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Conférence/débat: Rencontre:Langue des dominants,langue des éditocrates[PARIS]


Toute la journée: Déc 16, 2010
 
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Rencontre avec Pierre Tevanian, Sylvie Tissot et Sébastien Fontenelle.

"Certains mots ne sont même pas drôles."

Langue des dominants, langue des éditocrates.


Rencontre avec Pierre Tevanian, Sylvie Tissot (Les Mots sont importants, Libertalia 2010) et Sébastien Fontenelle (Même pas drôle. Philippe Val de Charlie Hebdo à France Inter, Libertalia, 2010).

Au Monte-en-l'air - Librairie-Galerie, 2 rue de la Mare (angle du 71 rue de Ménilmontant), 75020 Paris
01 40 33 04 54

Éditions Libertalia
06 03 80 47 78
Site: http://www.editionslibertalia.com/


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Les mots sont importants

Pierre Tevanian & Sylvie Tissot


« L'euphémisation consiste, étymologiquement, à positiver du négatif. Dans la sphère politique, elle consiste essentiellement à occulter, minimiser, relativiser et justifier une violence. L'armée bombarde toute une population : c'est « une simple incursion », ou « une frappe ». Un policier abat un jeune homme en fuite d'une balle dans le dos : c'est une « bavure ». Une entreprise - souvent bénéficiaire - organise un licenciement collectif : c'est un plan social ou mieux encore un plan de sauvegarde de l'emploi. Le droit du travail, la protection sociale et les services publics sont démantelés : on ne parle que de réforme, de modernisation ou d'assouplissement. À cette occultation de la violence des dominants s'oppose comme en miroir une hyperbolisation de la violence des dominé-e-s, ayant pour effet d'une part de disqualifier leur parole, d'autre part de donner à l'oppression le visage plus acceptable de la légitime défense. »

L'éditorial et le sondage d'opinion ? Des exercices ventriloques. La mixité sociale et la diversité ? Les faux-semblants de la lutte contre la ségrégation. La rhétorique féministe et laïcarde ? Les nouvelles métaphores du racisme républicain. Le sarkozysme ? Un pétainisme light… Telles sont quelques-unes des analyses que proposent Pierre Tevanian et Sylvie Tissot dans ce livre où l'on croise, entre autres, Dominique de Villepin et Ségolène Royal, Fadela Amara et Julien Dray, Dieudonné et Max Gallo, Alain Soral, Éric Zemmour et Philippe Val… Les trente et un textes retenus dans ce recueil résument dix années de critique sociale au sein d'un collectif : Les mots sont importants. Dix années et trente textes de combat contre les mauvaises langues et les mauvais traitements, les grands auteurs et les grandes questions, les gros concepts et les grosses bites qui font l'air du temps. Trente contributions à une contre-culture anticapitaliste, antiraciste et antisexiste.


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Même pas drôle
Philippe Val, de Charlie Hebdo à Sarkozy

Sébastien Fontenelle


« Le journalisme, selon Val, qui manque rarement une occasion de prodiguer de sévères (mais justes) leçons d'éthique et de déontologie, doit en théorie s'attacher aux faits, sans bien sûr s'interdire l'analyse, mais en prohibant, tout de même, toute opinion qui serait fondée sur d'autres opinions - sur des présupposés, idéologiques ou autres - plutôt que sur la réalité.
Sa pratique, tout au long de l'évolution qui l'a fait passer en dix ans de la moquerie de "l'Aimé Jacquet de la pensée" à l'intégration du cercle des "amis de Bernard-Henri", fut parfois un peu différente : on ne compte plus les malheureux qui, parce qu'ils avaient commis un crime de lèse-Val en lui portant la contradiction, ou plus généralement parce qu'ils avaient pensé trop à l'écart de la doxa dominante, se sont vu intenter d'extravagants procès d'intention. Au vrai : Val aurait eu tort de se gêner, puisque cette digne et pesée conception de son métier, où les puissants - élus, patrons, éditocrates - n'ont trouvé qu'assez peu de vrais motifs de fâcherie, lui a finalement ouvert un accès vers le firmament de l'audiovisuel étatique, sous le règne, décomplexé, de Sarkozy. »

La nomination de l'ex-patron de Charlie Hebdo à la direction de France Inter avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy fut en 2009 l'apothéose d'une longue décennie de réalignements idéologiques. Entre 1999 (année de sa prise de position en faveur de l'intervention de l'Otan au Kosovo) et 2009, Philippe Val a en effet amendé nombre de ses points de vue, passant de la gauche altermondialiste à la récitation de psaumes conservateurs. Pour accompagner ce réaménagement, il a tôt mis au point une méthode simple, consistant à disqualifier ses éventuels contradicteurs par des imputations extravagantes. L'éditorialiste qui déclarait naguère qu'« à chaque fois que l'on recule, à chaque fois qu'on est prudent à l'intérieur de nos États de droit, on perd l'estime de ceux qui nous font reculer, ils ne font que nous mépriser car devant eux nous piétinons nos propres valeurs » s'est ainsi gagné assez d'estime, à droite, pour être promu à la direction d'une radio d'État sous le règne de Nicolas Sarkozy - et ce n'est même pas drôle.


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Invité: Tout le monde

Evènement posté par Pïérô