Koala a écrit:"'L'individu qui se pense super conscient au dessus du "troupeau de moutons" relève parfois d'une forme de mépris qui m'exaspère "...
Moi aussi ça m'exaspère.
D'ailleurs, je vais peut-être arrêter avec les citations, moi...
Surtout pas ! Ça cultive, et cela permet des débats et échanges intéressants justement.
D'ailleurs celle de Malatesta me va très bien
Koala a écrit:L’aspiration à la liberté illimitée, si elle n’est pas tempérée par l’amour de l’humanité et le désir que chacun jouisse d’une liberté égale, pourrait bien créer des rebelles qui, s’ils sont assez forts, deviendraient vite des exploiteurs et des tyrans mais jamais des anarchistes.
Malatesta
C'est, même au sein de la mouvance anarchiste, la question entre libéral et libertaire qui est posée là. Et là encore un confusionnisme dénoncé par Malatesta, anarchiste-communiste, rapporté à un courant individualiste qui mélange tout, et se pense super rebelle en portant pourtant un discours ultra-libéral. On retrouve cela encore aujourd'hui, notamment dans la question prostitutionnelle, avec des confus-es qui en viennent à défendre la liberté de vendre son corps, contre la position libertaire anti-prostitutionnelle et abolitionniste qui porte le combat justement du sens. Bakounine esquissait pourtant la question de la liberté sous un sens libertaire et pas libéral, mais il ne fait pas vraiment partie de la panoplie des faux super rebelles qui se retrouvent à ânonner du libéralisme bourgeois :
"L'homme n'est réellement libre qu'autant que sa liberté, librement reconnue et représentée comme par un miroir par la conscience libre de tous les autres, trouve la confirmation de son extension à l'infini dans leur liberté. L'homme n'est vraiment que parmi d'autres hommes également libres; et comme il n'est libre qu'à titre humain, l'esclavage d'un seul homme sur la terre, étant une offense contre le principe même de l'humanité, est une négation de la liberté de tous."
Mikhaïl Bakounine - 1814-1876 - Catéchisme révolutionnaire - 1865
Bon, on passera (car il y aurait matière à s'arrêter justement là dessus) sur le côté "catéchisme" et sur l'orthographe en "homme" qui fait penser qu'il oublie la dimension femme (et il est clair que cela ne fait pas partie vraiment de ses préoccupations comme beaucoup de l'époque, et il n'y a pas là matière à l'excuser), mais il y a là une dimension collective qui replace bien le combat pour la liberté dans le combat libertaire, et il est clair que cela se confronte avec le discours libéral, voire ultra-libéral sur la liberté.
Il y a donc des anarchistes pour se rouler dans le verbe du discours ultra-libéral, se pensant super rebelles, et d'autres pour construire du sens libertaire, et on aura beau faire, même avec une volonté unitaire c'est sur ces questions de sens que se fait en partie la fracture entre individualistes et communistes-libertaires.