de Pïérô » 21 Aoû 2008, 12:36
Je connaissais ce texte que Guillon à repris sur son site foure-tout (où il y a pour moi du bon, comme du pas terrible, dans le site comme dans le texte d'ailleurs). C'est un texte à replacer aussi dans un contexte, celui du gauchisme de l'après 68, des années 70, "les années Mao"..., texte qui est de sensibilité "conseilliste" (ultra gauche). Il y a, outre la défense de cette orientation (qui peut être assez anti-organisationelle), des éléments intéressants pour nourrir ce questionnement autour de l'engagement politique (au sens large).
Alors on ne peut, bien entendu, que partager ce rejet d'une forme de militantisme, d'engagement comme l'on rentre en religion, dans une église, une secte, avec sa bible (comme le petit livre rouge), ses rites, ses évèques, ses gourous...C'est du "militantisme" militaire, de l'engagement de petits soldats.
En même temps ce texte est d'orientation conseilliste, une orientation qui place les conseils ouvriers au dessus de tout, avec un côté aussi mythifiant, pour moi, que ce que l'on pourrait rencontrer dans l'anarcho-syndicalisme autour du fait que le syndicalisme se suffirait en lui même. Car tout le problème réside, à mon avis, dans cette question des recettes toutes faites qui s'opposent, ou que l'on veut opposer, alors que...
Le syndicalisme propose une forme d'organisation permanente, de lutte, avec pour l'anarcho syndicalisme un objectif révolutionaire et en même temps gestionnaire du monde futur. Le conseillisme se base surtout sur des formes d'auto-organisation à la base, avec un côté plus insurectionaliste que gradualiste, et, là aussi, avec une structure "prête à l'emploi" pour gérer le monde futur. Hors, l'on sait, au moins pour les communistes libertaires, que ces formes d'organisation ne s'opposent pas, et se complètent même.
Et, au delà de ces formes d'organisation permanentes (çà peut être aussi sous forme associative : écolos, féministes...,culturelles,...) et d'auto-organisation dans les luttes, les anarchistes révolutionaires ont, en plus, pris conscience de la nécessité de s'organiser spécifiquement. Et l'on sait, au regard de la révolution russe et d'autres expériences, comment le mouvement anarchiste part perdant d'avance s'il n'est pas un minimum organisé et coordonné. Et, ils ont, depuis longtemps, mis en oeuvre, dans les manières de s'organiser politiquement, ces principes anarchistes et libertaires, qui ne brisent ni ne forcent les individus, s'appuient sur la démocratie directe, le mandatement, le contrôle et la révocabilité des délégués, l'autonomie des groupes et le fédéralisme...Il y a aussi, dans ce panel des organisations anarchistes et libertaires, des manières différentes de concecoir le positionnement politique, des manières, des façons (jusqu'au façonnement pour certains, une culture pour d'autres), plutôt sectaires (on va dire un peu pour la CNT-AIT, qui n'est pas à proprement parlé un syndicat...et je sais que je risque de m'attirer des foudres...) jusqu'à des manières très ouvertes (on va dire pour "Alternative Libertaire").
Et, dans ce cadre, de l'organisation au sens large, l'engagement devient un prolongement d'une prise de conscience individuelle, d'une volonté de devenir acteur, actrice, de peser sur sa vie, sur le monde, pour la et le changer, et de renforcer cette action individuelle dans un cadre collectif, cadre collectif dans tous les domaines de l'engagement (politique, syndical, associatif...) qui seul peut permettre d'envisager une révolution sociale. Et le collectif, plus généralement, renvoie, de toute manière, toujours à des inconvénients (certaines formes de contraintes, même librement consenties) comme à des avantages...L'important c'est de ne pas se perdre..., perdre toute capacité à la critique, esprit critique qui nous anime aussi...