Agenda

Conférence/débat: "Paris sans le peuple". 19h30 .[MONTREUIL (93)]


Toute la journée: Nov 23, 2013
 
à 19h30, au café librairie Michèle Firk, au 9, rue François Debergue, à Montreuil, Métro Croix de Chavaux, ligne 9.

Discussion avec Anne Clerval autour de "Paris sans le peuple"

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"Paris sans le peuple"

Où est passé le peuple parisien ? Quelle place la ville de Paris accorde-t-elle aujourd’hui aux classes populaires ? Depuis plusieurs décennies, la capitale connaît un processus de gentrification, un embourgeoisement spécifique des quartiers populaires qui passe par la transformation matérielle de la ville (réhabilitation de l’habitat, renouvellement des commerces, embellissement de l’espace public).

Anne Clerval viendra nous présenter son dernier livre (publié aux éditions de la découverte). Cette rencontre permettra d’expliquer les mécanismes de transformations urbaines et sociales à l’œuvre dans la capitale. Un débat suivra la présentation et sera éventuellement l’occasion d’élargir le sujet à d’autres territoires ou bien d’aborder des questions plus spécifiques.


"La gentrification est une forme d’embourgeoisement qui passe par la transformation matérielle des quartiers populaires. Il y a d’autres formes d’embourgeoisement, même dans les beaux quartiers où résident les classes dominantes, dont l’exclusivité sociale se renforce régulièrement, par le départ des habitants les moins fortunés. L’embourgeoisement des quartiers populaires passe, lui, par la transformation de l’habitat, des commerces et de l’espace public, ce qui en fait un processus spécifique qu’on appelle gentrification. Cette transformation matérielle peut prendre différentes formes, comme la réhabilitation du bâti ancien ou sa démolition et son remplacement par des bâtiments neufs. Elle peut être progressive et diffuse, à l’initiative de ménages acquérant et transformant peu à peu les logements, ou de promoteurs immobiliers et de commerçants, ou au contraire planifiée par les pouvoirs publics et transformant d’un seul coup un quartier entier ou un ancien espace d’activité ouvrier (friche industrielle, portuaire, ferroviaire), le plus souvent en partenariat étroit avec des promoteurs privés. Dans ce dernier cas, l’action publique va directement dans le sens de la valorisation de la rente immobilière, comme les grands travaux décidés par Napoléon III et supervisés par Haussmann à Paris sous le Second Empire. C’est d’ailleurs dans cette première transformation d’ampleur de Paris que l’on peut saisir les prémices de la gentrification. Celle-ci a néanmoins été entravée à l’époque par la forte croissance industrielle de la ville et l’afflux de migrants (de France et d’ailleurs) venant renforcer la classe ouvrière parisienne. La gentrification commence réellement à Paris dans les années 1960-1970 au début de la désindustralisation de la ville, et en particulier sur la rive gauche. Un siècle après sa construction, l’habitat haussmannien sert souvent d’avant-poste du processus dans les quartiers populaires. Les facteurs de la gentrification à Paris sont les mêmes qu’ailleurs, à savoir le déclin des emplois ouvriers et la croissance des emplois de cadres et de professions intellectuelles, qui sont directement liés à la reconfiguration de la division régionale, nationale et internationale du travail. "

C’est au café librairie michèle firk dans la Parole Errante, 9 rue françois debergue à Montreuil (métro croix de chavaux)

Programme et infos pour s’y rendre ici : http://michelefirk.noblogs.org/

Elle présente rapidement ici https://www.youtube.com/watch?v=Yn_dSf8gnwM, le propos du livre, et plus longuement son travail dans cet entretien (dont sont extraits les citations mises ici) paru dans la Revue Des Livres..


La ville peut être un outil de mobilisation révolutionnaire si on l’aborde d’un point de vue anticapitaliste et montrant comment elle est produite par le capitalisme et les rapports de classe. Elle est d’ailleurs aussi le produit et le reflet des autres rapports de domination que sont les rapports sociaux de sexe ou les rapports racistes, et le résultat de la confiscation de la décision politique par les gouvernants et les experts. Remettre en cause les rapports de domination dans la société suppose de remettre en question la façon dont la ville est organisée et de se réapproprier collectivement sa production. La ville peut être un levier de contestation révolutionnaire et d’émancipation si et seulement si on fait le lien entre son organisation et, en particulier les inégalités d’accès au logement ou à l’espace public, et les rapports de domination qui la produisent et qui excèdent le seul champ du travail.

Invité: Tout le monde

Evènement posté par bipbip