Je republie ici ma réponse à un ami s'interrogeant sur la nécessité ou pas de se nourrir d'animaux, et sur nos choix en conséquence.
GRANDIR, CE N'EST PAS TUER L'ENFANT QUI EST EN NOUS, MAIS RÉALISER SES RÊVES
Bonjour Alex. Tu écris : "le régime végétarien n'est rien à côté d'un régime varié, avec de la viande, pour une activité physique intense. (...) la viande nous est indispensable."
Avec tout mon respect, je n'en suis pas convaincu. Pour ma part, c'est en cessant totalement de manger de la viande que j'ai retrouvé la forme, mes pleines capacités, mon rythme de travail parfois très soutenu et, j'ajouterai également, une sensation de bien-être, d'apaisement, une acuité différente, et même, si j'ose dire, une sorte de libération. Non pas seulement la libération des autres animaux — qui est tout de même l'enjeu principal, surtout quand on s'oppose à tous les rapports de dominations et d'oppressions par ailleurs — mais aussi ma propre libération. En l'occurence, ma libération vis-à-vis d'un dogme éculé, d'une norme désuète, d'un faux besoin (dont il est très facile de se passer, au même titre que de la télé), d'un malaise profond et d'un mode de vie qui me semblait de plus en plus incohérent au fil des années, tant sur le plan éthique que politique.
Autre argument : il suffit de jeter un œil sur la liste des sportifs célèbres ayant également fait ce choix pour vérifier que ne pas se nourrir de viande n'est pas du tout un problème en terme de capacités physiques, par exemple : Zatopek, Mimoun, Coppi, Weissmuller, Lendl, Navrátilová, Djokovic, les sœurs Williams, Carl Lewis, etc. Côté intellectuels, c'est la même chose : Einstein, Pythagore, Zola, Huxley, Kafka, Tolstoï, Thoreau, Reclus ou encore Léonard de Vinci — parmi beaucoup d'autres — ne me paraissent pas avoir trop souffert de carences.
Dès lors se pose la vraie question, il me semble, la grande et épineuse question que nous devrions peut-être toutes et tous nous poser, tôt ou tard : si nous n'avons pas besoin de tuer des animaux pour vivre, si ce n'est pas une nécessité absolue, si c'est juste une affaire de goût, de confort, de luxe, d'habitude, alors, doit-on continuer à faire ce choix ? Personnellement, c'est en vérifiant concrètement durant quelques semaines que je n'avais absolument pas besoin de me nourrir d'animaux pour vivre, que ma décision est intervenue.
Puisque je n'ai pas la nécessité de tuer ou de faire tuer des animaux pour continuer à vivre, puisque j'ai un mode d'alimentation qui me permet parfaitement de mener mes activités sans aucun problème, je ne vois pas pourquoi je continuerais à participer à leur exploitation.
Continuer à avancer vers l'utopie, c'est renouer avec l'enfant que la société autoritaire et normative s'applique à tuer en nous. Quand j'étais enfant, comme nous tou-te-s, je rêvais d'égalité, d'amour, de liberté. Comme nous tou-te-s, je chérissais les animaux, vivants comme en peluches. Bien des années plus tard, malgré les dogmes qu'on a essayé de m'imposer, comme à vous tou-te-s, j'ai choisi délibérément de renouer avec nos rêves d'enfants : curiosité insatiable, refus de l'autorité et des inégalités, passion de la liberté et des voyages, amour des humains, des animaux, de la Terre. Oui, je sais, c'est peut-être naïf, mais j'ai le sentiment d'avoir résisté à cet assassinat social de l'enfant qui sommeille en chacun de nous.
Grandir, ce n'est pas tuer l'enfant qui est en nous, mais réaliser ses rêves.
Yannis Youlountas
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