Pourquoi les forces de l’ordre votent-elles massivement FN ?
Les bureaux de vote auxquels sont rattachés les caserne de gendarmes mobiles, les camps militaires et les villes de garnisons témoignent de l’augmentation du vote FN depuis 2012. Les forces de sécurité font office de loupe grossissante en amplifiant puissamment les tendances à l’œuvre dans l’ensemble du corps social.
En dépit des mises en garde proférées contre les fonctionnaires qui seraient instrumentalisés par le pouvoir, Marine Le Pen affiche une grande sollicitude en direction des forces de sécurité dans cette campagne. Elle a ainsi visité le 7 février dernier les commissariats de Savigny-sur-Orge, Athis-Mons et Juvisy-sur-Orge. Ce choix de ces lieux ne devait rien au hasard. Quelques semaines plus tôt, le 14 janvier, une bande avait saccagé nuitamment un quartier de Juvisy-sur-Orge. Par ailleurs, les policiers qui avaient été agressés à coups de cocktails Molotov à Viry-Châtillon (attaque dans laquelle deux fonctionnaires furent très grièvement brûlés) étaient rattachés à ces commissariats.
Symboliquement, ce déplacement de Marine Le Pen dans des commissariats coïncidait de surcroît avec la visite que rendit François Hollande à Théo, ce jeune Aulnaisien grièvement blessé lors d’un contrôle quelques jours avant. Jérôme Cochet, responsable de la communication du dire.cteur de campagne frontiste, David Rachline, ne manquera pas de faire un parallèle en écrivant sur Twitter, photos à l’appui, dans un tweet depuis supprimé:
«L’une [Marine Le Pen] est au chevet des boucliers de la nation. L’autre [François Hollande] est au chevet des racailles.»
Marine Le Pen, soutien inconditionnel des forces de l’ordre
Intervenant après plusieurs nuits d’émeutes dans différentes banlieues, consécutives à l’affaire Théo, ce déplacement de Marine Le Pen lui permit de rappeler son soutien aux forces de l’ordre et de dérouler certaines de ses propositions en la matière comme la création de 15.000 postes de policiers et de gendarmes. Interrogée sur le fait de savoir si cette interpellation très violente pouvait être qualifiée de «bavure», elle adopta une position de défense intégrale et inconditionnelle des policiers, attitude qui ne fut pas, loin s’en faut, celle de tous les responsables politiques, en déclarant:
«Je ne vois pas comment on peut faire autrement, dans un État de droit, que d’attendre que la justice se prononce. Je trouve inadmissible de clouer au pilori des policiers avant même que l’enquête ait débuté.»
Le matin même, sur LCI, elle avait déclaré: «Mon principe de base, c’est, d’abord, je soutiens les forces de police et de gendarmerie, voilà. Sauf démonstration par la justice qu’ils ont commis un délit ou un crime.»
Deux semaines plus tard, le 22 février, la candidate du FN se rendait à la prison de Meaux-Chauconin à l’invitation d’un responsable local du syndicat FO pénitentiaire, invitation adressée à tous les candidats et qu’à ce jour, seule Marine Le Pen avait acceptée. Dans cette prison, sur le parking de laquelle deux surveillantes avaient été renversées délibérément par une voiture en janvier 2016, la candidate annonça son intention de construire 40.000 places de prison supplémentaires et d’instaurer une perpétuité réelle incompressible.
Cette sollicitude vis-à-vis des forces de l’ordre se manifesta de nouveau quand Marine Le Pen rendit hommage aux 11 fonctionnaires de police et de gendarmerie qui avaient été blessés le 25 février à Nantes lors d’une manifestation d’opposants au FN venus protester contre la tenue d’un meeting dans la ville le lendemain. Cette attitude, comme le soutien sans faille apporté aux policiers dans l’affaire d’Aulnay et les annonces de moyens et d’effectifs supplémentaires, trouvent un écho dans une population de gendarmes, policiers et militaires fortement exposée aux violences, qu’elles soient en lien avec le terrorisme (on rappellera l’égorgement du couple de policiers de Magnanville), les violences urbaines (c’est à la suite de l’attaque d’une voiture de police à Viry-Châtillon que le vaste mouvement de protestation dans la police fut déclenché à l’automne dernier) ou avec la délinquance traditionnelle.
Des policiers et gendarmes exposés à une violence croissante
Comme on peut le voir sur le graphique suivant, le nombre de policiers blessés en mission a fortement augmenté ces dernières années.
...
https://alencontre.org/europe/france/fr ... nt-fn.html