliste de l’espace urbain. A sa façon, le Street Art s’associe et contribue au contrôle de cet espace, à sa privatisation ainsi qu’à sa marchandisation.

Au premier abord, l’idée d’apporter quelques touches de couleur dans la grisaille ambiante paraît plutôt judicieuse. On se demande d’ailleurs pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt ? Simplement parce qu’on n’imagine pas la population d’un immeuble ou d’un quartier prendre en charge collectivement ce qui, de fait, relève de son initiative sans qu’immédiatement les pouvoirs locaux n’interviennent pour rappeler à l’ordre les contrevenants(2). Il existe des exemples célèbres de collectifs d’habitants qui imposèrent leurs décisions aux pouvoirs en place, mais localement, nous n’en sommes pas là aujourd’hui. La situation sociale est préoccupante, elle favorise le repli sur soi, et l’atomisation de la population rend pour le moment peu vraisemblable tout projet vaguement collectif. C’est de ce climat ambiant dont les pouvoirs locaux tirent parti, ici ou ailleurs. Le Street Art à la mode boulonnaise poursuit donc deux objectifs qui s’enchevêtrent jusqu’à se confondre. D’abord, celui de cacher la misère dans tous les sens du terme par une habile mise en scène et ensuite, celui de valoriser la politique d’aménagement urbain en cours.

Récupérer et aseptiser

On sait la disposition du capitalisme à intégrer en vue de sa reproduction les expériences qui, à première vue, semblent éloignées et parfois même attentatoires à sa dynamique. Le Street Art n’échappe pas à cette règle. Ses auteurs à succès ont désormais commerce avec les officiels du milieu de l’art et de son marché. Est-ce à dire que les graffeurs font désormais cause commune avec les tenants de l’ordre social et politique existant ? Indéniablement, certains ont trouvé où nicher. Pour d’autres, il arrive que les rouages du système et le cynisme des politiques parviennent jusqu’à désamorcer le contenu subversif de leur message. Ainsi, on se rappelle que la maire de Calais a protégé les fresques de Bansky peintes sur les murs de la ville, pendant que dans le même temps elle menait une politique acharnée contre les exilés errant sur le littoral. Loin d’indisposer Natacha Bouchard, le soutien affiché du graffeur aux étrangers a été reçu par celle-ci comme “une chance pour Calais”(3). Assurément, la chance de réaliser une plus-value supplémentaire sur le dos des réprouvés. Valeur d’échange VS valeurs de solidarité diraient certains ? Nullement, puisque dans cette affaire seule la figure de l’artiste monopolisera l’attention des médias, le dernier mot revenant au spectacle, comme il se doit.

A Boulogne-sur-mer, le Street Art est une marchandise importée à dessein. Il y est de facture officielle et commerciale, étranger aux pratiques réprouvées car considérées comme illégales dans les cités où le phénomène a vu le jour. Pour les édiles, il s’agit avant tout de donner à voir. Donner à voir que la ville n’est pas restée plantée là, sur le quai de l’Histoire, mais plutôt qu’elle a pris bonne place dans le train en marche d’une modernité prétendument post-industrielle.

Créer une ambiance

Nous avons déjà eu l’occasion de le dire, les projets d’aménagements que portent les politiciens locaux sont identiques à ceux de n’importe quelle autre agglomération ou métropole actuellement en chantier(4). La rationalité capitaliste lisse toutes les aspérités et laisse peu de place à l’imagination. La recette se compose invariablement d’une bonne dose d’activité touristique, ici essentiellement en lien avec le milieu maritime et patrimonial, d’une autre de construction immobilière, la dernière étant généralement dévolue aux secteurs dits de l’innovation et du numérique. Dans les faits, cela se concrétise par l’agrandissement du centre de la mer(5), l’édification d’immeubles de standing et l’implantation d’entreprises (Sopra Steria) ou la création de “pouponnières de starts up” (espaces de Co-working ; Bouda : Boulogne-Urban-Data, etc.). La ville se doit d’être à la fois une attraction, un musée et un de ces lieux de la modernité technologique. À la culture reviendra la mission de mettre la partition en musique.

Les cibles de l’art urbain sont donc autant les touristes de passage, que les catégories professionnelles dont l’industrie de la communication réclame la compétence(6). Le Street Art participe à créer l’ambiance recherchée, celle d’une ville séduisante qui se met en scène afin d’attirer les couches plutôt jeunes, plutôt diplômées et qui possèdent un certain capital culturel. Ce phénomène de gentrification donne aux villes des allures de parc d’attraction et certains parlent de Dysneylandisation(7).

Pour les couches de la population qui se sentiraient oubliées par ces projets, qu’elles se ravisent, le Street Art s’adresse à elles également, au titre de “l’accès à l’art”. Et on peut déjà parier que la pratique du Street Art figurera en bonne place dans les prochains programmes des services socio-culturels …

Contrôle et hiérarchie

La culture mise au service du développement urbain permet ainsi de renforcer le contrôle du politique sur le territoire. A ce titre, il est révélateur d’observer que l’ensemble des panneaux électoraux ordinairement installés lors des campagnes ont servi de support au festival d’été de Street Art. Et il est tout aussi symptomatique de constater que dans certains quartiers périphériques, le sort réservé aux œuvres exposées fut le même que celui promis rituellement aux affiches des candidats aux élections : Pas de quartier !

Le ripolinage de la ville n’épargne rien ni personne, si bien que les codes du vedettariat et la loi du marché s’appliquent ici comme partout ailleurs et reproduisent une stricte hiérarchie. Aux signatures internationales on livre les murs de la cité, aux acteurs locaux on réserve le mobilier urbain.

Quelle réponse ?

Après le mobilier anti-SDF et les caméras de vidéo-surveillance, le Street Art réglementaire enrichit la panoplie des dispositifs de contrôle et d’appropriation/marchandisation des espaces urbains. Face à cela, la seule réponse que l’on peut apporter est de continuer à s’exprimer politiquement sur les murs de la ville, à le faire le plus collectivement possible et à l’assumer. Les espaces existent, quitte à en reprendre à la culture officielle et subventionnée lorsque les conditions l’exigent. Nous sommes convaincus que nos amis les artistes comprennent que la rue appartient à tous et qu’ils doivent, eux aussi, en partager la jouissance.

A vos brosses !

Boulogne-sur-mer, le 18/08/18


(1) ”Dix œuvres de Street Art s’installent à Boulogne-sur-mer”. La VdN/2018-07-23

(2) En s’ efforçant dans un premier temps de les inclure dans un dispositif officiel quelconque, le genre de pantalonnades telles que les “projets de quartiers à base de démocratie participative”, etc … S’ils s’obstinent, alors, la répression prendra le relais.

(3) Déclaration de la maire de Calais reprise par de nombreux titres de la presse bourgeoise.

(4) Se reporter aux numéros 32 et 33 de la Mouette Enragée consacrés à la question ou consulter directement les textes sur ce blog, à la rubrique “Production capitaliste de l’espace”.

(5) À ce sujet, avez-vous remarqué qu’à mesure que la ressource halieutique diminue, Nausicaa s’agrandit … Centre de la mer d’ailleurs posé sur une plage… interdite à la baignade pour cause de pollution !

(6) Sopra Stéria a du faire venir une bonne partie de ses salariés de la métropole lilloise.

(7) Lire à ce sujet le texte de Alexandre Grondeau et Florence Pondaven : “Le Street Art, outil de valorisation territoriale et touristique : l’exemple de la Galeria de Arte Urbana de Lisbonne”


https://lamouetteenragee.noblogs.org/
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