Délégué du personnel: expérience

Délégué du personnel: expérience

Messagede Harfang » 07 Mai 2009, 18:01

Bonjour,
il m'a été demandé si je voulais me présenter comme DP... Ca me laisse vaguement songueur, et si certains l'on été je serais curieux de savoir ce qu'ils en ont retiré de négatifs ou positifs, ce qu'ils en on fait...
Merci d'avance

Edit: Bon, et bien merci de vos avis et éxpériences.
Modifié en dernier par Harfang le 17 Mai 2009, 15:35, modifié 1 fois.
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Re: Délégué du personnel: expérience

Messagede AnarSonore » 07 Mai 2009, 18:07

DELEGUES DU PERSONNEL, COMITES D’ENTREPRISE...
:arrow: LES ELECTIONS PROFESSIONNELLES CONTRE LE SYNDICALISME
BROCHURE CONFÉDÉRALE CNT - AIT
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Re: Délégué du personnel: expérience

Messagede Harfang » 07 Mai 2009, 18:16

Arrgg...
Bon bah, je vais lire.
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Re: Délégué du personnel: expérience

Messagede Pïérô » 07 Mai 2009, 18:27

C'est le meilleur moyen pour s'en prendre plein la figure, mais c'est aussi un moyen, parmi d'autres, pour participer à défendre, et au plus près des réalités, les salariés. Celà donne aussi des droits et du temps, même si celà ne remplace évidemment pas les luttes collectives nécessaires, et d'ailleurs s'il n'y a pas cet élément de rapport collectif et de rapport de force, le délégué du personnel ne s'en trouve que dans un rapport de force restreint.
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Re: Délégué du personnel: expérience

Messagede Harfang » 07 Mai 2009, 18:30

Tu l'as été qierrot? et si oui, personnellement, tu as vécu ça comment?
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Re: Délégué du personnel: expérience

Messagede Pïérô » 07 Mai 2009, 18:55

Je suis délégué syndical sans l'avoir voulu, et vais combiner celà avec délégué du personnel, parce que personne ne veut y aller. Pour avoir dans ce cadre été en tant que délégué, au front, car dans toutes les boites les reculs ne se comptent plus, comme les managements de plus en plus autoritaires, ce n'est pas chose facile, ce qui est normal lorsque l'on ne veut pas qu'il y ait de délégués "potiches". Il y a des pressions, des formes plus ou moins proches ou fortes de harcèlement. Actuellement dans ma boite, nous sommes dans une lutte et un rapport de force permanent, et avons dénoncé les pratiques managériales, et n'allons plus dans les rencontres direction/délégués instituées tant on nous prend pour des potiches. La lutte prend alors d'autres formes (courriers à la DRH centrale,débrayages, communiqués et articles de presse, prudhommes...). L'existence d'une section syndicale compte aussi pour beaucoup, comme le fait de ne pas être et se sentir isolés.
Comment je vis çà ?
Pas toujours très bien quand il faut aller au charbon, pas toujours très bien quand la conflictualité est permanente, pas toujours très bien quand tu te sents être une cible ambulante, mais n'est-ce pas le risque que l'on prend lorsque l'on décide de resister et se battre ? Et donc je le vis aussi comme dans d'autres domaines d'investissement militants, j'ai aussi l'impression de vivre debout, et pas à genoux.
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Re: Délégué du personnel: expérience

Messagede scrash » 07 Mai 2009, 21:31

La question pour moi serait, est ce un moyen pour favoriser les luttes,

(en prenant en compte le contexte de ta boite, mais aussi l'inertie des bureaucraties syndicales (ça pompe de l'énergie.....) et l'inertie patronale.....)
Prendre en compte aussi la concession idéologique.....
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Re: Délégué du personnel: expérience

Messagede CNT-AIT Paris » 08 Mai 2009, 13:17

La question pour moi serait, est ce un moyen pour favoriser les luttes,


Pour qu'il y ait lutte il faut qu'il y ait dynamique collective.

Ce n'est donc pas lié au fait qu'il y ait un délégué.

Au contraire, l'expérience que j'ai et d'autres copains aussi, c'est que quand tu te présentes comme délégué tu casses la dynamique : parce que une fois que tu es élu, les autres travailleurs te disent "tu es notre représentant, c'est à toi de monter au charbon, c'est ton rôle". Le mot délégué veut bien dire ce qu'il veut dire: les autres travailleurs délèguent sur toi leur activité ... Il arrive aussi très souvent que quand tu es élu (si tu es sur une liste type CNT ou SUD) tu es attaqué au tribunal où ta représentativité est contestée. L'attaque peut venir du patron mais aussi très souvent des autres syndicats qui ne supportent pas ce qu'ils vivent comme une concurrence. Tu épuises alors ton temps, tes ressources, la force collective non plus à lutter pour tes revendications mais à te battre de tribunal en tribunal pour faire reconnaitre la légalité de ton syndicat. (évidement si tu es àla CGT ou CFDT ou FO ca n'arrive pas ...). Toutes les expériences d'implantations syndicales de la CNT (vignoles) ces dernières années se sont écroulées suite à cet épuisement (la redoute, CAT etc ...)

De toute façon, même si tu veux etre élu, il y a un nécessaire travail collectif à mener avant, pour rassembler les gens, s'aut organiser etc ... Car ce serait aller au casse pipe que de te présenter comme ça, sans avoir "travaillé le terrain" et t'e^tre assuré que tu as du soutien dans ta démarche.

C'est ce travail là, pas forcément visible, qui est primordial. En te présentant tu rends tout ce travail souterrain visible et donc tu permet au patron (et aux syndicats) de savoir qui est leur ennemi, et sur qui ils doivent taper ... Bref tu te fragilises ...
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Re: Délégué du personnel: expérience

Messagede scrash » 08 Mai 2009, 14:21

La question pour moi serait, est ce un moyen pour favoriser les luttes,

Pour qu'il y ait lutte il faut qu'il y ait dynamique collective.

Ce n'est donc pas lié au fait qu'il y ait un délégué.


Dans certains contextes locaux, tu sais bien qu'un idividu "rebelle" protègé du licenciement, c'est un plus pour favoriser les luttes.

Même si je le regrette, je suis obligé de donner raison à un trots, qui me disait au début de mon militantisme syndical :

"si tu ne montes pas sur la table, il n'y aura pas de lutte"

Nous en sommes là. Je préfère considérer que c'est juste une étape....
Quant à la "stratègie" pour changer cet état de fait, j'attends les propositions....

en attendant, je choisirais le geste qui favorise la contestation
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Re: Délégué du personnel: expérience

Messagede scrash » 08 Mai 2009, 14:24

ceci dit je confirme que la stratègie électorale "tue" les luttes....Alors c'est à mesurere selon les contextes (enfin pour moi)
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Re: Délégué du personnel: expérience

Messagede Antigone » 08 Mai 2009, 15:35

Tout d'abord, un peu d'histoire..

C'est avec la Guerre de 14-18 que sont apparus les premiers embryons de concertation et de collaboration entre Etat-patronat-syndicats.
Les difficultés crées par la guerre imposaient à la bourgeoisie de rallier la classe ouvrière à l'effort militaire et économique. L'Etat consultait les dirigeants syndicaux, en contre-partie ceux-ci faisaient avaler la pilule de l'effort de production.
C'est la logique du "donnant-donnant" dans laquelle les syndicats se sont engouffrés une fois passées les grandes luttes de l'après-guerre. Ils réclameront le contrôle ouvrier dans l'entreprise, des conventions collectives par branche, une participation aux organismes internationaux qui gèrent le travail. Ils n'obtiendront rien jusqu'en 1936.

Le Front Populaire est surtout une victoire des syndicats plus que des travailleurs.
Le rapport de force créé par les grêves permet aux syndicats d'être reconnus officiellement comme des partenaires incontournables et, c'est grâce à l'institution des délégués du personnel qu'ils commencent à jouer un rôle et donner leur point de vue dans la gestion des entreprises.
Après la Libération, de par l'application du programme du CNR inspiré par le PCF, la collaboration Etat-patronat-syndicat est étendue: création des Comités d'Entreprise, développement des conventions collectives.

Le calcul de la bourgeoisie est simple. Plutôt que d'être inquiétée plus tard par des luttes qui peuvent remettre en cause la bonne marche de l'économie nationale, mieux vaut concéder une partie du pouvoir au profit d'une infime partie de la classe ouvrière, dans les faits au bénéfice des bureaucraties syndicale et politique.
Ces structures de co-gestion vont s'ajuster et se perfectionner avec le temps et la pratique.
Ces gages de bonne conduite donnés par les syndicats pendant une vingtaine d'années vont inciter le pouvoir en 1968 à leur accorder enfin la reconnaissance officielle qu'ils attendaient, les récompensant d'avoir su contrôler le mouvement de grêves dans des limites raisonnables. La "participation" souhaitée par De Gaulle est entérinée.

Les CE reproduisent dans leur pratique, dans leur fonctionnement, de par leurs attributions, la même division de la classe ouvrière que celle qui est organisée par les patrons: Une politique d'alignement sur les conditions d'exploitation dans les entreprises capitalistes, à commencer par une grille hierarchisée des salaires.
L'existence de multiples commissions aux fonctions diverses qui renforce la spécialisation des membres du CE... et les éloignent des réalités du travail vécues par les autres salariés.

Sans oublier que le secrétaire du CE est (presque toujours) désigné par le syndicat à partir des couches les plus élevées de l'entreprise ou ceux qui ont le plus haut niveau d'études.
Car en période d'élection pour le renouvellement du CE, chaque syndicat met en avant ses compétences dans les domaines économiques. Il faut de bons spécialistes pour étudier les rapports financiers, les documents d'orientation pour les salaires et l'emploi. Toute une somme de paperasse qui oblige à faire appel à des experts comptables (souvent sous contrat confédéral) pour comprendre quelque chose. En toute occasion, il faut montrer qu'on est eficace et responsable jusqu'au bout d'une logique, celle qui est imposée par le patronat.
Quand arrive un coup dur (licenciements, mutations...), après que le CE ait été informé par la direction, son rôle n'est surtout pas d'organiser la lutte collective (!) mais de trouver des arrangements avec expertise à l'appui. Responsabilité oblige !

D'ailleurs, les dirigeants d'entreprises ne s'y trompent pas. Ils ont bien compris les énormes avantages qu'offrent ce genre de
participation.
Alors pour mieux s'attacher le service de ces représentants du personnel, on leur fait des petits cadeaux, leur fait bénéficier d'avantages matériels: des "week-ends-loisirs", un détachement pour animer une activité du CE (photo, yoga, voile, FSGT...), des absences, quitter pour un temps la production afin de s'acquitter de son "mandat" etc.

Le militant ouvrier membre d'un CE se détache très vite de sa classe parce que tout est fait pour ça. De plus, la spécialisation
acquise, les connaissances emmagasinées de réunion en réunion lui font remplir, qu'il le veuille ou non, un rôle d'indicateur et de temporisateur (même si cela ne lui semble pas flagrant) de conflits possibles auprès des patrons. Même armé des meilleures intentions, il ne peut échapper à ces pièges qui cherchent à l'éloigner des travailleurs, jusqu'à en rompre les liens, parfois.

Ce système de représentation va à l'encontre de ce refus de la délégation de pouvoir qui devrait servir de ligne de conduite au militant révolutionnaire en entreprise. En acceptant de mettre un doigt dans l'engrenage, il rentre dans les rouages d'un système sur lequel il n'a pas de prise. En plus il ne fait que renforcer la passivité des travailleurs qui s'en remettent à leur délégué, à leurs représentants, et conforter les habitudes sociétales, la division entre ceux qui savent parler et ceux qui les écoutent... Après ça, comment parler aux gens d'auto-organisation des luttes, de ne compter que sur nous-mêmes, sans qu'on se foute de notre gueule ?

Si l'on est assez lucide pour arriver à en sortir par soi-même, on se rend compte très vite du gâchis en perte de temps et d'énergie que ça a représenté et ce que cela nous a coûté. C'est une bêtise, une grave erreur que beaucoup de militants honnêtes font, simplement parce qu'ils croient rendre service, contribuer à changer des petites choses. J'en ai connus (des gens bien) qui en sont sortis tellement épuisés, laminés à force d'avoir ramé à contre-courant, qu'il ont cessé toute activité militante tout de suite après.
Pour "réussir", il faut croire dans le système. Si dès le départ, on n'y croit pas, pire encore quand on se force à y croire, on salit son intégrité et se détruit.

Je connais aussi l'argument selon lequel mieux vaut un CE que rien du tout, ce qui est le cas dans les entreprises de moins de 50 salariés où les travailleurs ont bien moins de protection juridique et sont obligés à avoir recours à des démarches individuelles pour faire valoir leurs droits contre des patrons tout-puissants. Mais c'est l'absence de toute histoire de luttes collectives et l'isolement du reste de la classe ouvrière qui est la cause de cette situation et de toute façon, la solution n'est pas CE ou pas CE, c'est de s'organiser et de lutter collectivement quelle que soit la taille de l'entreprise.

Dans la société capitaliste, l'entreprise créée nécessairement des injustices, des révoltes. Ce sont les patrons et leur logique de profit qui en dont responsables. Alors qu'ils se démerdent avec ! Notre rôle n'est pas de les aider, de leur faire des propositions quelles qu'elles soient, mais de lutter contre leur système, et ce n'est pas en tant que représentant du personnel qu'on y arrive.

J'ai été délégué syndical CGT (à la demande... en fait sur ordre de LO). J'en suis sorti avant d'être complètement démoralisé.
2 ans après avoir porté ce badge, j'étais devenu pro-autonome en toute connaissance de cause.
Antigone
 

Re: Délégué du personnel: expérience

Messagede CNT-AIT Paris » 08 Mai 2009, 16:40

Dans certains contextes locaux, tu sais bien qu'un idividu "rebelle" protègé du licenciement, c'est un plus pour favoriser les luttes.


Sauf que la lutte c'est pas zorro contre le patron ... C'est un évènement collectif.

Un individu rebelle, même protégé du licenciement, reste seul pour les raisons fort bien expliquées par Antigone précédement ... Il se détache du reste des travailleurs de part son statut différent ...

Tu dis que pour qu'il y ait lutte il faut monter sur la table.

C'est vrai. Ce qui veut dire qu'il faut d'abord construire la table.

or se présenter aux élections c'est monter sur la table avant que la table ait été construite, c'est à dire rester sur le sable ...
CNT-AIT Paris
 

Re: Délégué du personnel: expérience

Messagede Pïérô » 21 Jan 2015, 11:57

Représenter le personnel : un travail sous tension
http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=4249
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Re: Délégué du personnel: expérience

Messagede bipbip » 15 Fév 2015, 04:12

Siéger au Comité d’Entreprise fait-il de nous des collabos ?

Dans le cadre d’une série d’articles à venir sur le travail syndical à engager au sein des Instances Représentatives du Personnel, nous débutons par un extrait de l’ouvrage : « Dans la mêlée sociale » de Nicolas Faucier (la Digitale Editeur - p.188).

La participation aux élections professionnelles et le fait de siéger au comité d’entreprise a longtemps agité le mouvement anarchiste. Il est à l’origine, comme la question des permanents syndicaux, de nombreuses prises de positions antagonistes, de débats violents et de scissions au sein même de la Confédération Nationale du Travail, se voulant l’héritière de la CGT-SR.

Nicolas Faucier [1], militant anarchiste, issue d’une militance syndicale construite, dans les années vingt, au contact de la vielle garde Syndicaliste-Révolutionnaire qui avait fait la gloire de la CGT d’antan, n’avait pas ces appréhensions. Sans masquer les risques de collaboration de classe, mais dans l’esprit toujours vivace de Fernand Pelloutier, il semblait considérer que chaque occasion de former des militants syndicaux à la gestion ouvrière devait être saisie.

Notre syndicat demeure dans cet état d’esprit.


Du rôle des comités d’entreprise

« De même sur mon lieu de travail, l’imprimerie de la presse, ayant été délégué au comité d’entreprise, j’en devins peu après le secrétaire. Mais je ne concevais pas mon rôle comme celui dans lequel aurait voulu me cantonner le paternalisme patronal, c’est-à-dire d’être admis dans cet organisme paritaire tout juste à titre consultatif et de gestionnaire des œuvres sociales : cantines, séjours de vacances, fêtes de fin d’année, voire bibliothèque d’entreprise, etc.

C’est la déviation dans laquelle sont tombés les délégués, qui prenant l’accessoire pour le principal, ne percevaient pas toutes les implication d’un contrôle efficace de l’entreprise. Une pratique qui exige une véritable formation économique ainsi que la connaissance du processus de l’exploitation capitaliste dont ils sont trop souvent dépourvus. Il n’est, certes, pas question de leur en faire grief, car leur bonne volonté n’est pas en cause, mais ce défaut de compétence montre l’ampleur de la tâche qui incombe aux syndicats à cet égard, eux qui voyaient à juste titre dans cette réforme une étape dans la réalisation de la démocratie économique et de justice sociale. Or nous sommes loin du compte, non seulement dans les faits, mais aussi dans les intentions. Il convient de rappeler que la création des comités d’entreprise traduisait l’une des revendications essentielles du syndicalisme dans les années 30 (surtout après juin 38) pour l’aboutissement du contrôle ouvrier sur la gestion patronale.

On a beaucoup médit du fonctionnement des comités d’entreprise et on a eu raison. Mais les responsables syndicaux n’ont-ils pas eux-mêmes trop longtemps laissé le patronat qui, prévoyant le danger de l’intrusion ouvrière dans ses affaires, à très habilement détourné la menace à son profit ?

Le texte institutionnel de l’ordonnance de 1945 ne disait-il pas expressément que le CE, « peut exiger un droit de regard sur l’organisation, la gestion et la marche de l’entreprise » ce qui signifie pour les organisations syndicales et les militants conséquents que le CE n’est pas seulement un appareil de gestion des œuvres sociales, mais le moyen de débusquer les plus-values et les dessous de table que s’octroient généreusement les managers et autres affairistes de l’économie et de la finance sur le dos des salariés et des consommateurs.(…)

Je conviens que ce n’est là que du grignotage, mais on ne saurait nier que, généralisé, cette tactique de harcèlement, de pénétration de la forteresse patronale serait génératrice d’actions offensives plus poussées au lieu de se complaire indéfiniment dans la défensive. C’est alors seulement que les CE, s’orientant vers l’extension de leurs pouvoirs d’investigation, ne mériteraient plus d’être taxés d’instruments de collaboration de classe, mais, au contraire, de lutte de classe œuvrant non pour consolider, mais démanteler les rouages, le mécanisme d’exploitation de l’entreprise. Il s’agit en l’occurrence de mettre à nu les éléments constitutifs du prix de revient en matière de fabrication, d’investissement, de fraix généraux, de salaires jusqu’au prix de vente, de manière à dégager dans sa totalité la marge bénéficiaire réelle et d’en finir avec les tromperies, les truquages de bilan qui sont l’ABC du métier d’homme d’affaires.

C’est en tout cas de cette manière que l’entreprise peut devenir le lieu où se fait, par là-même, l’apprentissage de la gestion ouvrière (…). Ce qu’il faut expliquer aux travailleurs, c’est qu’il ne s’agit là que d’une réforme dont l’objet est d’améliorer les conditions de vie et de travail à l’intérieur du système, mais qui doit orienter notre lutte vers le but final qui est la tranformation sociale par l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme. »

Extrait de « Dans la mêlée sociale », éditions La digitale

http://www.cnt-f.org/subrp/spip.php?article708
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