Onfray

Onfray

Messagede kuhing » 11 Juil 2008, 12:13

Un copain de du CA am m'envoie cet article paru aujourd'hui
IL s'agit d'une interview de Michel Onfray que l'on dit "libertaire"
Honnétement je n'ai jamais lu Onfray et je ne le connais que par ce que j'en sais des médias cad pas grand chose.
D'ailleurs ses rapports avec les médias officiels me poussent à m'en méfier, mais bon.
Je sais qu'il a appelé à voter Bové aux dernieres présidentielles, mais re-bon.
Je sais par contre aussi qu'il est à l'initiative des "universités populaires" et là je trouve que c'est une trés bonne chose.
Pour ceux que ça peut interesser je vous envoie le lien de l'article du Monde d'aujourd'hui et comme en général les accés aux articles du Monde sont limités dans le temps j'ai retranscris l'article dans son complet.
Peut-être cela permettra de se faire une idée plus précise du personnage "Onfray" ?

article du Monde 11juillet2008-Nietzche/Onfray

INTERVIEW MICHEL ONFRAY

Quelle est la place de Nietzsche et de sa pensée dans votre propre itinéraire philosophique ?
J'ai rencontré Nietzsche quand j'avais 17 ans, sur le marché d'Argentan, dans l'Orne, où j'habite toujours, à l'étalage d'une librairie d'occasion. J'y achetais des livres que je lisais de manière compulsive et, parmi ceux-là, la fameuse triade Nietzsche, Marx et Freud. Ces trois noms me firent l'effet d'un électrochoc. Je voulais être conducteur de train, ne me destinais aucunement à des études supérieures, et trouvais dans ces trois potions magiques des remèdes à trois maladies qui concernaient le fils de pauvre que j'étais, l'adolescent formaté par le christianisme et le grand dégingandé tourmenté par sa libido... Le Manifeste du Parti communiste me prouvait qu'on pouvait ne pas trouver indépassables l'horizon du capitalisme et la paupérisation qui l'accompagne immanquablement ; les Trois essais sur la théorie de la sexualité de Freud apportaient la preuve que la masturbation ne rend pas sourd, sinon nous vivrions dans un monde de malentendants ; L'Antéchrist démontrait que la religion chrétienne construite sous les auspices de saint Paul vit d'un culte de la pulsion de mort et qu'on peut lui préférer, en antidote, la pulsion de vie...

A l'époque, j'ai lu tout Nietzsche avec, parfois, de mauvaises raisons : par exemple en soulignant les passages misogynes, ou en y trouvant matière à une célébration de la force, dont je méconnaissais la nature métaphysique, ou encore en y goûtant particulièrement la dimension destructrice d'un monde qui ne me convenait pas. Lecture adolescente ! Plus tard, j'ai plutôt aimé la partie constructrice d'un monde où les valeurs et les vertus n'étaient pas chrétiennes mais grecques, ou plutôt romaines : l'héroïsme, le tragique, le sur-stoïcisme, l'ascèse vertueuse, la solitude, l'amitié. Je n'ai cessé de méditer Nietzsche depuis plus de trente ans. A la fin de cette année, j'aurai 50 ans et j'aurai publié cinquante livres. Or tous s'ouvrent par un exergue de Nietzsche. De sorte que l'ensemble de mon travail peut se lire comme un genre d'exégèse personnelle et subjective du philosophe.
La lecture de la correspondance et des biographies, sans souci des livres de gloses qui n'ajoutent rien au texte du philosophe, m'a permis d'entrer vraiment dans le coeur de la pensée qui est, selon la préface au Gai savoir, une confession autobiographique, un essai pour mener "une vie philosophique". Le projet est clairement annoncé dès la Considération intempestive consacrée à Schopenhauer. Dès lors, on comprend tout ce que l'oeuvre doit au ressentiment, à l'aveu d'impuissance, à la tentative de conduire sa vie selon ses principes, au chantier existentiel : l'oeuvre de Nietzsche est le journal de bord d'une conscience qui tâche, selon la belle expression d'Ainsi parlait Zarathoustra, de "se créer liberté".
Quel est le texte de Nietzsche qui vous a le plus marqué, nourri, et pourquoi ?
Incontestablement la préface au Gai savoir. Elle montre que la philosophie ne tombe pas du ciel, qu'elle n'est pas la résultante d'un genre de grâce qui concernerait des élus sans chair dont l'âme et l'esprit entreraient en relation directe avec le ciel des idées, mais le produit immanent d'un corps qui est, selon l'expression de Zarathoustra, "la Grande Raison". Cette thèse révolutionne la philosophie et l'histoire qu'on peut en faire. Après la période structuraliste, si dédaigneuse des biographies, la philosophie aujourd'hui s'incarne, elle prend du champ avec la pensée théorétique et débouche sur une formidable avenue : la philosophie pratique, autrement dit la pensée susceptible de produire des effets réels, concrets, existentiels. Après ce qu'il est convenu d'appeler la "fin des grands discours", donc après la mort des métaphysiques qui apportent des solutions clé en main (christianisme, marxisme, freudisme...), dans notre période dont chacun sait désormais, selon le diagnostic effectué par Nietzsche il y a plus d'un siècle, qu'elle est "nihiliste", cette révolution qui, dans l'esprit de la philosophie antique, propose une philosophie en acte et non pas en chambre, dans la vie quotidienne, et non dans l'amphithéâtre ou la bibliothèque d'une université, donne une santé nouvelle à une discipline qui, dès lors, déborde les ghettos dans lesquels elle se trouve confinée par les gardiens du théorétique pur.
Selon vous, où sa pensée trouve-t-elle aujourd'hui son actualité la plus intense ?
On mésestime la constance de la passion de Nietzsche pour Epicure. Il y eut plusieurs moments dans l'histoire du nietzschéisme, chacun d'entre eux correspond à l'esprit du temps. Notre époque a le souci d'une philosophie qui résolve des problèmes existentiels, qui pourvoit le sujet perdu dans l'époque d'une éthique digne de ce nom, susceptible de permettre "une vie philosophique". La spiritualité est une demande très forte à laquelle seules les religions répondent aujourd'hui, avec leurs fables. Or la philosophie est une alternative à la spiritualité monothéiste. La pensée de Nietzsche propose une éthique post-chrétienne à partir de laquelle on doit pouvoir penser à de nouveaux frais. Le dernier moment nietzschéen français - inauguré par la décade de Cerisy en juillet 1972 avec, entre autres, Derrida, Deleuze, Foucault - a fait long feu. Le temps semble venu pour un Nietzsche qui propose une morale alternative.
Le "surhomme" est une proposition éthique qu'il faut relire à rebours de toutes les lectures douteuses. Il faudrait faire une histoire des fantasmes produits autour de ce concept. Une définition minimale permet d'affirmer que le surhomme est celui : qui connaît la nature tragique du réel et sait que, dans un monde où la volonté de puissance domine, il n'y a guère de place pour la liberté ; qui, sachant ce déterminisme inéluctable, y consent ; et qui, forme parachevée de la surhumanité, finit par aimer son destin - "amor fati" dans le vocabulaire du philosophe.
Il convient de mettre en perspective cette double information pour découvrir un Nietzsche nouveau : que serait un surhomme dans l'esprit épicurien ? Autrement dit : est-ce que ce terme galvaudé, "surhomme", pourrait qualifier, par exemple, Epicure ou un épicurien ? Je crois pour ma part que oui. Je tâcherai d'en faire la démonstration dans mon séminaire de l'Université populaire de Caen à la rentrée prochaine avec une année intitulée "La construction du surhomme". Il faut désinfecter le concept, le rendre à Nietzsche en le plaçant dans la configuration de l'oeuvre complète.
En nietzschéen (c'est-à-dire non pas comme un ridicule clone de Nietzsche, mais comme quelqu'un qui se propose de penser à partir de Nietzsche), je pense donc que le surhomme est une proposition susceptible d'être faite à chacun pour envisager "une vie philosophique" ici et maintenant.
Propos recueillis par Jean Birnbaum
Article paru dans l'édition du 11.07.08.
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Messagede Sins We Can't Absolve » 14 Juil 2008, 16:00

Mouais... le texte le fait passer pour un philosophe, donc c'est pas trop neutre dans l'approche : Onfray vit 68 avec 40 ans de retard, il vaut mieux lui préférer les auteurs lus en 68, là le raisonnement a le mérite d'être original, et les idées sont plus poussées.

J'ai l'Anti-manuel de philosophie, qui a l'avantage d'attaquer la philo sous un angle franchement adolescent, ce qui est à la fois un avantage et un inconvénient : certes cela permet aux lycées de "piger" quelques trucs en philo, mais désacraliser la philo pour en faire de la métaphysique pour adolescents n'est pas non plus productif.

Bon sinon, son bouquin le plus connu est peut-être le Traité d'Athéologie qui n'aurait eu aucune incidence si l'auteur n'était pas sur-médiatisé (les thèmes développés sont proches de l'hédonisme libertin).

Onfray est une baudruche, et c'est peut-être pour ça qu'il me pompe l'air.
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Re: Onfray

Messagede zafx » 14 Juil 2008, 16:32

désacraliser la philo pour en faire de la métaphysique pour adolescents n'est pas non plus productif.
C'est pourtant ce qu'est la philo, non? :lol:
Je dirais même que la philosophie est à la réflexion ce que le christianisme est à la spiritualité, ce que la psychanalyse est à la science, un gros fatra de mots pompeux, de notions indéfinissables et de concepts impossibles articulés autour d'une rhétorique à faire pleurer Socrate.

Le seul truc que j'aie lu d'Onfray, c'est son traité d'athéologie mais ça m'a pas du tout paru "philosophique", plutôt concret même mais trop axé sur la chose catholique pour être réellement un texte athée.
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Messagede FRED » 14 Juil 2008, 17:58

Onfray a écrit:Je sais qu'il a appelé à voter Bové aux dernieres présidentielles, mais re-bon.


En faite il c'était démenti et a finalement préféré OB, un peut opportunisme le garçon.
* « Nous n’avons pas peur des ruines. Nous sommes capables de bâtir aussi.

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Messagede Harfang » 14 Juil 2008, 18:09

Les bons philosophes, ceux qui vous enseignents, vous dérangent sont certes rares, mais le jour où il n'y aura plus d'hommes pour sortir du champ de perception de ce qui est établit, ce sera bien triste. Nietzsche était un de ceux-là, Marx, Freud aussi, à sa manière ( je rappelle ici, d'ailleurs, qu'il était athée, peut être pas profondément, mais athée)... Les grands anciens aussi.... Et sans ceux des Lumères, la révolution française... Bref, Zafx, je ne partage guère ton point de vue, d'autant plus que Freud, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il esttrés compréhensible, et trés lisible ( à la grande différence d'ailleurs de beaucoup de suivant qui ont pallié leur manque d'inventivité intelectuelle par une complexification incompréhensible)
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Messagede Sins We Can't Absolve » 14 Juil 2008, 20:56

FRED a écrit:
Onfray a écrit:Je sais qu'il a appelé à voter Bové aux dernieres présidentielles, mais re-bon.


En faite il c'était démenti et a finalement préféré OB, un peut opportunisme le garçon.

On dit "opportuniste" quand on parle de la personne, mais bon :wink:
Il avait déjà appeler à voter OB en 2002.

Onfray est un vrai rebelle.
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Re: Onfray

Messagede FRED » 14 Juil 2008, 22:26

Sins We Can't Absolve a écrit:
FRED a écrit:
Onfray a écrit:Je sais qu'il a appelé à voter Bové aux dernieres présidentielles, mais re-bon.


En faite il c'était démenti et a finalement préféré OB, un peut opportunisme le garçon.

On dit "opportuniste" quand on parle de la personne, mais bon :wink:
Il avait déjà appeler à voter OB en 2002.

Onfray est un vrai rebelle.

Chronologie 1933 1945, et le rôle ambigu des gauches en "France".
Guerre d’Espagne La guerre se déroula de juillet 1936
Munich 1938
Le pacte germano-soviétique, fut signé le 23 août 1939 seulement.

Mais il y avait bien une répression contre les communismes en France, opéré par la police FR, La création FTP (fin 1941).

septembre 1939-22 juin 1941 : la répression anticommuniste, une affaire française Le comportement de Vichy à l’égard des communistes français est essentiellement policier ; le régime utilise contre eux l’arsenal des mesures prises par Daladier et Paul Reynaud, à la fin de la IIIème République : http://www.etab.ac-caen.fr/collegeMerde il ont viré la page, désolé
* « Nous n’avons pas peur des ruines. Nous sommes capables de bâtir aussi.

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Re: Onfray

Messagede poolpikan » 21 Juil 2008, 19:04

la diffusion des cours de M.Onfray (>université de Caen) a reprit cet été encore sur France culture.
C'est tous les jours à 19h pendant une heure.
Cette année au menu: les radicalités existentielles au 19e( plus voir début 20e) :
Thoreau, Shopenhauer, Stirner et d'autres.

on peut penser ce qu'on veut d'Onfray mais pour ma part c'est toujours aussi interressant et instructif.
Le problème n'est pas gauche-droite. Il est haut-bas.
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Re: Onfray

Messagede Sins We Can't Absolve » 21 Juil 2008, 19:34

poolpikan a écrit:on peut penser ce qu'on veut d'Onfray mais pour ma part c'est toujours aussi interressant et instructif.

Il a une très importante culture, je ne le nie pas... mais c'est tout. Sa pensée est on ne peut plus commune, et son engagement... :roll: :roll:
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Re: Onfray

Messagede poolpikan » 21 Juil 2008, 23:23

évidemment (je pense pareil que toi d'ailleurs à son encontre plus ou moins)
Mais bon niveau action il a inspiré cette université populaire ce qu'est pas rien quand même .
Et sa pensée c'est extrêmement réducteur de dire qu'elle n'apporte rien. En effet il ressasse bien souvent ses revues d' histoire et de culture et ça peut donner éventuellement une impression de suffisance mais je crois pa s, et les angles qu'il y amène sont tout de même souvent très pertinents, et il faut dire que c'est dans des occasions où il se doit d'être pédagogue donc c'est plutôt naturel qu'il le fasse. Ya aussi énormément de boulot dans les pays de la pensée qu'il interroge et c'est peu dire quil fait du bon travail .
Après on peut espérer qu'il recentre son travail et le marque d'une volonté activiste plus marquée ( mais il est encore jeune on peut espérer qu'il se bouge à ce niveau).

Il reste donc qqun qui apporte de la matière à l'édification d'une pensée libre de contre-pouvoir et cela reste important malgré son militantisme pitresque .
Le problème n'est pas gauche-droite. Il est haut-bas.
poolpikan
 
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Re: Onfray

Messagede Sins We Can't Absolve » 22 Juil 2008, 02:16

Je ne pense pas vois-tu :
Onfray professe un hédonisme total, et que je serai prêt à qualifier de "petit-bourgeois" si ma marxistophobie ne m'en empêchait pas.
Le fait n'est pas que je critique sa pédagogie (je suis d'accord avec Nietzsche : "Celui qui se sait profond s'efforce d'être clair ; celui qui voudrait sembler profond à la foule s'efforce d'être obscur."), mais que son idée n'a rien de foncièrement nouveau. L'hédonisme qu'il revendique n'est que celui des soixante-huitards, et sa pensée est incapable de se détacher de ce mouvement justement. Quant à sa contre-pensée, ce n'est pas en disant qu'Eichman était kantien, que Kant était antisémite, ou que Untel était impuissant, qu'elle est révolutionnaire ; Onfray est piégé dans son rôle "d'agitateur" "de gauche" "choquant la bonne société" (enlève/rajoute des guillemets, c'est selon), je n'appelle pas ça un libre-penseur.

Pour son université, je reconnais que c'est un plus d'avoir relancer la popularité des universités populaires en général (je ne dirais rien, n'ayant assisté à aucun de ses cours)
Sins We Can't Absolve
 

Re: Onfray

Messagede kuhing » 17 Oct 2008, 19:14

Ça y est j’ai enfin le cœur net sur Michel Onfray dont j’ai vu une interview il y deux jours !
Je le cite en substance : « Je suis libertaire mais favorable au capitalisme parce qu’il serait stupide de ne pas l’être puisque le capitalisme est créateur de richesses. »
Et moi qui avait des doutes sur Onfray et le pensais même intelligent.
Du coup lui aussi à le droit à sa petite chanson, réservée aux meilleurs bien sur :
kuhing
 

Re: Onfray

Messagede Alayn » 17 Oct 2008, 19:31

Bonsoir ! Il serait donc un faux (arf !) anarcho-capitaliste de gôche débridé... Sins avait raison !

Sa "philosophie" est surfaite, je l'ai toujours perçu comme çà et c'est pas because il se réfère à Nitche (arf !) que...
Il pratique l'enrobage intellectualo chiant...

Salutations Anarchistes !
Alayn
 

Re: Onfray

Messagede joe dalton » 18 Oct 2008, 12:13

Nietzsche disait que le vraie rôle de la philosophie était d'affliger les gens !
onfray est donc fidèle a son mentor : c'est un philosophe affligeant !
joe dalton
 

Re: Onfray

Messagede willio » 18 Oct 2008, 12:17

Merci pour cette précision Kuhing, au moins on est fixé maintenant.
willio
 

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