La « société anar », une Suisse qui mangerait vegan ? Au secours, fuyons !
Le comité organisateur des Rencontres de Saint-Imier avait donné son accord pour que les cantines vegan soient seules à y fournir de la nourriture – hormis un « coin snack » comprenant un barbecue et une plaque pour faire des crêpes. Mais ce quasi-monopole des vegan n’a pas suffi à certain-e-s qui ont vu là un enjeu dans un « combat » liant la « libération animale » et celle des femmes ! Trois soirs de suite, le barbecue a reçu de la merde, des mégots puis de l’eau. Le dernier soir, un groupe de personnes ont fait la chaîne autour de ce lieu « maudit » pour empêcher toute approche en criant : « Non-violence ! », en accusant les « viandards » d’être criminels ou fascistes, ou en affirmant que les « vrais » anars ne mangent pas de viande… Ce qui pouvait jusqu’ici sembler un phénomène marginal ne valant pas la peine d’être combattu est ainsi apparu comme porteur d’une volonté hégémonique. Les habituels arguments sur la facilité, avec la cuisine des vegan, de faire de la nourriture pour tou-te-s, sur leur prise en charge de l’alimentation qui ôterait aux autres une tâche lourde… ont été dévoilés pour laisser apparaître le désir d’imposer une idéologie à la fois par la force physique et par un discours à visée culpabilisante.
Cela n’est que le reflet d’un puritanisme qui s’exprime de plus en plus clairement en prônant un « politiquement correct » vestimentaire et langagier, dans le courant « style de vie » anar. Bien entendu, la plupart des personnes présentes à Saint-Imier n’ont pas osé réagir à cette offensive basée sur la culpabilité : celle de manger de la viande –comme celle de boire de l’alcool, d’être homme et Homme, d’être blanc, d’être du Nord, d’être hétéro ou simplement homo… et le barbecue n’a pas été défendu.
Pourtant, il n’est pas difficile de pointer que ses attaquant-e-s « petits Blancs » européens et citadins ont du mal à regarder le monde autrement qu’à travers leur propre culture et méconnaissent tant la nature que les luttes sociales. Ils-elles se sont apparemment revendiqué-e-s de l’Animal Liberation Front – à savoir notamment Walter Bond, lequel est ProLife entre autres choses –, et l’épisode suisse donne un petit aperçu des dérives dans lesquelles le veganisme peut tomber, sans parler d’un ethnocentrisme, voire d’un racisme, conduisant à condamner des peuples qui mangent de la viande depuis des millénaires et survivent grâce à cela tout en respectant la nature, comme les Inuits.
Le militantisme vegan est centré sur l’exploitation des animaux et leur attitude fait partie d’une scène, d’un mode de vie alternatif. Ils et elles ont été « agressé-e-s par l’odeur des saucisses », nous a-t-on dit dans leur chaîne anti-barbecue ce soir-là. Et aussi : « Tolérer qu’il y ait des lieux où on bouffe de la viande, c’est comme tolérer qu’il y ait un lieu où on puisse battre les femmes. » Ou encore : « Je ne suis pas vegan, mais je me solidarise avec parce que ce sont des victimes – comme les femmes ! » Bref, les femmes qui, au Moyen Age, étaient jugées inférieures aux hommes sur l’argument qu’elles n’étaient pas pourvues d’âme, ce qui faisait d’elles des animaux, voient les hommes les rejoindre dans le monde animal – maigre consolation.
Pïérô a écrit: Sauf que parler de végétarisme et échanger des recettes végétariennes, et rentrer dans le prosélytisme et les groupe végans et/ou antispécistes, c'est pas tout à fair pareil, et il semble que le cours de ce topic en prenne le chemin. Et voir apparaitre le vert et noir me dérange plus que beaucoup. Donc il faudrait savoir l'objectif de ce topic, car si c'est ce qui est avancé en premier lieu se tranfsforme en prosélytisme pour des courants douteux, il est clair que le débat et la contradiction sera menée.
Nine a écrit:Bref : je n'ai toujours pas de réponse à la question précise que j'ai posée relative au "fameux" courant " anarcho-viandard-e-s..." !
viewtopic.php?f=14&p=80966#p80836
( tant pis : beaucoup de questions demeurent sans réponses... )
Pïérô a écrit:On risque d'y revenir si tu tournes en rond pour en remettre une couche, parce que pour rappel ce n'était pas comme cela que ce topic était annoncé. Il y a donc bien tromperie sur la marchandise, et volonté de prosélytisme pour des courants bien éloignés de l'anarchisme social, et que du coup je verrais bien continuer ce topic en corbeille.
MélusineCiredutemps a écrit:altersocial a écrit: On met humains et animaux sur le même plan avec toutes les dérives possibles ?
Les humainEs sont des animaux. Oui, nous sommes des primates comme les tarsiers. Oui, nous sommes des mammifères, comme les vaches... C'est un fait scientifique qui n'a pas besoin d'être démontré. Défendre l'idée contraire relève du créationnisme. Il n'est pas rationnel de considérer que d'un côté il y aurait l'espèce humaine et en face (voir en dessous...) tous les autres animaux sans aucune distinction entre eux, de même et pour les mêmes raisons qu'il n'est pas rationnel de ne pas reconnaître qu'il y a une différence fondamentale entre une huitre et un chat. Oui, tous les mammifères et certains non mammifères ont un cerveaux assez complexe (9 cerveaux dans le cas des pieuvres) pour que leur vie psychique dépasse la simple perception sensorielle (ce qui est déjà suffisant pour parler de souffrance et ne pas justifier que cette dernière soit infligée sous des prétextes fallacieux). Oui, un cochon peut éprouver de la détresse ou de la joie, oui les rats sont capable d'empathie, oui les vaches aiment tendrement leurs veaux...
Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde - Fabrice Nicolino - éd. Les Liens qui Libèrent - 19,95€ - 385p.
Une enquête façon thriller de Fabrice Nicolino sur les conséquences écologiques de la consommation mondialisée de viande
Quand vous aurez lu « Bidoche », vous ne mangerez plus de viande comme avant. Malgré le sous-titre « L’industrie de la viande menace le monde » et la dédicace « à tous les animaux morts sans avoir vécu », il ne faut pas voir en Fabrice Nicolino, journaliste spécialisé depuis plus de vingt ans dans les questions d’écologie, un végétarien, un « terroriste » du bien-être animal... Cet homme-là prétend savoir « ce que manger veut dire » et garde la nostalgie du roast-beef du dimanche midi de son enfance.
Simplement, sa longue enquête, faite de compilation d’études notamment américaines, d’enquêtes sur le terrain, notamment en Amérique latine, et de rencontres avec des acteurs de terrain, lobbyistes patentés et éleveurs, lui a ouvert les yeux :
« Derrière une côte de bœuf, j’ai fini par voir un bœuf »
Son livre, rédigé parfois à la façon d’un thriller, rentre dans les histoires des grandes firmes qui mondialisent le marché, des généticiens qui sélectionnent les espèces, et décrypte nos propres délires, comme cette émission télévisée intitulée « Sauver le bœuf » datée de 1970 archivée sur le site de l’Ina.
Le problème a beau ne pas dater d’hier, il s’aggrave. Car quand les Chinois voudront manger autant de viande que nous, où trouverons-nous les terres pour nourrir tous ces animaux qu’in fine nous mangerons ? Comme l’explique Fabrice Nicolino :
« Pour fabriquer une protéine animale il faut six à sept protéines d’origine végétale, car le rendement énergétique d’un animal est très faible. S’il faut toujours plus de céréales pour nourrir les animaux, ce sera au détriment des humains alors qu’un milliard de personnes ne se nourrissent déjà pas à leur faim. »
On ignore trop que l’industrialisation de la chaine alimentaire, au nom de l’eugénisme, fait disparaître des races entières d’animaux, mais surtout détruit les forêts. Ainsi pour le soja. L’auteur nous livre cette donnée saisissante : pour satisfaire la consommation en viande de chaque Français, il faut 659 mètres carrés de soja, généralement en Amérique latine.
Son livre est truffé de chiffres tous aussi effrayants que réels :
99,5% de la viande consommée en France provient de systèmes industriels
Un Français mange en moyenne 92 kilos de viande par an
Plus d’un milliard d’animaux domestiques sont tués en France chaque année
Des élevages américains peuvent compter 150 000 volailles, des porcheries de 5 000 à 10 000 têtes
18% des gaz à effet de serre d’origine anthropique dans le monde sont dus à l’élevage
Face à cette destruction déjà avancée de la planète, que faire si ce n’est arrêter de consommer des poulets hors sol et du porc breton tout en se berçant de l’illusion que nous sommes un pays qui aime ses paysans, une fois par an lors de la grand messe du salon de la porte de Versailles ? Voici ce que l’auteur suggère :
Ainsi, nous n’aurions donc rien appris de la maladie de la vache folle, du veau aux hormones, et de tous les scandales comme les algues vertes dues à l’épandage de lisier en Bretagne... Apparemment non !
Fabrice Nicolino défend l’idée que la pandémie de grippe A, appelée « porcine » jusqu’à ce que les éleveurs ne crient au loup, est une résultante directe de ce système industriel.
POURQUOI J’AI VOULU CE LIVRE
Je suis né pour ma part dans le sous-prolétariat urbain de la banlieue parisienne. Ce n’est pas un lieu rieur. Ce ne fut pas un temps calme. Il m’arriva plus d’une fois de rêver meilleur destin. Mais qui choisit ? Il reste que, dans les meilleures années de cette époque engloutie à jamais, ma mère préparait le dimanche midi un roast-beef, un rosbif farci à l’ail qui déclenchait chez nous tous, les enfants de cette pauvre nichée, une émeute de papilles.
Un repas peut-il rendre heureux ? Oui. Un morceau de viande peut-il faire croire, le temps d’une tablée familiale, que tout va bien, que tout va mieux ? Oui. J’ai mangé beaucoup de viande. J’ai pris un grand plaisir à mastiquer, à partager avec les miens ce qui était davantage qu’un mets. Je suis mieux placé que d’autres pour comprendre que manger de la viande est un acte social majeur. Un comportement. Une manière de se situer par rapport au passé maudit de l’humanité, et de défier le sort promis par l’avenir.
Je crois savoir ce que manger veut dire. Mais je dois ajouter que, chemin faisant, j’ai changé d’avis et de goût. Modifier ses habitudes est l’une des vraies grandes libertés qui nous sont laissées. Je l’ai fait. Derrière la viande, peu à peu, les morceaux, hauts et bas, se sont reformés, comme dans les dessins animés de mon enfance, qui ignorent tout de la logique triviale de la vie ordinaire.
Derrière une côte de bœuf, j’ai fini par voir un bœuf. Derrière un gigot, un agneau. Derrière un jambon, un cochon. On peut parler d’un choc, immense et lent. L’histoire que je vais vous raconter n’est pas simple, et j’en suis le premier désolé. Elle peut d’autant plus paraître compliquée qu’elle l’est en réalité. Mais ce n’était pas une raison pour faire un livre pesant. Celui-ci ne devrait pas l’être. On y verra beaucoup d’hommes en action, prenant en notre nom des décisions plus ou moins réfléchies. Avec des conséquences majeures que la plupart ignorent.
Cela explique les tours, détours, ruses et contorsions d’une affaire profonde, qui nous concerne tous. Ce livre sur la viande commande du temps, et de la réflexion. Peut-être est-ce une mauvaise idée de le signaler d’entrée, à l’heure d’Internet et du zapping tous azimuts. Mais c’est ainsi. Au moins ne serez-vous pas trompé sur la marchandise. Il reste que cet ouvrage peut aussi se lire pour ce qu’il est : une formidable aventure aux conséquences inouïes. Où rien n’était inévitable. Où tout aurait dû être pesé. Ou tout aurait pu être contrebalancé. Une histoire pleine de bruit et de fureur, emplie jusqu’à déborder de qualités qui sont souvent de pénibles défauts. Laissez-vous porter par cette vague venue des temps les plus anciens, et posez-vous les bonnes questions, qui vous rendront fiers d’être des humains dignes du mot.
Comment des animaux aussi sacrés que le taureau Hap de la plus haute Antiquité sont-ils devenus des morceaux, des choses, des marchandises ? Pourquoi des techniciens inventent-ils chaque jour, en notre nom, de nouvelles méthodes pour « fabriquer » de la « matière » à partir d’êtres vivants et sensibles ? Pourquoi leurs laboratoires sont-il aussi anonymes que secrets ? Pourquoi l’industrie de la bidoche est-elle dotée d’une puissance qui cloue le bec de ses rares critiques ? À la suite de quelle rupture mentale a-t-on accepté la barbarie de l’élevage industriel ? Pour quelle raison folle laisse-t-on la consommation effrénée de ce produit plein d’antibiotiques et d’hormones menacer la santé humaine, détruire les forêts tropicales, aggraver dans des proportions étonnantes la si grave crise climatique en cours ?
Qui est responsable ? Et y a-t-il des coupables ? La réponse n’a rien d’évident, mais elle existe, dans les deux cas. Ce livre vous convie à une plongée dont vous ne sortirez pas indemne. À la condition de le lire pour de vrai, vous ferez ensuite partie d’une tribu en expansion, mais qui demeure on ne peut plus minoritaire. La tribu de ceux qui savent. Et peut-être même rejoindrez-vous celle qui ne veut plus. A-t-on le droit de se révolter ? On en a en tout cas le devoir.
Je mange encore de la viande. De moins en moins, et désormais si peu que j’entrevois le moment où je cesserai peut-être de le faire. Je ne suis pas un exemple. Je suis exactement comme vous. J’espère en tout cas que nous nous ressemblons assez pour que le dialogue commence. Mais avant cela, il fallait vous faire découvrir le tumulte des relations que nous entretenons avec notre sainte bidoche. Si ce livre devait servir à quelque chose, il me plairait qu’il permette à ses lecteurs de se demander ce qu’ils mangent. Et pourquoi. Et comment.
courant alternatif a écrit:Pourtant, il n’est pas difficile de pointer que ses attaquant-e-s « petits Blancs » européens et citadins ont du mal à regarder le monde autrement qu’à travers leur propre culture et méconnaissent tant la nature que les luttes sociales. Ils-elles se sont apparemment revendiqué-e-s de l’Animal Liberation Front – à savoir notamment Walter Bond, lequel est ProLife entre autres choses –, et l’épisode suisse donne un petit aperçu des dérives dans lesquelles le veganisme peut tomber, sans parler d’un ethnocentrisme, voire d’un racisme, conduisant à condamner des peuples qui mangent de la viande depuis des millénaires et survivent grâce à cela tout en respectant la nature, comme les Inuits.
Ceci dit je n'ai toujours pas de réponse pour le livre que je citais sans doute personne ne l'a lu
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