Conférence Internationale
sur « La résistance aux Etats-Unis : d’où viennent les stratégies et tactiques pour mobiliser des communautés ? »
(Le lundi, 12 novembre 2012)
Université de Paris Ouest-Nanterre-La Défense
Bât. B, Amphi B-2
Le but de cette rencontre publique à Nanterre en novembre sera de partager des discussions personnelles de militants expérimentés avec un large public de quelques centaines de personnes qui écouteront des descriptions détaillées de leurs communautés, des problèmes qu’ils ont perçus et de la manière dont ces problèmes ont été abordés et parfois résolus grâce à l’aide d’un militant, laissant un héritage local d’approches sociales et de traditions politiques spécifiques qui servent parfois comme une matrice culturelle pour de futures actions politiques.
D’anciens militants qui ont mobilisé leurs communautés seront amenés à discuter de leur expérience. L’idée centrale de ces rencontres est d’avoir un échange entre des militants qui acceptent de participer et sont capables de parler en détail dans trois axes de leurs expériences :
• des objectifs et motivations avant de commencer leur travail ;
• des techniques pratiques utilisées dans leur expérience de mobilisation de communautés variées ;
• des obstacles et limites rencontrés au cours de la mobilisation et des compromis et des alternatives qu’ils ont eu à inventer avant de trouver des solutions aux problèmes qu’ils ont rencontrés.
Ce sera l’occasion d’une rencontre entre savants et militants locaux, et d’un échange sur la théorie et la pratique de mobilisation de communautés de types différents. Il sera aussi abordé les conflits institutionnels qui surgissent de la concurrence et des malentendus.
En 1946, le fameux activiste et étudiant des mouvements sociaux, Saul Alinsky, a fait l’observation : « Tandis que c’est évident qu’un peuple désorganisé ne peut pas agir comme une entité, c’est également évident qu’un peuple ne peut pas formuler une philosophie qui représente la diversité de leurs loyautés, leurs traditions, leurs sentiments à moins qu’ils ne se réunissent et à travers un processus d’interaction d’atteindre une philosophie qui représente leurs expériences." Alinsky a poursuivi en soulignant que :
Le pouvoir du peuple est transmis par les engrenages de leurs propres organisations, et la démocratie va de l’avant.
Mais qu’est-ce que l’expérience de la démocratie aux États-Unis en 1946 ? Selon Alinsky, à la fin du Second Guerre mondiale,
La démocratie est un mode de vie et non pas une formule pour être « préservé » comme de la gelée. Il s’agit d’un processus —une dynamique, de balayage vive d’espérance et de progrès qui s’efforce constamment à l’accomplissement de son but dans la vie —la recherche de la vérité, la justice et la dignité de l’homme. Il ne peut y avoir de démocratie si elle n’est pas une démocratie dynamique. Quand nos gens cessent de participer, de trouver une place au soleil, alors nous allons tous dépérir dans l’obscurité de la décadence. Chacun d’entre nous deviendra muet, démoralisés, des âmes perdues. [Reveille for Radicals (1946), pp 46-47]
Alinsky a fait ces observations à un moment dans l’histoire des États-Unis où plusieurs millions de soldats américains ont été de retour de leur victoire sur le fascisme en Europe et en Asie. Cette population était passée à travers la Grande Dépression et avait battu la solution politique fasciste à cette crise capitaliste. Ils sont maintenant orientés vers la démocratie directe dans leur vie quotidienne : empêcher la croissance du fascisme. C’était dans cette période de l’histoire américaine que la tradition de l’organisation collective a démarré, et ce qui avait été la plupart du temps limité aux syndicats, comme le AFL-CIO dans les années 1930, (voire les grandes grèves d’occupations dans les usines du Michigan et d’Ohio) s’étendent maintenant à la mobilisation politique des différents communautés d’intérêt à travers les États-Unis. En bref, les « silent fifties » (les années 1950 silencieuses) n’étaient pas si silencieuses que ça !
Les conversations à la table ronde de ce colloque seront filmées et publiées sur Internet pour les consultations pratiques des activistes et spécialistes. Nous prévoyons aussi, d’avoir des interprètes à ce colloque international.
Source : http://anglais.u-paris10.fr/spip.php?article1848