L'air est lourd. Au lendemain des récentes oppositions à la loi travail, l'état se donne toujours plus de puissance : non content d'expulser à Calais et ailleurs et d'avoir porté des coups très appuyés à tant et tant d'anonymes nassés , gazés , mutilés, arrêtés au printemps dernier. Et pendant que les flics prennent l'initiative en défilant armés /masqués dans les rues et avec des complicités évidentes de l'extrême droite , c'est avec beaucoup de bienveillance et benoitement que l'état socialiste répond en octroyant 250 000 000 d' euros supplémentaires pour l'ordre et les larbins qui en assurent le maintien. L'air de rien, c'est du même coup l'état d'urgence qui se renforce, les dispositions législatives et juridiques s'empilant goulûment : assignations à résidence, comparutions immédiates , qualification d'association de malfaiteur au motif d'un simple attrouppement, mise en place du fichier généralisé, cadrillage de larges populations , procédures sur la seule foi de témoignages de la police et de la gendarmerie. Dans le même moment, en agitant la figure fourre-tout du "terroriste", le pouvoir peut maneuvrer tranquillement, capitaliser sur la peur, exercer un chantage, faire accepter à-peu-près tout ce qu'il veut et à géométrie très variable. Tout se passe comme si tout cela n'avait aucune incidence sur nos vies. Mais pour les réfractaires, les migrant-e-s , les rebel-l-e-s, les prolétaires et les habitant-e-s des quartier populaires la pression ne s'est jamais relâchée, au contraire, elle est de plus en plus problématique. Ce sont toujours plus d'outils à partir desquels l'état intensifie l'exploitation , la domination et le contrôle. Ce sont, ici et sous d'autres lattitudes, l'ordre et l'autoritarisme qui se banalisent et s'imposent comme seul horizon possible. En cette triste période pré-électorale les maneuvres prétendument anti-système de vieux briscards de la politique entretiennent la confusion et voudraient nous faire passer les vessies autoritaires pour des lanterne émancipatrices. Ce sont des histoires que les dominants et les couches les plus intégrées raccontent à celles et ceux qui veulent bien les écouter. Or, dans le délabrement politique ambiant et l'indifférence relative qui caractérisent la période, il convient de ne pas céder ni aux sirènes ni aux injonctions des pouvoirs. Par conséquent, il nous semble important de reprendre la rue , de nous rencontrer afin d'affiner nos armes théoriques et pratiques dans la recherche d'une capacité d'intervention autonome pour notre émancipation : étant entendu qu'elle sera notre oeuvre ou ne sera point. Tant qu'il y aura des états il n'y aura jamais la paix.

assemblée autonome