Au premier jour de son nouveau procès, le terroriste vénézuélien Carlos s'est présenté comme un "révolutionnaire de profession". Un métier plein d'avenir...
Croyez-moi ou pas, mais s’afficher comme révolutionnaire de profession, au XXIème siècle, c’est formidable… Dans un monde en crise, où le chômage ne cesse d’augmenter, c’est une filière qui, finalement, continue de recruter… Bien davantage que chez les prothésistes dentaires ou les carrossiers automobiles… Ca peut se comprendre… Les études sont relativement plaisantes… Bien sûr, il faut s’enfiler Marx, Lénine, Mao ou Bakounine dans le texte… Parfois même en version originale non expurgée, commentée par Olivier Besancenot… Ca se lit pas comme le Guinness des records, je vous l’accorde… C’est même assez pénible à lire et ça a beaucoup vieilli…
Mais en contrepartie, on vous laisse tranquille sur les examens… Y a pas de diplôme de révolutionnaire à l’arrivée… Ca se juge uniquement sur le contrôle continu et sur l’aptitude aux travaux pratiques, qui sont la partie la plus excitante, à la fois des études et du métier… Il faut aimer la vie au grand air… Les marches dans la forêt équatoriale ou dans les déserts de caillasse, selon la filière qu’on a choisie… Il faut être doué dans le maniement de la kalachnikov, de la pentrite ou du lance-roquettes…
Mais surtout, le gros avantage du métier, ce sont les débouchés… C’est autre chose que de faire psycho ou socio à Nanterre… En tant que révolutionnaire, on est très demandé… L’Amérique du Sud recrute beaucoup… Les FARC, le Sentier lumineux, Tupac Amaru, l’Armée du peuple paraguayen… C’est pas mal… Y a une bonne ambiance, de la bonne musique aux bivouacs… Il faut juste penser à prendre sa crème anti-moustiques, parce que c’en est infesté, dans les forêts tropicales… Après, on recrute énormément aussi en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie… Parce qu’il y a plein de territoires à libérer, au Sahara occidental, au Kivu, au Cachemire, que sais-je encore… Donc, y a du boulot… Encore que, on a vu qu’en Tunisie, en Egypte et même en Libye, y a des types qui ont commencé à gâcher le métier de révolutionnaire, tel que l’a toujours pratiqué Carlos, en faisant la révolution spontanément, sans armes et pratiquement sans idéologie… Attention, il faudrait pas abuser non plus…
Parce que l’objectif du révolutionnaire, le vrai, c’est quand même, à terme, d’avoir sa tête sur un t-shirt, comme le Che… Ca vaut tous les diplômes, toutes les reconnaissances à l’échelle de la planète… Pour ça, c’est préférable de mourir jeune, en faisant vraiment la révolution… Chance que n’aura pas connue Carlos, finalement, obligé de s’expliquer à chaque fois de manière fumeuse dans des procès interminables, incompréhensibles, mais ruineux pour un Etat en quasi-faillite… Ce qui est au fond une autre manière d’être révolutionnaire… Mais évidemment, vous n’êtes pas obligés de me croire…