Tarnac, alternative en actes

Tarnac, alternative en actes

Messagede Nico37 » 09 Déc 2010, 21:11

Les Amis de la Commune de Tarnac écrivent à leurs amis Tarnac, 1er décembre 2010-12-07

Bonjour !

Nous ne vous écrivons pas, aujourd’hui, pour vous entretenir des obscurs dédales de procédure dans lequels la justice s’attache à enfermer certains d’entre nous, et dont nous essayons encore de les sortir. Nous vous écrivons dans une perspective nettement plus joyeuse : ce que nous avons commencé à construire depuis quelques années sur le Plateau de Millevaches.

Si nous sommes installés à Tarnac, c’est bien sûr pour la vieille tradition de résistance à l’autorité centrale, d’entraide populaire, de communisme rural qui y survivait. Notre idée n’a jamais été de nous y réfugier, mais au contraire de nous y regrouper pour y élaborer d’autres rapports sociaux, y rendre vivables d’autres rapports au monde que ceux qui dominent, et précisément dévastent le monde.
Nous imaginions des communes qui se répartissent les cultures élémentaires et se partagent, selon leurs besoins, les récoltes lors de fêtes mémorables, des garages collectifs, des camions sillonnant le Plateau pour apporter à ceux qui ne peuvent se déplacer le ravitaillement nécessaire, des discussions de bar plus pointues qu’un séminaire à la fac, une laiterie commune qui fournirait à tous le lait à prix coûtant, bref, tout un territoire qui s’affranchit peu à peu du recours à l’argent, à la police, à l’État.
L’offensive policière qui nous a frappés visait, entre autres choses, à détruire l’expérience qui commence à prendre racine ici, à trancher les liens qui nous unissent et nous unissent aux autres habitants du plateau : isoler pour mieux anéantir. Non seulement l’opération n’a pas rencontré le succès escompté, mais elle a eu l’effet exactement inverse. La solidarité qui s’est exprimée ici a dépassé tout espoir raisonnable. Grâce au soutien de tant d’inconnus des quatre coins de la France et du monde, grâce à votre soutien donc, nous avons pu traverser l’épreuve qui devait nous pulvériser. Ce Plateau qu’il s’agissait de nettoyer de toute dissidence finit par l’attirer comme magnétiquement. Quant à nous, tout cela n’a fait que tremper un peu plus notre détermination, et nous attacher encore plus fermement à réaliser nos perspectives initiales. Le bar-épicerie est toujours là, la ferme du Goutailloux voit paisiblement croître son troupeau et ses cultures communes, une assemblée populaire a même vu le jour sur le Plateau afin d’intervenir et d’appuyer le dernier mouvement sur les retraites.
À présent, nous nous lançons dans l’installation d’une scierie et d’un atelier bois afin de construire des habitats à bas coût pour qui vient repeupler le Plateau. A compter du printemps, nous voulons transformer le bâtiment principal du Goutailloux en grand lieu ouvert à l’organisation de toutes sortes de rencontres. Et dans le courant 2012, nous comptons faire l’acquisition d’un bâtiment dans le centre du bourg pour le transformer en maison de soin accessible à tous. Or, si nous disposons de stocks d’énergie et de bonne volonté, il nous manque € 35 000,00 pour achever la scierie et l’atelier bois, et € 55 000,00 pour la réfection du bâtiment principal de la ferme. Si nous voulons continuer à aller de l’avant, nous devons réunir d’ici fin janvier € 90 000,00. Pour la maison de soin qui réclamera € 90 000,00 supplémentaires, nous avons plus de temps. Or quelque chose nous dit que ce n’est pas l’État qui, dans les circonstances présentes, va nous soutenir dans cette louable direction. C’est pourquoi nous avons créé une structure qui permet à tous ceux qui souhaitent nous soutenir de procéder à des dons tout en ayant la faculté de les déduire dans une proportion des deux tiers de leurs impôts. Cette structure, “ les Amis de la Commune de Tarnac ”, est un fonds de dotation qui a vocation de recueillir et de redistribuer les dons à des initiatives vivifiantes pour le Plateau. Nous vous écrivons pour vous demander de nous aider, dans la limite de vos possibilités, à continuer sur notre lancée et à rendre son vrai sens au beau mot de partage.

Des amis de la commune de Tarnac.

p.s. : au-delà de l’appel à l’aide financière qui est souvent ce que l’on peut faire de mieux pour témoigner de son attachement à quelque chose à quoi nous n’avons pas la possibilité de participer, il va de soi que celles et ceux qui disposent de savoir-faire, de liberté ou simplement du désir de nous aider de leurs mains, par leur participation directe, sont les bienvenus. Ils savent où nous trouver.



Extrait du journal officiel associations :

Association : les Amis de la Commune de Tarnac (ACT).
No de parution : 20100046
Département (Région) : Corrèze (Limousin)
Lieu parution : Déclaration à la préfecture de la Corrèze.
Type d'annonce : FONDS DE DOTATION / CREATION
Déclaration à la préfecture de la Corrèze.
LES AMIS DE LA COMMUNE DE TARNAC (ACT).

Objet : soutien aux actions d’intérêt général à caractère social, écologique et solidaire sur le plateau de Millevaches, soutien à toute initiative permettant le développement durable des territoires ruraux ; promotion d’initiatives et de projets socio-culturels permettant d’établir ou de renforcer les liens entre territoires ruraux et milieu urbain ; mise en valeur du patrimoine naturel, social et historique du plateau de Millevaches.
Siège social : magasin général, 12, rue du Tilleul, le bourg, 19170 Tarnac.
Durée pour laquelle le fonds de dotation est créé : indéterminée.
Date de la déclaration : 19 octobre 2010.

Un fonds de dotation [ loi du 4 août 2008 ] est une personne morale qui reçoit et gère en les capitalisant des biens de toute nature qui lui sont apportés à titre gratuit et irrévocable. Il utilise les revenus de la capitalisation en vue de la réalisation d’une œuvre ou d’une mission d’intérêt général ou les redistribue pour assister une personne morale à but non lucratif dans l’accomplissement de ses œuvres et de ses missions d’intérêt général.

Un don effectué en faveur des Amis de la Commune de Tarnac ouvre droit, pour les particuliers, à une réduction d’impôt de 66% du montant du don tant qu’il n’est pas supérieur à 20% du revenu imposable. L’excédent est reporté sur les années suivantes jusqu’à la cinquième et ouvre droit chaque année à une identique réduction d’impôt.

Pour donner, soit

par chèque : les Amis de la Commune de Tarnac, magasin général, 12 rue du Tilleul, 19170 Tarnac
par virement bancaire : les Amis de la Commune de Tarnac, banque populaire, 1 place Jean-Jaurès, 87120 Eymoutiers, IBAN : FR76 1360 7000 7234 2194 8907 251, adresse SWIFT (BIC) : CCBPFRPPNIO

Quoi que vous fassiez, veuiller renvoyer le bulletin de don, téléchargeable ici, pour qu'ils puissent vous faire parvenir le reçu fiscal correspondant à votre don. Vous pouvez aussi écrire à l'adresse postale ci-dessus ou, par courriel, à act@boum.org.
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Pïérô » 11 Déc 2010, 18:27

http://paris.indymedia.org/spip.php?article4612

Et maintenant ceux de Tarnac nous réclament 180000 euros !

Un texte signé des Amis de la Commune de Tarnac (rien que ça !) tourne depuis quelques jours sur internet (sites et mails). Il nous expliquent qu’ils ont de grands projets pour vivre le communisme sur le plateau de Mille Vaches, mais que ça leur couterait un peu d’argent (180000 euros), et que ça serait gentil de leur filer rapidement : « C’est un des paradoxes de l’époque qu’il faille de l’argent pour se doter des moyens de s’affranchir de l’argent. Or quelque chose nous dit que ce n’est pas l’État qui, dans les circonstances présentes, va nous soutenir dans cette louable direction. C’est pourquoi nous avons créé une structure qui permet à tous ceux qui souhaitent soutenir notre démarche de donner de l’argent et de déduire les deux tiers de leur don de leurs impôts. »

On pouvait croire à une blague de mauvais goût, mais un certain nombre d’éléments écarte malheureusement l’hypothèse

voir plus haut.

il est vrai que certaines choses peuvent prêter à sourire, pour le moins...
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 » 12 Déc 2010, 09:09

http://nantes.indymedia.org/article/2253

[Tout ce qui est avancé ici, malgré de fortes ressemblances avec de simples vannes bêtes, gratuites et méchantes, est en fait tiré du texte dont nous parlons, d’interviews données au figaro et au journal du dimanche et autres interventions publiques comme sur La Chaine
Parlementaire]

Il y a quelques jours, un site prétendument libertaire publiait un appel datant du 1er décembre et signé des « Des Amis de la Commune de Tarnac ».

Nous sommes nombreux chaque jour à venir chercher quelques infos et de l’actualité sur le net a propos de la conflictualité sociale : récits de luttes, de grèves, d’occupations, émeutes dans les rues, les prisons et les centres de rétention, communiqués d’actions, ou bien de la théorie pour enrichir notre analyse. Chacun va y chercher ce dont il a besoin dans ses propres luttes, pour sa propre émancipation, conscients cependant qu’Internet n’est pas un outil neutre.

Seulement, tomber sur une infamie pareille relève de l’agression ; et nous n’en aurions pas fait des tonnes s’il s’agissait d’une publicité pour la fondation abbé pierre. Cet appel à souscription n’apporte rien à nos luttes et nos révoltes, il n’est qu’un appel à des pauvres qui luttent dans leur quotidien (les adresses mails et les sites choisis pour la diffusion de ce texte en témoignent), à mettre leur argent dans la
retraite dorée de quelques radicaux résignés à tout bouleversement insurrectionnel effectif et retirés dans la cambrousse. Loin de nous
l’idée de condamner celles et ceux qui ne tiennent pas le coup, qui perdent l’espoir et l’énergie d’en découdre physiquement avec ce monde, tant qu’ils ne viennent pas nous mendier quelques sous pour financer leurs vacances militantes qui pourraient au contraire servir au développement de luttes et d’outils pratiques et théoriques comme des brochures, des journaux, des revues, des bulletins, des lieux, des banderoles, des tracts, du matos etc. La question de l’argent est rarement abordée parmi nous... Mais oui, tout cela coute cher, surtout lorsque très peu de gens produisent et que beaucoup en profitent. Et nous n’avons pas tous des « fonds de dotation » avec exonérations d’impôts, beaucoup d’entre nous ne payent généralement pas ou peu d’impôts.

D’abord, l’appel à souscription commence par une phrase qui a le don de nous mettre en colère : « Nous ne vous écrivons pas, aujourd’hui, pour vous entretenir des obscurs dédales de procédure dans lesquels la justice s’attache à enfermer certains d’entre nous, et dont nous essayons encore de les sortir. » Encore heureux que vous nous parliez pas de votre stratégie tous-les-moyens-sont-bons de défense, du cynisme qui caractérise vos apparitions médiatiques. Encore heureux que vous ne nous renvoyiez pas à la gueule votre sale attitude de balance, expliquant à Mr le juge antiterroriste que plutôt que de vous arrêter, il aurait fallu explorer « la piste allemande » (menant à des arrestations et interrogatoires en Allemagne). A expliquer à la terre entière que vous n’êtes que de gentils intellectuels et philosophes de salon qui ne font que se questionner sur le monde au coin du feu, des pâquerettes dans les cheveux, clamant votre innocence de partout pendant que des camarades font le pari d’assumer ce qu’ils sont en rejetant le vocable et les catégories imaginaires de l’ennemi, ils croupissaient en même temps que vous au trou. Et nous passons sur votre front médiatique commun avec les députés, sénateurs,
maires, magistrats, flics etc. pour racler les fonds de tiroir de la gauche et lui trouver une nouvelle cause républicaine et citoyenne en vos
viles personnages. Il est si séduisants en effet, d’imaginer ce costaud à lunettes, en jean et pull-over rouge que l’Etat accuse d’être un dangereux terroriste, mais qui vous sert aujourd’hui un gâteau au chocolat, surtout que plus jeunes nous adorions batman. « Tout les moyens sont bons pour sortir nos amis de prison », entendait-on, dans ce cas là vous n’aviez qu’à vous dénoncer ou dénoncer vos autres amis pour les actes reprochés.

« Si nous nous sommes installés à Tarnac, c’est bien sûr pour la vieille tradition de résistance à l’autorité centrale, d’entraide populaire, de communisme rural qui y survivait. » Vous oubliez de préciser que si vous vous êtes installés à Tarnac, c’est aussi parce que Gerard Coupat, après avoir amassé sa petite fortune dans les laboratoires de mort de l’industrie pharmaceutique, vous a gracieusement offert une propriété et quelques entreprises. Mais Gérard est-il à sec maintenant ?
C’est donc à nous dorénavant de financer votre « bar-épicerie » et ses « repas ouvriers » à 12€ tels que vous les présentiez à vos amis du show business il y a quelques mois de cela. Mais nous savons que vous êtes des « athlètes de l’esprit », que vous trouverez bien une manière de faire avaler tout cela à quelques jeunes en manque de perspectives qui à d’autres époques auraient grossis les rangs d’un Woodstock ou des Krishnas.

« À présent, nous nous lançons dans l’installation d’une scierie et d’un atelier bois afin de construire des habitats à bas coût pour qui vient
repeupler le plateau. » Le projet est clair, monter une nouvelle colonie de peuplement sur le mode des communautés rurales post-soixante-huitardes, qui en effet, si on en tire un quelconque bilan, auront vraiment réussies à révolutionner ce monde.

Que les choses soient claires, si vous voulez assurer votre fuite de la guerre sociale (on évitera de classe avec vous) en trayant des vaches, grand bien vous fasse, mais ne venez pas mendier à ceux qui luttent et qui vivent dans la grande majorité des cas dans la précarité.

Braquez les éditions de la Fabrique, allez chercher l’argent où il se trouve, videz le portefeuille des bourgeois qui vous ont soutenus et chez
qui votre récit émouvant de teletubbies poujadistes, de commerçants modèles, l’innocence même, persécutés par un pouvoir si injuste que votre petit business eco-humain menaçait de ses griffes de liberté. Et de grâce, en même temps que vous arrêterez de nous racketer (émotionnellement et financièrement), arrêtez d’embarquer avec vous tout ce qui se fait de jeune, naïf et sincère en lui faisant croire qu’il fera la révolution en produisant son propre placo-platre bio.

« Or quelque chose nous dit que ce n’est pas l’État qui, dans les circonstances présentes, va nous soutenir dans cette louable direction. »
Nous prierons pour que d’autres circonstances émergent dans lesquelles l’Etat voudra bien financer votre petite colonie de vacance, mais peut être que stratégiquement, faire de l’entrisme à Club Med pourrait vous permettre d’y monter un Club Med Tarnac réservé à la gauche de la gauche.
Une stratégie qui permettrait donc de déclencher une insurrection sans avoir à passer par des moyens trop subversifs comme la pétition. Nul doute que votre maitre à penser, Blanqui, si il était encore vivant, viendrait traire des canards à vos cotés.

Ce que l’on peut admirer chez vous, c’est que vous ne faites pas les choses à moitié, avec vous un simple appel au soutien financier devient « une structure », « un fonds de dotation », qui va nous permettre (vraiment, merci) « de donner de l’argent et de déduire les deux tiers de leur don de leurs impôts », faites attention cependant à ne pas trop concurrencer Habitat & Humanisme sur le marché caritatif, qui elle aussi œuvre au pansement des plaies de ce monde et aux exonérations fiscales. « Elle a vocation à recueillir et redistribuer des fonds à des initiatives vivifiantes pour le plateau. » Car oui, nos régions ont du talent !

Camarades ! Si vous avez vraiment de l’argent à jeter, envoyez le plutôt aux caisses de solidarité et aux initiatives locale que vous souhaitez voir vivre. Mais pour les réalistes, ceux qui veulent agir ici et maintenant pour l’insurrection qui vient, il vous suffira de remplir ce formulaire :

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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede luco » 12 Déc 2010, 11:08

L'insurrection a fait... pschiiiiiittttttt.

Il n'aura pas fallu longtemps pour que le tigre de papier millénaro-situationnisto-romantico-insurectionnel se transforme en banal néo-ruralisme légaliste et pacifiste version Silence (et ce ne sont pas les pires) ou Pierre Rabhi (et là on s'approche du pire).

D'une certaine manière ce n'est pas plus mal que cela arrive AVANT d'avoir entraîné plusieurs dizaines de jeunes dans une escalade éventuellement violente mais sans issue.

Il n'y a malheureusement pas de raccourcis à l'action militante patiente : le socialisme est un projet qui repose sur la mise en mouvement de l'ensemble d'une classe opprimée et sur l'existence de larges secteurs conscients et organisés de celle-ci.

Ce projet vise la démocratie maximum (jusque dans l'économie) et repose donc sur la démocratie maximum (dans les luttes).

Le choix des insurectionnalistes de l'éco-construction, de réfuter et de combattre les formes assembléistes et démocratiques de lutte (ag, conseils, coordination) pour lui substituer les regroupements "affinitaires", minoritaires, émotionnels... et au fond opaque et manipulateurs (avec un comité invisible composé "d'intellectuels" abscons) était d'emblée une impasse et une contradiction au vu des buts d'émancipation individuels et collectifs que nous poursuivons tous.
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Re: A Tarnac : appel à dons pour ouvrir scierie et maison de

Messagede Pïérô » 12 Déc 2010, 15:23

et ici aussi : viewtopic.php?f=74&t=894&start=645#p58073
il y a déjà des posts sur le sujet. :wink:

Edit : dans la mesure où il y a distinction à faire entre le côté judiciaire et la répression et le côté en constructions diverses côté alternative en actes affiché, j'ai fusionné ici ce qui relevait de cette partie "alternative en acte" quoique l'on en pense, en retitrant le présent topic, et qui était dans la rubrique " Répression, sécuritaire ".
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Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 » 18 Juil 2011, 21:46

Dans le bourg de Peyrelevade, sur cette vieille terre de résistances, nous avons décidé de fêter à notre manière l’abolition des privilèges que la Révolution française proclama, et qu’il nous reste à réaliser.
Deux siècles et demi après la première nuit du 4 août, la mise à sac de la planète par une oligarchie prédatrice qui vaut bien les aristocraties d’antan, atteint un point de non-retour. Les gouvernements qui avaient renfloué la Banque aux dépens des peuples prétendent maintenant sacrifier les peuples pour satisfaire la Banque.

Mais, des revolutions arabes aux places occupées d’Espagne et d’Europe, des émeutes de Grèce à celles de Londres, des blocages français aux grèves chinoises, le rêve d’un monde plus libre, plus égalitaire et plus fraternel connaît une nouvelle jeunesse.

Du 4 au 6 août prochain, venus des quatre coins du monde, insurgés victorieux, musiciens, travailleurs en butte à l’exploitation, saltimbanques, chômeurs heureux, étudiants enragés, citoyens au bord de la crise de nerf, cinéastes, irradiés en furie, militants lassés de s’indigner ou radicaux mélancoliques, écrivains, habitants des campagnes et des banlieues, bloggeurs, tous peu soucieux de leur reconnaissance par la société existante, se retrouveront dans les rues du bourg de Peyrelevade. Deux jours et deux nuits durant, il y aura des films, des interventions, des discussions, de l’ivresse, de la musique et des
chants, l’inattendu au coin de la ruelle et les murs couverts d’expressions énigmatiques, un banquet et un bal populaire aussi. Il y aura sur cette nouvelle place Tahrir en zone rurale la même disposition à se rencontrer et à se parler que dans les rues de Tunis le 14 janvier dernier ou sur les piquets de blocage en France pendant le mouvement contre la réforme des retraites. Pour s’arracher ensemble au cours programmé de la catastrophe, et crier « Dégage ! » à tout ce qui entend nous gouverner.

Il y aura à la fin une assemblée d’où partiront, à coup sûr, des projets de bouleversement pour le siècle qui vient.

Comme disait un graffiti de la Puerta del Sol : « L’impossible ne peut qu’advenir. »

Nous vous attendons donc à Peyrelevade pour les Nuits du 4 août.

Les 4, 5 et 6 août, à Peyrelevade

En présence de Satoshi Ukai, Fantazio, Gilles Clément, Zoubeir Chahab, Gilles Perrault, Ouffnoon, Eric Hazan, Hakima Berrada, Quntet de bœufs, John
Jordan, Isabelle Frémeaux, Krekekekex koax koax, Florent Gouget, Danser dans le silence, Arterroriste, Mylène Sauloy, bien d’autres encore et vous peut-être.

Le site des Nuits du 4 août : http://www.nuitsdu4aout.com

Pour télécharger l'affiche : http://ddata.over-blog.com/4/54/92/03/n ... outweb.pdf

diffusion@soutien11novembre.org

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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 » 05 Aoû 2011, 23:51

Tarnac, un acte préparatoire 05 Août 2011 Par Dominique Conil

Aujourd'hui, à 17 heures, onva lire des textes de Jean-Marie Gleize. Il pleuvra peut-être. Cela se passeraà Peyrelevade, bourg voisin de Tarnac, plateau de Millevaches, où l'on arrived'un peu partout, de France et bien sûr d'ailleurs. Là, pendant trois jours ettrois nuits, en hommage à cette nuit du 4 août et à l'abolition des privilèges«que la Révolution proclama, etqu'il nous reste à réaliser», dit le texte du programme.

Ainsi donc, sous tente ouabri, va-t-on lire Jean-Marie Gleize, son Tarnac,un acte préparatoire. Et ce sera, sans doute, trèsbien : « Un mouvementrévolutionnaire ne se répand pas par contamination
Mais par résonance ». C'est l'une des phrases qui vous reste en tête, parmi d'autres, dans les fougères.

Sans doute yaura-t'il résonances multiples, - « lapluie continuera plusieurs heures, plusieurs jours et plusieurs nuits. Ellecontinue après, longtemps après. Elle ne peut effacer la poussière ».

Ceux qui sont familiers del'œuvre de Jean-Marie Gleize, poète, essayiste, sauront déjà que ce Tarnac làest forcément très loin des « réutilisations » de l'actualité, supports depromotion, avec vide intérieur. Le livre est dédié à Julien Coupat et sescamarades, mais il est à l'inverse inspiré,nourri de trois pôles, qui se succèdent, par strates et rapprochements, sanshiérarchie, parcours qui a la force d'une rêverie éveillée, phrases qui tendentvers le nécessaire, intime du politique, au plus près de la phrase finale, «ne rien mentir». Les fragments autobiographiques sont essentiels, mais pas lissés: «Je trace un mot à la craie sur gris ardoise de l'ardoise. Cette phrase est friable».

Tarnac, ici centre assombri-approfondidu monde, est d'abord un lieu d'enfance,et même lieu de naissance, un lieu deforêts « fermées » : « Ceque voit l'enfant, ce qui le pénètre sans qu'il le sache ». Jean-MarieGleize a grandi ici. Talus, frondaisons, eau, « par temps d'orage le vent soulève lescharpentes comme les feuillets d'un livre, les précipite et les brise ».

Présent, aussi, H.A-G, patriarchemort en 1964 et reçu dans le tiers-ordre franciscain en 1908, dont les cahiers,quelques notes, ont été retrouvées dans une boîte de fer-blanc; un autre parcoursvers la non-propriété.

Et enfin, détonateur dutexte, ouverture, source d'autres évocations, le 11 novembre 2008, avec, en ceslieux familiers, l'arrivée massive de la police venue perquisitionner et interpellerceux qui vivent autrement, présentés immédiatement et avec fracas comme« terroristes »

Enumération des loissuccessives qui ont forgé l'arsenal antiterroriste « Il est illusoire de demander que ce régime procédural soit appliqué defaçon moins large et moins brutale : il est précisément conçu pour êtreappliqué comme il l'est ».

Et ainsi le livre tout entiers'inscrit-il dans « l'acte préparatoire », si peu défini par lelégislateur.

A la trace franciscaine, àl'enfance, répond, comme motif , l'évocation politique. C'est même ce quiapparaît, progressivement, comme dans ces dessins-énigme pour enfants :sauras-tu retrouver la révolution dans ce tableau ?

« Je reprends à partir du mot « communiste ».

« Communiste est ce mot enfermé dans l'eau, ce corpsenfermé dans l'eau. Ici à Tarnac le brouillard se couche à la surface de l'eau

Froisse les talus de fougères c'est la nuit »

Enfermé dans l'eau, GillesTautin, militant maoiste de 1968 poursuivi par la police à Flins, noyé dans la Seine. Le temps n'est pas aboli, il estdans une autre continuité. Dans un passionnant entretien avec la revuePoezibao, Jean-Marie Gleize évoque un « présent antérieur » etsimultanément un « présent à venir ».

Aujourd'hui donc, non loin des forêts , à Peyrelevade,on lira Jean-Marie Gleize et c'est très bien ( même si son Tarnac est aussi ce genrede livre avec lequel on noue une relation de lecture intime,silencieuse, à laquelle on ajoute son propre désordre, ses prolongations,l'effet de résonance , oui, est puissant). L'affiche des Nuits du 4 août le dit : il faut des lieux,de la musique, les mots adéquats.

Comme , extrait du chapitre 15, en forme de journal, ces mots très très adéquats :

Le 21 mars- On a
frappé sur un arbre.- Le sol a tremblé, oui. ( c'est
alors que le lac gris du
ciel devient presque noir
puis devient noir et c'est
la nuit, et maintenant la
musique commence ou
recommence, elle vient de
la forêt, la traverse et
c'est tout). Le2 avril.
N'entrez pasen guerre,
Vous y êtes. Vous n'entrez
pas, vous y êtes.
Rimbaud : « je suis
en grève ». Dans cette
Indistinctionreconquise,
Alors se
(« je buvais, accroupi
dans quelque bruyère
entourée de bois de
noisetiers Par un
brouillard ») des zones
d'autonomie active zones
d'autonomie provisoires
Des couloirs de
repliement si besoin pour
reprendre ailleurs plus
loin à couvert, la pratique
de « je suis en grève »/
pour une politique
du présent de la présence
d'invention permanente
gestes-regards,
fabrication continue des
cabanes -

Tarnac, un acte préparatoire de Jean-Marie Gleize, 163 pages, éditions du Seuil, collection Fiction et cie,18 euros.
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Re: Tarnac, alternative en actes

Messagede Nico37 » 13 Déc 2013, 17:44

Des nouvelles de Tarnac

Chers amis,

Cela va bientôt faire un an et demi que nous n'avons pas donné de nouvelles. Si tout suit son cours tranquillement subversif sur le plateau de Millevaches, le moins que l'on puisse dire c'est qu'à l'échelle du pays le climat politique et existentiel tend à devenir exécrable. Ce qui se cache derrière « la crise » est un phénomène si total qu'il défie manifestement nos catégories. Une fois que l'on a parlé des « ravages du néo-libéralisme », de « l'épuisement des ressources », du « néant spirituel » ou de l' « implosion du social », on sent bien que l'on rate encore l'essentiel. Tout cela ressemble fort à une civilisation qui roule droit dans le mur à tombeau ouvert, et qui cherche à s'éviter par tous les moyens la remise en cause de ses façons de vivre et de penser. Dans cet imperceptible sauve-qui-peut, le premier réflexe est de se raccrocher à tout ce qui surnage en ce coeur du naufrage qu'est l'Europe, notamment à l'Etat national. Le retour des vieilles lunes fascistoïdes exprime d'abord l'illusion que ce cadre serait une voie de salut quand il est devenu l'échelle même de notre impuissance. Le misérable petit désir d'extermination des « étrangers » qui monte dans le pays témoigne de cet auto-enfermement dans le cadre national, et des instincts de cannibalisme social qui en découlent dès que s'annonce la disette. Bref : le navire amiral fait eau de toutes parts, ça fuit de partout.

Ça fuit de partout. Voilà qui, d'un point de vue local, du point de vue de la commune, n'a rien de désastreux. Partout, des gens cherchent et expérimentent d'autres façons de s'organiser, de vivre, de se lier les uns aux autres et au territoire qu'ils habitent. Ça fuit, mais ça ne fuit pas comme des rats. Il y a une recherche à l'oeuvre, qui est à la mesure du désastre général. Seulement, ce serait une erreur que de voir là de simples « alternatives » au système économique dominant. La situation est bien plus panique que cela, et en un sens plus politique. En fait d'« alternatives », ce qu'il y a c'est bien plutôt un combat. Un combat entre une organisation sociale en restructuration violente au profit de la petite minorité nécessaire au pilotage de la machine économique mondiale depuis les métropoles, et toute la vie qui s'agence à l'écart et contre cette organisation. Ce qui se constitue, ce ne sont donc pas des îlots, des oasis, des niches existentielles au milieu du désert néo-libéral, mais de véritables mondes, une sorte de condensation territoriale de forces, d'idées, de moyens et de vies qui attirent magnétiquement tout ce qui fuit, tout ce qui déserte, tout ce qui fait sécession avec le nihilisme dominant.

Ces dernières années, c'est un tel processus de regroupement que nous voyons s'accélérer, à notre petite échelle, sur le plateau de Millevaches. Il y a là, sur cette rude terre, pas à pas, un dehors partiel à l'ordre global qui se construit. Un dehors qui ne concerne pas seulement ceux qui y vivent, mais aussi tous ceux qui pourraient être tentés, à un moment ou à un autre, de laisser derrière eux une forme d'existence devenue par trop toxique pour eux. À tel point que l'on se prend à imaginer par ici que si la politique nationale devait continuer de suivre sa pente néfaste, le plateau pourrait bien assumer en tant que tel une sorte de rupture avec cet ordre vermoulu. Au reste, une telle chose s'est déjà vue par ici dans l'histoire récente. Les maquis pourraient bien, un de ces jours, ressortir des musées.

Mais venons-en à la raison de ce courrier. Cela va faire bientôt dix ans que nous avons pris la ferme du Goutailloux à Tarnac. Depuis le premier jour, nous rêvons d'en faire un grand lieu collectif ouvert sur le plateau et sur le monde. Un lieu où l'on pourrait réunir des centaines de personnes à l'occasion de séminaires, de grands repas communaux, de fêtes, de la venue de troupes de théâtre ou de groupes de musique. Nous rêvons depuis dix ans d'une grande salle de plus de 300 m2, de granit et de bois brut, et dont l'atmosphère porterait la réconciliation du merveilleux, de l'expérimental et du populaire. Une sorte de collision architecturale, toute proportion gardée, entre le théâtre du Globe de Shakespeare, le club rock underground CBGB à New York et le saloon. Un lieu qui, par son ambiance, appellerait à lui tout ce que ne peut accueillir une salle des fêtes anonyme, carrelée et éclairée au néon. Un lieu donc, de rencontre, de réunion, de retrouvailles et de réjouissances. Jusqu'ici, et cela n'est pas tout à fait étranger à une certaine opération policière survenue le 11 novembre 2008, nous n'avons eu ni les forces, ni le temps, ni les moyens de nous lancer dans ce chantier considérable.

Or cette fois-ci, nous en avons fait les plans et une équipe d'une trentaine de compagnons bâtisseurs allemands a d'ores et déjà programmé de venir nous aider à réaliser ces travaux l'été prochain, en août. Ces compagnons font partie d'un groupe mixte de menuisiers, charpentières, tailleurs de pierre et maçonnes qui, passée leur formation, partent sur la route pour un tour de trois ans à travers l'Europe. Chaque année depuis 1982, ils interrompent leur itinérance et convergent pour un mois à l'occasion d'un chantier dans un lieu collectif qu'ils ont choisi de soutenir. Cette année, ils ont choisi le Goutailloux. Un chantier de cette ampleur coûte évidemment cher, et il nous manque encore, à ce point, quelque 70 000 euros pour financer la construction d'un bâtiment dont l'usage sera gratuit et débordera largement les seuls habitants de Tarnac. Pour tout vous dire, nous avons rarement eu autant besoin d'aide financière pour un projet qui nous tient à ce point à cœur et depuis si longtemps. Quant à ceux qui auraient le savoir-faire et du temps à consacrer, entre mars et juillet 2014, à des travaux de menuiserie, de charpente, d'électricité ou de maçonnerie, ils sont plus que les bienvenus. Il leur suffit de nous joindre, dès maintenant. Chaque semaine de ces chantiers préparatoires se concluera par un week-end consacré à la discussion politique et/ou l'élaboration théorique. Une façon d'être fidèle à ce que nous entendons par « commune » : une certaine manière de ne pas délier construction matérielle, pensée et geste politique.

À très bientôt,

Des amis de la commune de Tarnac
Nico37
 
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Re: Tarnac, alternative en actes

Messagede Denis » 19 Déc 2013, 22:26

Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent, Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous, Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

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