Proposition d'article pour "le P'tit Noir numéro 9" :
J'ai personnellement beaucoup aimé la lecture de Nietzsche, c'est même un des rares philosophes qui m'a vraiment donné envie d'en savoir plus sur ce qu'il pensait.
Ce que j'en ai retenu c'est un chainon manquant dans son explication du monde et en particulier sur celle qu'il donne du cheminement humain.
Et, c'est sans doute cet élément absent qui fait chavirer tout l'édifice de la conception Nietzschéenne et qui a permis à certaines personnes mal intentionnées de s'en emparer à des fins peu glorieuses.
Résumons :
Je suis en accord avec un élément central de la pensée de Nietzsche : celui qui concerne la volonté de puissance liée à l'épanouissement de l'individu.
En cela je retrouve l'importance accordée à l'individu qui a, sous une autre manière, été évoquée par Max Stirner.
Cette importance de l'individualité, qui doit être mise en rapport avec la notion de liberté, a été obérée par la plus grande partie de la pensée marxiste et c'est peut-être une des raisons pour laquelle la répression bolchevique a pu se développer grâce à cette justification théorique.
Ce que j'apprécie donc le plus dans la pensée Nietzschéenne est que pour lui l'individu existe de façon essentielle et qu'il ne doit pas être relégué au second plan par rapport à la collectivité.
Ensuite vient la question de "la volonté de puissance" qui serait selon lui un des moteurs principaux de l'histoire de l'humanité.
On ne peut que constater à ce sujet que l'histoire des hommes et des femmes peut se résumer à une question de rapports de forces que ce soit dans les relations entre forts et faibles, en exploiteurs et exploités ou entre hommes et femmes.
Cette volonté de puissance existerait donc bel et bien chez l'être humain.
Mais sans tenir à ce simple constat aboutirait à des dérives pouvant justifier tous les systèmes sociaux autoritaires qu'ils aillent du centralisme dit "démocratique" au fascisme le plus absolu.
Il manque donc, d'après moi, un chainon essentiel dans la conception Nietzschéenne, celui qui a peut-être rendu le philosophe fou.
Ce chainon est celui de l'environnement social, celui de la communauté qui ne se résume pas à une addition d'individus mais qui a un fonctionnement indépendant voire autonome.
C'est aussi celui du rapport dialectique qui existe entre individualité et communauté.
La volonté de puissance serait bien un élément fondamental de la "structure" humaine mais son aboutissement "sain" serait la quête d'une acquisition de cette puissance de l'individu sur lui-même.
Ce processus parvient tout de même à s'immiscer dans certaines failles de la société et c'est ce qui fait la lente évolution de la pensée humaine.
La volonté de puissance est donc jusqu'à présent pervertie par les rapports sociaux déséquilibrés générés par tous les systèmes sociaux qui ont existé.
Le dernier en date étant le capitalisme.
Les rapports sociaux basés sur l'exploitation de l'homme par l'homme pervertissent la volonté de puissance sur soi-même en la détournant vers la tentative et le combat pour l'emprise sur les autres.
Une révolution sociale et l'établissement de rapport de production justes, permettraient de ramener la volonté de puissance dont parle Nietzsche vers son réel objectif : soi-même.