anarchisme et traditions

Re: anarchisme et traditions

Messagede angularsound » 27 Fév 2009, 22:16

La perfection est un absolu et il est judicieux je pense de ne pas raisonner en terme d'absolus en ces matières. La perfection n'est ni de ce monde ni d'autres mondes on pourrait dire.

Alcibiade :Nous devons éviter d'être réactifs à l'extérieur sauf si cet extérieur nous nuit .


Pas capté : a quel exterieur te réfères-tu ?
angularsound
 

Re: anarchisme et traditions

Messagede Spartakus » 02 Mar 2009, 22:43

Quand à mes raccourcis je pense à mon rythme on est plus à l'école .


Euh... mais de là à abandonner toute perspective de raisonnement (en tout cas de ce que l'on en voit). Tu penses à ton rythme certes, mais nous ne sommes pas dans ta tête, il est nécessaire que tu nous communiques un minimum tes idées et les réflexions qui t'ont permis d'y parvenir.

Pour ma part je pense que l'on a chacun des choses à faire en fonction de notre personnalité


Serais-ce une division de l'activité humaine en fonction de notre caractère, je n'y vois guère de liberté...

Sinon, pour les technologies anciennes, il a pu effectivement y avoir des technologies qui ont été trouvées "par hasard", par expérimentation, puis abandonnées pour réapparaitre plus tard. Mais ya une différence entre utiliser une technologie et la comprendre (du moins la mettre en équation, en faire des modèles et donc pouvoir bien la maîtriser). Ce que je veux dire c'est qu'on a pu utiliser le son pour faire je ne sais quoi sans théorie sur les ondes.


Hum... je ne suis pas d'accord avec l'idée du "par hasard" dans le sens où il permet de chasser facilement les contre-exemples à l'histoire linéaire et positiviste à laquelle s'accroche bien trop souvent les "progressistes". L'histoire et l'évolution ne sont pas linéaires mais plutôt des suites de probabilités, pour prendre une image, l'Histoire s'apparente d'avantage à une nuée de points reliés entre eux qu'à une grande frise chronologique, linéaire et sans aspérités.

Quant à ce que dit angularsound, cela me paraît très intéressant, non seulement la volonté de créer le "Meilleur des mondes" est très totalisante et autoritaire, mais de plus, cette perspective ne peut en rien nous réjouir, les frustrations, et autres sentiments considérés comme négatifs sont indispensables à l'enrichissement individuel et collectif. De plus l'idée de stabilité et de bonheur permanent apparaît pour moi sous la forme d'une armée d'automates et non d'associations libres de communes où vivent des individus émancipés. MERDE à toutes les visions positivistes (cela rejoint ce que j'ai dis au-dessus) qui souhaite l'avènement de la "fin de l'Histoire" par une société idéale et perpétuelle (qui me paraît de toute façon impossible) qu'elle soit libérale (les théories bidons de Fukuyama), marxiste, anarchiste ou taoïste...
Spartakus
 

Re: anarchisme et traditions

Messagede alcibiade » 06 Mar 2009, 14:31

L'extérieur dont je parle c'est le regard des autres l'environnement familial et sociètal, le travail ... tout ce qui n'est pas nous même, tout les évènements et pressions qui veulent nous formater sans tenir compte de ce que l'on est réellement .
La socièté parfaite sera une socièté ou les personnes feront ce qu'ils SONT . Mais il est clair que pour les personnes qui ne savent pas qui elles sont se sera dure .
Faire ce que l'on aime avec les gens qu'on aime: tel est à mon avis la définition du bonheur.

La plupart des humains sont conditionnés à imiter leur parents, leurs anciens, le modèle dominant de la socièté ou tribu ou ils sont nés . Les antimodèles font parti aussi du conditionnement .
Les médias et de nombreux rebelles et grincheux alimentent le chaos du monde en se focalisant sur les catastrophes et le bordel mondial . Si ces 3 entités s'activaient à construire le mieux vivant existentiel il y a longtemps que la révolution participative et qualitative aurait eu lieu . Qu'est ce que le mieux vivant existentielle me direz vous . et bien c'est tout ce qui contribue à l'amélioration et à l'embellissement du monde . Il y a un site (pour les cerfvolants) qui en parle : onpeutlefaire .com.
Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres .
Chez les anars il y a aussi une facheuse tendance à vomir sur tout et à ruminer à l'infini nos propres incapacités à nous sortir des oppressions pluridimensionnelles .

Que font les anars psy :gratte: :guitare: :baille:
alcibiade
 

anar psy

Messagede PoussiereDesToiles » 07 Mar 2009, 00:00

anar psy a votre service j'écoute:
-pour une assistance a l'euthanasie tapez vos voisins fachots
-pour un suicide assisté appuyez sur votre gâchette
-pour un problème grave ne consultez jamais de psy vous finiriez au cachot
-pour une assistance a l'euthanasie des psy comptez sur moi

internement arbitraire
PoussiereDesToiles
 

Re: anarchisme et traditions

Messagede alcibiade » 14 Mar 2009, 14:53

Salut , L'article qui suit est significatif de l'efficacité humaine qui n'a pas besoin d'idéologie politique car cela est logique et a été expérimenté durant des siècles avec efficacité . Quand je lis sur ce site des gens qui s'empaillent durant des dizaines de pages ;pour savoir qui est un bon ou un mauvais anarchiste cela m'effare et doit en effarer plus d'uns .
En fait comme l'a dit Malatesta " C'est en marchant que l'on crée le chemin sans quoi il n'y a pas de chemin" . Tout le reste en Anarchie comme dans tout les domaines est du domaine de la rumination perpétuelle et de la masturbation .

Les Traditions ont toujours été liés à des territoires de la cage d'escalier dans une cité à une nation, les peuples se sont toujours regroupés d'abord par territoire .
Quand je lis des délirants sur ce site qui nie ce phénomêne je comprends mieux que l'anarchisme n'arrive pas à décoller . Le LKP guadeloupéeen a en partie réussit gràce à sa synthèse de nombreux paramètres dont la lutte des classes , la lutte des races, l'indépendantisme et le nationnalisme . Que des petits bourgeois anarchistes sur ce site hurlent à l'hérésie et aux dérives populaires et nationnalistes tout ces propos relèvent du délire intellectuel et politique . Cela fait le jeu des colons des békés et des esclavagistes de toutes les couleurs car c'est dans l'unité des opprimés que nous vaincrons , les diviseurs sont des cons qui nécrosent le mouvement ..



Le Rajasthan met le désert au vert
Par Pierre Prakash

"Il y a 15 ans, il n'y avait rien ici, juste des terres arides", raconte Kanheya Lal en désignant les cultures qui s'étendent à perte de vue. C'était une zone désertique, la plupart des villageois étaient partis travailler en ville. Or, aujourd'hui, l'eau est revenue, et le village tout entier vit à nouveau de l'agriculture. Personne n'a jamais vu autant d'eau dans cette région". Ces mots résument à eux seuls le miracle que connaît, depuis quelques années, le district d'Alwar dans l'état du Rajasthan, au nord-ouest de l'Inde. En une décennie à peine, le désert a été transformé en une oasis verdoyante et prospère. Un miracle d'autant plus impressionnant qu'il ne doit rien aux technologies modernes, et tout à la résurgence des méthodes traditionnelles de récupération d'eau de pluie.
Rivières ravivées

C'est, en effet, la construction de simples réservoirs en terre, creusés à la main, qui a permis de renverser le processus de désertification dû à l'exploitation intensive des eaux souterraines. Parallèlement, les habitants ont lancé un programme de reforestation sur les collines alentour, dont les arbres avaient été anéantis par les troupeaux et les coupes sauvages. Résultat : les forêts regagnent du terrain, les surfaces cultivables ont été triplées, les rendements agricoles multipliés par dix. Le tout sans même les conseils d'un ingénieur. « Nous n'aurions jamais pensé que c'était possible, avoue Kanheya Lalen en souriant, mais les méthodes de nos ancêtres étaient si efficaces que nous avons même réussi à ressusciter la rivière ». Asséchée depuis plus de soixante ans, la rivière Arvari, longue de 45 kilomètres, est ressortie de terre, en 1996, grâce à la remontée des nappes phréatiques. Depuis lors, quatre autres cours d'eau ont été ravivés dans la région, redonnant vie à des centaines de villages qui étaient, sinon, voués à l'abandon.

Lancé en 1987 par la petite ONG Tarun Bharat Sangh (TBS), le projet de récupération d'eau de pluie du district d'Alwar est aujourd'hui un modèle mondial en matière de préservation de ressources en eau. A ce jour, ce projet entièrement écologique a réellement permis de ressusciter plus d'un millier de villages abritant une population de 700 000 personnes. Réussite d'autant plus spectaculaire qu'elle repose sur la participation des villageois eux-mêmes. A coup de pelle et de pioche, ils ont creusé des centaines de « johads », terme local pour désigner les réservoirs en terre. Installés pour la plupart au bas des collines, ils permettent de récupérer non seulement les gouttes, mais aussi et surtout les eaux de ruissellement, qui, autrement, se perdent en surface. « Dans un premier temps, les puits se sont remplis, puis, après plusieurs années, les cours d'eau ont commencé à se reformer. », explique Rajendrah Singh, directeur de TBS et architecte du projet.

« La force de ce projet, c'est la participation active de la population locale », souligne cet homme, devenu un héros en Inde. Sans cette implication des villageois, l'eau serait à nouveau gaspillée et on reviendrait à la case départ. « Pour que les résultats soient durables, il faut que les bénéficiaires soient chargés de la gestion des ressources naturelles ». Dans certains villages, il a fallu plusieurs années pour convaincre les habitants de s'entendre, chaque famille devant accepter qu'au moins un membre participe aux travaux collectifs. Pourtant, aujourd'hui, les résultats sont là, et les habitants sont les premiers à se soucier de la préservation de leurs ressources. « Notre condition économique s'est améliorée au fur et à mesure que le paysage changeait, résume le vieil Arjun, affairé à réparer un johad. Maintenant, nous savons qu'en préservant la nature, nous assurons notre survie. »

Dans chaque village, un comité a été élu pour veiller à la préservation des ressources naturelles. Dans la région d'Arvari, ces comités ont même été fédérés au sein d'un « parlement de la rivière » qui légifère sur l'utilisation de l'eau. Parmi les décisions prises : interdiction de planter des cultures soiffardes comme le riz ou la canne à sucre, interdiction d'utiliser des pesticides afin de ne pas polluer les nappes phréatiques, interdiction d'utiliser l'eau à des fins industrielles ou de vendre son terrain à une industrie. Ceux qui violent ces lois ont des amendes, et, s'ils refusent de payer, ils sont rejetés de la communauté, l'horreur dans ces zones rurales traditionnelles.
Reforestation

Pour protéger les forêts renaissantes, le « parlement » interdit aussi les coupes sauvages et a mis en place un système de « clôtures sociales » pour les pâturages. Les villageois décident ainsi, ensemble, des zones interdites aux troupeaux. « Une zone replantée n'est ouverte en pâture que trois ans après pour les vaches, cinq ans pour les chèvres et sept ans pour les chameaux », explique Arjun. Résultat : la végétation recouvre aujourd'hui près de 60% du district d'Alwar, contre seulement 6% en 1987. « La reforestation est essentielle pour préserver les ressources en eau, souligne Rajendra Singh, car sans végétation sur les collines, l'érosion ensable les réservoirs, et l'eau ne percole pas jusqu'aux nappes phréatiques ». Au-delà de sa vocation écologique, le projet a permis un développement économique inespéré. Les prix des terrains ont été multipliés par 150 et les paysans autrefois contraints à l'exode rural, produisent désormais assez pour exporter leurs légumes et leurs céréales dans toute la région. Un impact impressionnant pour un projet qui n'a coûté que 1,5 million d'euros sur 15 ans, soit une infime partie des sommes dépensées chaque année dans le monde sur des projets de grands barrages sont les résultats sont bien moins visibles.
alcibiade
 

Re: anarchisme et traditions

Messagede alcibiade » 04 Mai 2009, 14:28

Voici un excellent article sur une des nombreuse tradition anarchiste

Les anarchistes mystiques russes
par Vladimir Bagrianski


Connaissez-vous l’histoire de l’étonnant réseau pacifiste qui osa défier Staline ? Leurs racines étaient clairement libertaires. Mais, à la différence des autres anarchistes russes, ils avaient conclu de leurs expériences que la fin ne justifie pas les moyens, que la violence sociale ne mène à rien et que la véritable révolution est intérieure. Curieusement, c’est dans l’ancienne tradition chevaleresque qu’ils allèrent puiser leurs plus belles inspirations. L’un des rares survivants du réseau, le mathématicien Vassili Nalimov, qui réussit à survivre à dix-huit ans de goulag (et dont les éditions du Rocher ont publié la première traduction en français), témoigne en 1996, à l’âge de quatre-vingt-six ans (six mois avant sa mort), en compagnie de son épouse, la poétesse Janna Drogalina..


Le monde entier croit connaître, au moins vaguement, l’anarchisme russe - ces premiers fanatiques poseurs de bombe, ces illuminés dostoïevskiens qui rêvaient de faire sauter les tsars et y parvinrent quelquefois - et l’on pense aussitôt à Michaël Bakounine, qui affronta Karl Marx au sein de la 1ère Internationale, ou au prince naturaliste et explorateur Piotr Kropotkine... Les plus célèbres de ces anars sont traditionnellement associés à un athéïsme virulent et à une activité révolutionnaire éventuellement proche - du moins au début - des bolchéviques.

Images simplificatrices. En réalité, le mouvement anarchiste russe du début du XXe siècle était beaucoup plus varié que cela, s’étalant des communautés tolstoïennes (néo-chrétiennes et totalement non-violentes) au radicalisme ultra-guerrier des partisans de Makhno, en passant par les “amis de la nature et du soleil” qui manifestaient tout nus dans Moscou en portant sur des pancartes les mots “À bas la honte !” Certes, tous ces hommes et toutes ces femmes partageaient (théoriquement) l’idée de base de l’anarchie : l’homme détient, par sa nature même, une aspiration à la liberté qu’aucun but, même le plus grand ou le plus séduisant, ne saurait mériter que l’on y porte atteinte. Tous auraient normalement dû souscrire à la devise du prince Kropotkine : “Ma liberté est dans la joie et dans la liberté des autres !”

Dès 1920, ce même Kropotkine, affreusement déçu par les bolchéviques, se met à écrire ce qui sera sa dernière et certainement plus grande œuvre, L’Éthique (qui ne sera publié en Russie qu’en 1991), où il réussit à pousser plus avant quelques idées déjà exposées dans L’Aide réciproque comme facteur de l’évolution, livre où il avait commencé à s’attaquer au réductionnisme darwinien. À la surprise de certains de ses amis anarchistes durs, L’Éthique allait se révéler d’inspiration essentiellement chrétienne. Ce faisant, le “prince au drapeau noir” ne faisait que rejoindre un courant très vaste, bien que fort mal connu : l’anarchisme mystique. Certains se demanderont peut-être comment de tels mots peuvent se trouver réunis. En fait, cet anarchisme avait assez naturellement évolué, passant d’un mouvement purement politique, de caractère juvénile et agressif, vers un refus progressif de tout exercice violent du pouvoir, pour déboucher sur un engagement social d’essence éthique et même, finalement, sur une voie philosophique explicitement spirituelle et mystique. Formidable défi au marxisme triomphant des bolchéviques et plus généralement à l’ensemble du positivisme scientifique de l’époque, mais aussi à l’orthodoxie chrétienne traditionnelle.

On peut légitimement parler de la création, à l’époque, en Russie, d’un mouvement holistique (pour user d’un vocabulaire de notre fin de siècle) basé sur l’idée qu’une liberté totale doit résolument embrasser toutes les manifestations de la culture humaine.
Naissance d’un mouvement

Le premier manifeste de l’anarchisme mystique fut publié en Russie en 1906. Il s’agissait d’une brochure d’un certain Georges Tchulkov, lui-même influencé par le philosophe Vladimir Soloviov et par l’écrivain Dostoïevski. Tchulkov écrivait par exemple : “La lutte contre le dogmatisme dans la religion, la philosophie, la morale et la politique, voilà le slogan de l’anarchisme mystique. Le combat pour l’idéal anarchique ne nous mène pas au chaos indifférent mais au monde transfiguré, à une condition : que par ce combat pour toutes les libérations, nous participions à l’expérience mystique, à travers l’art, l’amour religieux et les musiques. J’appelle musique non seulement l’art qui nous ouvre à l’harmonie des sons, mais toutes les créativités fondées sur les rythmes qui nous font découvrir le côté nouménal (spirituel) du monde.”

La publication de ce manifeste fit immédiatement scandale dans la société avant-gardiste russe. Tchulkov fut attaqué de tous côtés et eut du mal à résister à la pression. Avant sa mort, dans les années vingt, il écrivit une lettre où il disait regretter certains articles de ce manifeste, allant jusqu’à renier l’essence extrême de sa mystique.

Mais le mouvement exprimé par Tchulkov le dépassait largement. Celui qui fit réellement entrer l’anarchie mystique dans la pratique sociale et politique russe fut le professeur Apollon Andrevitch Kareline.

Juriste de formation, Kareline, né en 1863, participa au mouvement révolutionnaire russe alors qu’il était encore tout jeune. Arrêté à la suite de l’affaire de l’assassinat du tsar Alexandre II, il séjourna dans la forteresse de Petropavloskaïa de Saint-Petersbourg. À sa libération, il dut s’exiler en Sibérie par deux fois. Après la révolution de 1905, il immigra en France, où il organisa une série de conférences et publia plusieurs articles. C’est alors qu’il fut initié dans la confrérie des Templiers dont il reçut la mission de créer une branche orientale (nous verrons le sens de cette étrange liaison). Kareline revint en Russie au moment de la révolution de février 1917, avec enthousiame. Vers la fin des années vingt, le dilemme devint malheureusement clair : soit continuer à participer à la construction d’une nouvelle société sur la base du bolchevisme, et dans ce cas une dictature de type matérialiste était inévitable, soit viser prioritairement l’élargissement de la conscience personnelle et le développement spirituel - dans ce cas, la rupture avec le nouveau régime était immédiat. Pratiquer et évoquer l’expérience spirituelle s’avérait en effet beaucoup plus dangereux que prévu, les bolchéviques utilisant le mot “mystique” comme une injure et toute l’atmosphère intellectuelle russe passant peu à peu sous la domination des sociologues rationnalistes vulgaires.

Membres éminents de l’intelligentsia russe ouverte aux idées les plus modernistes, les anarchistes mystiques avaient pourtant considéré la révolution comme un événement naturel et inévitable, une révolte légitime contre la violence multiséculaire régissant toute la société slave. Mais ils estimaient que la révolution n’aurait guère de sens si elle ne changeait pas la nature profonde de l’homme, son fond spirituel. Dans une démarche quelque peu comparable à celle des francs-maçons préparant la Révolution française, bien que de façon sans doute plus romantique, ces intellectuels avaient nourri d’immenses espoirs pendant plusieurs décennies. Tout s’écroula en peu d’années. La “dictature du prolétariat” révéla bientôt son vrai visage grimaçant. Le mouvement vers la liberté conduisit au chaos sanglant que l’on sait.

Comme la plupart des anarchistes russes, Apollon Kareline avait espéré que le coup d’État d’octobre 1917 serait le début d’une grande révolution sociale. Si l’historien américain Paul Avrich a pu écrire que Kareline devint alors l’“anarchiste officiel des Soviétiques”, c’est que, pendant quelque temps, il dirigea un petit groupe d’“observateurs” au sein du Soviet Suprême de l’Union Soviétique. Le but de ce groupe était l’humanisation du pouvoir d’État, le combat contre la peine de mort et contre la terreur en général.

Probablement à cause de l’existence de ce groupe, les communistes tolérèrent les anarchistes mystiques un peu plus longtemps que les anarchistes politiques. Pourtant, dès 1920, toutes les illusions de Kareline s’étaient envolées. En pleine montée de la “Terreur Rouge”, alors que socialistes et anarchistes commençaient à remplir à nouveau les prisons de l’empire, il écrivit avec courage un article contre la peine de mort, où il osa proclamer que la révolution avait été “anéantie” par les Bolcheviques, et que son propre humanisme était nourri d’idéaux chrétiens.

Pour lui, il s’agissait de fonder sur l’éthique chrétienne une nouvelle forme d’organisation de la cité, de dépasser l’intolérance entre religions et de s’ouvrir aux sciences pour rendre à chacun la possibilité d’une perception personnelle du monde.
Les nouvelles catacombes

Kareline disait souvent à ses élèves : “En exil, j’ai vu l’ignorance terrible des peuples et j’ai compris que les immenses forces sombres qui soutiennent le pouvoir s’appuient sur cette ignorance.” Avec le développement vertigineux de la technique, le pouvoir étatique était devenu monstrueux. Le but concret de l’anarchisme mystique était clairement de préparer l’humain à la liberté et à la responsabilité d’une nouvelle culture non étatique. Pour cela, Kareline pensait que la question vraiment urgente était d’approfondir le christianisme, hors de toute institution religieuse, en revenant aux origines. Et de fait, les anarchistes mystiques allaient se trouver contraints de retrouver la clandestinité des catacombes. Pendant les années vingt, on les voit encore parfois en public. Ces enseignants, ces scientifiques, ces artistes constituent un réseau qui touche beaucoup de grandes villes de Russie. Leurs contacts avec toutes sortes de mouvements culturels et spirituels non confessionnels sont nombreux. S’ils font régulièrement des conférences, écrivent des articles, leur mode d’expression favori est le théâtre. Ils écrivent et jouent des pièces qui constituent des sortes de Mystères médiévaux, adaptés au monde moderne. À partir des années trente, tout le mouvement devenu hors la loi, les “Mystères” en question se dérouleront dans une totale clandestinité. Combien sont-ils ? On ne le saura sans doute jamais ; la peur (hélas fondée) d’être infiltrés par les agents du Guépéou puis du NKVD, ancêtres du KGB, les oblige en effet bientôt à utiliser plusieurs noms pour désigner leur mouvement et à brouiller les pistes de façon d’autant plus indéchiffrable pour nous aujourd’hui, que la plupart des membres actifs du réseau furent exécutés ou s’éteignirent dans les camps.

Que font-ils ? Leurs activités sont multiples mais viennent toutes se nourrir à ce rituel commun : le “Mystère”. Purement oral, tant par précaution vis-à-vis de la police que par tradition didactique, l’enseignement spirituel de ces anarchistes mystiques était prodigué lors de réunions qui se tenaient dans des appartements privés et ne comptaient jamais plus de dix personnes. Cet enseignement reposait essentiellement sur le récit de contes et de légendes.
Une certaine idée de la chevalerie

Kareline lui-même connaissait plus de cent légendes. Après sa mort, en 1926, on ne retrouva pas le moindre bout de manuscrit dans ses affaires personnelles.

Il s’agissait surtout de ne pas figer l’enseignement, mais de garder les esprits en mouvement créatif constant. “Pas de base écrite !

La pensée anarchiste doit rester libre et ne se laisser enchaîner par aucun dogme !” Qu’une de ces légendes tombe dans les mains de non-initiés ne présentait pas de grand “danger” (sauf à titre de preuve pour la police) - leur compréhension subtile n’étant de toute façon possible que dans l’atmosphère créée par la méditation... Les réunions se déroulaient en quatre temps :

- les animateurs commençaient par raconter une ancienne légende généralement issue de la tradition gnostique.

- puis venait une séance de méditation - dont le protocole, seul texte lu aux participants, était détruit immédiatement après lecture.

- à la suite de quoi, chacun pouvait déclamer ses propres créations.

- la réunion se terminait par une discussion libre.

L’essentiel tenait à ce que chacun était totalement libre d’interpréter les textes et légendes à sa façon et de les intégrer selon son bon vouloir, comme autant d’impulsions à son développement personnel. Les contes étaient considérés comme des métaphores de nouvelles conceptions du monde. La tâche créative de l’élève consistait à faire émerger de l’ancien texte sa propre nouvelle vision, de manière adaptée à la nouvelle situation - vieux principe gnostique, qui sous-tend toute la transmission orale dans l’ancien christianisme. Le fait que ces visions et ces légendes soient transmises oralement entretenait un dynamisme particulier. Le conteur pouvait par exemple métamorphoser le texte entier par sa simple intonation. L’attention la plus importante était accordée aux questions des participants.

Beaucoup de légendes se rapportaient au temps de la chevalerie - de celle du roi Arthur à toutes celles que les croisades ramenèrent de leur contact avec l’ésotérisme oriental. Kareline, disions-nous avait donc été initié au gnosticisme au sein d’un Ordre Templier durant son exil en France, quelques années avant la Première Guerre mondiale - à une époque où, pour la première fois, des femmes venaient d’être admises à l’intérieur de cette très ancienne confrérie. Vue depuis la France de 1996, pareille alliance entre anarchisme et tradition templière peut nous sembler étrange, pour ne pas dire franchement antinomique. Notre vision est déformée par de sombres dégénérescences, tant du côté templier que du côté anarchiste. Les vrais anars sont évidemment fidèles à l’idéal chevaleresque ! Afin de donner une idée du type d’engagement que son initiation avait impliqué chez lui, voici selon quels critères Kareline définissait une authentique appartenance à la chevalerie :

- N’accepter aucun ajournement ni compromission de l’éthique chrétienne.

- Développer une haute maîtrise de soi, physique et morale, ainsi qu’une conscience claire de sa propre dignité.

- Savoir déployer une vision mystique du monde, pour être conscient de la nature spirituelle de toute manifestation de la réalité.

- Attiser sa soif profonde de retrouver les origines de l’Univers.

Deux particularités du gnosticisme : il embrasse tous les héritages archétypiques de l’humanité sans limite dogmatique, se voulant le système philosophique le plus libre qui soit ; il est fondamentalement non-violent. Revenons un instant sur ce second aspect.
La force de la non-violence

René Guénon, le fameux chercheur soufi, fut parfois appelé “le Templier du XXe siècle” - lui aussi avait été initié au sein de cet ordre, dont il était un éminent représentant de la branche occidentale. Il se trouve que l’enseignement de Guénon justifie à plusieurs reprises l’usage de la violence. Pour les anarchistes russes, cela rendait cet enseignement inacceptable. Les représentants de la branche orientale considéraient en effet que le combat pour la liberté de l’individu ne pouvait en aucun cas justifier la moindre violence organisée. Étudiant le développement du bolchevisme en Russie, du fascisme en Italie, du nazisme en Allemagne, il leur était aisé de constater que, chaque fois, l’asservissement le plus avilissant était parti d’une savante justification de la violence “pour le bien de l’individu et de la société.” La violence représentait, pour les anarchistes mystiques, le danger de toutes les formes de pouvoir. Or, aucune révolution n’avait échappé à la tentation du pouvoir. Quant aux Templiers acceptant la violence, on sait qu’il s’en trouva jusque parmi les fondateurs du nazisme.

Après la mort de Kareline, son élève Alexi Solonovitch, mathématicien et philosophe, devint l’un des principaux animateurs des cercles anarchistes mystiques.

Contrairement à son maître, Solonovitch laissa quelques traces écrites - que son propre élève, Vassili Nalimov, a récemment retrouvées dans les archives du KGB. Parcourant des manuscrits intitulés Le Christ et le christianisme, ou L’Anarchisme mystique, ou encore Un Culte de deux millénaires derrière Michaël Bakounine, on découvre une problématique fort charpentée sur la non-violence, assez bien résumée dans la citation suivante :

“Le principe de non-violence est, pour l’essentiel, le principe de plus grande force, car une force gigantesque est nécessaire pour agir dans la non-violence. C’est pourquoi les anarchistes veulent la force mais pas le pouvoir, ni la violence.”

Solonovitch écrivait aussi : “Il faut savoir comprendre chaque homme en se mettant dans sa peau. Cette compréhension est une voie de co-expérience, de joie partagée et de compassion.” Ou : “La liberté est la seule forme acceptable dans laquelle on peut penser Dieu.” Ou encore : “Les plus grands idéaux éthiques se sont manifestés dans trois grandes religions à caractère universel : celle du Bouddha, celle de Krishna et celle du Christ. Il faut simplement nettoyer ces religions des interférences et parasites apportés par leurs fidèles, sincères ou non...”

Arrêté une troisième fois en 1930, Solonovitch mourut en prison, en 1937, à la suite d’une terrible grève de la faim. Après son arrestation, c’est sa femme Agnia, mathématicienne, qui le remplaça au sein du mouvement anarchiste. C’est elle qui initia Vassili Nalimov - l’homme qui nous rapporte cette étonnante saga. Agnia fut arrêtée à son tour en 1936 et fusillée un an plus tard, à la suite d’une parodie de procès qui dura, montre en main, deux minutes.

Dans l’Évangile apocryphe de Philippe, on trouve cette phrase : “Tant que sa racine est cachée, le mal est fort.” Les anarchistes mystiques voulaient mettre à nu cette racine, en démontant notamment la supercherie d’une dictature sanglante supposée servir le bien social et le monde. Ils le payèrent cher. Accusés de “terrorisme”, huit autres dirigeants anarchistes mystiques furent arrêtés en même temps qu’Agnia Solonovitch et jugés par une instance militaire de la Haute Cour d’URSS - inutile d’insister sur l’ineptie de l’accusation. On ignore combien de membres de leurs cercles furent arrêtés à la même époque. On sait seulement qu’un groupe important fut condamné au goulag ; parmi eux figurait Vassili Nalimov, qui eut la “chance” d’être réhabilité après dix-huit ans de camp de travail forcé. Soixante ans plus tard, il est celui qui cherche à nous passer le relais.
Le passeur de relais

Nalimov commença à fréquenter les cercles anarchistes mystiques à l’âge de dix-sept ans. Durant toute son enfance, il avait eu sous les yeux un modèle d’anarchisme profondément naturel : celui de son père, professeur d’anthropologie à l’Université de Moscou. L’anarchisme de ce dernier se manifestait dans le respect absolu de l’autre, caractéristique probablement liée à ses origines : il était fils d’un chaman d’une petite peuplade du Nord de la Russie, les Komi. Après un conflit personnel avec Staline, Vassili Nalimov père fut arrété, accusé d’activités contre-révolutionnaires et exécuté en 1939. Vassili Nalimov fils ne fut réhabilité lui-même qu’en 1957, après dix-huit ans de captivité. Pendant tout ce temps, il réussit à conserver intacte sa passion pour les mathématiques, à un niveau supérieur où elles pouvaient se métamorphoser en quête spirituelle. Malgré son isolement, il faut croire que le bagnard était doué : son “approche probabiliste de la conscience” intègre sans problème, non seulement toute la philosophie classique, de Socrate à Kant, mais propose des convergences fortes avec la théorie du chaos et celle des structures dissipatives - à cette importante différence près qu’il se situe toujours dans une perspective transcendentale. Laissons donc la conclusion à ce rare survivant d’une des plus grandes sagas spirituelles du siècle.

“En ces temps difficiles et compliqués, où beaucoup de gens ont l’impression que la philosophie s’est arrêtée, je m’efforce de créer un courant de pensée philosophique que nous pourrions appeler “ Vision du monde probabilistiquement orientée”. Cette tentative est très naturelle de nos jours, dans la mesure où le paradigme conceptuel contemporain a commencé à se détourner du déterminisme dur en direction d’une compréhension probabiliste du monde.

“Un trait particulier de mon approche est une aspiration à l’intégralité. Je cherche à fonder ma spéculation sur toute la diversité de la culture contemporaine, sans perdre de vue les grandes cultures du passé. Pour cela, je fais appel : d’une part à de nombreuses branches de la science (les mathématiques, la physique théorique, la linguistique, l’étude des religions comparées), d’autre part aux processus irrationnels profonds de notre conscience, dont l’expérience mystique, notamment la mienne propre. Ces idées fort diverses se diffractent à travers le prisme de la pensée philosophique, et ceci depuis Platon.

“Si l’on peut parler d’une “idée russe” réellement originale dans les temps modernes, ce n’est pas par le messianisme léniniste qu’il faut évoquer, mais l’anarchisme mystique, dont les représentants furent notamment : Razine et le père Abakan, Lermotov et Tolstoï, Kareline et Solonovitch, Sakarov et Nalimov, mon père. Je pense qu’aucune “réforme” ne peut sauver la Russie de la crise. L’esprit russe à besoin de vivre à l’air libre. Le communisme en cassant cette liberté a cassé l’homme lui-même. Que faire aujourd’hui ? Nous aimerions penser que le mouvement œcuménique nous amènera vers une religion universelle permettant l’expression de toutes les théologies personnelles.

La pierre qui a fait trébucher le christianisme fut la tentation du pouvoir, puisque deux millénaires se sont écoulés dans la violence au nom du Christ - pourtant Jésus avait renié le pouvoir. Aujourd’hui, les techniques sont devenues de tels outils de violence qu’ils menacent de détruire l’humanité, la nature, la terre elle-même. La culture du XXIe siècle ne peut être qu’une culture de non-violence.”
À lire :

- Cet article s’inspire de plusieurs entretiens avec Vassili Nalimov et de la lecture de trois de ses livres non traduits du russe : Suis-je un chrétien ? in Revue annuelle n° 3, éd. Péligrim, 1995 ; Le traité d’amour , in La Montagne sacrée n° 3 éd. Péligrim, 1995, ainsi que de L’Anarchisme insulté , par Janna Drogalina, in Le Pouvoir de l’Esprit n° 2, Moscou, 1996.

- Paul Avrich, The Russian Anarchism, éd. Norton, New York, 1978.

- Kropotkine Piotr, L’Éthique (en russe), éd. Politizdat. Moscou, 1991. L’Aide réciproque comme facteur de l’évolution (en russe), Saint-Petersbourg, 1904.

- Tchulkov Georg, On Mystical Anarchism (en russe), in Russian Titles for Specialists,n° 16, Lethworth (GB), 1971.
alcibiade
 

Re: anarchisme et traditions

Messagede alcibiade » 04 Mai 2009, 14:37

La libération des consciences : les anarchistes galiciens et la laïcité*
Óscar Freán Hernández


En este artículo realizamos un análisis de uno de los aspectos de la acción del movimiento libertario en la Galicia de entresiglos como fue el de la defensa de los valores del laicismo, del racionalismo y del librepensamiento. Un laicismo que forma parte de los principios libertarios encaminados a liberar las conciencias y a crear seres humanos libres y autónomos al margen de las doctrinas consideradas perversas y alienantes.
Index
Mots clés :
Anarchisme, mouvement ouvrier, laïcité
Keywords :
Anarchism, secularism, labour movement
Périodes :
1874-1923, 1923-1931, 1931-1936
Plan
Les rituels
Le loisir
Les espaces physiques
L’enseignement
Notes de la rédaction

* Une première version de cet article a été presentée en décembre 2004 au Séminaire Politiques, Histoire, Représentations : la laïcisation de l’Espagne organisé par l'Equipe de Recherche sur les Sociétés et les Cultures de l’Espagne Contemporaine (EA1570) de l’Université de Paris VIII. Je souhaite remercier ici toutes les personnes présentes pour leurs remarques qui ont permis d’enrichir les conclusions de ce travail.
Texte intégral
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* 1 Il est évident que la présence de cultes païens dans la pratique religieuse persiste depuis (...)
* 2 «[…] Debe sorprenderse el lector de las numerosas entidades, de las actividades y dinamismo de (...)

1Malgré la diffusion de la recherche sur l'histoire contemporaine de la Galice, il existe encore des clichés sur quelques sujets comme le mouvement ouvrier ou la laïcité qu'il faut dépasser. Il est vrai qu'il y a une vision de la Galice comme d'une région rurale et fortement catholique ; mais on ne doit pas oublier que, depuis la fin du xixe siècle, le développement des villes et l'accroissement de la classe populaire urbaine stimulent la consolidation des idéologies politiques les plus avancées et la pratique de nouvelles habitudes dans la société. Certes, nous ne pouvons pas négliger l'influence de l'Église sur les Galiciens, mais nous ne pouvons pas non plus surévaluer l'autorité morale d'une Église qui doit s'adapter à une certaine liberté des mœurs 1. En ce qui concerne la laïcité en Galice, certains chercheurs reconnaissent leur étonnement devant la diffusion des pratiques laïques de la part des ouvriers galiciens à la fin du xixe siècle et dans les premières années du xxe 2.

* 3 Jean-Marie Mayeur, La question laïque. xixe-xxe siècles, Paris, Fayard, 1997.

2C'est justement la question de la laïcité dans l'anarchisme galicien qui sera le sujet abordé tout au long de cet article. Le cadre chronologique de l'analyse sera la fin du xixe siècle et le premier tiers du xxe, c'est-à-dire les années de la naissance du mouvement ouvrier et de sa consolidation jusqu'au putsch franquiste et le début de la répression. Il n'est pas souvent facile de définir la limite entre la laïcité et l'anticléricalisme. Même en France, « laïcité » est un terme chargé d'ambiguïté qui « peut désigner une idéologie militante, l'idée laïque, et la garantie juridique de la liberté des croyances, ou de l'incroyance 3 ». Dans un État non sécularisé comme l'État espagnol, la question de la laïcité est toujours liée au militantisme. Mais, en général, ce militantisme est un double militantisme : pour la laïcité et contre l'Église catholique. Donc, laïcité et anticléricalisme sont mêlés, et celle-là est souvent une expression de celui-ci.

3Dans cet article nous voulons axer le sujet d'analyse sur les expressions de la laïcité mais pas sur l'anticléricalisme, même si quelques fois il faudra en parler. Nous avons organisé cette présentation en quatre champs d'expression de la laïcité : la laïcisation des rituels, la laïcisation du loisir, la laïcisation des espaces physiques et la laïcisation de l'enseignement. Mais, tout d'abord, on fera état de la réflexion des anarchistes galiciens sur l'athéisme, la philosophie et la raison. Ce sont des réflexions pour tenter de démontrer la suprématie de la science et de la raison sur la religion et la foi. Le premier article, anonyme, est présenté sous forme d'une confrontation d'arguments entre un philosophe et un théologien, dont évidemment le vainqueur est le philosophe, qui démonte les idées du théologien à partir de l'application de la logique :

* 4 Un Germinalista, «Los dos adversarios», La Voz del Obrero, La Corogne, nº 250, 11 août 1917, (...)

[Le philosophe] hace un verdadero estudio (…), analiza sus componentes ; descompone, forma y transforma sus principios hasta domeñar por completo lo concreto de su lógica, para con ella dar en tierra científicamente con todas las embrutecedoras e insulsas metáforas de la teología que no son más que la base tradicionalista de un mundo dominado por orondos y soberbios pastores encargados de vapulear a mansalva a sus cándidos e ignorantes carneros.
(…) Caerá el Teólogo herido mortalmente para no levantarse más ante el cortante filo de la Razón pura y la filosofía científica de su adversario 4.

4Le deuxième article est de 1936 ; c'est une défense de la raison scientifique contre l'idéologie religieuse, de l'athéisme comme point de repère de la civilisation :

Cuando veáis a un individuo de caminar sereno y de mirada expansiva y altiva ; gesto noble ; de palabra enérgica y de protesta ante las injusticias humanas, y de espíritu cívico, con amor a la solidaridad : este individuo es un ateo.
Cuando veáis a un individuo de caminar incierto, de mirada baja y evasiva ; de gestos estudiados ceremoniosos ; con voz velada por el misterio ; de palabra subyugada a un más allá desconocido, y de humillación rastrera : este individuo es un hipócrita peligroso.

* 5 Julio Centenari, «El ateísmo es el faro de la civilización», Brazo y Cerebro, La Corogne, nº (...)

El ateísmo es la base suprema en donde se asienta el gran palacio de la fraternidad e igualdad humana.
La religión es la base especulativa, en donde se ha hecho firme el gran palacio de la farsa y esclavitud humana 5.

5

* 6 Une des victoires les plus célèbres fut celle des sociétés de résistance de la construction (...)

6Il y a aussi dans la presse anarchiste et anarcho-syndicaliste galicienne des articles critiques à l'égard des traditions catholiques telles la confession, la fête des Rois Mages, la Semaine Sainte, etc 6. Cette critique a bien entendu un sens anticlérical et elle n'est pas le sujet de notre intervention.
Les rituels

7En ce qui concerne la laïcisation des rituels, nous en trouvons plusieurs exemples dans la presse syndicaliste et anarchiste. La plupart des références sont des inscriptions au registre des naissances (Registres civils). Nous avons connaissance de l’existence de cette pratique dès la fin du xixe siècle. Par exemple, on peut voir l'inscription du fils de l'anarchiste Enrique Taboada sous le prénom d'Acracio en décembre 1901 7 ; d'une enfant nommée Armonía à Santa María de Oza (près de la ville de La Corogne 8), d'un bébé appelé Olegario à Ferrol 9, également à Ferrol d'une certaine Acracia 10, et d'une autre fille dotée des prénoms Paz , Victoria et Libertad à Ourense 11. En 1892 l'union libre anarchiste du directeur de El Corsario, Benito Cadavid, et de sa compagne fut également une cérémonie très importante pour les libertaires de La Corogne 12. Les unions de Luis Bazal et d’un certain Urbano avec leurs compagnes à Pidre (Xinzo de Limia, Ourense) en 1933 13 sont deux autres exemples. On constate également des enterrements civils, de la fin du xixe siècle jusqu'à la fin de la Seconde République ; nous pouvons citer celui de Pastora Rodríguez Fernández à Solveira (Xinzo de Limia, Ourense) en mars 1933 14, et, en juin 1936, celui du fils d’un militant syndical dans le village de Carril (La Corogne 15).

* 7 Idem, p. 851.
* 8 Tierra y Libertad, Barcelone, nº 18, 22 juin 1910, p. 4.
* 9 Tierra y Libertad, Barcelone, nº 22, 26 juillet 1910, p. 4.
* 10 Tierra y Libertad, Barcelone, nº 110, 22 mai 1912, p. 4.
* 11 Tierra y Libertad, Barcelone, nº 133, 30 octobre 1912, p. 4.
* 12 voir note 7.
* 13 El Libertario, Barcelone, n°103, 24 mars 1933, p. 3.
* 14 Idem.
* 15 Voir n. 7 et Solidaridad, La Corogne, nº 51, 13 juin 1936, p. 2.

* 16 Boletín Oficial de la Diócesis de Ourense, Orense, nº 1913, 12 avril 1917, p. 108-110.

8Mais le choix de la cérémonie civile et le rejet de la tradition catholique du baptême n'est pas toujours facile. La décision des parents de ne pas suivre les obligations catholiques sur le baptême est l'expression d'un niveau de militantisme et d'une identification idéologique évidents ; en effet, le risque de refus social et de critique sont assez forts dans une société non habituée à cette sorte de pratiques. Nous avons un exemple très intéressant de ces difficultés : c'est l'histoire d'un émigrant en Argentine retourné à Señorín, un petit village de la province d'Ourense, qui est obligé de baptiser ses enfants de neuf, sept et quatre ans et de changer les prénoms des aînés, Ideal et Libertad, pour les noms plus chrétiens de José et Concepción. C'est un exemple de la pression sociale de la religion catholique dans les campagnes galiciennes sur un homme tellement pénétré des idées anarchistes qu'il avait donné à ses enfants des prénoms clairement libertaires 16.

9La plupart des références sur la laïcisation des rituels sont des dernières années du xixe siècle et des deux premières décennies du xxe. Il n'y a pas beaucoup d'allusions à partir de la proclamation de la Seconde République. Evidemment, parce qu'à ce moment-là les pratiques laïques sont devenues plus normales dans la vie quotidienne grâce à la nouvelle législation républicaine. Néanmoins, c'est précisément parce que ce n'est pas une pratique habituelle que l'abandon des rituels religieux est une nouvelle pour la presse militante, et il faut qu'elle soit répandue pour encourager les lecteurs à suivre cet exemple.
Le loisir

10Il y a de même un processus de laïcisation du loisir et de substitution des activités festives considérées dégradantes pour la personne. C'est très important de souligner l'aspect moral et contraire à la corruption des anarchistes. Ce courant représente le côté libertaire le plus proche des mouvements naturiste, hygiéniste, nudiste et même des néo-darwinistes qui étaient en vogue à ce moment-là. L'objet de la critique n'était pas seulement l'Église et les célébrations religieuses mais aussi les autres activités liées au loisir comme la fréquentation de l'assommoir, la prostitution et le jeu.

* 17 Lucha Social, Saint-Jacques-de-Compostelle, nº 12, 13 septembre 1919, p. 3.
* 18 Solidaridad Obrera, La Corogne, nº 174, 8 septembre 1934, p. 4.
* 19 Lucha Social, Saint-Jacques-de-Compostelle, nº 34, 14 février 1920, p. 1 ; nº 36, 28 février (...)

11Il n'est pas difficile de trouver des articles critiques à l'égard du loisir dégénéré et corrompu. Dans l'hebdomadaire syndicaliste Lucha Social un certain Aniceto Espiña est l'auteur d'une collaboration hostile à l'assommoir qui est présenté comme un centre de dépravation et de vice 17. En septembre 1934, l'athénée libertaire de La Corogne « Luz y Vida » promeut une campagne pour y attirer les jeunes et les éloigner de la taverne, du jeu, du vice et de l'Église 18. Même les fêtes traditionnelles les plus enracinées dans la société galicienne telles le carnaval et les feux de Saint-Jean sont la cible des critiques des libertaires 19.

* 20 Le pèlerinage à une chapelle, la participation à la messe et la fête ultérieure avec la (...)

12L'alternative proposée par les anarchistes est la culture, c'est-à-dire un ensemble d'activités souvent orientées vers l'instruction militante. En réalité, les anarchistes essayent d'institutionnaliser toutes les formes du loisir populaire : les activités religieuses, les fêtes, le théâtre, le cinéma, le sport, etc. Il est intéressant de remarquer la laïcisation de certaines traditions : par exemple les romerías 20. Parce que la pratique des parties de campagne et la commémoration de la fête du travail sont vraiment ressemblantes à une romería religieuse. Dans le premier cas, on organise une excursion à la campagne avec un déjeuner, la musique, le bal et, évidemment, quelque activité de propagande, comme un meeting, ou culturelle telle une conférence ou bien la représentation d'une pièce de théâtre.

* 21 Solidaridad Obrera, La Corogne, nº 136, 19 août 1933, p. 2-3.
* 22 Solidaridad Obrera, La Corogne, nº 151, 2 décembre 1933, p. 3.

13Nous avons une description assez complète d'une excursion dans la Solidaridad Obrera galicienne. Il s'agit d'une partie de campagne organisée par le groupe anarchiste de La Corogne « Vanguardia Femenina » au village de Santa Cruz de Oleiros – non loin de la ville de La Corogne – au bénéfice des prisonniers syndicaux. Le voyage des participants fut effectué en chaloupes que les camarades d'Oleiros attendaient sur le port. Depuis le port, ils sont partis ensemble jusqu'à un bois pour déjeuner accompagnés par deux troupes de musiciens et deux bandonéons qui animaient le repas. Puis il y eut la danse et les chansons prolétaires. Avant la fin de la journée, il y eut aussi une conférence et un discours 21. Il y a d’autres exemples comme l'excursion à l'Ile de A Toxa organisée par l'Athénée de Divulgation Sociale de Vilagarcía de Arousa (Pontevedra), également au bénéfice des prisonniers syndicaux 22.

14La commémoration de la fête du travail le premier mai n'est pas tellement différente. La célébration commence avec une manifestation pour revendiquer les droits des travailleurs et déposer leurs demandes devant les autorités. Puis, la fête continue dans la forêt ou dans la campagne avec un déjeuner collectif animé par la musique et la danse. Donc la même structure festive mais avec la substitution de la messe et la procession pour le meeting et la manifestation.

* 23 Solidaridad, La Corogne, nº 44, 25 avril 1936, p. 1.

15Le cas des excursions dans une ville pour visiter des usines, des cercles culturels ou des expositions est différent. Mais nous voulons y remarquer la visite au cimetière de La Corogne des camarades de Lugo pendant l'excursion organisée par l'Athénée « Humanidad Libre » et l'École Rationaliste de cette ville. L'objet de la visite au cimetière était de rendre hommage aux anarchistes morts ; et il y a eu un dépôt de gerbe sur les tombeaux des camarades et un discours. Il s'agit bien évidemment d'une cérémonie laïque pour remercier les compagnons et pour rappeler la lutte menée par les syndicalistes galiciens depuis longtemps 23.
Les espaces physiques

16La troisième partie de cette analyse sera consacrée à la laïcisation physique, c'est-à-dire la désaffectation des propriétés de l'Église. Cette revendication n'est pas exclusive de l'anarchisme mais de l'ensemble du mouvement ouvrier et de toute la gauche républicaine espagnole. Le sujet de la désaffectation est spécialement difficile à aborder car la limite entre la laïcité et l'anticléricalisme n'est pas toujours claire sur cette question. En outre, en ce qui concerne l'anarchisme, c'est une demande plus théorique que pratique, parce que les anarchistes galiciens ne sont arrivés à avoir aucune propriété de l'Église. La question de la sécularisation des bâtiments religieux est surtout posée devant les autorités pendant les mouvements révolutionnaires et les changements de régime. L'objectif des libertaires était souvent de se doter d'un espace pour rassembler tous les sièges et les services des syndicats. Normalement, les syndicats avaient un ou plusieurs locaux en location ; mais l'idéal était de disposer d'un édifice commun dénommé « Centro Obrero » (normalement anarcho-syndicaliste) ou « Casa del Pueblo » (socialiste).

* 24 La Corogne était la capitale de l'anarchisme galicien et une des villes les plus importantes (...)
* 25 Les autres demandes étaient l'extirpation du caciquisme ; la solution du problème du (...)

17Nous avons un exemple de la réclamation d'un immeuble de l'Église par des libertaires pendant les manifestations qui ont eu lieu après la proclamation de la Seconde République. A La Corogne, le protagonisme des anarchistes dans les manifestations a été très important, étant donné la puissance du mouvement libertaire dans cette ville 24. C'est précisément la Fédération Ouvrière Locale qui, lors d'une assemblée du mois de mai 1931, réclama aux autorités l'expulsion des ordres religieux, la désaffectation de leurs propriétés, la séparation de l'Église et de l'État et la cession du bâtiment des jésuites à la Fédération Ouvrière 25.
L’enseignement

18Le culturel a été un des plus importants domaines d'activité des défenseurs de la laïcité, spécialement en ce qui concerne l'enseignement. La culture est la plus pure expression de la lutte de la raison contre l'idolâtrie et la religiosité et cela a eu son point culminant avec la réforme de l'éducation envisagée par les gouvernements progressistes de la Seconde République. La laïcité éducative n'est pas non plus exclusive des anarchistes car elle est partagée par toutes les idéologies représentatives de la gauche politique espagnole. En fait, la petite bourgeoisie républicaine est la promotrice des premières initiatives pédagogiques laïques en Galice. Les libres-penseurs et les franc-maçons réalisent les premières tentatives échouées pour mettre en route des écoles à Vigo (en 1880 et 1884), La Corogne (1882), Lugo (1887) et Mondoñedo (1889 et 1890 26). Les succès surviennent finalement à la fin du décennie avec la fondation de l'école laïque de la « Sociedad Anticlerical de Librepensadores Martín Lutero » à Ferrol, l'école laïque de l'association « Miguel Servet » à La Corogne, le collège laïc de Vigo et le Collège Fröebel à Pontevedra 27.

* 26 Ángel Serafín Porto Ucha, La Institución Libre de Enseñanza en Galicia, Sada, Ediciós do (...)
* 27 Gérard Brey, Économie et mouvement syndical en Galice…, op. cit., p. 827-830 ; Antón Costa (...)

* 28 Archives du Royaume de Galice (ARG), Libro Rexistro de Asociacións do Goberno Civil de A Coruña,(...)
* 29 Sur les débuts de «La Antorcha Galaica del Librepensamiento» voir Gérard Brey, Économie et (...)

19À ce moment-là, anarchistes et républicains travaillent ensemble pour le développement des projets culturels et pédagogiques. Un des meilleurs exemples de cette collaboration est l'« Antorcha Galaica del Librepensamiento », association fondée dans la ville de La Corogne en 1897 par les anarchistes et les républicains locaux, qui avait pour objectif la diffusion de la libre pensée et de l'instruction « intellectuelle et laïque » à travers la création de centres d'éducation laïque 28. C'est précisément à la fin du xixe siècle que l'« Antorcha » soutient l'école qui avait été fondée par l'association Michel Servet 29.

* 30 Archives Historiques et Universitaires de Saint-Jacques-de-Compostelle (AHUS), Serie Histórica, (...)
* 31 Cf. Alberto Valín Fernández, Laicismo, educación y represión en la España del siglo XX. (Oure(...)

20Apparemment, cette école de l'« Antorcha Galaica del Librepensamiento » fut une expérience assez stable : elle continue son activité jusqu'en 1909 et sera fermée à cause de la répression qui suivit les événements de la Semaine Tragique de Barcelone. Nous avons des références du nombre d'élèves qui était de 147 en 1907-1908 et de 115 en 1908-1909 ; et aussi des professeurs, qui étaient Emilio Barcala del Pino, Juan Martín Monasterio et Constancio Romeo Lasarte 30. Le collège laïc Fröebel, sous la direction de Constancio Romeo, a pris en 1909 le relais de l'école fermée par les autorités. Il est aussi soutenu par l'« Antorcha Galaica » et occupe le même local. Bien évidemment, le changement du nom n'est qu'un moyen pour éviter l'action répressive de la part des autorités 31.

* 32 Spécialement intéressante est sa réflexion sur l'école publiée en chapitres par La (...)
* 33 Le Congrès International de la Paix fut un projet des anarchistes galiciens pour rassembler les (...)
* 34 Sur Constancio Romeo voir Gérard Brey, Économie et mouvement syndical en Galice…, op. cit., (...)

21Constancio Romeo Lasarte est une des principales figures de l'éducation laïque en Galice. Il naquit à Saragosse et, entre 1902 et 1906, travailla au collège laïc « La Paz » d'Alicante. Il arriva en Galice en 1906, à La Corogne. Son engagement au sein du mouvement libertaire est hors de doute. Non seulement comme professeur rationaliste mais comme militant qui collabore souvent dans les journaux anarchistes et anarcho-syndicalistes et qui prend la parole dans les assemblées et les meetings 32. Il participa aussi comme délégué de la Fédération Anarchiste Cantabro-Galicienne au Congrès International de la Paix qui se tint à Ferrol en avril 1915 33. Il a développé son activité pédagogique jusqu'à sa mort durant l'hiver 1917 34.

* 35 AHUS, Serie Histórica, liasse 460. Il y avait une sphère terrestre, des cartes des continents (...)

22Le Collège Laïc Fröebel, dont Constancio Romeo était le principal, offrait dans son programme des cours de lecture, d'écriture et d'arithmétique pratiques. On y enseignait aussi la grammaire, l'agriculture, l'arithmétique, l'industrie et le commerce, la géographie, la géométrie, la physique, la morale et le savoir-vivre, ainsi que les travaux manuels, le dessin linéaire, le français, les sciences naturelles et des notions de droit. Sa dotation en fournitures était assez large : il y avait des cartes, des tableaux, des planches, des tableaux noirs et des appareils pour le laboratoire de physique 35. Evidemment, il n'y avait pas de cours de religion ni de matériel sur la question religieuse ou sur l'histoire des religions.

* 36 AHUS, Fondo Ensino Primario, liasse 16.

23Une autre école laïque était l'École Intégrale que dirigeait la femme de Constancio Romeo, Luisa Elizalde Vellido. Il n'y avait pas non plus de formation religieuse, mais, contrairement aux principes rationalistes de mixité, l'école était exclusivement féminine. Outre les matières comme la grammaire, l'arithmétique, la géographie, la géométrie et l'industrie et le commerce, il y avait aussi des cours pratiques de lecture, d'écriture, d'arithmétique, de français, de sciences naturelles et de morale ; c'est-à-dire presque le même programme qu'au Collège Fröebel. En revanche, la moitié de l'emploi du temps – les après-midis – était consacré á la formation des filles à des activités « proprement féminines » telles que la couture, le repassage, le traçage et la coupe des tissus, les travaux de la maison et l'économie domestique 36.

* 37 AHUS, Serie Histórica, liasse 469. La dotation en fournitures du collège était aussi très (...)
* 38 La Voz del Obrero, La Corogne, nº 250, 11 août 1917, p. 4.

24Joaquín Patricio Patiño est un autre professeur rationaliste qui développa son travail à La Corogne à partir de 1911. A ce moment-là, il dirige l'École Rationaliste du quartier de « Os Castros », qui va rester ouverte jusqu'en 1915. Après, Joaquín Patricio continue l'activité pédagogique dans le collège « La Luz » qui se trouvait également dans le quartier de « Os Castros ». Ce collège remplaça sans aucun doute l'école rationaliste précédente. Son règlement et son programme sont rationalistes. Outre la pratique quotidienne de la lecture, l'écriture et l’arithmétique, on y proposait des cours de grammaire, d'agriculture, d'arithmétique, d'industrie et de commerce, de géographie, de géométrie et de morale et de savoir-vivre, ainsi que des notions de sciences naturelles et de travaux manuels 37. Les matières et l'emploi du temps sont exactement les mêmes que ceux du collège Fröebel de Constancio Romeo. Evidemment Joaquín Patricio connut cette expérience pédagogique – et bien sûr Constancio Romeo lui-même – et appliqua le même modèle d'organisation. L'activité du collège continue en 1917 ; à ce moment-là il y a aussi un professeur assistant qui collabore avec Joaquín Patricio. On trouve de nouvelles activités et matières dans le programme, telles la calligraphie, l'analyse logique grammaticale, l’hygiène, la physiologie, l'anatomie et la gymnastique 38. Outre son travail de maître rationaliste, Joaquín Patricio collaborait aussi à La Voz del Obrero – organe de la Fédération Locale Ouvrière anarcho-syndicaliste – avec des articles sur la culture et l'éducation.

* 39 AHUS, Serie Histórica, liasse 460.
* 40 Pere Solá, Las escuelas racionalistas en Cataluña (1909-1939), Barcelone, Tusquets, 1978, p. (...)
* 41 Solidaridad Obrera, Barcelone, nº 200, 20 décembre 1923, p. 2.

25Il y a d'autres expériences pédagogiques laïques des libertaires galiciens à cette époque, mais nous n'en avons pas beaucoup d'informations. Le Centre des Sociétés Ouvrières de Vigo soutient une école primaire dirigée par José Quintas Vila 39. A Vigo aussi, il existait une école rationaliste en 1923 qui avait comme professeurs Gaston Leval et Campuzano 40. Et la Fédération des Travailleurs de Tui (Pontevedra) soutenait un Groupe Scolaire pendant les premiers mois de la dictature de Primo de Rivera 41.

* 42 Joaquín Patricio, «En pro de la enseñanza», La Voz de Obrero, La Corogne, nº 119, 20 (...)
* 43 ¡Tierra!, La Corogne, nº 65, 19 mai 1923, p. 2.

26Quoi qu’il en soit, à ce moment-là, il n'était pas facile de mettre en marche une école laïque. Beaucoup de projets échouèrent à cause de problèmes financiers ou de la pression des autorités. Par exemple, en 1913, le groupe anarchiste qui publiait La Batalla Sindicalista voulait ouvrir une école à Ferrol 42, néanmoins nous n'avons aucune référence sur le succès du projet. Probablement les constantes difficultés d'ordre financier pour soutenir les nombreux projets culturels rendirent la constitution de l'école impossible. En mai 1923, l'action des autorités est responsable de l'échec d'une nouvelle initiative pédagogique à La Corogne. Les adversaires de l'ouverture d'un collège promu par les libertaires en arrivent à dire que « on va y apprendre aux enfants à fabriquer des bombes 43».

* 44 Solidaridad Obrera, La Corogne, nº 2, 22 novembre 1930, p. 4. Au printemps 1931 Gaston Leval (...)
* 45 Antonia Maymón était une militante anarchiste qui écrivait souvent dans la presse libertaire, (...)
* 46 Solidaridad Obrera, La Corogne, nº 60, 6 février 1932, p. 1 et José Moreno, «Pro Escuela (...)

27Avec l’avènement de la dictature de Primo de Rivera s'ouvre une parenthèse dans le développement des initiatives pédagogiques des anarchistes, qui se referme après le renversement du régime et l'instauration de la République. Le premier essai de récupération des anciens projets éducatifs est la réouverture de l'école de l'« Antorcha Galaica del Librepensamiento ». Peut-être, la prétention des libertaires est que le célèbre Gaston Leval soit le responsable de cette école ; pour cette raison ils se mettent en rapport avec lui qui, à ce moment-là, travaillait en Argentine 44. Un autre projet très ambitieux était celui du groupe anarchiste « Helios » de La Corogne qui, au printemps 1931, voulait compter sur la célèbre professeure rationaliste Antonia Maymón pour son école 45. En 1932, ce sont le syndicat confédéral de Sada (La Corogne) et le syndicat des boulangers de La Corogne qui voulaient mettre en route chacun leur école rationaliste 46. Ces initiatives, qui échouent, sont les premiers essais des anarchistes galiciens de relance de l'enseignement rationaliste dans le nouveau contexte politique et social plus propice au développement des projets laïques, désormais soutenus et promus par l'État.

* 47 ARG, Libro Rexistro de Asociacións do Goberno Civil de A Coruña, t. 9, p. 2.
* 48 Interview de José Merlán, Narón (La Corogne), 27 août 1997. José Merlán fut élève de (...)
* 49 Solidaridad, La Corogne, nº 42, 11 avril 1936, p. 2.
* 50 Brazo y Cerebro, La Corogne, nº 11, 15 octobre 1935, p. 1-2.

28Pendant la période de la République, l'expérience pédagogique la plus stable fut celle de l'École Rationaliste de Ferrol appuyée par la Ligue Rationaliste de la ville. La Ligue Rationaliste, une institution constituée en 1933, avait pour objectif la promotion de l'éducation libre et avancée 47. Son lien avec l'anarchisme local est évident puisque des leaders bien connus de la CNT et de la FAI – Maximimo Romero, Luis Abellá ou Mario Rico – participaient aux activités de l'école telles les conférences, tables rondes, etc 48. En outre, en 1936 la Ligue eut la responsabilité de la coordination de la Commission Régionale Galicienne en faveur des Ligues Rationalistes constituée au congrès syndical de la régionale galicienne de la CNT de décembre 1935 49. Le principal problème pour la Ligue était d'ordre financier, puisque ses 300 adhérents ne payaient pas leurs cotisations de façon régulière ; il était donc assez difficile de réaliser tous les projets envisagés pour l'école, pour laquelle la propriété d'un local et l'achat de fournitures était essentiels 50.

* 51 Solidaridad Obrera, La Corogne, nº 175, 15 septembre 1934, p. 3.

29Il y avait des cours pour les enfants mais aussi pour les adultes, en plus de plusieurs activités telles que conférences, excursions, colloques, etc. Marina Ochotorena, Felicia Bértolo, Alfonso Viaño, Julio Sanz et José Merlán étaient les professeurs de l'école aux côtés de Francisco Iturralde qui en était le principal. Les matières enseignées à l'école étaient l'arithmétique, la géométrie, la physiologie et l’hygiène, la zoologie, la botanique, la pétrographie, la géologie, la minéralogie, la physique, la chimie, la géographie, la grammaire espagnole, la lecture, la calligraphie, l'orthographe, le dessin, le français et l'espéranto. Pour les filles il y avait aussi un apprentissage des travaux de la maison et pour les adultes des cours complémentaires d'algèbre, de sociologie, de sexologie et sur les problèmes liés à l'alcoolisme et aux maladies vénériennes 51.

30Au cours de l'année 1933-1934, le nombre d'étudiants était de 158, dont 109 étaient des enfants entre cinq et quatorze ans et 49 des adultes. L'année suivante le nombre descend un peu pour atteindre 130. Une preuve de l'engagement social de la direction de l'école est qu'elle tenait compte des difficultés financières des familles des élèves, de sorte que les fournitures des élèves étaient offertes par l'école et que les enfants des travailleurs au chômage et des familles les plus pauvres n'étaient pas obligés de payer la cotisation mensuelle.

* 52 Brazo y Cerebro, La Corogne, nº 11, 15 octobre 1935, p. 1-2.

31Outre les cours, l'école rationaliste développait aussi une forte activité culturelle dont l'organisation de conférences était spécialement importante. Tout au long de l'année 1934-1935 il y en eut 44 sur des sujets divers ; et l'année suivante il y eut aussi l'intention de faire des projections commentées de films. Le travail pédagogique et culturel de cette école rationaliste est encore plus méritoire si on considère le contexte hostile et la constante action répressive des forces conservatrices sous forme de contraintes, contrôles, emprisonnements, plaintes, etc 52.

* 53 Solidaridad, La Corogne, nº 44, 25 avril 1936, p. 1.
* 54 Solidaridad, La Corogne, nº 41, 4 avril 1936, p. 2.

32Encore plus défavorable et difficile aura été la situation de l'école rationaliste qui existait à Lugo dans les derniers mois de la Seconde République et qui avait comme professeur un certain Acuña 53. En même temps, l'Athénée Libertaire « Nueva Era » de La Corogne travaillait pour mettre en route une école rationaliste dans la ville, qui ne put évidemment être ouverte à cause de la réussite en Galice du coup d'État franquiste en juillet 1936 54.

* 55 Gérard Brey, Économie et mouvement syndical en Galice… op. cit., p. 853 et Oscar Freán (...)

33L'organisation de conférences, de cours, de veillées littéraires et musicales, etc., était aussi l’objectif des athénées libertaires et des centres d'études. Le Centre d'Etudes Sociales Germinal fut une des plus importantes institutions culturelles laïques liées au mouvement libertaire de La Corogne. Le CES Germinal fut fondé en 1901 et développa son activité jusqu'à la fin de la Seconde République. Son objectif était la diffusion de l'instruction dans tous les domaines du savoir, à travers l'organisation d'activités culturelles et de loisir et la création d'une bibliothèque 55.

34En conclusion, on peut dire qu'il est assez évident que le mouvement ouvrier anarchiste galicien défendit et promut la laïcité et mit en route différentes initiatives à caractère laïc. Ce soutien à la laïcité est bien entendu lié à l'idéologie libertaire elle-même et à une expression du rationalisme scientifique que les anarchistes défendaient. Malgré la différence entre anticléricalisme et laïcité, il est vrai qu'il n'est pas souvent facile de définir la limite entre les deux pratiques car on peut entendre l'une comme expression de l'autre. Après tout, beaucoup d'initiatives laïques furent promues contre la tradition catholique et contre l'influence sociale de l'Église. En fait, la diffusion de la nouvelle d'une manifestation laïque se voulait une victoire sur la réaction, l'obscurantisme et le fanatisme religieux.

* 56 Nous n'avons pas de références pour les années de la Dictature de Primo de Rivera, mais (...)

35Le développement des projets laïques ne fut pas du tout facile à cause des critiques, de la pression sociale et des obstacles mis par les autorités ; mais aussi par suite des problèmes d'ordre financier dont souffrirent toujours toutes les organisations du mouvement libertaire. Nous n'avons pas constaté de grandes différences tout au long des périodes politiques englobées dans cette analyse, bien que le contexte de la Seconde République soit plus favorable à la promotion de ce type d’initiatives 56.

36Il n'y a pas non plus de projets originaux mais une adaptation à la laïcité des habitudes enracinées dans la vie quotidienne, c'est-à-dire une substitution des pratiques : des sacrements catholiques par les rituels civils, de l'éducation religieuse par l'éducation laïque ; de la messe par le meeting ; du pèlerinage par la partie de campagne, etc. Bref, une substitution de la religion par la laïcité (même par l'idéologie si on considère le côté messianique de l'idéologie anarchiste) et de la foi par la raison.
Notes
1 Il est évident que la présence de cultes païens dans la pratique religieuse persiste depuis longtemps et que l'Église n'a fait que christianiser ces pratiques – voir par exemple certaines romerías (pèlerinages) sur des lieux de culte païen tels San Andrés de Teixido et Muxía (province de La Corogne), Santa Trega (Pontevedra) ou San Benito de Cova de Lobo et Os Miragres de Monte Meda (Orense). En outre, il a toujours existé un certain laxisme de la société à l'égard des pratiques telles l'infidélité (chez les femmes des émigrants par exemple), les enfants naturels ou les relations sexuelles des curés et des moines.
2 «[…] Debe sorprenderse el lector de las numerosas entidades, de las actividades y dinamismo de la sociabilidad obrera en una región considerada atrasada, muy levítica y dominada por caciques de la derecha más reaccionaria», Francisco López Casimiro, compte rendu de Alberto Valín (dir.), La sociabilidad en la historia contemporánea : Reflexiones teóricas y ejercicios de análisis, Orense, Duen de Bux, 2001, Gazeta de Antropología, nº 17, 2001 (http ://www.ugr.es/~pwlac/).
3 Jean-Marie Mayeur, La question laïque. xixe-xxe siècles, Paris, Fayard, 1997.
4 Un Germinalista, «Los dos adversarios», La Voz del Obrero, La Corogne, nº 250, 11 août 1917, p. 3.
5 Julio Centenari, «El ateísmo es el faro de la civilización», Brazo y Cerebro, La Corogne, nº 21, 1 avril 1936, p. 3.
6 Une des victoires les plus célèbres fut celle des sociétés de résistance de la construction de La Corogne en 1906 qui ratifièrent un accord pour travailler les jours des fêtes religieuses – sauf les dimanches, le 25 décembre et le 1 janvier. Gérard Brey, Économie et mouvement syndical en Galice (1840-1911), Lille, Atelier National de Reproduction des Thèses, 1990, p. 846-847.
7 Idem, p. 851.
8 Tierra y Libertad, Barcelone, nº 18, 22 juin 1910, p. 4.
9 Tierra y Libertad, Barcelone, nº 22, 26 juillet 1910, p. 4.
10 Tierra y Libertad, Barcelone, nº 110, 22 mai 1912, p. 4.
11 Tierra y Libertad, Barcelone, nº 133, 30 octobre 1912, p. 4.
12 voir note 7.
13 El Libertario, Barcelone, n°103, 24 mars 1933, p. 3.
14 Idem.
15 Voir n. 7 et Solidaridad, La Corogne, nº 51, 13 juin 1936, p. 2.
16 Boletín Oficial de la Diócesis de Ourense, Orense, nº 1913, 12 avril 1917, p. 108-110.
17 Lucha Social, Saint-Jacques-de-Compostelle, nº 12, 13 septembre 1919, p. 3.
18 Solidaridad Obrera, La Corogne, nº 174, 8 septembre 1934, p. 4.
19 Lucha Social, Saint-Jacques-de-Compostelle, nº 34, 14 février 1920, p. 1 ; nº 36, 28 février 1920, p. 2 et nº 50, 26 juin 1920, p. 2.
20 Le pèlerinage à une chapelle, la participation à la messe et la fête ultérieure avec la musique, le déjeuner sur l'herbe et la danse, est une célébration mi-religieuse, mi-païenne très enracinée chez les Galiciens jusqu'à aujourd'hui.
21 Solidaridad Obrera, La Corogne, nº 136, 19 août 1933, p. 2-3.
22 Solidaridad Obrera, La Corogne, nº 151, 2 décembre 1933, p. 3.
23 Solidaridad, La Corogne, nº 44, 25 avril 1936, p. 1.
24 La Corogne était la capitale de l'anarchisme galicien et une des villes les plus importantes du mouvement libertaire espagnol. Il faut tenir compte du fait que les militants de la CNT représentaient à peu près 15% de la population de la ville pendant les années de la République : plus de 10.000 pour une population totale comprise entre 60.000 et 90.000 (61.673 en 1930 et 92.189 en 1940). Óscar Freán Hernández, El movimiento libertario en Galicia, 1910-1936, Sada, Ediciós do Castro, 2006, p. 154.
25 Les autres demandes étaient l'extirpation du caciquisme ; la solution du problème du chômage ; la construction d'écoles ; l’abolition des monopoles et des exclusivités ; et la destruction des registres de la police concernant les militants syndicaux. La Voz de Galicia, La Corogne, nº 15.980, 19 mai 1931, p. 7.
26 Ángel Serafín Porto Ucha, La Institución Libre de Enseñanza en Galicia, Sada, Ediciós do Castro, 1986, p. 259-264 et Alberto Valín Fernández, Laicismo, educación y represión en la España del siglo XX. (Ourense, 1909-1936/39), Sada, Ediciós do Castro, 1993, p. 180-181.
27 Gérard Brey, Économie et mouvement syndical en Galice…, op. cit., p. 827-830 ; Antón Costa Rico, Escolas e mestres. A educación en Galicia : da Restauración á II República, Saint-Jacques-de-Compostelle, Consellería de Presidencia e de Administración Pública da Xunta de Galicia, 1980, p. 218-219 et Alberto Valín Fernández, Laicismo, educación y represión en la España del siglo XX. (Ourense, 1909-1936/39), op. cit. p. 181.
28 Archives du Royaume de Galice (ARG), Libro Rexistro de Asociacións do Goberno Civil de A Coruña, t. 1, p. 133.
29 Sur les débuts de «La Antorcha Galaica del Librepensamiento» voir Gérard Brey, Économie et mouvement syndical en Galice, op. cit., p. 830-837.
30 Archives Historiques et Universitaires de Saint-Jacques-de-Compostelle (AHUS), Serie Histórica, liasse 460.
31 Cf. Alberto Valín Fernández, Laicismo, educación y represión en la España del siglo XX. (Ourense, 1909-1936/39), op. cit., p. 199.
32 Spécialement intéressante est sa réflexion sur l'école publiée en chapitres par La Revista Blanca quelques années après sa mort. Constancio Romeo, «La Escuela : su pasado, su presente y su porvenir», La Revista Blanca, Barcelone, nº 45-59, du 1 avril au 1 novembre 1925.
33 Le Congrès International de la Paix fut un projet des anarchistes galiciens pour rassembler les mouvements anarchiste et ouvrier du monde entier et mettre fin à la première Guerre mondiale. Les organisations venues de l'étranger ne purent arriver à El Ferrol à cause de l'interdiction des autorités espagnoles qui les empêchèrent d'entrer dans le pays. Malgré les difficultés, le Congrès se réunit du 29 avril au 2 mai 1915. Il y eut la représentation de 47 organisations de l'Espagne, du Portugal, du Brésil et de la France et l'adhésion de sociétés de l'Angleterre, de l'Argentine, de Cuba et de l'Italie. Le Congrès fut particulièrement important pour la réorganisation de l'anarcho-syndicalisme espagnol et de la Confédération National du Travail (CNT). Manuel Joaquim de Sousa, Relatório do delegado a UON (2ªsecção) ao Congresso Internacional Pró-Paz realizado em Ferrol (Espanha) em Abril e Maio de 1915. Estatutos e Regulamento da Associação Internacional dos Trabalhadores, [Porto], União Operária Nacional, [1915] et Tierra y Libertad, Barcelone, nº 257, 12 mai 1915, p. 1-2 ; nº 258, 19 mai 1915, p. 1-2 et nº 259, 26 mai 1915, p. 1. Cf. Óscar Freán Hernández, El movimiento libertario en Galicia, op. cit., p. 61-62.
34 Sur Constancio Romeo voir Gérard Brey, Économie et mouvement syndical en Galice…, op. cit., p. 835-836 et Luis Miguel Lázaro Lorente, Las escuelas racionalistas en el País Valenciano (1906-1931), Valence, Nau Llibres, 1992, p. 154-158. La nouvelle de sa mort dans Tierra y Libertad, Barcelone, nº 369, 19 décembre 1917, p. 3.
35 AHUS, Serie Histórica, liasse 460. Il y avait une sphère terrestre, des cartes des continents et de l'Espagne, des tableaux pour les sciences naturelles – les animaux, les végétaux, le corps humains, la terre, l'atmosphère, etc., des outils pour la géométrie, des planches d'arithmétique, un tableau des poids et des mesures modernes, un cadre de météorologie, etc.
36 AHUS, Fondo Ensino Primario, liasse 16.
37 AHUS, Serie Histórica, liasse 469. La dotation en fournitures du collège était aussi très importante. Il y avait plusieurs tableaux noirs ; deux cartes de l'Espagne et de l'Europe ; des planches d'anatomie, zoologie et antialcooliques ; une maquette du corps humain avec des pièces d'anatomie ; une collection de minéraux ; des pièces de géométrie en bois ; un tableau du système des poids et des mesures ; des règles, des équerres et des compas pour la géométrie et une bibliothèque.
38 La Voz del Obrero, La Corogne, nº 250, 11 août 1917, p. 4.
39 AHUS, Serie Histórica, liasse 460.
40 Pere Solá, Las escuelas racionalistas en Cataluña (1909-1939), Barcelone, Tusquets, 1978, p. 205.
41 Solidaridad Obrera, Barcelone, nº 200, 20 décembre 1923, p. 2.
42 Joaquín Patricio, «En pro de la enseñanza», La Voz de Obrero, La Corogne, nº 119, 20 décembre 1913, p. 3.
43¡Tierra!, La Corogne, nº 65, 19 mai 1923, p. 2.
44 Solidaridad Obrera, La Corogne, nº 2, 22 novembre 1930, p. 4. Au printemps 1931 Gaston Leval demanda conseil à Ángel Pestaña, après avoir reçu une offre d'emploi de la part d'une «institution privée» de La Corogne. Cf. Archives Générales de la Guerre Civile Espagnole, Fondo Político Social, Barcelona, carton 1068, «Correspondencia entre Gaston Leval y Ángel Pestaña», Rosario (Argentine), 11 juin 1931.
45 Antonia Maymón était une militante anarchiste qui écrivait souvent dans la presse libertaire, spécialement sur le naturisme. Elle avait une assez large expérience comme professeur rationaliste à Saragosse, Logroño, Sant Feliu de Guíxols (Girona), Tortosa (Tarragone), Terrasa (Barcelone), Elda (Alicante), etc. Luis Miguel Lázaro Lorente, Las escuelas racionalistas en el País Valenciano…, op. cit., p. 162-166 et Pere Solá, Las escuelas racionalistas en Cataluña…, op. cit., p. 91-94.
46 Solidaridad Obrera, La Corogne, nº 60, 6 février 1932, p. 1 et José Moreno, «Pro Escuela Racionalista», Solidaridad Obrera, La Corogne, nº 99, 26 novembre 1932, p. 3.
47 ARG, Libro Rexistro de Asociacións do Goberno Civil de A Coruña, t. 9, p. 2.
48 Interview de José Merlán, Narón (La Corogne), 27 août 1997. José Merlán fut élève de l'école rationaliste et fils de José Merlán, professeur de l'école.
49 Solidaridad, La Corogne, nº 42, 11 avril 1936, p. 2.
50 Brazo y Cerebro, La Corogne, nº 11, 15 octobre 1935, p. 1-2.
51 Solidaridad Obrera, La Corogne, nº 175, 15 septembre 1934, p. 3.
52 Brazo y Cerebro, La Corogne, nº 11, 15 octobre 1935, p. 1-2.
53 Solidaridad, La Corogne, nº 44, 25 avril 1936, p. 1.
54 Solidaridad, La Corogne, nº 41, 4 avril 1936, p. 2.
55 Gérard Brey, Économie et mouvement syndical en Galice… op. cit., p. 853 et Oscar Freán Hernández, «La creación de una identidad colectiva : sociabilidad y vida cotidiana de la clase obrera gallega», in Alberto Valín (dir.), La sociabilidad en la historia contemporánea. Reflexiones teóricas y ejercicios de análisis, Orense, Duen de Bux, 2001, p. 123-152.
56 Nous n'avons pas de références pour les années de la Dictature de Primo de Rivera, mais peut-être est-ce plutôt une question des sources que d'absence d'initiatives.
Pour citer cet article
Référence électronique

Óscar Freán Hernández, « La libération des consciences : les anarchistes galiciens et la laïcité* », Cahiers de civilisation espagnole contemporaine, 2 | 2008, [En ligne], mis en ligne le 28 avril 2008. URL : http://ccec.revues.org/index1003.html. Consulté le 04 mai 2009.
Auteur
Óscar Freán Hernández

Maître de Conférences, Université de Franche-Comté, EA322
alcibiade
 

Re: anarchisme et traditions

Messagede angularsound » 04 Mai 2009, 22:46

Ola Alcibiade ! très intéressant ces post MAIS JE ME POSE LA QUESTION personellement : pourquoi innonder d'informations ( la qualité est certe là ...) sur l'anarchisme mystique ? le mysticisme fait PEUR A BEAUCOUP DE MONDE factuellememnt et politiquemement est il raisonnablement pas un prérequi au CHANGEMEMNTS POLITIQUE... enfin je me pose la question...

Dans une optique de popularisation des idées anar, libertaire, révo ect je ne trouve pas sage à mon humble avis d'innonder sur le sujet alors que l'évolution des conscience suit son cours assez naturellement et au rythme de l'humanité... take it easy, dans une société structurellement plus libre la spiritualité qu'elle soit religieuse ou autre sera libre et toutes les croyances seront respectée mais changer la société en diffusant de l'information spirituelle est à mon humble avis improductif à souhait donc... watch out je suggère pour ma part de simplifier l'échange, d'aller à l'essentiel des idées les plus importante à chaques moment donné de la révolution qui suit son cours fort sympathiquement ...

Déja on a tous une tendance naturelle à diviser les choses pour communiquer cela est inhérent au processus de pensée et de communication mais attention quand même aux diviseurs volontaires qui restent toujours masqués et qui jouent sur l'humeur et/ou le sub-conscient des membres de ce forum et/ou oriente les discussions sur des sujet certes intéressant et importants, consciemment ou pas... mais bon en même temps chacun est libre de s'exprimer comme il l'entend, je me contenterais d'utiliser la mienne pour prévenir de ce travers possible, qu'il soit volontaire ou pas...

De toute façon quelle que soit la manière avec laquelle on qualifiera la future société française, les idées rationelles libertaires, anarchistes scommunistes, religieuses sont sur le point d'être mures pour la conscience humaine... i suggest that we have to take it easy, to be confident, and simply concentrate on la communication de l'essentiel : la force de l'humanité vs la force de cohercition facilememnt conturnable du système par des actions très simples, modestes ou élaborées, individuelles ou collectives ; le processus se fait de toute façon à son rythme évitons juste d'attendre sans agir d'aucune manière et l'inverse cad de le brusquer....

Keep it up les potos !

Edit : alcibiad je ne te vise pas du tout je te promet mais le "mysticisme" c'est très large et les "puissances qui sont" bombarde le flux mainstream de films et de conneries la dessus, donc terrains idéal du doute/de la déconcertation, de la peur, de la division, de l'affaiblissement individuel etc...
angularsound
 

Re: anarchisme et traditions

Messagede alcibiade » 08 Mai 2009, 14:10

Salut,
L'anarchisme mystique est un courant comme un autre de l'anarchisme depuis des années . Je ne vois pas pourquoi on en parlerait pas ??? sur un site pro anarchiste ?
Certains nous innondent d'infos sur l'historique de groupuscules anarchistes dont tout le monde se fout ; personne ne dit rien :baille:
Qu'il y est des personnes sectaires et bornés , je m'en fous le vérité n'a que faire des imbéciles à l'esprit étroit .
La révolution partira de tout les fronts et le narcissisme goupusculaire est un cancer que l'on doit combattre .
Salutations anarchistes .
alcibiade
 

Re: anarchisme et traditions

Messagede angularsound » 09 Mai 2009, 03:38

Yo Alcibiade !

Ah ! mais je pense que tu as fort raison de parler de l'anarchisme mystique ! C4est un truc que je découvre et trouve moi-même hyper intéressant du peu que j'ai lu de tes posts précédent.

Je suggèrais simplement que l'on PEUT aussi SE POSER LA QUESTION de savoir si de long posts sur ce sujet est une idée pertinente étant donnée une éventuelle forte visibilité du forum pour un grand public en plein éveil... je répète SE POSER LA QUESTION ! allez encore une fois au cas ou ( AU CAS OU ! c'est pas sur ! AU CAS OU ) tu serais un plaisantin/un jokerman : SE POSER LA QUESTION !

Se poser une question ne coute rien tant que chacun est libre de s'exprimer, de donner son avis, de communiquer
SI tu sous entend ( si tu , je n'en sais rien ) m'accuse d'essayer de diviser les gens alors que l'un de mes buts les plus exprimés est le dialogue libre d'égal à égal, désolé mais je trouve que c'est de la grosse blague quand même !

Bob Dylan : Jokerman

http://www.youtube.com/watch?v=igMaEw3SJuk

angularsound
 

Re: anarchisme et traditions

Messagede alcibiade » 02 Juin 2009, 18:56

Salut Voici la plus importante coopérative du monde elle est basque et a été créé par un curé issu des traditions collectivistes basques : tiré de wikipédia

Mondragón Corporaciòn Cooperativa ou MCC, est un groupe basque de 210 entreprises et entités (dont environ la moitié sont elles aussi des coopératives), structurées en trois groupes sectoriels: la finance, l'industrie et la distribution, et des aires de recherche et de formation. C'est l'un des plus grands groupes coopératifs du monde.

Mondragón Corporación Cooperativa est le fruit de la vision d’un jeune vicaire de paroisse, le jésuite basque José María Arizmendiarrieta, et de l’effort solidaire des salariés-associés, qui ont su transformer un petit atelier consacré, en 1956, à la fabrication de fourneaux et de réchauds au pétrole, en premier groupe industriel basque (plus de 35 000 employés dans cette région) et septième en Espagne, avec 10,5 milliards d’€ de ventes dans son activité industrielle et de distribution, 10 milliards d’€ de ressources intermédiaires dans son activité financière et des effectifs qui s’élevaient fin 2004 à 70 844 travailleurs au total, dont une moitié de sociétaires.

MCC se donne les objectifs d’une entreprise compétitive sur les marchés internationaux, par l’utilisation de méthodes démocratiques d’organisation de la société, la création d’emploi, la promotion humaine et professionnelle de ses travailleurs et l’engagement de développement de son environnement social.


Histoire

Les origines
La société a été fondée à Arrasate, Mondragón en castillan, une ville de la province du Guipuscoa dans la Communauté autonome du Pays basque. En 1941, la localité qui avait beaucoup souffert durant la Guerre d'Espagne connaissait un chômage de masse. Un jeune prêtre, le père José María Arizmendiarrieta, qui venait d'être nommé vicaire de la paroisse, décide de s'occuper du développement économique de la ville sur les bases des idées mutualistes. Les coopératives et les institutions autogérées qui avaient une longue tradition au Pays basque étaient tombées en désuétude après la guerre.

En 1943, Arizmendiarrieta monte une école de formation professionnelle gérée démocratiquement. Cette école sera amenée à jouer un rôle important dans le développement du mouvement coopératif. En 1955, cinq jeunes diplômés de l'école créent la première entreprise coopérative nommée ULGOR, d'après les premières lettres de leurs noms de famille et qui deviendra ultérieurement Fagor Electrodomésticos. Pendant les premières années, ULGOR reste dans le domaine des poêles à pétrole et des cocottes en fonte. En 1959, alors que les socios (travailleurs associés) des coopératives, ni salariés, ni patrons, sont exclus du système général de la sécurité sociale, ils créent la Lagun Aro, un organisme de prestations sociales spécifiques qui remplit les deux rôles de la sécurité sociale française[1]. Sous l'impulsion de Don José Maria, ils en viennent à fonder la Caja Laboral Popular (Banque populaire des travailleurs), une coopérative de crédit qui permet aux travailleurs d'accéder aux services financiers et leur procure par conséquent les fonds nécessaires pour démarrer de nouvelles entreprises en coopérative. L'argent collecté provient alors des « mamies », l'expression est de Don José Maria, qui font volontiers confiance à un prêtre[1]. Fagor Electrónica, Fagor Ederlan et Danobat comptent alors parmi les nouvelles coopératives.

D'autres coopératives furent invitées à rejoindre le groupe, ainsi que des entreprises en faillite, à condition qu'elles se transforment en coopératives. La préférence fut donnée aux coopératives sœurs. Les ouvriers des coopératives purent gérer leurs finances avec la Caja Laboral et bénéficier ainsi d'assurances maladie, de fonds de pension à la Lagun Aro ou encore de réductions sur les appareils de la marque Fagor et les denrées des boutiques coopératives Eroski. Souvent, les membres de ce réseau coopératif avaient commencé leurs études dans une Ikastola, poursuivi à l'Université de Mondragón en effectuant des stages ouvriers dans une coopérative. Quand une coopérative rencontrait des difficultés économiques, les employés préféraient accepter des réduction de salaires plutôt que d'être licenciés. Lorsque la situation se détériorait plus sérieusement, les employés en sureffectif étaient reclassés dans d'autres coopératives du groupe.

La croissance du groupe est fulgurante dans les années 1960 : 479 emplois en 1960, 4211 en 1965 et 8743 en 1970[1]. Le montage financier qui permet de créer un emploi dans une coopérative est le suivant: Le 'socio' apporte l'équivalent de 10 mois de salaire, soit quelque 3000€[2]. l'État apporte 6000€ sous forme de subvention d'aide à l'emploi. La 'Caja Laboral' prête 21000€. L'apport du 'socio' représente donc 10% du coût de la création d'emploi. En 1959, l'apport du socio représentait 20%. L'apport du 'socio' est définitivement acquis par la coopérative qui verse au 'socio' des intérêts portant sur 75% de son apport. Ces intérêts sont ne sont débloqués que lors du départ du socio de la coopérative.[1]

Les mesures protectionnistes de l'Espagne franquiste ont favorisé par la conquête du marché espagnol, des coopératives comme ULGOR ou Arraste.


1970-1990 Crise économique et développement par l'exportation
A partir de 1971, la crise économique mondiale touche également le Pays basque où le taux de chômage atteint les 20%. La crise culmine en 1983 pour les coopératives qui vont y répondre à la fois par une série de mesures défensives et par une stratégie offensive en matière d'exportations. Lorsque le fondateur du groupe, Arizmendiarrietta, décède en 1976, José Maria Ormaetxea devient la grande figure du groupe. Il était passé par l'école professionnelle de Mondragón avant d'occuper diverses fonctions comme celles de gérant du groupe ULGOR, directeur général de la Caja Laboral et finalement, président du complexe.

Parmi les mesures défensives, la décision du collectif de 'socios' de réduire les frais de personnel en limitant le salaire réel tout en accroissant la productivité. Les statuts des coopératives interdisent les licenciements. Des emplois en surnombre dans le domaine industriel sont compensés par les coopératives de distribution. La centaine de socios restant sans emploi sont envoyés en formation et rémunérés par des prélèvements sur les salaires des autres socios.[1]

Pour sortir de la crise, le complexe de Mondragón met en place des instruments de gestion d'entreprises compétitives comme la capitalisation des résultats, la polyvalence des fonction et des emplois ou la flexibilité des calendriers de travail au semestre et fait jouer la solidarité entre coopératives. Sur ces bases-là les coopératives se lancent dans l'ouverture des marchés extérieurs en s'implantant en Espagne à Madrid ou Barcelone, mais également au Mexique et en Thaïlande. En 1990, les exportations représentent 15% du chiffre d'affaires contre 10% en 1970.[1]

En 1985, le 'Conseil des Groupes des coopératives se constitue en groupe: C'est la naissance de la Mondragón Cooperative Corporation. La MCC est maintenant la plus grosse société basque et la septième en Espagne. Elle est considérée comme la plus grosse coopérative ouvrière du monde.[1]


Histoire plus récente [modifier]
En 2005, le groupe MCC rachète la société française d'électroménager Brandt. Il s'agissait d'un objectif stratégique pour pouvoir atteindre une taille critique et concurrencer au moins sur le marché européen d'autres groupes comme BSH, Electrolux, Merloni et Whirlpool[3].

On peut résumer l'évolution du groupe en mentionnant quelques indicateurs: En 2002, les exportations représentent 27% du chiffre d'affaires. La moitié des 60000 personnes qui travaillent pour le groupe sont des employés et non pas des socios (travailleurs associés de la coopérative). La croissance est externe, basée sur le rachat d'autres entreprises, plutôt que sur la création de nouvelles entreprises. Il n'y a plus de priorité basque dans la recherche des fournisseurs[1].

La formation a toujours occupé une position clef dans le développement de la MCC, d'où la transformation de la vieille école polytechnique en l'Université de Mondragón dans les années 1990, une université privée créée pour préparer de futurs développements. Quelque 4 000 étudiants suivent les cours sur les campus d'Oñati, Eskoriatza et Mondragón.

En 2006, la MCC avait contribué à hauteur de 3,8% du PIB de la Communauté autonome du Pays basque. Le groupe MCC comprend en 2008 150 sociétés, impliquées aussi bien dans la production, et la conception technique que dans la distribution, la finance ou la formation. Sa filiale de distribution Eroski et la plus grosse société espagnole de distribution alimentaire et la troisième société espagnole de distribution en générale [4]

Le gouvernement de la Communauté autonome du Pays basque a adopté des mesures spéciales pour encourager les coopératives. La région autour de Mondragón a conservé un taux d'emploi élevé même pendant la crise industrielle basque.


Organisation en 2005
Dans chaque coopérative, une assemblée générale de socios élit un conseil' recteur qui joue le rôle de conseil d'administration. Le conseil recteur élit un Président avec un mandat de quatre ans et aussi, sur proposition du Président, un directeur. Un Conseil Social représentant uniquement les socios, sorte du comité d'entreprise du droit français, exerce une surveillance de l'action du conseil recteur[5].

Au niveau de MCC, le rôle du conseil d'administration est jouée par la Commission Permanente, composée de 16 personnes élues, représentant les 9 divisions en pourcentage du nombre de socios. Cette Commission Permanente répond devant le Congrès, organe suprême qui regroupe 650 délégués[1].

L'organe exécutif du groupe s'appelle le Conseil Général dont les membres sont forcément différents de la Commission Permanente et qui inclut les 7 directeurs de coopératives industrielles, le directeur du secteur financier et le directeur de la distribution[1].


En fonction des apports et des salaires, les bénéfices sont capitalisés et reversés lors du départ de l'entreprise. Partagés entre les œuvres sociales, pour 10%, un fond de réserve pour les entreprises coopératives en difficulté (30%) et les membres de la coopérative, les bénéfices sont en fait réinvestis dans l'entreprise, mais récupérables par le salarié lorsqu'il la quitte[5]. De même, chaque salarié est électeur et éligible aux organes de direction, chaque coopérative étant dirigée par un conseil qui élit son président pour quatre ans[5].

En 2005, la part de de capital demandée à un nouveau socio au moment de son embauche est de l'ordre de dix mille euros. Cette somme représente 7% du coût de la création d'un poste [6]


Marques et entités du groupe en 2005
Le groupe de distribution comprend les hypermarchés Eroski, quelques autres enseignes spécialisées dans le sport ou le voyage ainsi que des entreprises du secteur alimentaire, soit un chiffre d'affaire de plus de 5 milliards d'euros en 2004 contre 150 millions en 1984[3].

Le groupe financier comprend une banque, la Caja Laboral et un système de protection sociale Lagun Aro. La Caja Laboral dont les encours s'élèvent à plus de 10 milliards d'euros est une banque publique contrôlée par la Banque centrale d'Espagne. Avec un capital de 3 milliards d'euros, Lagun Aro fournit aux socios de MCC une couverture maladie et une assurance retraite[3].

Le groupe industriel comprend 352 entreprises. La plus importante est Fagor, dans le domaine de l'électroménager qui distribue les marques Fagor, Brandt, Edesa, Vedette, Sauter, De Dietrich. C'est le premier distributeur en France et en Espagne et le cinquième en Europe. Dans le secteur automobile, Irizar fabrique des carrosseries d'autocar de luxe. De 1984 à 2004, les ventes du groupe industriel sont passées de 500 millions d'euros à 4,7 milliards[3].

Les activités corporatives sont à la base de la création du système coopératif de Mondragón. Parmi elles, l'Université de Mondragón, bien cotée en Espagne compte plus de 5000 étudiants. Dix centres de R&D sont aussi intégrés au groupe. Le pôle Garaïa est une technopole qui regroupe l'université, des entreprises et des centres de R&D[3].


Débats autour de MCC

Une réussite exemplaire
Plus grande coopérative ouvrière au monde, ayant prouvé sa capacité à résister au temps sur une durée d'au moins cinquante ans, MCC représente pour ceux qui s'intéressent à l'économie sociale et au mouvement coopératif une entreprise exemplaire et au moins jusque dans les années 1980, typique de ce que peut être une coopérative qui se développe en maintenant des exigences éthiques[7]. On admire la réussite d'une entreprise qui pratique la démocratie comme dans une cité grecque[8], l'indépendance vis-à-vis de la bourse, l'implication dans le développement local, notamment à travers l'énorme investissement sur la formation, la limitation de l'écart des revenus et enfin la mise au service du capital au service de l'entreprise plutôt que l'inverse[7] [6].


La précarité des travailleurs non associés
Depuis son évolution récente, elle est pour partie une entreprise coopérative, et pour partie une entreprise en compétition sur le marché international: Sur les soixante-dix mille postes dénombrés en 2005, seule la moitié est constituée de travailleurs-associés, les fameux 'socios', et ceux-ci se trouvent au Pays Basque[3]. Comme le remarque Joel Martine, si les socios bénéficient d'un emploi à vie, les coopératives ont aussi leurs emplois précaires, les eventuales, travailleurs à contrat déterminée qui sont un peu des salariés de seconde zone, non citoyens dans les coopératives[7]. Ce que ne dément pas Fernando Gomez-Acedo, président du conseil de surveillance de Fagor-Brandt à qui on demande « Ce sont probablement les non-coopérateurs qui ont le plus de soucis à se faire en cas de restructuration » et qui répond: « Effectivement, la loi nous autorise à recruter 25% des salariés qui ne sont pas des associés; quand il n'y a plus de travail, ils sont les premiers à partir... » [3]..

En 2006, après l'acquisition de Brandt, la direction de Fagor-Brandt a annoncé la suppression de 360 emplois en France, certains syndicalistes de Brandt sont allés distribuer un tract à Mondragón pour s'adresser aux 'socios' qui étaient par ailleurs leurs actionnaires. Le nombre de suppression d'emploi a été ramené à 100, mais les problèmes classiques inhérents à la mondialisation du groupe sont devenus récurrents. Fagor devait s'approprier Brandt pour gagner des parts de marché et des avances technologiques, mais dans la division du travail qui s'instaure entre Mondragón, la Pologne, la France et le Maroc, les salaires français sont une charge plus lourdes que les salaires polonais ou marocains. Sur ce point, les coopérateurs de MCC appliquent aux filiales étrangères le principe qu'ils refusent pour eux-même, à savoir, la loi dictée par des actionnaires extérieurs[7].


L'inspiration idéologique de MCC
L'article 5 des statuts d'ULGOR, fondé en 1956 spécifiait que « Les associés de la coopérative proclament la nécessité que les uns et les autres acceptent les limites et les sacrifices qu'exige le travail en équipe en considérant son acceptation comme testament de solidarité chrétienne en vue d'un bien commun ». Pour Jacques Prades, Mondragón est issu du mouvement social catholique, en réaction à la pression franquiste[1]. Arizmendiarrieta était marqué, comme le personnaliste français Emmanuel Mounier par la même référence centrale au travail, le même refus du libéralisme et du collectivisme et la même confiance dans la construction pragmatique d'une expérience. La compression de l'éventail des salaires, longtemps resté de un à trois est l'une des manifestations de cet héritage[6]..


L'avenir de MCC [modifier]
Personne ne semble nier que des changements fondamentaux sont intervenus entre les années 1950 et le début du XXIe siècle. Jacques Prades, spécialiste de l'économie sociale qui s'est particulièrement intéressé à MCC l'exprime ainsi: « Don José Maria Arizmendiarrieta croyait à la possibilité d'un autre monde. Les dirigeants actuels semblent plutôt se considérer comme les derniers Gaulois qui résistent à l'envahisseur et ils se demandent s'ils pourront continuer longtemps»[6].

L'exportation du modèle basque dans les filiales étrangères rachetées par des entreprises du groupe MCC est une tentative qui semble avoir toujours échoué si tant est qu'elle ait été tenté. « Nous voudrions , bien sûr, développer le coopératisme dans les entreprises que nous achetons à l'étranger, mais cela ne va pas de soi. En Pologne, par exemple, les coopératives ont une très mauvaise image et sont même synonymes d'échec » déclare Fernando Gomez-Alcedo[9]. Des négociations auraient eu lieu au début des années 2000 entre Moulinex et MCC, mais les syndicats français ont opposé un refus catégorique à l'option coopérative du fait que dans les coopératives de Mondragón, il n'y a pas de syndicat puisque la défense des travailleurs-associés se fait par le biais de la démocratie interne[1].

L'écart initial des salaires qui été initialement de un à trois a été élargi, officiellement de un à six, mais on peut observer des écarts de un à douze dans certaines entreprises, ce qui n'empêche qu'au Pays Basque, les salaires des ouvriers de MCC sont supérieurs de 15% à la moyenne locale alors que les salaires des cadres sont inférieurs de 30% à ceux du secteur privé[7]. .


Bibliographie et films [modifier]
Jacques Prades, L’énigme de Mondragon. Comprendre le sens de l’expérience, revue RECMA, n°296, 2005. en ligne.
(en) William Foote Whyte, Kathling King Whyte, Making Mondragon: The Growth and Dynamics of the Worker Cooperative Complex, New-York, ILR Press, 1988 (ISBN 0875461379 )
(en) Roy Morrison, We Build the Road as We Travel: Mondragon, A Cooperative Social System, Philadelphie (USA), New Society Publishers, 1991 (ISBN 0865711720)
(en) J. Ormachea, The Mondragon Cooperative Experience, 1993
(en) K. Bradely & A. Gelb, Cooperation at Work : The Mondragon Experience, 1983
(en) G. Cheney, Values at Work : Employees participation meets market pressure at Mondragon, 1999
(en) C. Logan & H. Thomas, Mondragon: An economic analysis, 1982
(en) Jarrin Kasmir, The Myth of Mondragon : Cooperatives, Politics, and Working-Class Life in a Basque Town, State University of New York Press, 1996
(en) G. MacLeod, From Mondragon to America: Experiments in Community Economic Development, University College of Cape Breton Press, 1997 (ISBN 0-920336-53-1)
(es) Jabier Lertxundi, La Tecnocracia en MCC, el Opus Dei y el PNV, éd. Basandere Argitaletxea, 2002.

Travaux en cours en 2008

Lontzi Amado-Borthayre, La construction de la revendication syndicale dans une entreprise coopérative (titre provisoire, 2007), [pdf] en ligne.
Joel Martine, Mondragon, des coopératives ouvrières dans la mondialisation, Adaptation ou contre-offensive ?, projet d'article pour livre du CETIM en ligne, rtf

Films

Anne ARGOUSE, Hugues PEYRET, Les Fagor et les Brandt, 2007, DVD disponible chez antoinemartinprod.com
alcibiade
 

anarchisme et charlatannerie !

Messagede joe dalton » 30 Juil 2009, 14:11

On peut même trouver des relents anarchistes et mutuellistes chez les animaux ! Il y a des fourmis qui pratiquent le mutuellisme et le communiste, et des milliers d'animaux et de plantes pratiquent la solidarité au quotidien ou en fonction des saisons . l'Entraide de Kropotkine et le dernier bouquin de Jean Marie Pelt sur les plantes en parlent .
Bref nous n'avons rien inventé et l'anarchisme d'Attila :evil: est une folie anarchiste guérrière et impérialiste au bénéfice d'une race , comme quoi il n'y a pas forcément besoin d'un Etat pour être dictatoriale.
Je n'ai rien contre les philosophes mais beaucoup de choses existent par elle même : ex nihilo . Le soleil brille a't'il fait des études sur la lumière et la physique nucléaire ? Les plantes ont elles fait des études de botaniques et de chimie ?
Les fourmis communistes (ou esclavagistes) sont plus fortes qu'une mygale et une mante religieuse individualiste . Ce n'est malheureusement pas le cas du prolétariat :gratte: qui se laisse esclavagiser ; ben que font les partisans propagandistes de la lutte des classes et tout leurs bouquins et sectes révolutionnaires .??????????:langue:

tres interressant, mais j'aimerais savoir si les fourmis sont pour le mandat revocable ?
par contre on m'avait dit qu'attila etait plus conseilliste !
en tout cas j'apprend beaucoup de chose en lisant ce topic !
Les Extra-Terrestres sont ils anarchistes ?

Dans l'espace intergalactique comme chez nous sur Terre il y a des personnes evoluées d'autres non .
Les non évolués sont comme nous, ils passent leur temps à se faire la guerre, à détruire leur planète , leur eau, leur air, leur atmosphère, leur santé, leur économie et leur futur . Ils ont des esclaves qui se révoltent de temps en temps . Et des dictatures qui controlent les faits et gestes de chacune et de chacun.
Dans l'espace comme sur Terre il y a 2 types d'évolutions l'une psychique (magie,sorcellerie, chamanisme) l'autre technologique (machines, clônes, carte à puces intégrée dans le corps humain, androïde, robots à tout faire ) . Ces 2 évolutions peuvent oeuvrer soit au Bien commun soit à l'anéantissement de l'humanité en question .

oui, il faudrait plus s'inspirer des ET, y a plein de leçons a tirer de leurs société autogeré !
d'ailleurs tu n'aurait pas un lien ou on pourait trouver les meilleurs texte de flash gordon et dark vador ?
joe dalton
 

Re: anarchisme et traditions

Messagede alcibiade » 03 Aoû 2009, 17:38

Salut Dalton fais tu exprés d'être idiot en permanence ou est ce naturel chez toi ??

Edit Lepauvre (admin): Merci de ne pas insulter, mais d'essayer d'argumenter.

A Joe: Merci de ne pas y repondre ici de manière insultant.
alcibiade
 

Re: anarchisme et traditions

Messagede alcibiade » 07 Aoû 2009, 13:27

Salut, Dalton est comme beaucoup de personnes qui ne comprenant pas une chose la dénigre afin de mieux mettre en valeur leur ignorance ou leur manque de pertinence .

Dalton pourquoi serions nous les seuls dans l'univers ??? et Pourquoi certains ET ne pourraient pas être plus évolués que nous ????

Si tu trouves ces questions débiles c'est ton droit comme cela était le droit de l'Eglise catholique au 16°siècle de considèrer la Terre comme le centre de l'univers et de vouloir dénigrer et bruler toutes les personnes qui n'étaient pas d'accord avec elle .

Salutations anarchistes
alcibiade
 

Re: anarchisme et traditions

Messagede joe dalton » 07 Aoû 2009, 13:30

alcibiade a écrit:Dalton pourquoi serions nous les seuls dans l'univers ??? et Pourquoi certains ET ne pourraient pas être plus évolués que nous ????

oui, mais pourquoi seraient ils anarchistes ?
joe dalton
 

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