Agenda

Conférence/débat: France-Algérie,du colonialisme à aujourd'hui. 20h30. [TULLE]


Toute la journée: Mar 17, 2012
 
.
DÉCADE CINÉMA ET SOCIÉTÉ 2012 :

El Djazair !
France - Algérie, du colonialisme à aujourd'hui


(programmation du jour en bas de page)

Le cinquantième anniversaire des accords d'Evian aura lieu le 18 mars prochain. Ces accords ouvraient la voie à l'indépendance conquise par le peuple algérien et mettaient fin non seulement à 8 ans de guerre mais aussi à 132 ans de domination coloniale totale caractérisée par la férocité de la conquête et par la mise en place d'une législation d'exception (Code de l'Indigénat, confirmé par la loi du 28 juin 1881) institutionnalisant l'infériorité des populations colonisées. Ponctuée par des révoltes (El Mokrani, 1871, Margueritte, 1903, Sétif, 1945…) la « Nuit coloniale » selon l'expression de Ferhat Abbas , prit fin dans le tourbillon des guerres de décolonisation dont le principal chapitre s'écrit lors de la guerre d'Algérie (1954-1962)

Fidèle à sa démarche, la programmation de la 7ème décade «Cinéma et société» effectue sans cesse des allers-retours entre le passé et le présent. En effet, le colonialisme, la guerre d'Algérie, marquent le cinéma français et le cinéma algérien, comme ils marquent encore la société post coloniale algérienne et la société française, composite, multi - culturelle, dans laquelle vivent de nombreux français d'origine algérienne et maghrébine.

De nombreux films, avant 1954, témoignent de la réalité du colonialisme français, documentaires de commande, films d'archives qui dès 1896 filment l'Algérie, grâce aux frères Lumière. Notre collaboration précieuse avec le Service des Archives Françaises du Centre National du Cinéma et de l'Image Animée, nous a permis de découvrir une sélection de ces films. Ils renvoient à la représentation stéréotypée des Algériens, vision française, portée par les colons et les français de la métropole. Ils permettent de comprendre ce qui pour le peuple algérien a servi de ferment à la lutte pour l'indépendance.

Malgré la volonté politique de gouvernements successifs qui taisent la réalité de la guerre en Algérie en la nommant « pacification » , des cinéastes et non des moindres ont fabriqué des films pendant la guerre elle-même, bravant censure et interdictions. Citons entre autres Alain Resnais, Alain Cavalier, Jacques Rozier, Jean-Luc Godard, Agnès Varda….

Après le bouleversement de mai 68, d'autres cinéastes se lancent à l'assaut de cette histoire récente. Parmi eux Yves Boisset, Laurent Heynemann et bien sûr René Vautier avec Avoir 20 ans dans les Aurès (René Vautier avait rejoint le maquis des indépendantistes algériens dès le début de la guerre et en 1954, son film L'Algérie en flamme lui valut d'être poursuivi pour atteinte à la sûreté de l'Etat notamment pour une phrase : « L'Algérie sera de toute façon indépendante ».)

La télévision, quant à elle, produit des émissions qui sont le reflet - miroir du conflit. A travers le déroulé chronologique des émissions les plus emblématiques présentées lors de la décade comme 5 colonnes à la une, se dévoilent la radicalisation de la situation et la tension qui monte.

En terme de filmographie, si les lendemains de l'indépendance sont féconds en Algérie, les années qui suivirent en France furent plus silencieuses. Il faudra attendre les années 1990 et même le début des années 2000 pour que la production française soit plus abondante, à travers des fictions comme des documentaires et pour que commence à s'exprimer la mémoire des appelés d'Algérie, impliqués dans cette « sale guerre ».

Que serait une programmation sur ce thème, sans donner la parole aux cinéastes algériens ? Une carte blanche proposée à Catherine Arnaud co-fondatrice de la biennale des cinémas arabes, à l'Institut du monde arabe, nous fera découvrir un cinéma exigeant qui questionne la réalité présente de la société algérienne et les conséquences du colonialisme, déployant ainsi une véritable relève du cinéma d'auteur.

Pari risqué peut-être mais auquel nous tenons, vous proposer, lors de cette 7ème Décade Cinéma et société, une programmation qui traverse le temps, de 1896 à 2011, à travers des films d'archives et de propagande, des fictions, des documentaires, des films militants. Ecouter la parole des témoins de cette histoire qui n'est pas finie, découvrir un cinéma, le cinéma algérien qui dès l'indépendance montra la voie aux pays non alignés et qui aujourd'hui déploie toute sa force de création et s'avance vers plus de complexité, telle est notre ambition pour cette édition 2012.


Manée Teyssandier, Peuple et Culture
Sylvie Dreyfus- Alphandéry, Autour du 1er mai

--------------------------------------------------------------------------------

Programmation du Samedi 17 mars :

15h00 - 18h00, Salle Latreille à Tulle (19)

• Sélection d'émissions :
5 colonnes à la Une et les carnets de François Mauriac,

• Une autre guerre d' Algérie
de Djamel Zaoui,avec Benjamin Stora, 2003, 52 mn
2 parties composent cette carte blanche donnée à l'INA :

- une sélection de deux émissions emblématiques 5 colonnes à la une et Le bloc notes de François Mauriac, qui permettent de comprendre l'évolution de la télévision pendant la guerre d'Algérie.

- un film réalisé par le cinéaste algérien, Djamel Zaoui, qui livre son propre regard sur la guerre d'Algérie et la lutte pour l'indépendance.

Portée par de très grands journalistes, comme Roger Louis, l'émission 5 colonnes à la une a consacré de nombreux sujets à la guerre d'Algérie. Cette émission est très influencée par la naissance du cinéma direct : utilisation de caméras portées, interview en direct des témoins... Elle n'en est pas moins contrainte par la censure, dès qu'elle s'exprime sur l'Algérie.

Une sélection de 3 reportages de 5 colonnes à la une trace l'évolution du conflit :

- L'Algérie des combats, 1959, 14 min : les militants du FLN sont encore traités de fellaghas.

- Qu'en pense Alger, 1960, 15 min : un an après la « semaine des barricades » déclenchée par les partisans de l'Algérie française et quelques mois après la naissance de l'OAS, retour à Alger.

- Qu'en pense le bled, 1961, 15 min : Les temps changent... Reportage en Kabylie à la veille du référendum sur l'autodétermination.

Le bloc notes de François Mauriac : polémiste, vigoureux, l'écrivain gaulliste François Mauriac condamne l'usage de la torture par l'armée française et prend position en faveur de l'indépendance de l'Algérie dans son bloc notes.

En 1985, à l'occasion du centenaire de la naissance de François Mauriac, Jacqueline Girard produit pour FR3, une série de 18 documentaires réalisés par Marcel Teulade et Georges Ferraro. Bloc notes est construit à partir d'archives audiovisuelles, de photos et des textes de l'écrivain parus dans L'Express et lus par le comédien Henri Virlojeux.

3 documentaires de cette série seront présentés

- Bombardement de Sakiet, 1986, 09 min 30 : François Mauriac dénonce le rôle des généraux dans le bombardement du petit village tunisien de Sakiet, village frontière avec l'Algérie, en 1958.

- L'Algérie, 1986, 9 min 30 : En hiver 1960, au plus fort des événements d'Alger avec les journées des barricades et les déclarations du Général de Gaulle. François Mauriac exprime sa tristesse devant la déchirure de l'Algérie.

- Fin de la guerre d'Algérie, 1986, 9 min 30 : François Mauriac dit son espoir dans les résultats du référendum sur l'autodétermination, il dénonce la violence meurtrière de l'OAS


Une autre guerre d'Algérie, Djamel ZAOUI, 2004, 52 min, Films du Paradoxe

Beaucoup pensent encore que seul le FLN combattit l'armée française. En fait une autre « guerre » opposa le FLN au mouvement qui était à l'origine du nationalisme algérien. D'inspiration démocratique, le MNA fondé en 1926 par Messali Hadj sera annihilé par le FLN. Djamel Zaoui, fils d'un militant messaliste qui a dû fuir sa terre natale, mène une enquête minutieuse auprès d'historiens et de militants afin de comprendre sa propre histoire.

.

Invité: Tout le monde

Evènement posté par Pïérô