Le sujet du jour

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Messagede digger » 19 Juin 2012, 06:38

Au bac philo cette année, le sujet :
"Serions-nous plus libres sans l'Etat ?"
Vous avez 3 heures.
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Re: Le sujet du jour

Messagede atheus » 19 Juin 2012, 10:11

digger a écrit:Au bac philo cette année, le sujet :
"Serions-nous plus libres sans l'Etat ?"
Vous avez 3 heures.


pas besoin de 3h, la réponse est oui. franchement y a une époque où j'aurais osé rendre ma copie juste avec ça dessus
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Re: Le sujet du jour

Messagede digger » 19 Juin 2012, 13:41

Mouifff...
Si je voulais faire court, comme toi, je dirais "oui, dans une société anarchiste" . Parce qu'il existe des coins du monde où l'état a disparu, comme la Somalie, et où la liberté ne saute pas aux yeux.
La disparition de l'état ne suffit pas pour agrandir la notion de liberté.
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Re: Le sujet du jour

Messagede ANARCHYNOW » 19 Juin 2012, 17:20

j'aurais du mieux travaillé cette année de 3eme
j'aurais aimer allez en lycée general juste pour la philo en term :?
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Re: Le sujet du jour

Messagede digger » 19 Juin 2012, 17:45

La philo au lycée peut être carrément chiante, si ça peut te consoler. Tout dépend du/de la prof.
Moi, cela m'a appris qu'une idée/un concept c'était comme un pièce mécanique et pas du tout quelque chose d'abstrait, opposé au "matériel" ou au "pratique". Une même pièce peut se placer à différents endroits, cela dépend de ce qu'on veut faire au final. Et un concept/idée n'a pas de place déterminée par rapport à ce qui se fait ou pas, ce qui est "bien" ou ce qui est "mal" (adjectifs qui sont eux-mêmes des concepts discutables)
Chaque pièce se tient dans un ensemble cohérent. Un prétendu "philosophe" comme BHL n'a rien construit de tel et aborde des sujets décousus choisis sans doute pour leurs chances de faire parler d'eux ou de bien se vendre.
La philo, comme l'histoire, est manipulable, et elle doit être regardée avec attention. Beaucoup de concepts sont déformés et elle est l'ennemie du "no alternative". Le capitalisme, et tout autre régime totalitaire, devrait interdire la philo. Elle apprend à réfléchir.
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[BAC S 2012 : Philo] Serions-nous plus libres sans l’Etat ?

Messagede sebiseb » 19 Juin 2012, 21:50

Une correction proposée par le site lewebpedagogique.com... Et on ne rigole pas !
$apt-get install anarchy-in-the-world
$world restart
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Re: Le sujet du jour

Messagede Picohertz » 22 Juin 2012, 20:44

J'ai passé l'épreuve de philo ce lundi et je pense ne pas vous surprendre en ayant choisi ce sujet.

Donc premièrement un grand merci car, même si je ne participe pas souvent, j'ai beaucoup lu sur ce forum et ça m'a vraiment aidé à faire murir ma réflexion sur le sujet même si ce n'est pas toujours en faveurs de vos théories.

En revanche j'ai une mauvaise surprise pour vous car j'ai répondu non … ne partez pas ! Le sujet disait «sans l'État» donc pour moi supposait une suppression pure et simple de l'État (je garde la majuscule du sujet) sans les alternatives nécessaires à son remplacement du coup j'avais le choix entre détailler le modèle d'une société anarchiste mais du coup m'éloigner du sujet ou admettre que simplement supprimer l'État du jour au lendemain serait une catastrophe et ensuite ouvrir au moment de la conclusion : donc grosso modo nous serions moins libres sans l'État mais plus libres avec autre chose que l'État à la place de l'État … (ça fait beaucoup de fois «État» pour une seule phrase)

Voici en gros l'argumentation que j'ai suivi :

Sujet a écrit:Serions nous plus libres sans l'État ?

  • Définition de la liberté : se diriger vers un bien par le fait de notre volonté propre ;
  • Définition de l'État : ensemble des institutions dont se dote une société pour lui définir des règles et lui donner une direction (donc légiférer et diriger) ;
  • Fonctions essentielles de l'État (c'est à dire qui sont, par nature, commune à toutes les formes d'État) : rendre justice (pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire), éduquer la population, défendre la population ;
  • Fonctions accidentelles de l'État (càd qui varie d'un État à un autre) : potentiellement infinies (ex: les régimes totalitaires où l'État assume toutes les fonctions), les plus fréquentes sont économie, agriculture et production, santé, etc.
  • En théorie, l'attribution de ces fonctions accidentelles à l'État est légitimité par le fait que cela lui permet de mener à bien ses trois missions primordiales (en contrôlant la santé, l'État peut mettre en place la sécurité sociale donc rendre une forme de justice) ;
  • En pratique, elles permettent à l'État d'outrepasser sa mission en contrôlant les esprits, les marchés, l'argent et les pouvoirs en général donc l'État n'est pas mauvais par nature mais il a une forte propension à la dérive donc la question est de savoir si on peut s'en passer ;
  • Pour les fonctions accidentelles il est évident que l'on peut s'en passer donc pas la peine d'argumenter ;
  • Pour rendre justice on peut s'en passer car tous le monde a un sentiment plus ou moins précis de ce qu'est la justice et les sociétés de traditions orales ne sont pas moins justes que les autres donc on peut se passer de loi écrite et de magistrats, par ailleurs exercer la justice à la place des gens constitue une privation parce qu'on fait se diriger la société vers un bien (la justice) mais pas par le fait de sa propre volonté, donc on lui ôte une liberté qu'elle aurait pût exercer autrement ;
  • Pour défendre deux cas de figure : si personnes n'a d'État alors le rapport de force est le même d'individu à individu que d'État à État donc ça ne change rien. Si une société décide isolément de se passer d'État, donc d'armée, elle sera vulnérable ;
  • Enfin pour éduquer, c'est à cause de cet unique point que j'ai répondu non à la question posé : si on se passe d'État on se passe d'une éducation nationale, au profit de l'éducation populaire ce qui est une bonne chose cependant s'il n'y a rien pour remplacer l'État alors c'est la porte ouverte aux groupes néo-nazis et aux sectes en général qui pourront contrôler une jeunesse mal avertie, dès le berceau ;
  • Conclusion : Les néo-nazis et les sectes constituent une privation de liberté plus importante que l'exercice de la justice par des magistrats donc supprimer l'État tel quel nous rendrait moins libres. En revanche l'État doit être minimaliste puisqu'on a pas besoin des fonctions accidentelles. ;
  • Ouverture : L'État n'étant pas mauvais en soi, le mal qui le ronge de façon quasi-systématique est la hiérarchie, qui elle seule conduit à la séparation de la société en castes/classes/compartiments et par suite aux dérives de l'État évoquées plus haut. Donc nous ne serions pas plus libres sans État (à moins d'avoir autre chose à la place) en revanche nous serions plus libres sans hiérarchie.

Voilà, j'attends vos réponses enflammées avec impatience :^^:

Edit à propos de ce qui a été dit avant :
-l'épreuve a beau être de quatre heures j'ai eu le sentiment de trouver le temps long car structurer la pensée et rédiger prends potentiellement autant de temps qu'on veut, après c'est sur qu'il y a toujours une manière de répondre en une phrase à toute question.
-A propos du corrigé, je l'avais vu aussi sur un autre site, ce corrigé me hérisse toujours autant le poil, rien que la première phrase «L’État, c’est une puissance politique institutionnalisée, séparée de la société civile» qui en plus d'être mal construite est fausse puisque «société civile» ne veut rien dire donc en supposant que l'auteur désigne par là la part de la population ne possédant pas de pouvoir politique (et ce faisant répète une idiotie ultra répandue) il est complètement stupide de dire que l'État est séparé de la population puisque l'État c'est AUSSI tout l'appareil administratif, tous les fonctionnaires, l'éducation nationale, etc. donc dire que nous sommes séparés de l'État est la phrase la plus absurde que j'ai jamais entendue et même si c'était le cas ce ne serait pas vrai «par définition» mais par accident.
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Re: Le sujet du jour

Messagede digger » 23 Juin 2012, 06:31

Tu t"es pas mal débrouillé je pense. Pas sur un plan anarchiste mais sur un plan raisonnement. Mais un exam, c’est fait pour l’avoir et pas pour faire de la propagande. Pour cela, il y a d’autres lieux.

La problématique telle que posée par le corrigé est d’une platitude sans nom, reprenant tous les lieux communs d’une philosophie de bistrot du commerce, l’anarchie est écartée a priori comme un "rêve" dont le réalisme est mis en cause sans argumentation et dont la pensée est caricaturée comme "la liberté se devrait d’être illimitée"

La disparition de l’Etat est une pensée centrale, incontournable, de l’anarchisme. Mais elle ne peut être abordée qu’à travers la globalité de l’organisation politique, sociale et économique proposée par la pensée anarchiste. Dire"supprimons l’Etat et tous les problèmes seront réglés" est à mon avis une conception réductrice et fausse.
Il va de soi que le sujet n’était pas abordable sous cet angle.

Il y a quelques points discutables dans ton raisonnement (au-delà de fait que je suis en désaccord sur ta position que "supprimer l’Etat nous rendrait moins libre")

Code: Tout sélectionner
si il n'y a rien pour remplacer l'État alors c'est la porte ouverte aux groupes néo-nazis

Les nazis ont pris le pouvoir en Allemagne en se servant des institutions étatiques. L’Etat n’est donc pas une garantie contre l’arrivée au pouvoir des totalitarismes. Au contraire, c’est un outil pour eux.

Kropotkine :
“.. La notion d’Etat inclut l’ existence d’un pouvoir situé au-dessus de la société"

La séparation n’est pas entre "population" mais entre "société" et "état". Pour reprendre l’exemple ci-dessus, l’Etat nazi a fonctionné avec l’aide d’une grande majorité de la population et de l’appareil administratif.

La société (du latin socius : compagnon, associé)  [ensemble des modèles d'organisation et d'interrelation, des individus et des groupes, des associations, des organisations et des institutions qui concourent à la satisfaction concertée des besoins de la collectivité] n’est pas l’état, qui n’est qu’une forme d’organisation possible (et donc dépassable)

La pensée anarchiste propose un modèle cohérent pour ce dépassement. Mais le sujet et le contexte ne permettait bien sûr pas de l’aborder sous cet angle. C’est pourquoi tu ne t’es pas mal débrouillé.

Dis-nous ta note.
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