Parler de tout, surtout quand on ne sait rien.

Parler de tout, surtout quand on ne sait rien.

Messagede RickRoll » 15 Jan 2010, 18:47

Nouvelle manie parmis nos people, parler de n'importe quel sujet et donner un avis définitif, même (et surtout) quand on n'y connaît rien (ou du moins pas plus que 90% de la population).
Certain-es le font poussés par des journalistes (Mme machin, vous avez fait votre nouvel album, que pensez-vous de la grippe A ?), mais d'autre n'en ont pas besoin par exemple, Bigard qui se prononce sur le 11 septembre. Hé oui quand on est habitué à se faire flatter, on a l'impression que son avis vaut de l'or.

À leur décharge, ces gens ont un métier. Ils ou elles n'ont pas forcément le temps de se documenter sur le sujet. Et puis c'est tellement sympa de s'écouter parler.
Mais une autre engeance sévit, et elle est PAYÉE pour donner son avis sur tout et n'importe quoi. J'ai nommé les essayistes et les éditorialistes. Et ces personnes n'ont pas d'excuse quand ils disent une connerie parce qu'ils ont que ça à faire de leur journée, se documenter pour écrire leurs bouses.

Prenons au hasard Pascal Bruckner, un essayiste moyen. Hé bien ce type n'a pas eu une seule idée à lui de toute sa carrière ! Il ne fait que rabâcher des poncifs libéraux et réactionnaires et lécher les bottes des puissant-es depuis 20 ans (soutien à la guerre en Irak, Oui-ouisme tous azimuths...). On ne sait pas vraiment s'il fait ça pour copier les formules qui marchent (BHL) ou parce qu'il est juste con. En tous cas son sérieux avantage sur BHL à mon avis c'est qu'on le voit pas partout.

Enfin, il a quand même ses entrées dans les "grands" journaux tels Le Figaro, ou le journal "de gauche" Libération. D'ailleurs c'est super parce que ça nous amène au cœur du sujet. Un article de Bruckner dans Libé, une vraie merde, que je vais m'empresser de démonter pour vous ce soir.

Je ne vous infligerais pas la lecture de l'article au complet, la prose Brucknérienne étant aussi excitante qu'un aspirateur en string. Je me bornerais à citer les extraits clés. Pour les masos, il est disponible ici.

La thèse de cette article c'est pour résumer "Ma bonne dame, z'avez vu il fait froid alors le réchauffement climatique existe pas !". Vous noterez le brio avec lequel je peux résumer la pensée brucknérienne en une phrase quand lui-même prend plusieurs paragraphes (mais bon il est payé au mot)...

Bref, nous n’avons jamais eu aussi froid depuis qu’on nous alerte sur les effets dramatiques du réchauffement.

Hé bien si crétin ! On a déjà eu aussi froid !

Au XXe siècle, quand le réchauffement climatique n'était pas à la mode chez les essayistes et les philosophes alimentaires, on a connu des hivers très froids. Pour ne citer que ceux entre 1980 et 2000, on a eu 1985, 1986, 1987, 1991, 1997, 1999. Et si on veut on peut remonter encore en arrière et en trouver d'autres.
Source

Je disais crétin au début, parce que Bruckner (comme beaucoup d'essayistes) n'a pas beaucoup de mémoire. Il ne se rappelle même pas les hivers qu'il a vécu !
En plus pour s'étonner du froid en hiver, il n'y a que lui.

Bruckner connaît tellement bien son sujet qu'il confond météorologie et climatologie : la première étudie et prédit les variations de températures sur quelques jours, l'autres sur des centaines d'années... Hé non Pascal, la statistique n'est pas brisée par une exception !

A cette situation, les spécialistes ont une explication : c’est bien parce que le globe se réchauffe que vous êtes frigorifiés. El Niño, en élevant la température des eaux du Pacifique, perturbe la circulation atmosphérique sur l’Atlantique et le Pacifique Nord et suscite la faiblesse des vents océaniques qui laissent passer l’air polaire. Al Gore l’avait dit dans son film Une vérité qui dérange : la fonte des glaciers, en précipitant d’énormes blocs de glace dans les mers, allait annihiler les effets tempérés du Gulf Stream et entraîner des hivers plus rigoureux.

Hé oui, si Bruckner lisait des revues scientifiques régulièrement (mais bon elles ne le publient pas donc c'est vrai que ça lui donne pas envie), au hasard Science et Vie Junior (revue de référence, connue pour la difficulté de son abord), il saurait que ça fait des années que les scientifiques l'avaient prévu (ha je me souviens avec nostalgie, c'était il y a 10 ans, j'étais au collège et SVJ avait fait sa une là-dessus).
Même Roland Emerich, le réalisateur épileptique, nous l'a fait bouffer dans son film "Le jour d'après".

Les scientifiques seraient plus crédibles s’ils reconnaissaient la fragilité de leurs estimations et que leur savoir relève, en grande partie, de la spéculation.

Ben oui, tous les experts disent la même chose mais Bruckner lui détient la vérité. Comme il détenait la vérité lorsqu'il dénonçait les armes de destruction massive en Irak ou l'autorégulation du marché.

Plus généralement, un nouvel obscurantisme se propage qui avance sous le masque de la science : un site consacré aux méfaits de l’alimentation carnée n’expliquait-il pas que «la production d’un kilo de veau rejette autant que de gaz à effet de serre qu’un trajet automobile de 220 km» (1) ? On aimerait connaître le procédé mathématique qui a permis un résultat d’une aussi redoutable précision.

Ben oui banane ! Pas besoin de calculatrice, il suffit d'un cerveau et d'un minimum de jugeote !
Un veau il faut le nourrir => exploitation agricole intensive + transport de la nourriture sur des milliers de km (rien que cette étape ça fait plus que ton trajet auto bidon)
Ensuite le veau on le transporte à l'abattoir puis on le découpe et on l'amène dans la boucherie => alors là on explose les scores !
Mais bon Pascal est habitué à répéter ce qu'on dit dans les soirées mondaines, donc il réfléchit pas forcément à ce qu'il écrit.

Le dernier paragraphe est un gloubi-boulga idéologique où Pascal nous expose pèle-mèle :
- que la science c'est pas scientifique, c'est de la magie ou de la voyance
- que l'être humain n'y est pour rien dans le réchauffement climatique (hé non il est pas tout puissant)

roire que demain, par une nouvelle frugalité, un changement de civilisation, nous modifierons la météo et sauverons la planète, c’est retomber dans le même fantasme prométhéen que les adeptes les plus fanatiques du progrès.

Magnifique ! La solution aux problèmes écologiques, c'est de garder le capitalisme ! Qu'on se le dise...
RickRoll
 

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