Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede Pïérô » 06 Mar 2010, 13:15

Alternative en actes, autogestion ici et maintenant, un projet que je trouve sympa et intéressant.

lu sur basta ! http://www.bastamag.net/article893.html :

Innovation sociale

Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Inventer de nouvelles façons d’aborder la vieillesse ? C’est le pari lancé par une vingtaine de femmes à Montreuil (93) avec la Maison des Babayagas, qui devrait être inaugurée en 2012. Un projet de maison de retraite autogérée, citoyenne, écologique, pour « changer l’imaginaire social de la représentation des vieux ». Rencontre avec Thérèse Clerc, pionnière de cette aventure.

Elle a 83 ans, l’œil qui pétille et une énergie communicative. Thérèse Clerc est une « Babayagas ». Un nom qui fait référence à des sorcières de légendes russes. Depuis 12 ans, elle se bat pour faire aboutir un projet qui lui tient à cœur : une maison de retraite autogérée. Le principe ? « Un lieu de vie de femmes vieillissantes choisissant d’inscrire leur cheminement jusqu’à son terme dans un compagnonnage solidaire ». Cette « maison des Babayagas » repose sur quatre piliers : autogestion, solidarité, citoyenneté, écologie. Concrètement ? Un studio pour chaque résidente et des espaces communs pour faire vivre le projet collectif. Pas de personnel soignant permanent ni d’équipement médical, mais une mutualisation et une entraide sur les questions de santé. La prise en charge collective de l’organisation du lieu, des achats groupés, peu de recours aux aides extérieures, et pour pallier les « forces déclinantes », une « attention soutenue aux soins du corps ».

Le projet repose aussi sur l’envie de reconstruire des solidarités de voisinage. « On fera des repas de quartier, la maison sera le point de chute de l’AMAP (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne), on organisera des soirées débats, qui auront une dimension forcément politique, pour faire changer le regard des gens sur des questions comme la place des femmes, la natalité… », explique Thérèse Clerc. Une des spécificités de cette maison de retraite peu commune : seules des femmes y habiteront. « Nous sommes féministes à des degrés divers. Moi je suis radicale, revendique Thérèse Clerc. Nos copains, on les recevra quand on veut. Ils ne vivront pas avec nous, parce qu’on n’a pas envie de les torcher. Et puis s’ils étaient présents, certains voudraient prendre le pouvoir. Ou alors se faire bercer, et on serait des mamans bobo. Nous sommes toutes actuellement célibataires, veuves ou divorcées. »

« Les vieux, un marché juteux »

Douze ans après les premières réflexions, le permis de construire est enfin déposé. Le chantier doit commencer en septembre. « Il faudra 18 mois de construction. Ce sera prêt pour 2012, commente Thérèse Clerc. J’aurais alors 85 ans. Et la première année risque de ne pas être facile : vingt bonnes femmes sorties de leur quotidien, qui devront s’habituer à de nouveaux repères… » De ses combats féministes, Thérèse Clerc garde l’envie de faire de la maison des Babayagas un lieu d’ouverture politique, sociale et culturelle. « On continuera nos engagements, non pas avec le poing levé, mais d’une autre façon. Par exemple avec des ateliers d’alphabétisation, pour des femmes issues de l’immigration qui ne parlent pas français et qui comptent sur leurs fils aînés pour les prendre chez eux quand elles seront vieilles. On fait aussi du soutien scolaire. »

La maison des Babayagas se veut aussi un lieu d’animation, de réflexion et d’échanges sur « cette révolution anthropologique qui surprend et angoisse » : l’allongement rapide et important de la durée de vie. Une réalité dont il faut « découvrir et développer les richesses potentielles ». Thérèse Clerc fonde son action sur une analyse critique de la place des personnes âgées dans la société. « La France n’aime pas ses vieux : il faut être beau, masculin, productif, être dans la norme. Nous voulons changer le regard de la société sur ses vieux. Mais aussi changer le regard des vieux sur la société. » Et pour cela, construire une « anthropolitique », une politique à visage humain, selon l’expression d’Edgar Morin. « Le grand danger vient des politiques mais aussi du pouvoir médical. Les vieux sont définis par les questions de santé. On veut nous faire croire que la vieillesse est une pathologie. Mais c’est un bel âge de la vie, si on a une conscience politique, indispensable pour évaluer le monde » affirme Thérèse Clerc. Un autre danger ? « La sollicitude et la compassion. Des sentiments qui ne rendent pas autonome. Les jeunes disent « laissez, on va s’en occuper » et la plupart des vieux ne s’en méfient pas ». Elle fustige également la « marchandisation du vivant » : « Les vieux, c’est un marché juteux. J’ai des amis qui placent leur mère dans des maisons de retraite à 3000 euros par mois. »

Des logements sociaux en autogestion

Malgré les mesures en faveur du maintien à domicile, le nombre de personnes âgées résidant en maison de retraite ne cesse d’augmenter. La moyenne d’âge y est aujourd’hui de 84 ans, et 84 % des résidents sont considérés comme dépendants. Fin 2007, 657.000 personnes vivaient dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées (EHPA). Pour les Babayagas, il est intéressant de comparer les éventuels surcoûts liés aux espaces collectifs prévus dans leur projet, avec ceux de l’encadrement dans les foyers traditionnels pour personnes âgées [1]. Le loyer prévu ne devrait pas excéder quelques centaines d’euros par personne. Un montant très inférieur au coût de résidence en maison de retraite. Le « compagnonnage » des Babayagas doit également permettre de restreindre le nombre des interventions extérieures, telles que les services d’aide à domicile. Au final, les économies pourraient être substantielles. Un argument sur lequel mise Thérèse Clerc pour convaincre les financeurs du projet. Un moyen aussi de montrer que des alternatives sont possibles pour contrer « les marchands de sommeil du grand âge ».


Dans la maison des Babayagas, chaque locataire paye le loyer avec sa pension de retraite, directement à l’Office HLM. Comme pour des logements sociaux, les loyers varient selon les ressources financières. Au 35 m² avec cuisine de chaque studio s’ajoutent 100 m² de locaux communs. Le projet, d’un montant total de 4 millions d’euros, est financé par la municipalité de Montreuil, le Conseil général, le Conseil régional, l’Etat, l’office HLM... Si le budget est aujourd’hui quasiment bouclé, les négociations n’ont pas été évidentes. En cause ? Le souhait des Babayagas de n’accueillir que des femmes. « On nous accusait de discrimination, déplore Thérèse Clerc. Les décideurs et partenaires financiers voulaient aussi attribuer eux-mêmes les logements. La bataille a duré des mois voire des années. » Car dans le cadre de logements sociaux, la cooptation voulue par les Babayagas pour choisir leurs futures colocataires n’est juridiquement pas possible. Une décision pourtant centrale : « Venir dans la maison des Babayagas doit résulter d’un choix personnel. On ne peut pas obliger des gens qui n’en ont pas envie à vivre en autogestion. » Un compromis a été trouvé : il y aura dans le futur immeuble cinq appartements pour des jeunes de moins de 25 ans, et 20 appartements pour les Babayagas.

« Changer la civilisation du mépris en civilisation du regard »

Depuis 10 ans, les décideurs commencent à s’intéresser au projet. Thérèse Clerc parcourt le pays pour présenter l’initiative et ses principes. Avec toujours un souci premier : que l’expérience reste aux mains des personnes concernées. « J’ai participé à un colloque à Lille, c’est OPHLM qui invitait. Il faudra être attentif qu’il ne nous ravisse pas le pouvoir, et que la démocratie participative perdure. » Plusieurs autres projets de ce type ont vu le jour, à Saint-Priest près de Lyon, ou à Palaiseau, en banlieue parisienne. L’association des Babayagas est en lien avec d’autres collectifs d’habitat groupé, avec des femmes d’Essen et de Nuremberg qui expérimentent des maisons autogérées, et avec des sociologues menant des recherches sur ces questions. Une pratique développée « dans toute l’Europe de l’Est, en Allemagne du Nord, en Suède. Surtout dans les pays protestants et les pays froids, ce qui s’explique peut-être parce qu’ils sont habitués à vivre en communauté, avec une certaine autonomie » analyse Thérèse Clerc.

Ici, l’autogestion est le fruit d’un long apprentissage. L’association prévoit d’avoir recours aux services de deux médiatrices, pour résoudre les conflits qui pourraient survenir. « On part en colonie de vacances, une semaine tous les trimestres. Mais on n’a pas encore vécu ensemble », souligne Thérèse Clerc. Les tâches sont réparties, une réunion mensuelle doit permettre de régler les questions de fonctionnement. Une charte, signée par chaque résidente, pose les principes de la vie en communauté. L’autogestion passe par le choix des futures colocataires, par la gestion commune de services collectifs, avec un principe de péréquation selon les ressources financières de chacune. Et aussi la solidarité entre les résidentes. « Seuls les cas extrêmes de détérioration très importante des facultés mentales ou de grave maladie nécessitant une hospitalisation pourraient contraindre à envisager un départ » décrit la Charte. Mais les Babayagas font le pari que « le soutien attentif des compagnes, permettant l’utilisation harmonieuse des divers services de maintien à domicile, réduira fortement ces risques de rupture ». Pour Thérèse Clerc, « dignité et responsabilité de soi sont possibles à tout âge, et malgré faiblesses et handicaps, jusqu’au terme de la vie. »

L’association est organisée en différents collèges : amis des Babayagas, usagers des activités de l’association, collège des résidentes, personnes désirant venir vivre dans la maison. Une façon d’associer très largement au projet. Et d’interpeller les citoyens, les voisins, les futures habitantes de la maison. « Aux armes citoyennes ! Celles de vivre en terme de service et non de pouvoir, d’être pleinement ce que l’on peut être, de créer de la vie partout et toujours, de remettre en question la pulsion de mort si chère à nos sociétés patriarcales, de changer la civilisation du mépris en civilisation du regard. » C’est l’appel lancé en 1999 par Thérèse Clerc. Ce à quoi elle ajoute : « Mais pourquoi cette utopie humaniste serait-elle seulement l’apanage des vieux ? Serions-nous l’avant-garde éclairée ? »

Agnès Rousseaux

Notes
[1] Une étude de 1998 signalait pour les logements foyers un encadrement de 0,18 à 0,30 équivalent temps plein par personnes, soit pour 17 personnes 3,6 à 5,1 équivalents temps plein. Source : site des Babayagas



site du projet, La Maison des Babayagas : http://www.lamaisondesbabayagas.fr/lespiliers4juin.html

La Maison des Babayagas sera :

Autogérée : nous gérerons notre maison nous-mêmes, n'acceptant d'aide extérieure que le moins possible et pour pallier nos forces déclinantes, l’attention soutenue aux soins du corps
- gymnastique, thérapies, massages - tout à la fois plaisir et exigence, y aidant grandement.

Solidaire : tout en respectant et préservant l’intimité de chacune, nous organiserons une mutualisation de nos moyens, nous aidant à bien vieillir ensemble et à aborder la mort dans la sérénité.

Citoyenne : nous serons ouvertes sur la cité, actives autour de nous autant que nous le pourrons, organisant des échanges réciproques, articulant ainsi : Vie Politique, Vie Sociale et Vie Culturelle.

Ecologique : la Maison des Babayagas sera construite avec un impératif d’économie d’énergie et de respect de l’environnement. Dans son fonctionnement, nous veillerons particulièrement à une gestion rigoureuse de l’eau, des énergies, des déchets.
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Re: Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede raspoutine » 06 Mar 2010, 14:45

il y a quelque chose qui me mets mal a l'aise devant ce projet !
ça fait un peu mouroir autogéré !
le sort réservée au "vieux" est un probleme de taille, et c'est surtout cette mise a l'écart quand le temps du travail salarié s'achève qui est répugnante, plus encore que les condition de vie des personnes âgées, scandaleuse elle aussi !
cette initiative m'a l'air de capituler devant ce probleme, même si je vois bien qu'il s'agit pas d'organiser un cimetière des éléphants (les repas de quartiers, les débats,...), enfin faudra voir concrètement comment cela se passera, si il arriverons a un faire un lieu de vie...
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Re: Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede Pïérô » 07 Mar 2010, 13:18

Cette question me semble abordée et bien présente :
texte a écrit:Le projet repose aussi sur l’envie de reconstruire des solidarités de voisinage. « On fera des repas de quartier, la maison sera le point de chute de l’AMAP (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne), on organisera des soirées débats, qui auront une dimension forcément politique, pour faire changer le regard des gens sur des questions comme la place des femmes, la natalité… », explique Thérèse Clerc

Après sur le coté "maison de retraite", il est quand même un fait que la structure familiale communautaire et paysanne a explosé, et que la prise en charge des personnes vieillissantes devient un problème. Je ne me vois pas plus tard accueillir un de mes parents dans mon F2, ni eux non plus d'ailleurs, par exemple. De fait l'existence de structures faites pour celà me semble difficilement dépassable. Et donc en effet, je pense que ce type d'expérimentation, et cette volonté de ne pas être coupé du monde, d'une vie sociale, mérite qu'on y porte de l'intérêt et est à suivre...
Par contre moi ce qui m'a interpellé c'est le fait que le projet ne soit ouvert qu'aux femmes. Je ne suis d'ailleurs pas opposé par principe aux réunions non mixtes ou aux lieux non mixtes, mais dans ce contexte... :gratte:
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Re: Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede raspoutine » 07 Mar 2010, 13:49

je suis bien d'accord, et c'est bien pourquoi j'avais dis qu'il fallait voir ce que donnerais réellement leurs activité de quartier ! est-ce qu'il arriverons a échapper a l'eceuil de "tient , si on allais chez les vieux" ?
sinon, c'est une expérience souhaitable, dans la société actuel et son fonctionnement, mais je pense que dans le cas ou une société qui aurait un fonctionnement "anarchiste" ce type de lieu serait une solution adéquate ! bien au contraire et c'est pour cela que je disais que c'etait une capitulation !
sur la non mixité, le pire c'est que la démarche n'est même pas expliqué, comme si elle allais de soi ! la non mixité, je comprend bien dans le cadre de structure militante et de lutte RELATIVE au probleme de genre ! au delà c'est de la merde !
mais justement elles laissent entendre que se serait un lieu de combat féministe, j'aurais aimer en savoir plus sur cet aspect cependant !
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Re: Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede Pïérô » 10 Mai 2010, 00:05

en tout cas voilà une occasion de les rencontrer :

Conférence/débat: l’utopie d’une maison de retraite autogérée

La Maison des Babayagas

Elles n’avaient pas envie de finir en maison de retraite, infantilisées, déplacées d’un fauteuil à l’autre comme des bibelots... ces septuagénaires ont alors décidé de prendre leur avenir en main... et de créer leur maison, autogérée, et basée sur l’entraide. Ce sont les BABAYAGAS de Montreuil. Elles viendront raconter leur projet, leurs péripéties, leurs espoirs.

Jeudi 20 mai, à 20h30, au Moulin à Café, place de la garenne, métro Pernety, Paris 14.
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Re: Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede RickRoll » 10 Mai 2010, 23:13

Un reportage très intéressant dans Là-bas si j'y suis il y a quelques mois là dessus : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1790 (à partir de la partie 10/12)
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Re: Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede fabou » 10 Mai 2010, 23:16

J'avais lu un article hyper interressant sur cette maison de retraite. Mais je ne me souviens plus dans quel journal libertaire, quelqu'un le saurait-il ?
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Re: Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede Pïérô » 14 Juin 2012, 14:33

çà avance...

La Maison des Babayagas, de Montreuil-sous-Bois (93), lieu de vie autogéré, solidaire, citoyen et écologique pour femmes âgées, devrait enfin ouvrir à la rentrée, après plus d'une dizaine d'années de difficultés administratives et financières.

vidéo : http://api.dmcloud.net/player/pubpage/4 ... autoplay=1


un article bien fait qui date de décembre 2011 :

Vieillir autrement avec les "Babayagas"

La maison de retraite ? Ce n'est pas pour Thérèse et ses "vieilles copines".

Thérèse Clerc, féministe de 84 ans, a enfin "gagné" : après s'être battue plus de dix ans, elle va pouvoir vieillir avec ses "vieilles copines" dans une maison autogérée en banlieue parisienne, actuellement en construction grâce à des financements publics.

"Nous ne voulons pas être des vieilles tassées devant la télé, (...) nous sommes des militantes !", lâche Thérèse Clerc, toujours soignée, avec ses longs cheveux argent tirés en arrière.

La maison de retraite? Ce n'est pas pour elle et ses copines. "Je suis une couche-tard et une lève-tard, alors les dîners à 18H00, non merci!", lance-t-elle. Vieillir à domicile ne lui dit rien non plus parce que "rester seule peut être dangereux en vieillissant et dur à cause de la solitude".

L'idée de la maison autogérée, qui fonctionne en autonomie grâce à la solidarité entre locataires, lui est venue après la mort "très dure" de sa mère. "Je ne voulais pas faire vivre ça à mes enfants", confie Mme Clerc, qui espère "vieillir joyeusement" avec d'autres femmes.

Elles se font appeler les "Babayagas", vieilles sorcières des contes russes, mangeuses d'enfants, mais aussi guides dispensant leur sagesse.

Leur immeuble, pour lequel elles n'ont pas déboursé un euro, est en construction dans le centre de Montreuil, près du métro qui permet de rejoindre Paris en quelques minutes. Les Babayagas devraient pouvoir aménager fin 2012 dans les 25 appartements d'une ou deux pièces.

Comme elles le souhaitent, la maison sera réservée aux femmes. Dominique Voynet (Europe écologie-Les verts), la maire de cette ville de la banlieue parisienne où coexistent milieux populaire, artistes et immigrés de 90 nationalités, le comprend bien: "la condition d'autonomie passe par le renoncement à la mixité, (...) on veut épargner (aux résidentes) le rôle d'infirmière!".

Agées de 60 à plus de 90 ans, il devra y avoir de la solidarité entre les générations. Les sexagénaires s'occuperont des nonagénaires, imagine Mme Clerc. Et quatre logements seront réservés à des jeunes.

Au rez-de-chaussée, il y aura une salle commune, pour débattre, former "un club de l'intelligence". Il y aura aussi un spa, un jardin...

Le projet, né en 1995, a longuement piétiné. Il a fallu attendre les 15.000 morts, principalement des personnes âgées, de la canicule de l'été 2003 pour qu'il suscite de l'intérêt. Le drame avait révélé les lacunes de la prise en charge de la vieillesse en France.

Thérèse Clerc et ses copines n'ayant pas assez d'argent pour construire leur maison, elles ont fait appel à des financements publics. Mais trouver les fonds a pris du temps: l'absence de mixité notamment était contestée.

La maison coûtera 3,9 millions d'euros, très largement de financements publics. L'Etat paie 318.000 euros et Montreuil contribue à hauteur de 612.000 euros. Les résidentes, au nombre d'une vingtaine, paieront un loyer modeste de 200 à 500 euros.

"Si le modèle fonctionne, ça fera faire de grosses économies: ça coûtera beaucoup moins cher que le maintien à domicile ou la maison de retraite", selon Mme Voynet.

Une maison de retraite coûte en moyenne 2.000 euros par mois alors que le revenu moyen d'un retraité est de 1.000 euros.

Le sociologue de la vieillesse Bernard Ennuyer se félicite que "des Français se prennent en main pour leur vieillesse". Les Babayagas sont "symboliques de nombreuses initiatives citoyennes", comme les villages-retraite et l'habitat intergénérationnel.

80% des plus de 80 ans vont bien, affirme-t-il, pourtant "la France a un regard catastrophique sur le vieillissement". Les Françaises ont la deuxième espérance de vie (84,8 ans) au monde après le Japon. Jeanne Calment, morte à 122 ans en 1997, serait la personne qui a vécu le plus longtemps sur terre. "Dieu lui-même a dû m'oublier", disait-elle.

Il y a plus de 15.000 centenaires en France, champion d'Europe dans le domaine selon les chiffres de 2007.

Le projet des Babayagas fait des émules en France (Brest, Lyon...). Elles sont en contact avec des Allemandes, en avance sur elles car il existe déjà plusieurs maisons réservées aux femmes en Allemagne, à Berlin, Hambourg, Stuttgart, Munich...

Ainsi Anne Görtz, 80 ans, vit depuis huit ans avec dix autres femmes dans une grande maison de Nüremberg, mais, dans un pays où l'Etat Providence est moins développé qu'en France, mise en place sans aide des collectivités locales.

"Ce qui était important pour nous, c'était de rester autonomes le plus longtemps possible, et surtout de ne pas dépendre de nos familles ou de l'Etat", dit-elle.

http://www.lorientlejour.com/category/C ... ement.html
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Re: Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede Béatrice » 14 Juin 2012, 16:12

La maison des Babayagas :

Reportage extrait de Envoyé Spécial France 2

http://www.youtube.com/watch?v=IrLADxdquTs
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Re: Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede digger » 14 Juin 2012, 17:53

Sans malice aucune, une question : Une maison de retraite autogérée avec des fonds publics d''Etat (318.000 euros) et municipaux (612.000 euros) . Quelque chose m'échappe....
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Re: Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede Béatrice » 14 Juin 2012, 20:07

Toutes les maisons de retraite ( ou presque ) et plus précisément les maisons de retraite publiques bénéficient de financement de l'état , collectivités locales et
territoriales . Alors s'agissant de cette expérience , elle n'est pas inintéressante en soi , car elle permet un certain maintien de l'autonomie de la personne âgée
dans un cadre collectif . Alors de là à parler d'autogestion , le mot est d'après moi inapproprié . Car il s'agit de la gestion commune d'une partie seulement du
bien collectif . Ce type d'expérience s'était bien développé en Espagne ( juste avant la crise économique et financière ) .
C'est un problème de société à part entière !
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Re: Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede MélusineCiredutemps » 15 Juin 2012, 18:31

On a une chanson sur ce sujet ; "La fiesta des vielleux" à écouter sur le site de Vizcacha Rebelde où on peut aussi lire les paroles :

http://damn.dynamite.free.fr/

http://damn.dynamite.free.fr/vizcachare ... html#album

http://damn.dynamite.free.fr/vizcachare ... tml#fiesta
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Re: Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede Denis » 15 Juin 2012, 19:31

Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent, Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous, Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

Les Anarchistes !
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Re: Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede digger » 17 Juin 2012, 15:30

Merci Armonia. C'était le terme "autogéré" que je ne comprenais pas. Ce qui n'enlève rien à l'intérêt de l'initiative.
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Re: Babayagas : l’utopie d’une maison de retraite autogérée

Messagede Pïérô » 14 Oct 2012, 01:51

Discussion publique le 26 octobre 2012 à Montreuil

Autogestion du 3e âge : L'exemple des babayagas

Discussion publique en présence de femmes participant au projet de la Maison des Babayagas, une maison pour personnes âgées, qui se veut : autogérée, féministe, solidaire, citoyenne et écologique.

La maison est en construction à Montreuil.

Témoignages et discussions.

à 19h, Café-librairie Michèle Firk, La Maison de l’Arbre / La Parole Errante
9 rue François Debergue, Montreuil (93)


http://www.demosphere.eu/node/32224
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