de conan » 27 Mai 2009, 23:47
C'est surtout que la télé, ça ne permet aucune participation, aucune implication du spectateur. Le débat direct et réel avec les gens, dans une atmosphère de respect des personnes et dans le souci que chacun puisse s'exprimer afin de construire sa propre pensée, vaut (à long terme) mieux que mille débats-spectacles, pour favoriser la prise de parole et donc de conscience, et aider les gens un peu endormis à devenir acteurs de leurs propres vies tout en écoutant les autres et en apprenant d'eux.
Après, on pourrait me rétorquer que le livre c'est pareil que la télé, qu'on ne peut pas vraiment dialoguer avec. Et bien je répondrais que le livre, parce qu'on peut l'înterrompre n'importe quand, prendre le temps de mûrir ses réflexions, de relire des passages, de le jauger à l'aune de ses expérience vécues en parallèle, et d'en discuter avec d'autres, permet davantage le temps du dépassement critique, dont la pratique permet la connaissance réelle, celui de la désaliénation pratique.
Personnellement, j'ai l'impression d'avoir vachement dialogué avec des auteurs "poil à gratter", comme Nietzsche, Sade ou Nagarjuna, parce qu'ils remettaient en question mes certitudes, au point de me faire poser des questions qui à terme m'amenaient à des découvertes/intuitions me permettant de critiquer ces auteurs. Je leur en suis très reconnaissant et les salue, même s'ils sont morts il y a bien longtemps !
Si on découvre en revanche un livre passionnant, mais qu'on se met à le vénérer comme un dogme indépassable (Bible ou Capital d'ailleurs), on ne débat plus avec lui, on le subit ; on arrête sa propre réflexion, on stagne, on dogmatise, on se ferme et on devient très con.
C'est ce que j'aime chez beaucoup d'anars et apprécie sur ce forum : des gens qui sont à la fois capables de rester respectueux et polis, tout en demeurant toujours capables de désaccord, non pour descendre l'autre, mais pour au contraire construire ensemble.
C'est l'invitation à dialoguer, à ne jamais s'enfermer. C'est le postulat du rejet de la transcendance (et son cortège d'idéalisme/matérialisme dialectique), qui permet à la pensée de devenir vivante et incarnée.